Où en est le projet de loi sur les droits et libertés numériques ?
Le jeu de loi
Le 29 novembre 2013 à 13h27
6 min
Droit
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Où en est le projet de loi « sur la protection des droits et des libertés numériques » promis pour l’année prochaine par le gouvernement Ayrault ? En dépit d’une extrême discrétion sur le sujet, l’exécutif affirme qu’il maintient son objectif et qu'un texte sera présenté en Conseil des ministres avant juillet 2014.
Le 28 février dernier, à l’occasion du séminaire gouvernemental dédié au numérique, Matignon annonçait qu’un projet de loi « sur la protection des droits et des libertés numériques » serait présenté au Parlement « début 2014 au plus tard ». L’exécutif expliquait alors que ce texte concernerait différentes questions :
- La protection des données personnelles. Le gouvernement affirmait vouloir « renforcer les droits des personnes vis-à-vis des fichiers contenant leurs données personnelles ». La CNIL devrait à cette fin se voir « accorder une place et des pouvoirs plus importants ». Aussi, l’exécutif promettait qu’une « attention particulière sera portée à la protection des mineurs et à leur sensibilisation aux enjeux du numérique ».
- Les fichiers de police (STIC, JUDEX,...). Matignon assurait ici que le projet de loi « élargira les possibilités d’accès direct de chacun aux données nominatives le concernant, facilitera la mise à jour de ces traitements à partir des décisions judiciaires et étudiera la nécessité de renforcer les bases législatives de certaines catégories de fichiers ».
- Le blocage des sites. « Un contrôle indépendant sera institué pour les mesures administratives de coupure ou de filtrage » indiquait l’exécutif, sans plus de précision.
- La neutralité du Net. Ici, le gouvernement s’en remettait à la décision du Conseil national du numérique, affirmant qu’il proposerait des dispositions législatives si l’avis de l’institution constatait « un manque juridique » pour la protection de la liberté d’expression et de communication sur Internet. On le sait désormais, le CNNum a invité le gouvernement a légiférer sur la question en mars dernier.
Depuis le séminaire gouvernemental dédié au numérique, de l’eau a eu le temps de couler sous les ponts... Les révélations de l’affaire Snowden ont notamment permis de mettre en lumière l’ampleur des programmes d’espionnage, que ce soit en France ou à l’étranger. Les discussions, au niveau européen, portant sur la législation relative au droit à la vie privée ont également été de nature à souligner les enjeux dans ce domaine. Plus récemment, la majorité a été mise à mal sur les questions de blocage administratif des sites Internet...
Tous ces événements étaient autant d’occasions pour les membres du gouvernement de revenir sur ce projet de loi et d’en définir plus précisément les contours. Mais force est de constater qu’à l’approche pourtant grandissante de l’échéance, aucun ministre ne s’est aventuré sur ce terrain... À tel point que l’on pouvait se demander si le projet de loi était toujours à l’ordre du jour.
Matignon maintient que le texte sera présenté « au premier semestre 2014 »
Contacté par PC INpact, Matignon assure que les choses suivent leur cours. « Les ministères concernés (Justice, Intérieur, Économie numérique) travaillent en ce moment sur le contenu de ce texte, qui concernera le renforcement des compétences de la CNIL et un meilleur accès des citoyens aux fichiers publics » nous a-t-on expliqué. « Le projet sera finalisé au premier semestre 2014 », sous-entendu pour une présentation devant le Conseil des ministres - avant le mois de juillet donc.
Du côté des ministères concernés, l’on ne s’étend guère sur le sujet. En dépit de nos nombreuses sollicitations, le ministère délégué à l’Économie numérique, celui de Fleur Pellerin, n’est par exemple pas revenu vers nous. La Place Beauvau n’a quant à elle eu aucun élément supplémentaire à nous apporter. Seuls les services de la Garde des Sceaux ont été un tout petit peu plus bavards, nous expliquant que le travail interministériel était « en cours » et qu’ « en l’absence de contenu consolidé, il [était] prématuré de faire état du contenu du texte ». On nous l’a néanmoins promis : « Les grandes lignes seront précisées dans les semaines à venir ».
La Quadrature du Net tacle la méthode gouvernementale
Si l’on peut comprendre que l’exécutif souhaite garder le silence le temps d’élaborer ces textes de loi, certaines associations ont cependant beaucoup plus de mal à savoir pourquoi elles ne sont pas consultées sur des sujets qui les concernent pourtant directement. La Quadrature du Net regrette ainsi d’avoir sollicité à plusieurs reprises, et ce dès cet été, le ministère de la Justice, en vain. « Ils travaillent peut-être depuis des mois en interministériel à une loi "libertés et internet", mais rien ne filtre, et ils n'ont malheureusement jamais répondu à nos sollicitations en vue d'une rencontre sur le sujet » nous a ainsi confié Félix Tréguer, membre fondateur de l’association.
