La nouvelle n'est pas passée inaperçue outre-Atlantique : selon comScore, Yahoo! a doublé Google lors du mois de juillet 2013 aux États-Unis. Une belle performance sachant que Tumblr n'a pas été intégré dans les statistiques de Yahoo!.

87 % des internautes américains uniquement pour Yahoo!

Marissa Mayer, ancienne cadre de Google et actuelle patronne de Yahoo!, peut avoir le sourire. Son entreprise domine ainsi Google sur ses terres, avec 196,56 millions de visiteurs uniques en juillet, contre 192,25 millions pour son rival. Cela fait plus de deux ans qu'un tel changement de position n'était pas arrivé, sachant que Yahoo! et Google alternaient assez régulièrement leur place entre 2008 et 2011, avant que Google ne domine sans partage les débats jusqu'au mois précédent.

La performance est réelle, dès lors que la croissance de Yahoo! n'intègre pas le réseau Tumblr, racheté il y a quelques mois pour près d'un milliard de dollars. Ce dernier est pourtant situé en 28e position, avec près de 38,4 millions de visiteurs uniques outre-Atlantique, devant Twitter, Netflix et Pinterest. Cela signifie surtout que Yahoo!, sans Tumblr, a attiré plus de 87 % des 225,36 millions d'internautes américains lors du mois d'août. Comment ? ComScore ne le précise pas, mais nous pouvons nous douter qu'entre ses services de recherche, d'informations, de courrier électronique (Yahoo! Mail), de photos (Flickr), etc. Nous pouvons néanmoins nous demander comment Google a réussi à se faire doubler par Yahoo!, alors qu'il domine largement le marché de la recherche (67 %) et que ses services (Gmail, G+, etc.) ne cessent de croître.

Le problème n'a jamais été l'audience, mais son exploitation financière

Il faut néanmoins noter un point primordial. Si dans le monde, Yahoo! n'est plus un acteur majeur depuis longtemps, aux États-Unis, la société de Sunnyvale a toujours été importante. Numéro un durant de longues années, sa suprématie n'a été troublée que par Google. Seul Microsoft a un temps chatouillé Yahoo!. Facebook reste pour sa part loin derrière, et AOL, s'il compte de nombreux sites connus (Huffington Post, TechCrunch, Engadget, Patch, etc.), est à un niveau inférieur.

Pour Yahoo!, le problème n'a ainsi jamais été une question d'audience. Par contre, réussir à attirer les investisseurs a toujours été une difficulté. Les résultats financiers de Yahoo! sont ainsi incomparables face à ceux de Google. Le premier dépasse ainsi à peine le milliard de dollars de chiffre d'affaires par trimestre, contre plus de 14 milliards pour Google. Cette différence s'explique aisément : l'un arrive à vendre de la publicité massivement, l'autre pas.

Google a ainsi capté 74 % des revenus publicitaires liés à la recherche en 2012, contre 6,6 % pour Yahoo! et 4 % pour Microsoft. Et selon les prévisions d'eMarketer, l'écart en faveur de Google devrait croître en 2013 et dans les années à venir. Dans le monde, Google peut même se vanter de capter un tiers des recettes publicitaires numériques, et même 52 % sur mobile, très loin devant Facebook, Yahoo! et Microsoft. Si l'audience est bien un facteur majeur, le nerf de la guerre se situe en réalité dans les capacités des entreprises à attirer les annonceurs.

Le Français Criteo, un acteur puissant outre-Atlantique

Notez enfin que si Google est le roi de la publicité aux États-Unis, le Français Criteo est déjà un acteur majeur de ce marché, avec 180,5 millions d'internautes américains, soit 80 % d'entre eux. Seules des sociétés comme Google, AT&T, AOL, 24/7 Media (fondée en 1995), et Casale Media (2003) devancent le Français, qui, lui, est présent sur le marché US depuis moins de cinq ans. La start-up parisienne s'est ainsi tournée vers les États-Unis très rapidement, lui permettant de réaliser la quasi-intégralité de ses résultats à l'international. Un pari gagnant, qui lui permet de devancer (en audience) des entreprises comme ValueClick et Genome de Yahoo!.