En direct depuis Monaco. Dans le rapport sur la Cyberdéfense, le sénateur Jean-Marie Bockel avait mis en cause les équipements chinois placés dans le cœur du réseau. Aux Assises de la sécurité, Patrick Pailloux, directeur de l’ANSSI a été interrogé sur la question.
Le parlementaire du Haut Rhin avait créé l’émoi chez les géants chinois de l’électronique : il voudrait « interdire sur le territoire national et à l’échelle européenne le déploiement et l’utilisation de « routeurs » ou d’autres équipements de coeur de réseaux qui présentent un risque pour la sécurité nationale, en particulier les « routeurs » et certains équipements d’origine chinoise ». Il pointe du doigt, nommément, les géants Huawei et ZTE, craignant qu’un pays producteur puisse placer dans ces produits des dispositifs de surveillance ou d’interception en cœur de réseau.
De l’analyse de risque
Interrogé aux assises de la sécurité à Monaco, Patrick Pailloux, numéro un de l’ANSSI, refusera de commenter la proposition du législateur… ou plutôt, concentrera sa réponse sur les fondamentaux de l’analyse de risque. « La question qu’il faut se poser c’est, quand vous avez des systèmes essentiels, comment vous assurez que vos systèmes font exactement ce pour quoi ils sont faits et qu’ils fonctionnent correctement ? C’est un problème d’analyse de risque. »
Plutôt qu’une réponse frontale, le représentant de l’autorité donnera un exemple concret, qualifié d’extrême. « Dans le domaine du secret défense, quand on veut protéger des informations essentielles à la survie de la nation, on s’adresse à des industriels pour exiger que la totalité du matériel soit sous contrôle national. Typiquement, on a un nouveau téléphone ‘secret défense’. Il s’appelle Théorème et a été conçu par Thales - je passe sur le jeu de mot. Il a été fabriqué 100% en France. Un tel téléphone ne coûte pas le même prix que celui que vous avez à la maison et est évidemment d’un degré de convivialité moindre… »
Si l’Anssi, émanation du pouvoir exécutif refuse de commenter la proposition du législateur, elle appelle cependant la communauté à mener ce travail d’analyse de risque. Une analyse qui passe nécessairement par la prise de précautions importantes, notamment au regard du fournisseur.
Maitrise des règles
Patrick Pailloux rebondira sur Facebook. « Indépendamment de savoir si le réseau social a bien ou mal géré la protection des données personnelles, Facebook offre un service gratuit que l’utilisateur ne maitrise pas. Bon, pas bon, utile, pas utile, ce n’est pas mon débat ; les règles qui s’appliquent sont celles proposées par l’entreprise. Personne ne vous oblige à l’utiliser simplement vous ne les maitrisez pas. Est-ce grave ou est-ce que cela ne l’est pas ? Ce qu’on répète à longueur de journée est que quand vous êtes une entreprise et que vous avez des données sensibles, il faut que vous puissiez, d’une certaine limite, garder la maitrise de votre système d’information ; et donc vous ne pouvez pas faire appel à des solutions dans lesquelles vous n’avez pas les moyens de négocier a minima un certain nombre de clauses. »
L’ANSSI avait d’ailleurs publié un guide sur l’externationalisation riche d’une liste de clauses qu’un client peut exiger du prestataire. « Face à Google sur le cloud, face à Gmail ou Facebook, ce travail ne peut pas être fait. Ce n’est pas un reproche : ils ont défini un certain niveau de sécurité - bon ou pas bon, ce n’est pas mon débat - c’est eux qui ont choisi, ce n’est pas vous. Et donc quand vous avez des informations sensibles à protéger, il vous appartient de définir votre besoin de sécurité, pas à un tiers. »
Commentaires (31)
j’aime bien son style à ce gars… à chaque exemple c’est “bon ou pas bon, je ne veux pas prendre parti mais ce n’est pas vous qui avez choisi” (sous-entendu “et donc c’est de la merde en branche”)
" />
" />
" />
Bon dans l’absolu, il a raison hein… c’est du bon sens
Typiquement, on a un nouveau téléphone ‘secret défense’. Il s’appelle Théorème et a été conçu par Thales - je passe sur le jeu de mot.
