Depuis l'automne dernier, Numericable tente en vain de fusionner avec SFR. Mais selon BFM Business, les actionnaires du câblo-opérateur ont un plan B : racheter SFR pour ensuite le fusionner avec Numericable. Cependant, vouloir n'est pas pouvoir, et trouver les sommes nécessaires à ce rachat n'est pas chose aisée.

Le groupe Carlyle n'a jamais caché sa volonté d'investir en France, que ce soit chez Vivendi ou Free.

Racheter, puis fusionner, puis faire des économies 

Alors que nous pensions le feuilleton terminé, notre confrère BFM vient de le relancer comme jamais. Il faut dire que l'opération a de quoi surprendre. Face à l'échec de la fusion entre Numericable et SFR, les actionnaires du FAI câblé (Carlyle, Cinven et Altice) ont imaginé un autre scénario : racheter la filiale de Vivendi pour ensuite la fusionner avec Numericable et créer les synergies souhaitées, évaluées à 1 milliard d'euros par an.

Mais SFR coûte cher. Vivendi a d'ailleurs dépensé 7,75 milliards d'euros il y a deux ans pour acquérir les parts de Vodafone, ceci afin de mettre la main sur SFR intégralement. Depuis, l'ouragan Free Mobile est passé par là et la valeur réelle de SFR se serait effondrée. Néanmoins, SFR reste une entreprise onéreuse et trouver les milliards nécessaires pour une telle opération n'est pas une mince affaire.

Selon notre confrère, la somme pour un tel financement n'a d'ailleurs pas encore été réunie, d'autant plus que Vivendi doit encore s'accorder avec les actionnaires de Numericable afin justement de fixer ladite somme. SFR vaut-il 10 milliards, 15 milliards ou 20 milliards d'euros ? Tout dépend l'estimation de son potentiel.

L'appel du pied non dissimulé du patron de Numericable

Pour mémoire, au début du mois de février, Éric Denoyer, le patron de Numericable, avait surpris bien des spécialistes lors d'une entrevue accordée au Figaro en abordant ouvertement le sujet de la fusion avec SFR, alors que ce type de transaction requiert au contraire une certaine discrétion. Denoyer avait notamment expliqué qu'une fusion NC/SFR « serait un déclencheur créateur de valeur. (...) Or, après la guerre des prix qui a sévi en 2012 avec l'arrivée de Free Mobile, l'objectif est bien de retrouver de la valeur pour être plus efficace dans le nouveau cadre en rationalisant les investissements. C'est ce que permettrait un rapprochement Numericable-SFR en recréant une vraie dynamique. »

Néanmoins, ces derniers temps, tout du moins officiellement, SFR ne cesse d'affirmer qu'il « n'est pas à vendre ». Stéphane Roussel, le patron de SFR, le confirmait d'ailleurs le mois dernier. Pour autant, Vivendi se sépare bien de ses divisions télécoms, comme annoncé depuis l'an dernier. Abdeslam Ahizoune, le président de Maroc Télécom, dont Vivendi est actionnaire à 53 %, a ainsi confirmé qu'un « processus est en cours » quant à un désengagement de Vivendi, sans plus de détail néanmoins. L'opérateur sud-coréen KT aurait d'ailleurs fait une offre à Vivendi en ce sens il y a deux mois. Quant à GVT, la filiale brésilienne de Vivendi, sa revente à DirecTV et KKR se rapproche.

Si Maroc Télécom et GVT venaient à être cédés, SFR resterait donc la seule filiale télécom de Vivendi. S'il est vrai que la valeur de SFR est supérieure à Maroc Télécom et GVT, ce qui complique logiquement sa revente, les fusions/acquisitions existent toujours dans ce secteur. L'an passé, Carlos Slim a ainsi augmenté ses parts chez KPN. Et de nombreux MVNO ont été croqués ces derniers mois, par exemple Simyo par Orange en Espagne ou encore par Bouygues en France. Et il y a quelques semaines, Liberty Global a posé 15,75 milliards de dollars pour racheter Virgin Media, et Dell a été racheté par la société d'investissement Silver Lake. Preuve que de grosses acquisitions peuvent encore être opérées aujourd'hui.