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[MàJ] UIT : la conférence de Dubaï se termine par un échec

États-Unis, Canada et Royaume-Uni mettent leur véto

[MàJ] UIT : la conférence de Dubaï se termine par un échec

Le 14 décembre 2012 à 14h55

C’est aujourd’hui que s’achève à Dubaï la Conférence mondiale sur les télécommunications internationales, où est en jeu depuis le 3 décembre la révision du RTI. Alors que l’on connaît désormais la version finale du texte qui sera soumis au vote des 193 États membres, trois pays ont d’ores et déjà annoncé qu’ils ne l’approuveraient pas : les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni. 

uit rti dubai 

Comme nous l’expliquions hier soir, les dernières tractations autour de la révision du RTI esquissaient une nouvelle remise en cause du mode de gouvernance de l’internet, dont la mainmise américaine est jugée trop importante par certains États, tels que la Chine ou la Russie. Le document final (PDF), dévoilé il y a quelques heures par l’UIT, contient d’ailleurs toujours cet article prévoyant que tous les gouvernements aient « un rôle et une responsabilité identique en ce qui concerne la gouvernance mondiale de l’internet ».

Le consensus onusien en péril

Mais les États-Unis ne semblent absolument pas disposés à approuver de telles dispositions. Terry Kramer, responsable de la délégation américaine à Dubaï, a adressé à l'issue des discussions d'hier un message clair : « C'est avec le coeur lourd que je dois annoncer que les États-Unis estiment qu'il est impossible de signer l'accord dans sa forme actuelle ». Le New York Times précise la raison avancée par l’ambassadeur américain : « Nous ne pouvons pas approuver un traité qui ne soutient pas le modèle multi-acteurs de gouvernance de l’internet ».

 

Dans la foulée, les États-Unis ont été suivis par leurs voisins canadiens ainsi que par le Royaume-Uni. « Ma délégation est venue pour travailler à la révision du RTI, mais pas à n'importe quel prix », a ainsi fait valoir le chef de la délégation britannique, Simon Towle, comme le rapporte la BBC. D’autres États ont expliqué qu’ils devaient encore réfléchir, mais pourraient éventuellement être amenés à rejeter eux aussi le texte. Sont par exemple concernées les délégations du Danemark, de la Suède, de la Nouvelle-Zélande, des Pays-Bas, du Costa Rica, du Kenya ou encore de la République Tchèque. Notons que les autorités françaises (ministère des Affaires étrangères, ministère de l'Économie numérique et Matignon) n'ont toujours pas répondu à nos sollicitations destinées à connaître les positions défendues par la France.

 

uit kramer

Terry Kramer - Responsable de la délégation américaine à Dubaï (Crédits : UIT).

 

Ce blocage impulsé par les Américains n’est toutefois pas une surprise. « Personne n’a jamais sérieusement pensé que la Conférence de Dubaï déboucherait sur quoi que ce soit, étant donné que les États-Unis refusent absolument tout changement ! Évidemment, celui qui a le monopole n’est jamais « pour » perdre son monopole », nous expliquait hier Stéphane Bortzmeyer, architecte systèmes et réseaux et spécialiste français de l’internet. Le cadre décisionnel onusien, qui nécessite l’unanimité des votes, joue effectivement en faveur des américains. Mais cette position ferait aussi selon lui le jeu d’autres États, dans la mesure où « une bonne partie des pays n’ont pas envie que ce soit la Chine, la Russie ou l’Arabie saoudite qui aient un droit de veto sur des décisions concernant l’internet. Beaucoup d’États se disent aussi que le monopole des américains est finalement un moindre mal... ».

Et pendant ce temps...

