Quand une prescription se change en or pour les Sacem & co
Coeur de lion
Le 01 octobre 2013 à 15h44
4 min
Droit
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Outre une hausse sensible des dommages et intérêts que les sociétés de collecte et de répartition vont pouvoir toucher, la proposition de loi du sénateur Richard Yung contient d’autres dispositions qui vont intéresser ces Sacem & co. L’une touche particulièrement aux demandes de paiement dirigées contre ces sociétés de gestion collective.
Dans une série de « dispositions diverses » à sa toute récente proposition de loi sur la contrefaçon, le sénateur Richard Yung propose de modifier un article important du code de la propriété intellectuelle. Cet article est le L321-1, lequel définit le statut des sociétés de perception et de répartition des droits (SPRD, droits d'auteur, droits des artistes-interprètes et des producteurs de phonogrammes et de vidéogrammes). Ces sociétés civiles ont ainsi la capacité d’agir en justice pour la défense des droits dont elles ont la charge.
Concrètement, elles représentent les intérêts des auteurs, des artistes-interprètes, des producteurs de phonogrammes ou de vidéogrammes, des éditeurs ou leurs ayants droit. Mais parfois, il arrive que ces mêmes personnes intentent une action en paiement des droits perçus par ces SACEM & co.
Dans de telles hypothèses, le terrain est vaste puisque ces actions se prescrivent par dix ans à compter de la date de perception des droits.
Une prescription de 10 ans ramenée à 5 ans
Le sénateur Richard Yung - qui veut déjà muscler les demandes de dommages et intérêts des SPRD – veut aussi s’attaquer à ce délai de prescription.
Il propose de remplacer ces dix ans par une prescription de cinq ans. En clair, les sommes litigieuses dans les caisses des SPRD pourront être définitivement gardées au bout de cette période réduite. A 5 ans et un jour, les éventuelles actions en justice seront aussi efficaces qu’un coup d’épée dans l’eau.
Ce n’est pas la première fois que le sénateur milite pour un tel délai. Dans une précédente proposition de loi déposée en juillet 2011, restée dans les cartons, il justifiait ces 5 ans par un « souci de rationalisation et de simplification de notre droit ». Et pour cause : le délai de prescription est aussi celui de droit commun.
Richard Yung avait également interrogé la SACEM qui approuvait des deux mains une telle réduction : « la survivance de la prescription décennale, en ce qui concerne les actions en paiement de droits exercées par les associés de sociétés de gestion contre la société à laquelle ils ont confié la gestion de leurs droits, et à laquelle ils peuvent par conséquent demander à tout moment compte de sa gestion, ne paraît pas constituer une exception appropriée. ». A 5 ans plutôt que 10, la SACEM retrouvera une pleine sérénité deux fois plus rapidement qu’aujourd’hui. Pour arrondir les angles, la puissante SPRD affirmait alors que les actions intentées entre les 5 et 10 ans de la perception « ont été rarissimes et n'ont pu aboutir faute de preuve ». Bref, pas de danger : rabotons, cela n’aura pas de douloureux effets.
Mais n’empêchera pas les effets bénéfiques.
L’effet bénéfique sur les irrépartissables
L’actuel délai de 10 ans sert en effet de « borne » pour déterminer quand une somme en souffrance sur le compte bancaire des SPRD bascule dans la catégorie des « irrépartissables » (voir le 2° de l'article L321-9 du Code de la propriété intellectuelle). Ce sont des sommes collectées qui n’ont pu être réparties faute pour les SPRD d’avoir pu retrouver leurs bénéficiaires en bout de chaine.
Avec un délai raboté à 5 ans, ces mêmes sommes dont les ayants droit n'ont pas été retrouvés seront donc requalifiés plus rapidement en « irrépartissables ». Et ensuite ? Conformément à ce même article L321-9 du Code de la propriété, ce flot financier sera réutilisé pour des « actions d'aide à la création, à la diffusion du spectacle vivant et à des actions de formation des artistes », financer l’action syndicale ou la lutte contre la contrefaçon, au même titre que les 25 % de la copie privée.
Quand une prescription se change en or pour les Sacem & co
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Une prescription de 10 ans ramenée à 5 ans
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L’effet bénéfique sur les irrépartissables
Commentaires (31)
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Abonnez-vousLe 02/10/2013 à 15h48
Le 02/10/2013 à 17h05
Le 02/10/2013 à 17h06
Prescription des comptes dans les oubliettes administratives, ça existe ça ? " />
Le 02/10/2013 à 18h06
Le 01/10/2013 à 16h28
Le 01/10/2013 à 16h56
Le 01/10/2013 à 17h20
Vive la France !
Oui je sais que je commence à être lourd avec ça.
Le 01/10/2013 à 17h49
Le délai de prescription ne me choque pas spécialement, qu’il soit de 10 ou 5 ans, cela ne change pas tellement de problème.
