Exclusif : la saisine UMP-UDI contre la loi de programmation militaire
En version bêta
Le 18 décembre 2013 à 15h52
6 min
Droit
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PC INpact dévoile en exclusivité le contenu de la saisine UMP/UDI visant la loi de programmation militaire. « Cet article méconnaît en effet plusieurs principes constitutionnels » expliquent les auteurs de la saisine. « Il est bien sûr nécessaire de donner les moyens aux services de renseignement de lutter efficacement contre le terrorisme. Mais cette nécessité, parce qu’elle implique des techniques attentatoires aux libertés individuelles, doit être proportionnée et encadrée » tempèrent-ils.
Ce texte peut encore être considéré en ébauche, puisqu'il n'a pas encore été déposé au Conseil. Cependant, pour les députés, désireux déférer ce texte devant ce juge, l’article 20 du projet de loi de programmation militaire méconnait une série de dispositions constitutionnelles.
Il s'agit de l’article 34 de la Constitution qui demande à ce que le législateur ébauche la loi avec précision et dans toute sa plénitude, spécialement lorsque les règles touchent aux libertés et droits fondamentaux. Le texte malmène selon eux encore l’article 2 de la déclaration des droits de l’homme de 1789, à partir duquel le droit à la vie privée est de rang constitutionnel. Enfin, le dispositif ne serait pas conforme à l’article 66 de la Constitution selon lequel l'autorité judiciaire est gardienne de la liberté individuelle.
Des termes trop flous
Dans le détail, le texte n’encadrerait pas suffisamment le recueil ou l’interception des « informations et documents » rangés dans la catégorie des données de connexion. Les finalités du recueil seraient trop floues : « rechercher des renseignements intéressant la sécurité nationale, la sauvegarde des éléments essentiels du potentiel économique de la France, ou la prévention du terrorisme, de la criminalité et de la délinquance organisées et de la reconstitution ou du maintien de groupement dissous ».
Des services du renseignement en trop
Ceux qui pourront faire ces recueils seraient par ailleurs trop nombreux, des agents habilités des ministères de l’intérieur et de la défense, mais aussi des agents du ministère de l’économie et du budget. « Il a certes été évoqué, au cours des débats parlementaires, que les agents de la cellule « Tracfin » du ministère de l’économie peuvent traiter d’affaires en relation avec la lutte contre le terrorisme, mais cette justification est extrêmement faible, dès lors que, d’après les propres chiffres de Tracfin, les affaires de financement du terrorisme ne concernent qu’1 % des dossiers qu’elle traite. Le fait que ces dispositions soient introduites par la loi de programmation militaire renforce cette position. En permettant l’habilitation d’agents du ministère de l’économie et du budget, le législateur a méconnu les dispositions constitutionnelles précitées »
Trop de données trop mal sollicités
Ce n’est pas tout, les députés estiment que l’expression « sollicitation du réseau », moyen par lequel les agents pourront aspirer ces wagons de données « est extrêmement floue, ce qui est d’autant moins justifiable compte tenu du caractère intrusif de la mesure ». Ils considèrent encore que la liste des données susceptibles d’être ainsi aspirée est trop vaste. Et pour cause, la loi donne quelques exemples de données de connexion (qui, où, quand, avec quoi, etc.) mais laisse la liste ouverte en utilisant la notion d’« informations ou documents ». une notion « extrêmement large » alors que « le champ des données surveillées n’est ainsi pas limité aux seules données de connexion, et elle peut concerner toutes les données stockées par l’utilisateur. »
Fait notable, cette expression est déjà utilisée depuis 2004 dans d’autres textes touchant la sécurité intérieure. Si le Conseil Constitutionnel en vient à la censurer ou rectifier un peu trop fortement, les conséquences pourraient être lourdes pour le renseignement français.
Autre reproche : « le législateur a insuffisamment encadré les délais de conservation des données ». Les données aspirées pourront l’être durant 30 jours mais ce délai est renouvelable sans limite. « Aucune limite de temps n’encadre la détention des données collectées. Cet absence d’encadrement temporel méconnaît dans ce cadre les dispositions et principes constitutionnels précités ».
Le manque de contrôle
Les auteurs de la saisine auraient pu se focaliser aussi sur le sort des informations stockées en trop, laissé sans précision dans la loi, mais ils préfèrent terminer en regrettant l’absence de contrôle suffisant dans ces mesures. « Pour recueillir les informations et documents en cause, il suffit (…) d’une décision d’une personnalité qualifiée placée auprès du Premier ministre ». Et l’autorisation de recueil des informations ou documents « est accordée par décision écrite du Premier ministre ou des personnes spécialement désignées par lui ».
Or, la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité n’intervient ici que pour de simples recommandations et non pas par une décision. « Ainsi, il n’est prévu de décision ni d’une autorité judiciaire, ni même d’une autorité administrative indépendante. L’ensemble de la procédure de mise sous surveillance se déroule hors de tout contrôle de ce type, dans le seul cadre d’une décision du premier ministre. Une telle procédure ne peut être admise dès lors qu’il s’agit d’accéder à des données personnelles. Il y a en l’espèce méconnaissance tant du droit au respect de la vie privée garanti par l’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 que de l’article 66 de la Constitution ».