Voyant finalement surtout cette conférence comme une « perte de temps et d’argent », Stéphane Bortzmeyer insistait sur ce qui était selon lui « le vrai problème » aujourd’hui : « les menaces concernant l’ouverture et la liberté de l’internet sont une réalité. Aujourd’hui, la plupart des pays, et pas seulement les États dictatoriaux, ne parlent d’Internet que comme un danger, ne le voient que comme un problème, une sorte de bête féroce qu’il faudrait essayer de domestiquer ! ».

 

Il rejoignait ainsi Jérémie Zimmermann, co-fondateur de La Quadrature du Net, qui expliquait cette semaine qu’il regrettait que les appels lancés par certains acteurs américains comme Google « masquent la réalité, qui est celle du contrôle de l’internet par les gouvernements ». Le porte-parole de l'association de défense des libertés numériques a ainsi tenu à rappeler que « la Chine n’a pas attendu l’UIT pour contrôler toutes les communications Internet de sa population. La France n’a pas attendu l’UIT pour se retrouver depuis deux ans dans la liste des pays considérés comme « ennemis d’Internet » par l’association Reporters Sans Frontières. Les États-Unis ont encore moins attendu l’UIT pour saisir par exemple en 2008 310 noms de domaines par l'intermédiaire de Verisign, comme par exemple Rojadirecta.com, qui avait pourtant été déclaré légal par un juge espagnol. Et encore plus ironiquement que ça, les États-Unis ont encore moins attendu l’UIT pour saisir il y a un peu plus d’une semaine, juste avant le début des négociations, 132 noms de domaines européens ».

Commentaires (21)

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Thald’ a écrit :



Ce qui serait vraiment cool, c’est un réseau communautaire directement construit par les citoyens. un maillage totale où tout le monde est client/serveur.



C’est un peu le principe de TOR il me semble.





Pour que cela fonctionne, il faut aussi que personne n’éteigne son ordinateur.



Ordinateur qui doit donc avoir une consommation la plus faible possible pour ne pas décourager par rapport à la facture d’électricité qui va en résulter, ni se retrouver avec une “chaudière” l’été.



Il faut jongler entre avoir par exemple une bonne connexion sans fil qui soit puissante mais qui reste dans la légalité.

Ou alors si ce n’est pas possible (petit village), s’abonner à un FAI associatif.



Mais si ce genre de mouvement citoyen prenait de l’ampleur, l’Etat prendrait certainement très vite des mesures pour dissuader cette liberté retrouvée…


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Deep_INpact a écrit :



Pour que cela fonctionne, il faut aussi que personne n’éteigne son ordinateur.



Ordinateur qui doit donc avoir une consommation la plus faible possible pour ne pas décourager par rapport à la facture d’électricité qui va en résulter, ni se retrouver avec une “chaudière” l’été.



Il faut jongler entre avoir par exemple une bonne connexion sans fil qui soit puissante mais qui reste dans la légalité.

Ou alors si ce n’est pas possible (petit village), s’abonner à un FAI associatif.



Mais si ce genre de mouvement citoyen prenait de l’ampleur, l’Etat prendrait certainement très vite des mesures pour dissuader cette liberté retrouvée…







Pas besoin d’avoir tous les ordinateur allumés. Il en faut un certain nombre en même temps. Mais dans l’état actuel c’est déjà le cas. A partir d’un certain nombre d’utilisateurs, statistiquement parlant, un réseau de ce type sera fonctionnel 100% du temps. Tor est déjà complètement fonctionnel.



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Jaimz75 a écrit :



C’est pas faux, comment serait géré les noms de domaines et les routages avec la Russie ou Chine comme gestionnaire ?



Mais bon… les USA ont quand même usé de la censure quand ils s’en sont pris à Wikileaks.

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C’est donc bien un “moindre” mal.


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Deep_INpact a écrit :



Pour que cela fonctionne, il faut aussi que personne n’éteigne son ordinateur.



Ordinateur qui doit donc avoir une consommation la plus faible possible pour ne pas décourager par rapport à la facture d’électricité qui va en résulter, ni se retrouver avec une “chaudière” l’été.



