Riposte graduée : le CSA ne veut pas prononcer les amendes de Lescure
Quel Schramickmack
Le 30 mai 2013 à 07h38
4 min
Droit
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Le président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) l'a clairement fait comprendre mardi : il ne veut pas que le collège de l'institution soit en charge de décider des amendes administratives à infliger dans le cadre du dispositif de riposte graduée, contrairement à ce que propose le rapport Lescure. Le gouvernement serait en train de revoir sa copie.
Il y a deux semaines et demi, le rapport Lescure préconisait de conférer au CSA un pouvoir de sanction, afin qu’il puisse infliger dans le cadre du dispositif de riposte graduée une amende administrative de 60 euros aux abonnés s’étant rendus coupables d’une infraction de négligence caractérisée. En effet, en faisant sauter la peine de suspension de l’accès au Net, plus besoin de passer devant le juge. Résultat : le mécanisme serait plus fluide, plus rapide... « Un peu le modèle des radars automatiques » a même estimé la ministre déléguée à l’Économie numérique, Fleur Pellerin, la semaine dernière.
Mais maintenant que les conclusions de la mission Lescure sont sur la table, les pressions vont bon train en vue d’orienter le gouvernement dans un sens ou dans un autre. Si l’exécutif a fait savoir que le « réaménagement de la réponse graduée (...) dont une partie des compétences serait transférée au Conseil supérieur de l’audiovisuel », tel que proposé par l’ancien PDG de Canal+, avait « particulièrement retenu » son attention, le CSA, lui, ne semble pas vraiment emballé.
Le CSA ne veut pas d'un pouvoir de sanction
« Je n'arriverai pas avec un képi » a prévenu avant-hier Olivier Schrameck, président du CSA, comme le rapporte Le Figaro. En clair, le régulateur de l’audiovisuel ne veut pas avoir à prononcer d’amendes administratives à l’encontre des abonnés, contrairement à ce que prône Pierre Lescure. « Je ne suis pas demandeur d'un pouvoir de sanction. Clairement, non » a bien insisté Olivier Schrameck. Régulièrement accusée de lorgner sur la régulation du Net, l’institution ne semble pas vouloir se mettre encore plus à dos les internautes en s’emparant des habits de la Hadopi, dont l’image est déjà très écornée.
Mais si ce n’est pas le collège du CSA qui va décider des sanctions dans le cadre du dispositif de riposte graduée, à qui confier ce pouvoir ? « Si cette mission doit être prévue, je préfère qu'elle soit abritée par une commission de prévention et de protection qui sera l'héritière de la commission actuelle de protection des droits » a plaidé Olivier Schrameck.
Des amendes oui, mais prononcées par le juge
Toujours selon Le Figaro, les arguments du président du CSA auraient trouvé un écho favorable auprès du gouvernement, lequel préparerait d’ailleurs un « projet alternatif ». Tout en restant dans les grandes lignes des préconisations de Pierre Lescure, l’exécutif pourrait choisir de confier l’application de la sanction au juge. Sauf que ce serait la commission de protection des droits de l’ancienne Hadopi, alors rattachée administrativement au CSA, qui transmettrait les dossiers à la justice.
Mais si le CSA ne veut pas apparaître comme le remplaçant de la Hadopi, les autres missions que le rapport Lescure propose de lui confier semblent au contraire bien à son goût. Olivier Schrameck a en effet clairement indiqué qu’en matière de labellisation des sites et de régulation, ces équipes avaient déjà effectué « un gros travail préparatoire ». Et ce dernier d’insister : « Si le gouvernement veut avancer, nous sommes prêts ». Ce qui permet de conclure que dans tous les cas, le dernier mot reviendra à la majorité.
Riposte graduée : le CSA ne veut pas prononcer les amendes de Lescure
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Le CSA ne veut pas d'un pouvoir de sanction
Commentaires (24)
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Abonnez-vousLe 30/05/2013 à 07h43
Très belle métaphore du képi " />!
Si on commence à donner des bâtons aux gens qui ont le pouvoir de dire ce qui est “bien pensant” de ce qui ne l’est pas, autant renommer le CSA en “Organe de censure bien pensante du net et de la radiodiffusion”.
Le 30/05/2013 à 07h55
Le 30/05/2013 à 07h56
Le 30/05/2013 à 08h03
Le 30/05/2013 à 08h03
La Hadopi était une usine à gaz. Maintenant, vous allez avoir un complexe industriel pour riposte étendue (sur le gazon) " />
Le 30/05/2013 à 08h06
Autrement dit, la loi peut bien servir ses intérêts quand c’est possible (il est demandeur), encore faut-il que cela ne se voit pas trop : l’image de l’institution (et donc la sienne) pourrait souffrir de l’intégration d’un dispositif répressif et de sanction, et ça c’est mauvais pour les affaires la carrière la pérennité de sa fonction. Autant profiter de sa position de fonctionnaire tous frais payés sans trop de remous.
