Les jeunes pousses internet françaises ont enfin compris
Mieux vaut tard que jamais
Le 23 février 2013 à 08h42
7 min
Internet
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Pendant longtemps, les jeunes pousses françaises avaient deux caractéristiques peu enviables : elles ne s'imposaient que dans le marché français et leur effectif était ridiculement faible. Si cette description correspond encore à un grand nombre de start-ups françaises, certaines ont tout de même réussi à sortir leur épingle du jeu ces dernières années.
S'internationaliser, une étape obligatoire
« La France a du mal à comprendre que c’est un petit pays. Or, quand on est sur Internet, les succès se comptent quand on a des dizaines de millions d’utilisateurs. C’est le modèle d’internationalisation qui ne marche pas en France. »
Ces propos ont été prononcés avant-hier par Jonathan Benassaya, fondateur de Deezer, lors d'une entrevue accordée au journaliste Jean-Marc Sylvestre (d'i-Télé). Actuellement aux États-Unis pour développer sa nouvelle start-up, où le marché est bien plus important que celui de la France, Benassaya livre un constat des sociétés françaises concis, mais lucide.
Néanmoins, et c'est nouveau, la situation change. Depuis deux ans par exemple, Deezer a pris au sérieux son internationalisation, au point d'être aujourd'hui le service de streaming audio le plus répandu dans le monde, devant le géant Spotify, qui préfère insister sur les États-Unis en sus de l'Europe. Résultat, grâce à sa levée de fonds de 100 millions d'euros réalisée en octobre dernier, l'effectif de Deezer devrait doubler et atteindre les 200 employés à court terme. Mais ce n'est rien par rapport à d'autres start-ups françaises.
En à peine quelques années, Criteo est devenu un véritable phénomène. Spécialisée dans le ciblage publicitaire, la jeune pousse a percé dans le monde entier ces dernières années grâce à des résultats concrets auprès de très grands clients. La société a ainsi vu son chiffre d'affaires exploser grâce à son internationalisation (les USA sont désormais son premier marché), et son effectif a logiquement suivi. De quelques dizaines de personnes à ses débuts (jusqu'en 2008/2009), la société s'approche ainsi des 1000 employés aujourd'hui grâce à des recrutements constants. Et une grande partie est présente dans son siège parisien. Mais il y a plus fort encore.
Sans atteindre le niveau d'internationalisation d'un Deezer ou d'un Criteo, la start-up Vente Privée est déjà présente dans tous les pays européens majeurs, en sus des États-Unis en partenariat avec American Express. Son chiffre d'affaires est ainsi passé de 600 millions d'euros en 2006 à plus du double en 2012. Et la société vise les 2 milliards d'euros dans une poignée d'années. Quant à son effectif, il a tout bonnement explosé, passant de 700 employés à 2008 à plus de 1800 aujourd'hui.
Très centré sur l'Europe lui aussi, Meetic, que l'on ne présente plus, est lui aussi un excellent exemple de start-up qui ne s'est pas enfermée sur son territoire et qui a vu son chiffre d'affaires croitre constamment. En 2005, soit quatre ans après sa création, la société affichait ainsi un chiffre d'affaires de 43 millions d'euros. Un résultat qui a triplé trois ans plus tard, pour atteindre 185 millions en 2010, pour se réduire légèrement ensuite après le rachat par Match en 2011.
Des audiences étrangères supérieures à la France
AdoroCinema.com, la version brésilienne d'Allocine.com.
Allocine, discrètement, est certainement l'une des sociétés du web français à s'être le mieux internationalisée. Très présente en Europe (Allemagne, Royaume-Uni et Espagne), la firme parisienne existe aussi en Russie, en Chine, en Turquie et même sur le continent américain (au Canada et au Brésil). L'audience internationale surpasse d'ailleurs largement celle de France aujourd'hui. Son chiffre d'affaires devrait ainsi atteindre rapidement les 50 millions d'euros annuel. Très loin des 12 millions de l'année 2006.
Principalement connu du grand public pour sa plateforme Overblog, le groupe Ebuzzing, spécialisé dans la publicité vidéo, est devenu en quelques années un géant en France, mais aussi un acteur de poids en Europe. Il faut dire que l'entreprise a fusionné et/ou racheté de nombreuses autres start-ups, des Français Beezik et Overblogn à l'Américain Timekiwi en passant par des sociétés italiennes, allemandes, etc. Résultat, son chiffre d'affaires s'est multiplié en une poignée d'années, pour atteindre 52 millions de dollars en 2012. Quant à son effectif, il est supérieur à 200 employés, contre quelques dizaines il y a encore trois ans.