Il faut jongler entre avoir par exemple une bonne connexion sans fil qui soit puissante mais qui reste dans la légalité.

Ou alors si ce n’est pas possible (petit village), s’abonner à un FAI associatif.



Mais si ce genre de mouvement citoyen prenait de l’ampleur, l’Etat prendrait certainement très vite des mesures pour dissuader cette liberté retrouvée…







Et qu’est-ce qu’il pourrait faire le gouvernement ? Interdire certains types de connexion ? Interdire les FAI associatifs ? Je pense pas qu’ils puissent faire grand chose…


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yvan a écrit :



Sont trop occupés à communiquer sur notre dame des landes pendant que l’Europe défend la réduction du trafic aérien et des émissions de CO2 à dubaï.

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A Doha en fait. On confond vite une conférence onusienne avec une autre tant elles se ressemblent au niveau de la méthode anti-démocratique, le consensus mou inobtenable, inintelligible ou non-sensique et de leur résultats systématiquement nuls (et ça c’est une bonne nouvelle).


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tmtisfree a écrit :



A Doha en fait. On confond vite une conférence onusienne avec une autre tant elles se ressemblent au niveau de la méthode anti-démocratique, le consensus mou inobtenable, inintelligible ou non-sensique et de leur résultats systématiquement nuls (et ça c’est une bonne nouvelle).





Autant pour moi. <img data-src=" />


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Teddy Nuckley a écrit :



Et qu’est-ce qu’il pourrait faire le gouvernement ? Interdire certains types de connexion ? Interdire les FAI associatifs ? Je pense pas qu’ils puissent faire grand chose…





Taxer comme des FAI, réguler l’emploi des radiofréquences, brouiller… pas besoin d’être très imaginatif.



Sinon ça existe déjà ce genre de projet. C’est bien mais lent.


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Ouf, échec, on peut respirer en attendant la prochaine offensive.

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cid_Dileezer_geek a écrit :



Ouf, échec, on peut respirer en attendant la prochaine offensive.







Le seul hic, c’est que c’est un échec des discussions officielles.



On ne sait pas ce qu’il en est des discussions officieuses <img data-src=" />


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RBoudin a écrit :



Pas besoin d’avoir tous les ordinateur allumés. Il en faut un certain nombre en même temps. Mais dans l’état actuel c’est déjà le cas. A partir d’un certain nombre d’utilisateurs, statistiquement parlant, un réseau de ce type sera fonctionnel 100% du temps. Tor est déjà complètement fonctionnel.





Tor est un réseau fonctionnel mais qui rame à mort.







Teddy Nuckley a écrit :



Et qu’est-ce qu’il pourrait faire le gouvernement ? Interdire certains types de connexion ? Interdire les FAI associatifs ? Je pense pas qu’ils puissent faire grand chose…





Fais leur confiance pour trouver, car Internet les dérange déjà, ainsi que leurs amis.


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Notons que les autorités françaises (ministère des Affaires étrangères, ministère de l’Économie numérique et Matignon) n’ont toujours pas répondu à nos sollicitations destinées à connaître les positions défendues par la France.



Sont trop occupés à communiquer sur notre dame des landes pendant que l’Europe défend la réduction du trafic aérien et des émissions de CO2 à dubaï.

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Vos interloccuteurs sont sous neuroleptiques, faut leur laisser leur le temps de descendre c’est tout <img data-src=" />


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Le document final contient cet article prévoyant que tous les gouvernements aient « un rôle et une responsabilité identique en ce qui concerne la gouvernance mondiale de l’internet »



La raison avancée par l’ambassadeur américain : « Nous ne pouvons pas approuver un traité qui ne soutient pas le modèle multi-acteurs de gouvernance de l’internet »



<img data-src=" /> <img data-src=" /> <img data-src=" />

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Bonne nouvelle cet échec

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le monopole des américains est finalement un moindre mal…



C’est pas faux, comment serait géré les noms de domaines et les routages avec la Russie ou Chine comme gestionnaire ?