Le 30/05/2013 à 08h09
Confier la régulation d’Internet aux gens de la télé.
Le cauchemar continue… " />
Le 30/05/2013 à 08h11
Le 30/05/2013 à 08h12
Ils ne veulent pas sanctionner des particuliers qui n’y comprennent rien de toute façon ?
Ils ont bien raison.
Du coup, ils veulent juste de la labellisation, parce que les étapes préparatoires à l’amende, ils vont aussi refuser de les appliquer.
Au final, ils veulent faire comme avec la télé, contrôler les sociétés de diffusion, donc les hébergeurs.
Le 30/05/2013 à 08h15
Cela n’empêchera pas la diminution (du contraire) de postes par cette riposte étendue à plusieurs acteurs. (voir tous les noms à la fin de ce film coproduit) " />
Le 30/05/2013 à 08h18
Contrôler et réguler internet,autant vider l’océan avec une tasse a thé. " />
Le 30/05/2013 à 08h25
La gauche veut détruire ce que la Sarkozy à mis en place. L’Hadopi aimée par personne doit donc disparaître.
Mais si la gauche met en place un système de radar automatique, ce sera bien plus répressif que le système actuel qui se veut avant tout pédagogique.
Merci Mr Schrameck d’expliquer à notre gouvernement que ce qu’il propose n’est en rien ‘mieux’ qu’avant, si ce n’est pouvoir cocher 1 engagement de plus parmi ces 60 .
Le 30/05/2013 à 08h37
Le 30/05/2013 à 08h42
Le 30/05/2013 à 08h45
Ben c’est juste un moyen de faire rentrer du fric dans les caisses (faut pouvoir entretenir ses chauffeurs, ses caisses noirs, ses frais de bouche, etc…).
On tape sur les automobilistes, maintenant on ajoute les internautes (la première source commence vraiment à s’épuiser) : pas de bol pour les automobilistes internautes " /> (dont moi hein…)
Enfin ça va être un peu un cercle vicieux… tu as téléchargé un truc, pan 60€… tu vas trouver ça injuste, tu vas vouloir rentabiliser ces 60€, tu vas donc télécharger encore plus, etc… Ca fera le bonheur de quelques avocats qui vont se spécialiser dans ces affaires comme on l’a vu pour les amendes routières. Enfin bref, on ne s’attaque jamais à la question de fond…
Le 30/05/2013 à 08h49
oh yes il est donc possible de faire pire usine à gaz que hadopi " />
Le 30/05/2013 à 08h54
Le 30/05/2013 à 09h15
Le 30/05/2013 à 09h21
Le 30/05/2013 à 09h24
Ils ont vu que les radars leurs rapportaient une fortune maintenant ils vont étendre cela sur internet.
A quand le permis de surfer à point? C’est ce qui risque de suivre, après plusieurs amendes demande de suspension de l’abonnement.
On ne peut pas bloquer totalement internet au gens? Pas de souci cela justifie en plus un petit filtre dpi pour laisser les personnes aller sur les sites essentiels.
Je sais je me fais des films ….. ou pas " />
Le 30/05/2013 à 09h24
l’engagement “d’abrogation de hadopi” je pense qu’ils ne sont pas prêts de le cocher %)
Le 30/05/2013 à 09h26
Le 30/05/2013 à 09h46
Le 30/05/2013 à 13h43
Je suis peut-être fatigué, et donc séduit par leur démagogisme. N’empêche que pour une fois qu’un acteur chargé du képi le refuse, et propose de passer par le juge, je trouve ça pas trop mal.
Reste à voir ce qu’il y a en amont (sauvegarde d’emplois, faire passer une image de je-suis-pas-un-méchant-liberticide-je-veux-juste-protéger-nos-enfants-d’amour-en-proie-aux-méchants-pédophiles-terroristes, ou même, soyons fous, acte moral), mais si la nouvelle se confirme et que la copie du gouvernement confère à nouveau le jugement au juge, je trouve que c’est une bonne direction (moins bonne que de laisser tomber le flicage généralisé du P2P [et autres selon l’évolution du bousin], certes, mais moins pire que de conférer les amendes à une autorité gouvernementale [et pourtant je suis généralement plutôt d’avis de redonner un pouvoir de régulation à l’État…mais dans ce cas…)