Petit développeur de jeux vidéo pour téléphone au début du siècle, le Français Gameloft a profité de l'explosion des smartphones pour devenir un véritable géant du jeu vidéo mobile. Connue dans le monde entier du fait de ses nombreuses licences, la société dispose de studios sur tous les continents, même si elle est surtout présente à Montréal à l'instar d'Ubisoft. Son chiffre d'affaires a pour sa part explosé, aux alentours de 200 millions d'euros en 2012, soit quatre fois plus qu'en 2005. Son effectif est proche des 5000 employés dans le monde aujourd'hui, contre une centaine en 2002.
Alors que tout le monde a les yeux tournés vers l'Américain LinkedIn, le Français Viadeo, lui aussi spécialisé dans le réseau social professionnel, n'est pas en reste. Cumulant tout de même plus de 50 millions de membres, le réseau est un véritable acteur international, avec une très forte présence en Asie (principalement en Chine), ainsi qu'en Europe, en Amérique et même en Afrique. Son chiffre d'affaires est inconnu - on parle de 50 millions d'euros en 2011. Son effectif, lui, serait d'environ 400 personnes dans le monde, dont plus de la moitié en France.
Dailymotion, désormais filiale à 100 % d'Orange, est de moins en moins dépendant de la France. Des pays comme les États-Unis, la Turquie et l'Italie génèrent ainsi des millions de visiteurs uniques pour la plateforme française. Dépassant les 100 millions de visiteurs uniques par mois, le site est certainement la start-up française la plus connue dans le monde, bien aidée par ses déclinaisons en 16 langues. Son effectif est toutefois encore limité (moins de 200 personnes).
Enfin, l'une des jeunes pousses françaises qui montent dans le monde entier ces derniers temps est certainement AppGratis. Forte de 10 millions d'utilisateurs, la société spécialisée dans l'offre gratuite d'applications normalement payante, voit son nombre d'utilisateurs exploser depuis quelques mois, avec 3 millions de nouveaux utilisateurs en un mois et demi grâce à son arrivée aux USA. Et son but est d'atteindre la barre 20 millions d'usagers dès cet été. Une ambition qui lui a notamment permis de lever récemment 13,5 millions de dollars. Bien que basée à Paris, la société compte ouvrir plusieurs bureaux à l'étranger cette année afin de se rapprocher des développeurs du monde entier. Son chiffre d'affaires ainsi que son effectif devraient donc se multiplier rapidement.
AppGratis n'est pas peu fier d'avoir atteint les 10 millions d'utilisateurs récemment.
Cette liste est bien sûr non exhaustive et d'autres jeunes pousses françaises pourraient figurer dans ce classement (voir nos éditos sur les sociétés high-tech et robotiques « made in France »). Si bien sûr aucune de ces sociétés n'est équivalente à un Google, un Facebook, un Twitter, un Yahoo!, un Microsoft ou même un Dropbox, qui sont à des années-lumière, il n'empêche que la situation aujourd'hui est incomparable à celle d'il y a dix ou même cinq ans. Les Français sont toutefois loin d'être les seuls à avoir des ambitions internationales. Les start-up chinoises, russes ou encore allemandes comptent ainsi s'appuyer sur leur marché local important pour s'exporter ensuite. Certaines le font d'ailleurs déjà.
Les jeunes pousses internet françaises ont enfin compris
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S'internationaliser, une étape obligatoire
Commentaires (24)
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Abonnez-vousLe 23/02/2013 à 09h27
Wow j’ai dû lire 4 ou 5 fois le titre pour comprendre " />
Le 23/02/2013 à 09h54
Le 23/02/2013 à 10h15
Le titre un peu moralisateur me fait me demander si Pcinpact existe niveau international ? " />
Le 23/02/2013 à 10h38
Ouais le titre, j’ai pas bien compris. Ca veut dire qu’avant ils comprenaient pas?!