Mais bon… les USA ont quand même usé de la censure quand ils s’en sont pris à Wikileaks.

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Ce qui serait vraiment cool, c’est un réseau communautaire directement construit par les citoyens. un maillage totale où tout le monde est client/serveur.



C’est un peu le principe de TOR il me semble.

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Thald’ a écrit :



Ce qui serait vraiment cool, c’est un réseau communautaire directement construit par les citoyens. un maillage totale où tout le monde est client/serveur.



C’est un peu le principe de TOR il me semble.







Tor ne remplace qu’une couche réseau. Ca ne fait pas une alternative au DNS. C’est aussi fait pour fonctionner sur du TCP/IP.



Actuellement ce n’est pas possible de se passer d’un (ou plusieurs) organisme qui attribue les IP. Par contre un protocole remplaçant le DNS par une DHT, donc éliminant le besoin de serveurs centraux, c’est complètement faisable. Ca pourrait être assez bordélique par contre et ce serait forcément moins rapide.


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RBoudin a écrit :



Tor ne remplace qu’une couche réseau. Ca ne fait pas une alternative au DNS. C’est aussi fait pour fonctionner sur du TCP/IP.



Actuellement ce n’est pas possible de se passer d’un (ou plusieurs) organisme qui attribue les IP. Par contre un protocole remplaçant le DNS par une DHT, donc éliminant le besoin de serveurs centraux, c’est complètement faisable. Ca pourrait être assez bordélique par contre et ce serait forcément moins rapide.







La rapidité pourrait dépendre du nombre de noeud nan ?



(désolé si ça parrait bête comment question)


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Thald’ a écrit :



Ce qui serait vraiment cool, c’est un réseau communautaire directement construit par les citoyens. un maillage totale où tout le monde est client/serveur.







mesh networking

souvent à base de technos sans fil pour des raisons de coûts, mais ça pourrait très bien utiliser des infras filaires.


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RBoudin a écrit :



Actuellement ce n’est pas possible de se passer d’un (ou plusieurs) organisme qui attribue les IP.







Des réseaux qui s’auto-configurent sont possibles, il n’y a rien qui l’empêche techniquement ou logiquement.


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Thald’ a écrit :



La rapidité pourrait dépendre du nombre de noeud nan ?



(désolé si ça parrait bête comment question)





De mémoire la lenteur de Tor vient surtout du fait que ta requête passe par plusieurs machines avant de revenir vers ton PC.



Donc selon les bécanes et la qualité / vitesse du réseau qui les accompagne ça peut prendre du temps.



Après il y a bien les .onion, mais j’ai jamais vraiment compris comment ça fonctionnait exactement. Ca ressemble beaucoup à un no mans land pour ce que j’en ai vu…


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Thald’ a écrit :



La rapidité pourrait dépendre du nombre de noeud nan ?



(désolé si ça parrait bête comment question)







Ca dépend du type de réseau derrière. Si le but c’est de l’anonymat complet, un truc façon Tor, il y a forcément un certain nombre de noeuds intermédiaires en effet. Après si le but est juste d’avoir un système équivalent au DNS mais décentralisé, ça peut être un truc beaucoup plus efficace, mais une DHT restera plus complexe que l’architecture du DNS.

Mais Tou ça n’empêche pas d’avoir un cache local.







lateo a écrit :



Des réseaux qui s’auto-configurent sont possibles, il n’y a rien qui l’empêche techniquement ou logiquement.







Oui, techniquement il y a moyen, dans ce cas là il faudrait une allocation dynamique d’adresse, un genre de protocole inter-FAI (et autres points d’entrée sur Internet) d’attibution d’adresse. Mais je vois difficilement comment ça peut être mis en place actuellement


[MàJ] UIT : la conférence de Dubaï se termine par un échec

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