Une saisine hypothétique
L’intervention du Conseil constitutionnel dépendra cependant du nombre de signataire de cette saisine. Il faut en effet 60 députés pour que ce texte puisse être transmis de l’Assemblée nationale aux bras des sages de la rue de Montpensier. Dans le même temps, François Hollande peut du jour au lendemain promulguer cette loi. Faute de saisine dans les temps, seule une question prioritaire de constitutionnalité permettra de garantir ce contrôle de constitutionnalité, a posteriori cette fois. Mais encore faut-il qu’elle soit soulevée dans un futur et hypothétique litige.
Exclusif : la saisine UMP-UDI contre la loi de programmation militaire
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Des termes trop flous
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Des services du renseignement en trop
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Trop de données trop mal sollicités
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Le manque de contrôle
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Une saisine hypothétique
Commentaires (25)
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Abonnez-vousLe 18/12/2013 à 23h19
Donc, c’est officiel, l’UMP refuse de cosigner la saisine du Conseil Constitutionnel avec les députés d’EELV contre la LPM
Twitter…
Ou quand la logique de clan prévaut sur la démocratie.
Le 18/12/2013 à 23h27
Le 19/12/2013 à 07h19
Le 19/12/2013 à 08h26
Le 19/12/2013 à 08h36
Le 18/12/2013 à 16h43
Ce n’est pas tout, les députés estime que l’expression
Ça vous arrive Mr Rees de relire vos textes avant de les publier ? Pour un rédac chef ça la fout grave mal " />
Le 18/12/2013 à 16h47
Le 18/12/2013 à 16h50
Le 18/12/2013 à 16h58
Le 18/12/2013 à 17h37
Le 18/12/2013 à 17h56
Et sinon, EELV ou les râleurs de gauche (PS ou FdG) ? Ils préparent le réveillon ?
Le 18/12/2013 à 18h17
Le 18/12/2013 à 18h45
Les députés écolo ont déjà signalé qu’ils étaient partants pour saisir le conseil constitutionnel. Sauf que les députés UMP et UDI ne veulent pas être associés à des verts.
Et c’est ce que dit Isabelle Attard. Il faut lire les commentaires précédents Jarodd ;)
Le 18/12/2013 à 19h01
Le 18/12/2013 à 19h53
Le 18/12/2013 à 21h08
umpsudi = clonage
Borloo il était pas de droite ? Ah si.
Créer un parti politique pour recevoir des subventions ou avoir des généreux donateurs.
60 députés, qui aurait été difficile de trouver … y a pas à dire, ils sont motivés heing, en bref gros foutage de gueule. " />
Si la loi est corrigée, elle reviendra, comme savent le faire tout ces pourris , refaire voter .
Remettre le référendum, la vrai démocratie une voix un vote !
Le 18/12/2013 à 21h57
Le 18/12/2013 à 22h02
Le 18/12/2013 à 22h05
je ne suis même pas pas surpris, n’ai rien changé à mes habitudes, sauf pour le 11⁄9 à la française, je planifie l’attaque à l’ULM sur l’Elysée en HTTPS " />
Le 18/12/2013 à 22h10
Le 18/12/2013 à 23h01
Le 18/12/2013 à 15h55
Une pétition sur change.org rapporte ça :
Google
Peut-être que spammer l’Elysée + les députés pourra aider ?
Le 18/12/2013 à 16h00
Ils n’ont pas 60 députés, à l’UMP ou à l’UDI ? " />
Elle doit les embêter cette loi : ils ont l’habitude de critiquer tout ce que fait le gouvernement, mais vu que cette loi est la digne descendante du précédent gouvernement, elle leur convient plutôt bien. " />
Il est par contre vraiment aberrant que les députés PS fassent esprit de corps et approuvent sans sourciller tout ce qui sort du gouvernement… " />
Le 18/12/2013 à 16h15
rechercher des renseignements intéressant la sécurité nationale, la sauvegarde des éléments essentiels du potentiel économique de la France, ou la prévention du terrorisme, de la criminalité et de la délinquance organisées et de la reconstitution ou du maintien de groupement dissous
Ils pourraient aussi limiter comme ça au cas où le conseil constitutionnel n’annule pas tout l’article 20 mais seulement une partie.
Je ne vois pas ce que vient faire du “droit commun” dans la LPM.
Parce que la prévention de la criminalité et de la délinquance organisées, ça peut faire du monde si on compte tous les trafiquants de drogue ou les voleurs qui opèrent à partir de 2.
Le 18/12/2013 à 16h39
Il semblerait que ça parte en sucette en fait ? Twitter
Vous avez confirmation d’autres sources ? J’espère que ça n’est pas le cas.
(quoi qu’il en soit à part quelques élus vraiment remarquables le niveau global depuis le départ de nos représentants sur ce dossier est vraiment à pleurer)