Faut-il allonger le délai de prescription pour la diffamation en ligne ?
Droit à l'oubli, droit à l'action
Le 05 novembre 2013 à 11h16
4 min
Droit
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Faudrait-il revoir les délais de prescription des actions en diffamation selon que ces propos sont publiés en ligne ou dans des journaux papier ? C’est ce que préconise le député Stéphane Saint-André au travers d'une question parlementaire.
« Les blogs qui fleurissent sur le web sont considérés par la loi comme des organes de presse et à ce titre sont régis par la loi du 29 juillet 1881, écrit-il dans une question posée à la Garde des Sceaux avant d'ajouter que l'article 65 dispose que l'action publique et l'action civile résultant de crimes, délits et contraventions prévus par la loi se prescriront après trois mois révolus, à compter du jour où ils auront été commis. »
Problème, estime le député, si l’article sur support papier « finira à la poubelle » et donc dans les oubliettes, celui diffusé en ligne reste inscrit dans le marbre du web. « L'article paru sur un blog y restera indéfiniment, passé le délai de prescription ». En somme, le contenu perdure mais celui qui se prétend victime ne peut plus agir sur le terrain de cette action puisque celle-ci n’est activable que dans les trois mois suivant la publication. Le parlementaire suggère donc d’allonger les délais de prescription en matière de contenu diffamatoire, dès lors que ces propos ont été publiés sur un site.
Faire partir les 3 mois à compter du retrait ?
La question de la prescription des actions en diffamation en ligne a plusieurs fois eu les honneurs des tribunaux ou du Parlement. En 1999, la cour d’appel de Paris jugeait que le délai de 3 mois ne commençait à courir qu’à compter du retrait du message litigieux. Une tentative jurisprudentielle qui n'a pas passé le cap de la Cour de cassation. Celle-ci annula ce jugement en rappelant que le point de départ est celui où le message a été publié.
En 2004, lors des débats relatifs à la loi sur la confiance dans l’économie numérique, un amendement fut adopté pour retenir la solution de la cour d’appel, mais le Conseil constitutionnel considéra la mesure comme contraire au principe d’égalité puisque ces règles ne concernaient que les textes exclusivement publiés en ligne. En 2008 enfin, le Sénat examina une proposition de loi pour jouer non plus sur le point de départ mais sur le levier de la durée de prescription. Les propos diffamatoires en ligne auraient pu être attaquables dans l’année en ligne, et toujours dans les trois mois en version papier.
La proposition de loi réservait cependant une situation de choix aux journaux qui reproduisent leurs articles papier sur le web. Ceux-ci n’auraient pas été concernés par cet allongement. « À défaut en effet, expliquaient les auteurs du texte, comme presque tous les journaux de la presse écrite disposent désormais d'une édition en ligne, la réforme reviendrait en pratique à porter de trois mois à un an la prescription des délits de presse, ce qui serait excessif et mal compris par les entreprises de presse ». Le texte est depuis resté dans les tiroirs après avoir cependant été adopté par la Haute assemblée.
L'adaptation de la jurisprudence
On remarquera cependant que la jurisprudence a su s’adapter à l’univers du Net avec des solutions parfois ambitieuses. Ainsi, les juges ont considéré que la création d’un simple lien vers un article plus ancien « doit être analysée comme une nouvelle mise en ligne du texte auquel ce lien hypertexte renvoie ». Un article diffamatoire publié en 2010, mais « linké » dans un autre article publié aujourd’hui pourrait ainsi être attaqué dans les trois mois de cette nouvelle publication.
Faut-il allonger le délai de prescription pour la diffamation en ligne ?
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Faire partir les 3 mois à compter du retrait ?
Commentaires (22)
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Abonnez-vousLe 05/11/2013 à 23h49
Le 06/11/2013 à 00h21
La France paie le lourd héritage de ses fautes de 1945 : depuis c’est un des rares pays en Europe ou l’on ne peut plus appeler un chat “un chat” et un chien “un chien”;
la réalité se plie au mots et les mots ne servent plus la réalité ! Ce concept porté a ses extrêmes nuit à la liberté d’expression et couvre d’une chape de plomb tous les abus des individus !
Par exemple : on ne peut pas dire sur un site que chez telle école de graphisme, 80% des licences de logiciels sont illégales, c’est du piratage massif et du vol aux organismes de formation ! Ne parlons pas des professeurs qui ne font pas leur cours et des fausses signatures du registre des présences ! Il suffirait qu’un fonctionnaire sérieux y fasse une visite et tout serai clair !
On ne peut pas dire que tel magasin d’informatique a mis la clef sous la porte parce qu’il y a eu de l’abus massif de biens sociaux de la part du patron ! Personne enquête, circulez, il n’y a rien a voir !
On ne peut pas dire que sur tel forum de maquettistes pas mal d’individus vendent sans limites des kits et favorisent le recel et la fraude grâce a un modérateur sans scrupules qui ne fait pas son travail !
On ne peut pas dire que tel patron de restaurant gère son local souvent au delà des limites de la légalité (fraude fiscale, hygiène déplorable, langage fleuri, propos orduriers, etc…).
Impossible sur un site de vente en ligne de raconter les mésaventures d’un client : alors ou est la vérité lorsqu’il faut dire obligatoirement que tout va bien, quand en réalité rien ne va ?
Et après on s’étonne que les français ne font plus confiance dans leur avenir !
On a la désagréable impression qu’on se souci plus de celui qui enfreins les lois que la victime de ces actes malveillants.
S’il n’y a pas de confiance, il n’y aura pas de reprise et le chemin qui reste a faire est, encore, malheureusement trop long !
Le 06/11/2013 à 07h29
Le 06/11/2013 à 11h59
Le 05/11/2013 à 11h59
Le 05/11/2013 à 12h17
Le 05/11/2013 à 12h18
D’expérience, je peux vous confirmer que Mme le Maire de Savigny-sur-Orge Laurence Spicher Bernier (ex UMP, Ex PR, actuellement UDI) est une personne particulièrement procédurière, et n’attend pas 3 mois pour attaquer en justice un directeur de la publication quand un article lui déplaît, une semaine lui suffit.
Je considère que cette proposition d’allongement parfaitement inutile.
note : Stéphane Saint-André anciennement PS est actuellement PRG.
Le 05/11/2013 à 12h25
Le 05/11/2013 à 12h34
Le 05/11/2013 à 12h35
Je crois que “le député Stéphane Saint-André” pose d’excellentes questions.
Il voudrait pas expliquer à la hadopi et le reste comment poser les bonnes questions ?
Le 05/11/2013 à 12h51
Le 05/11/2013 à 13h05
Le 05/11/2013 à 13h14
Le 05/11/2013 à 15h17
pourrait on supprimer simplement l’assemblée nationale ? ok je sors.. .mais j’en reverai presque !
Le 05/11/2013 à 16h02
Le 05/11/2013 à 17h27
Le 05/11/2013 à 18h06
Le 05/11/2013 à 18h52
Le 05/11/2013 à 22h54
Le 05/11/2013 à 23h10
Le 05/11/2013 à 11h25
Pas grave ça, ce genre de commentaire faut pas être con, faut les publier anonymement, planqué derrière le réseau TOR et/ou un VPN et/ou proxy à l’autre bout du monde ! " />
Le 05/11/2013 à 11h49
Il faut au contraire légaliser la diffamation car c’est contraire à la liberté d’expression.