Avec le second lancement de Starlink, SpaceX pousse plus loin son concept de réutilisation
Après dix lancements, un tour gratuit ?
Le 07 novembre 2019 à 10h23
6 min
Sciences et espace
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Alors que la France fêtera l’armistice de 1918, SpaceX fera décoller pour la quatrième fois une de ses fusées Falcon 9. Ce lanceur utilisera également une coiffe recyclée d'une précédente mission. À son bord, 60 satellites Starlink qui viendront compléter la première fournée déjà en place.
Lundi 11 novembre, SpaceX devrait lancer (sauf retard de dernière minute) une nouvelle fusée Falcon 9 du Pad 40 à Cape Canaveral en Floride. La mission devait initialement se dérouler mi-octobre, mais elle a été décalée de plusieurs semaines pour une raison inconnue. Tout semble désormais en ordre puisque les derniers préparatifs ont été validés avec succès, notamment avec un test de mise à feu statique il y a quelques jours.
Après trois mois de calme, l'heure de la reprise semble avoir sonné
La fusée devra mettre en orbite soixante nouveaux satellites de SpaceX pour la constellation Starlink. Pour le fabricant, c'est aussi l'occasion de pousser un peu plus loin le concept de réutilisation, notamment en reprenant pour la première fois une coiffe déjà « éprouvée en vol ».
Ce lancement sera le premier après trois mois d'accalmie. Le précédent d'une fusée Falcon 9 date en effet du 6 août 2019 pour la mission Amos 17 (Spacecom). La société était en effet habituée à une cadence bien plus élevée avec un lancement par mois entre janvier et avril, deux en mai et juin, un en juillet et un autre en août. En 2018, 21 lancements ont été effectués, contre seulement 10 entre janvier et octobre 2019.
Quatrième décollage en vue pour le premier étage
Cette mission, baptisée Starlink 1, prendra place à bord d'une fusée Falcon 9 Block 5 dont le premier étage a déjà été « éprouvé » en vol (ou recyclé) à trois reprises. Ce sera donc son quatrième lancement, une première pour SpaceX, comme l'explique Ars Technica.
Le premier lancement du premier étage remonte à juillet 2018 avec la mission Iridium, le second en octobre de la même année avec SAOCOM, puis en février 2019 pour la mission Nusantara Satu et l'atterrisseur lunaire Beresheet. Pour rappel, ce dernier a finalement raté son arrivée sur la Lune.
Starlink sera également l'occasion de réutiliser pour la première fois une coiffe de la fusée. Cela fait maintenant plusieurs années que la société travaille sur cette question et, après quelques tentatives infructueuses ou partiellement réussies, SpaceX a récupéré les deux morceaux de la coiffe de la mission Arabsat-6A en avril 2019. Le patron de SpaceX avait alors annoncé qu'elles seraient réutilisées cette année pour un lancement de Starlink.
Ce lancement du satellite saoudien était particulier à plus d'un titre : c'était le deuxième décollage de Falcon Heavy, mais la première fois que le lanceur lourd était utilisé de manière commerciale. En effet, sa première mission en février 2018 était une démonstration, avec l'envoi du roadster Tesla d'Elon Musk dans l'espace (lire notre analyse).
The fairing supporting this mission previously flew on Falcon Heavy’s Arabsat-6A mission pic.twitter.com/iTgqqtl1pW
— SpaceX (@SpaceX) November 5, 2019
Quid des coûts de remise en état ? Mystère et boule de gomme...
Les coiffes ont évidemment subi une inspection, mais SpaceX n'a pas précisé l'ampleur des travaux ni le montant des opérations nécessaires à leur remise en état.
Selon Elon Musk, une moitié de coiffe coûterait la bagatelle de trois millions de dollars, soit six millions l'ensemble. Cela peut donc représenter jusqu'à 10 % d'un lancement commercial, qui se situerait entre 50 et 60 millions de dollars, contre 100 millions pour un lancement institutionnel.