Le 23/02/2013 à 10h47
nan ce qui a aidé les “startups francaises” telles que deezer et dailymotion, c’est le rachat par un grand operateur publicoprivé et donc l’arrivé de capitaux , de pubs, et de ventes forcées couplées aux offres de cet operateur
Le 23/02/2013 à 10h49
Avec un nom écrit ainsi, je n’aurais jamais pensé que c’était une boîte française, ça donne mieux que “dix-heures”, non ?
Le 23/02/2013 à 10h51
Le 23/02/2013 à 11h07
Le 23/02/2013 à 12h05
Si bien sûr aucune de ces sociétés n’est équivalente à un Google, un Facebook, un Twitter, un Yahoo!, un Microsoft ou même un Dropbox, qui sont à des années-lumière, il n’empêche que la situation aujourd’hui est incomparable à celle d’il y a dix ou même cinq ans.
Bof… Les “jeunes pousses” internet ont plus de succès qu’avant car il y a plus d’internautes qu’avant. Aucune des sociétés françaises citées n’est vraiment incontournable, leader ou innovante. Pour la plupart, c’est plutôt des alternatives locales à des géants américains.
Ca ne leur retire pas moins le mérite d’exister et de prospérer dans un marché mondial très peu régulé. Rien que ca c’est remarquable. Je pense que les “jeunes pousses” ont surtout compris qu’elles ne devaient pas tenter une attaque frontale contre les géants de web, mais ratisser les miettes à la périphérie. " />
Le 23/02/2013 à 12h18
Wow que de condescendance dans cet article … Mais est-ce que PCINpact a enfin compris ou est-il aussi stupide que les autres startups francaises du web ?
Le 23/02/2013 à 12h33
Le 23/02/2013 à 13h00
Petit développeur de jeux vidéo pour téléphone au début du siècle, le Français Gameloft a profité de l’explosion des smartphones pour devenir un véritable géant du jeu vidéo mobile
Petit à la base certes, mais y avait déjà un des frangins Guillemot derrière " />
Perso, j’attends le jour où ils se feront condamner pour copie servile (sans parler du business model derrière) " />" />
Le 23/02/2013 à 14h59
Le 23/02/2013 à 16h35
Le 24/02/2013 à 12h33
Ouais bientot le gouvernement Nyhollande va ratisser tout ce beau monde " />
Le 24/02/2013 à 19h28
Criteo ? Jamais entendu parler avant. Je suis allé voir leur site depuis.
Le 25/02/2013 à 00h48
Je ne comprends pas comment Viadeo fait pour “marcher” vu tout les scams qu’il y a dessus. Et globalement, le site est moins bien fait que LinkedIn.
Non vraiment, je ne comprends pas.
Le 25/02/2013 à 06h25
moi tout ce que j’ai “ comprendu ” c’est que ce sont des boites " /> e
YYYEEEESSS <–(parce que le premier lien sur lequel j’ai cliqué…m’a envoyé sur un site en Nanglé taillé dans la masse..)
donc les jeune poussent vont s’installer en Irlande, faire transité les fonds au Luxembourg où elles vont monter un bureau, lequel enverra les bénefs aux iles Caïman? " />
c’est ça ? ou c’est moi qui n”ai rien compris à l’international ( sans e) " />
Le 25/02/2013 à 06h48
Le 25/02/2013 à 07h03
Le 25/02/2013 à 08h30
Article intéressant.
Mais je suis plus que circonspect sur criteo. Je ne connaissais pas mais en cherchant un peu, on peut voir qu’ils sont spécialisé dans le retargeting…..
Je ne sais pas pourquoi, mais on a beau vanter partout l’intérêt de cette pratique, j’y crois pas des masses : perso, je vois pas l’intérêt de me reproposer un produit que je viens déjà d’aller voir ( et que j’ai soi déjà acheter, ou que j’ai zapper pour de bonne raison )
Et puis même si cette pratique marchait réellement sur certaine personne, il n’y a tellement peu de valeur ajouter que je doute qu’une telle entreprise n’ayant aucune vocation OTT avec un buisness plan aussi facilement copiable puisse perdurer . Ça me fait penser a Groupon tout ça, avec sa croissance phénoménale et ses ennuies quand tout le monde a copier le principe ( même si ici, ça reste un peu différent, la pratique existant déjà…)
Le 28/02/2013 à 11h08
Le 28/02/2013 à 11h12
Le 28/02/2013 à 11h14