Quand on vous dit qu’on se marre à ne plus en pouvoir à l’ANSSI.
Face aux routeurs chinois, l’ANSSI oppose l’analyse de risque
Dit autrement : vous pouvez prendre chinois si vous voulez mais venez pas pleurer après
Il a raison. Moi je fais plus confiance à Cisco.
" />
Ça existe, Angry Birds Rio sur “Théoreme” ?
" />
" />
<——-
Je penses comme lui que le problème n’est pas de consommer Français ou Chinois, mais de consommer certifié. C’est à dire qu’on ne doit simplement pas installer des dispositifs sensibles dont ils n’ont pas “les plans” + la possibilité de vérifier que le dispositif est conçu en respectant strictement le plan.
Rien n’empêcherait un constructeur Français qui développe son routeur dans son coin d’y coller une backdoor financée par les services secrets Chinois, la CIA ou toute autre agence étrangère.
Un tel téléphone ne coûte pas le même prix que celui que vous avez à la maison et est évidemment d’un degré de convivialité moindre
Le savoir-faire français, illustration.
Interrogé aux assises de la sécurité à Monaco, Patrick Pailloux, numéro un de l’ANSSI, refusera de commenter la proposition du législateur… ou plutôt, concentrera sa réponse sur les fondamentaux de l’analyse de risque
Ca c’est de la réponse de technocrate pur beurre.
d’un degré de convivialité moindre
Comment ça, on est pas capable de faire du design chez Thalès ???
French inside.
En même temps, si tu veux mieux que ce qu’on te livre, revois tes specs.
Cisco fabrique tout en Chine, de la à dire que c’est truffé de mouchards sino américains (du FBI
" /> ) il n’y a qu’un pas ! et comme on est au bord du gouffre, vite un pas en avant !
" />
" />
" />
Zarb leur coup de “les routeurs chinois sont des nids d’espions”.
" />
Z’ont pas des cyber geeks ‘secret défense’ capables de dumper, désassembler les firmwares des ZTE, Huawei et autres Cisco, en vue d’analyses internes, au lieu de balancer ce genre de lieu commun…
Typiquement, on a un nouveau téléphone ‘secret défense’. Il s’appelle Théorème et a été conçu par Thales - je passe sur le jeu de mot.
Je voyais plutôt celui-là, de théorème…
De là à dire que Thalès en
“Ouais mais utiliser googledoc c’est tellement plus simple”
voila une réponse que j’entends souvent quand je m’offusque de ce que certaines PME utilisent le clown pour stocker leurs informations…
quand vous avez des systèmes essentiels, comment vous assurez que vos systèmes font exactement ce pour quoi ils sont faits et qu’ils fonctionnent correctement ? C’est un problème d’analyse de risque
oui tout à fait. Si ça le justifie on fait de la qualification de matériel en labo avant possible référencement pour achat. ça a un coût, à comparer en analyse de risque au coût de non respect des spécifications, qu’il s’agisse d’une back-door ou d’une négligence.
Bon, que des responsables de la sécurité nationale se méfient des équipements fabriqués à l’étranger, c’est plutôt une bonne chose.
Mais que ces personnes citent nommément un pays plutôt qu’un autre, c’est diplomatiquement pas très correct… on n’est quand même pas en guerre froide…
Que ça soit Chinois, Américains, Russes ou Français, les équipements utilisés pour transiter du CD sont vérifiés, modifiés et validés avant d’être mis en production.
Pour ce qui fait transiter du SD (ou plus), on passera plus facilement par des entreprises Francaises. Pas parce que les autres ne peuvent pas le faire, pas forcément parce que le patron de Thales/EADS/Alcatel est copain avec le gouvernement, pas parce que ça pourrait créer de l’emploi, mais sûrement plus parce que pour faire un matériel conforme SD, il faut déjà donner des billes sur les méthodes employées dans le “cahier des charges” avant même la conception.
De plus, même si on fait confiance aux entreprises francaises, les equipements seront toujours placés sous coffre et/ou utilisé en cage de faraday(ou blindage electromagnetique au minimum).
bah je viens de commander du cisco pour 2 routeur de coeur de réseau … apres cisco ou huaïhuaï c est la meme niveau secu
" />