Au-delà de ce seul projet, c’est le comportement du gouvernement vis-à-vis de ces questions relatives à l’internet qui est remis en cause par l’initiative citoyenne. « Après la consultation fantoche de Bercy autour des négociations de l'UIT l'an dernier, et alors que le gouvernement fait l'autruche en plein scandale sur la surveillance, la préparation de ce projet de loi témoigne une nouvelle fois de l'hostilité de l'exécutif envers les citoyens dans tout ce qui touche à Internet » poursuit l’intéressé. Selon Félix Tréguer, la méthode de l’exécutif « est désastreuse, et montre qu'ils n'apprennent pas des erreurs passées. Ils ont pourtant sous les yeux l'exemple parfait de ce qu'il faudrait faire en la matière avec le "Marco Civil da Internet" en discussion au Parlement brésilien, un projet de loi avant-gardiste visant à la protection des droits fondamentaux en ligne, et qui depuis trois ans a fait l'objet d'une élaboration collaborative sans précédent ouverte aux citoyens ».
Où en est le projet de loi sur les droits et libertés numériques ?
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Matignon maintient que le texte sera présenté « au premier semestre 2014 »
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La Quadrature du Net tacle la méthode gouvernementale
Commentaires (15)
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Abonnez-vousLe 29/11/2013 à 13h39
le facepalm qui dit tout en illustration " />
Le 29/11/2013 à 13h40
La Quadrature du Net n’a aucune représentativité et donc aucune légitimité sur le sujet.
Heureusement que le gouvernement les ignore.
Par contre, en écrivant cela, je me demande qui pourrait être consulté dans la société civile.
Le 29/11/2013 à 13h57
Le 29/11/2013 à 14h18
Le 29/11/2013 à 16h09
Le 29/11/2013 à 16h16
Le 29/11/2013 à 16h19
Le 29/11/2013 à 16h25
Le 29/11/2013 à 16h47
Le blocage des sites. « Un contrôle indépendant sera institué pour les mesures administratives de coupure ou de filtrage » indiquait l’exécutif, sans plus de précision.
Ok donc après la prostitution, je suppose qu’ils ont d’autres idées derrière la tête " />
La neutralité du Net. Ici, le gouvernement s’en remettait à la décision du Conseil national du numérique, affirmant qu’il proposerait des dispositions législatives si l’avis de l’institution constatait « un manque juridique » pour la protection de la liberté d’expression et de communication sur Internet
Non sens total si il y a du blocage administratif. Pour un texte, qu’ils aillent chez FDN, ils ont un très bien dans les tiroirs. Mais d’abord à la poubelle le blocage administratif
Le 29/11/2013 à 18h16
Le 29/11/2013 à 19h34
Le 30/11/2013 à 00h22
On parie que ce projet tombera aux oubliettes après les prochaines élections ? “Ah mais c’était nos prédécesseurs qui étaient sur ce sujet, nous avons d’autres priorités. Anéfé oublié”. " />
Le 30/11/2013 à 20h47
Le 30/11/2013 à 22h52
Sortir un projet destiné à protéger la vie privée après les dernières révélations de snowden (échange effectif de données des services français avec la NSA) paraitrait pour le moins ambigu, comme la reconnaissance d’une faute à corriger d’urgence, et un acte de défiance au niveau international, ou l’heure est à plutôt à l’apaisement et la coopération (cf: accords avec l’iran), on en comprends donc les délais.
La réponse est pourtant fort simple, des écosystèmes importants dépendent de l’exploitation de ces données personnelles, mais ils sont sans limites, et les franchissent une par une sans contrôle moral.
L’objectif d’internet est de satisfaire les besoins humains, et par un curieux renversement, on s’aperçoit que c’est l’humain, (la vie privée quelle horreur ! cf: Larry Page) qui devrait se modifier pour les besoins de fonctionnement de ce système. C’est la base d’un asservissement technologique, qui peut compter bien des étapes, et qu’il faut bien aujourd’hui appeler par son nom.
Il est temps de percevoir ce qu’un outil à le droit de nous imposer, et a quel moment nous en sommes propriétaires plutôt que d’en être la propriété. Un bon ordinateur est celui que l’on peut jeter par la fenêtre, littéralement. La vie privée n’est pas un dogme mais une conquête, qui est aussi celle de la liberté. Il est temps de lui restaurer son caractère sacré, inaliénable, essentiel.
Le 01/12/2013 à 11h48
Je ne cherche pas particulièrement d excuses au gouvernement mais les délais autour du règlement européen qui risque d être repoussé après les élections ne facilite pas la tâche …
Après je ne comprends pas qu’il ne consulte pas d experts ou de spécialistes dû domaine. c’est quand même là base !!