C'est d'ailleurs toute la question des fusées réutilisables de SpaceX : la société ne communique pas sur le coût de réutilisation d'une fusée pour un deuxième, troisième ou quatrième lancement. Impossible donc en l'état de savoir si l'opération est rentable et, le cas échéant, à quel niveau.
Cette mission de SpaceX n'emporte que des satellites Starlink, aucune autre charge utile pour des tiers, la société peut donc « s'amuser » à des expérimentations sans mettre en danger la cargaison de ses partenaires. Sauf surprise, elle devrait une nouvelle fois tenter de récupérer son premier étage.
Seconde fournée de 60 satellites pour Starlink, d'autres arrivent
Quoi qu'il en soit, il s'agit du second lancement d'un pack de 60 satellites pour la constellation Starlink, après celui de mai 2019. Deux sont mort-nés puisqu'ils ont été désorbités, une manœuvre prévue par SpaceX pour tester et valider cette procédure.
En juillet dernier, 45 satellites avaient rejoint leur orbite de croisière, cinq étaient en route et cinq autres devaient faire l'objet de vérifications supplémentaire, sans plus de précision. Trois ne répondaient alors plus. Pourtant, le contact avait bien été établi suite au lancement.
SpaceX prévoit un lancement commercial de Starlink mi-2020, après avoir effectué six à huit lancements de 60 satellites. Afin d'assurer la communication autour de ce projet, Elon Musk s'était fendu il y a quelques semaines d'un tweet envoyé via cette constellation.
D'ici la fin de l'année, SpaceX prévoirait d'envoyer encore deux cargaisons de satellites avec les missions Starlink 2 et Starlink 3, c'est du moins ce qu'indique le généralement bien informé Spaceflight Now.
Sending this tweet through space via Starlink satellite 🛰
— Elon Musk (@elonmusk) October 22, 2019
12 000 satellites... voire 42 000 !
À terme, Starlink doit être composé de plus de 12 000 satellites en orbite : 4 425 satellites pour une première phase, puis 7 518 lors d'une seconde phase. Et encore, c'est sans compter sur la demande de SpaceX de déployer encore 30 000 satellites supplémentaires, via 20 demandes de 1 500 satellites à l'International Telecommunication Union.
« Face à la demande croissante d’Internet rapide et fiable dans le monde entier, en particulier pour ceux où la connectivité est inexistante, trop chère ou peu fiable, SpaceX prend des mesures pour adapter de manière responsable la capacité du réseau Starlink », s'était alors justifié SpaceX, sans prendre en considération la « pollution » spatiale engendrée.
Selon l'United Nations Office for Outer Space Affairs repris par SpaceNews, environ 8 500 engins ont été placés en orbite depuis 1957. À lui seul, SpaceX pourrait donc multiplier ce chiffre par cinq…
Avec le second lancement de Starlink, SpaceX pousse plus loin son concept de réutilisation
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Après trois mois de calme, l'heure de la reprise semble avoir sonné
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Quatrième décollage en vue pour le premier étage
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Quid des coûts de remise en état ? Mystère et boule de gomme...
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Seconde fournée de 60 satellites pour Starlink, d'autres arrivent
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12 000 satellites... voire 42 000 !
Commentaires (19)
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Abonnez-vousLe 07/11/2019 à 13h46
“Selon Elon Musk, une moitié de coiffe coûterait la bagatelle de trois millions de dollars, soit six millions l’ensemble. Cela peut donc représenter jusqu’à 10 % d’un lancement commercial, qui se situerait entre 50 et 60 millions de dollars, contre 100 millions pour un lancement institutionnel.”