Non ce qui me gêne beaucoup plus c’est le principe même, qui dit qu’a partir d’une date buttoir , un organisme (ici la SACEM, mais c’est aussi valable pour une banque, une assurance etc) va estimer qu’un produit financier, lui reviens de facto.
Que l’état Français, par le biais du Trésor Public, récupère ces sommes et les réinjecte dans le budget de l’état, cela me semble normal, mais que certains organismes privés puissent faire de même me gêne.
J’avais vu une étude ya maintenant quelques années, qui montrait dans le milieu des assurances, un taux important d’assurance vie / capital décès jamais payés aux hérités, ces derniers ne venant pas les réclamer (encore faut il savoir que ses parents ou oncles/tantes, on souscrit une assurance vie a son nom dans cet organisme).
On est en droit de se demander, si l’ensemble des dispositifs sont vraiment mit en place pour retrouver les ayants droits de ces produits financiers, car parfois j’ai des doutes.
Le 01/10/2013 à 19h38
Richard Yung représente quel coin du monde (français de l’étranger) ?
Par exemple on sait que Frédéric Lefebvre est député de la première circonscription des Français établis aux USA et Canada.
Le 01/10/2013 à 20h39
Le 01/10/2013 à 21h00
Quelle incroyable mesure pour un opportuniste à la solde des lobbys …
Le 02/10/2013 à 02h34
Le 02/10/2013 à 04h16
Ce sont des sommes collectées qui n’ont pu être réparties faute pour les SPRD d’avoir pu retrouver leurs bénéficiaires en bout de chaine.
C’est vrai que c’est fort difficile de les retrouver! Même si j’immagine que les baisés son plus ceux qui s’auto-éditent ou participent à des festivals. Des petits poissons donc, n’ayant déjà pas de gros moyens pour se défendre! Pour qu’ils ne perdent pas en prime des sous contre la toute puissante Sacem and co, réduisons encore leur droit à réparation (par le truchement du lobbyisme) quand celles-ci les baisent jusqu’au trognon pour engraisser leurs tenanciers vivant sur la bête.
Ou comment se retirer à soi-même son peu de légitimité qui subsiste?
Le 02/10/2013 à 05h45
On a une idée du montant annuel des irrépartissables ??
Si ils ont pas trouvé d’ayant, c’est au final une collecte un peu douteuse non ? Ils pourraient pas les rendre aux collectés où éventuellement à l’état qui en fera sûrement un usage moins biaisé ?
Le 02/10/2013 à 08h48
Le 02/10/2013 à 09h32
Le 02/10/2013 à 10h20
Le 02/10/2013 à 11h50
Le 02/10/2013 à 13h06
Le 02/10/2013 à 15h35
Le 01/10/2013 à 15h52
Rah, qu’est ce que j’aimerais avoir la justice de mon côté pour magouiller tranquille aussi " />
Le 01/10/2013 à 15h52
ces mêmes sommes dont les ayants droit n’ont pas été retrouvés seront donc requalifiés plus rapidement en « irrépartissables »
Et moi qui, naïvement, pensait que les SPRD ne demandaient des sous que pour ses membres inscrits… Donc identifiables… Serait-ce à dire qu’elle collecte d’abord et se pose la question de sa légitimité à le faire ensuite ?
Le 01/10/2013 à 15h54
A gerber…
Ce qui m’étonne, c’est comment des producteurs de musiques ont pu obtenir autant d’influence, loin devant les industriels, les opérateurs, les géants du net, l’intérêt commun et plus simplement le bon sens. Les politiques leur en taillent une tous les matins et en redemandent, c’est incompréhensible.
Le 01/10/2013 à 15h58
Bon, là, stop avant que boum patatras à mort SACEM étoussa " />.
Le passage à 5 ans du délai de prescription on y a droit dans tous les domaines depuis plusieurs années. En fait, c’est un mouvement d’unification tellement massif (pour une fois…) que j’en suis presque surpris de découvrir qu’en l’espèce le délai est actuellement de 10 ans !
Cela n’a donc à mon sens rien de monstrueux.
Bon, ensuite, ‘faudrait discuter durée des droits, mais là… " />
Le 01/10/2013 à 16h03
Le 01/10/2013 à 16h05
Le 01/10/2013 à 16h10
Richard Yung, sénateur des français à l’étranger… Je serais curieux de savoir quel lobby l’a approché et l’a si bien retourné….
Vu la carrière du bonhomme, je suis complètement effaré qu’il ne propose pas l’inverse de la prescription qu’il demande " />
Le 01/10/2013 à 16h14
Ca me fait penser aux banques : pas de mouvement sur un compte pendant 10 ans, pouff ça devient leurs sous. C’est beau. " />
Le 01/10/2013 à 16h18
je me dit que depuis un bail que la sacem ne gère les intérêts que de la sacem…
Le 01/10/2013 à 16h21
Le 01/10/2013 à 16h28
Une prescription de 10 ans ramenée à 5 ans
On va demander qu’ils fassent pareils avec les droits d’auteurs, hein…cinq ans, c’est bien assez. " />