Si ca ce n’est pas de la subvention publique “lancement institutionnel” , 100% du prix en plus par rapport à un vol privé…
et après les américains viennent pleurer sur les subventions d’Airbus…
Le 07/11/2019 à 13h48
Pire en fait… SpaceX a pleuré sur les subventions de Ariane…
Le 07/11/2019 à 13h48
Pour les satellites en orbite il y a quand même des règles à respecter, que cela soit au niveau des Orbites ou des fréquences utilisées pour les communications.
Par exemple, il me semble que pour les orbites géostationnaires, le nombre de places étant restreint, il est obligatoire de déplacer le satellite sur une orbite de garage. De même, il y a une limite maximal de satellite qu’une société/qu’un pays peut avoir sur cette orbite.
Pour les orbites les plus proches de la terre, il est maintenant demandé de désorbiter le satellite dans un délai de 15-20 ans maximum. Il est aussi conseillé de terminer les ergols encore présent dans les réservoirs des satellites pour éviter un risque d’explosion qui générerait beaucoup de débris (et ce cas présent s’est malheureusement déjà produit).
Pour tous lancements de satellite, en fonction des pays, il est obligatoire de demander une autorisation de lancement. Certaines entreprises ont réalisé des mises en orbite sans autorisation et ont reçut des amendes salées (Il y a encore quelque temps, les opérateurs de lancement ne vérifiaient pas les autorisations et pensaient que les clients avaient tous une autorisation… suite à ce cas, quelques changements ont été réalisés pour vérifier toute la paperasse^^).
Concernant les fréquences de communication, là encore, il faut se voir accepter la demande et c’est souvent le premier qui fait les démarches qui a la fréquence sur telle ou telle zone. Dans le cas du starlink et de spaceX, ils sont arrivés après OneWeb, qui ,malgré un nombre plus restreint de satellite, peut donc +/- imposer certaines conditions aux suivants (spacex, amazon…).
Le 07/11/2019 à 13h55
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Le 07/11/2019 à 13h56
Le 07/11/2019 à 14h25
d’aucun droit, il demande l’autorisation…
Le 08/11/2019 à 08h07
Bonjour,
Y’a t’il un moyen de voir le soir ou la nuit le défilé de ces satellites ?.
Site WEB avec horaires et visibilité pour la France par exemples.
Le 08/11/2019 à 10h26
Le 08/11/2019 à 10h32
Le coût d’un lancement space x, boeing et consort est forcément bien moins élevé que pour les autres puisque ce sont les installations de la nasa et de l’usaf qui sont gracieusement utilisées.
Le 08/11/2019 à 10h35
Le 07/11/2019 à 10h35
c’est vrai que ça fait beaucoup de machins au dessus de nos têtes à force " />
Le 07/11/2019 à 11h33
Il y a pas un autorité pour contrôler tout ca? 50k trucs en orbite ca va faire beaucoup, pour l’observation et pour le futur. Les arrivants tardifs vont devoir faire avec…de quel droit spacex s’approprie il l’espace au dessus de nos têtes?
Le 07/11/2019 à 11h42
Le 07/11/2019 à 12h19
Il n’y pas d’autorité qui gère ça. Seules des organisations de sociétés spatiales se mettent d’accord pour gérer des trucs, comme les geostationnaire dont les places sont limitées.
Le 07/11/2019 à 12h50
Le 07/11/2019 à 13h13
Le 07/11/2019 à 13h27
Ce n’est pas exatement ça, Space X n’a rien fait car le système de détection de collision de la NASA ne les a pas prévenu suite à un souci technique.
Le 07/11/2019 à 13h35
https://www.esa.int/Safety_Security/ESA_spacecraft_dodges_large_constellation, mmmmm, j’ai bien l’impression qu’ils n’en nont pas eu grand chose a foutre apres les premiers échanges avec l’ESA, étant donné que le cout unitaire de leurs satellite est ridicule et leur seuil de reaction sûrement moins conservateur que celui de l’ESA
Le 07/11/2019 à 13h39
comment ça va à Cheyenne Mountain ? " />