Streaming : les artistes interprètes, futurs perdants de la loi sur la Création ?
Un cachet qui passe mal
Le 14 mars 2014 à 09h00
4 min
Droit
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Alors que le projet de loi sur la Création est encore à un stade embryonnaire, la SPEDIDAM s’inquiète déjà de ce texte. Les premières lignes esquissées par le ministère de la Culture ne permettent pas en effet à la Société de Perception et de Distribution des Droits des Artistes-Interprètes d’avoir des certitudes sur la rémunération du secteur au regard des services de streaming.
Cette semaine, dans sa réponse à un questionnaire européen sur le droit d’auteur, Aurélie Filippetti a donné les grandes lignes du projet de loi sur la création artistique « Il prévoit notamment, outre la réforme du mécanisme de réponse graduée, des avancées importantes en ce qui concerne la rémunération des artistes interprètes de la musique, l’amélioration de l’exception bénéficiant aux personnes handicapées, ou encore des précisions sur le thème du domaine public. » (voir notre actualité.)
Des négociations et éventuellement une gestion collective obligatoire
Mais un passage inquiète la SPEDIDAM, c’est celui où la Rue de Valois indique qu’elle prêtera une attention appuyée aux conclusions du rapport Phéline, lequel « encourage notamment les négociations au sein de la filière musicale pour définir un partage plus équilibré et transparent des revenus générés par la musique en ligne ». Si ces négociations venaient à échouer, il est proposé d’inclure dans la future loi sur la création, une gestion collective obligatoire.
Mais peut-on vraiment faire confiance aux négociations entre les acteurs ? D’expérience, la SPEDIAM n’y croit pas : « Les artistes sont contraints aujourd'hui de céder tous leurs droits aux producteurs en application de contrats individuels ou collectifs et ne perçoivent dans leur quasi-totalité rien des plateformes et autres services de streaming ou de téléchargement à la demande ». Encore et toujours celle-ci dénonce les conditions des artistes interprètes qu’elle représente au regard des plateformes en ligne, lesquels se taillent la part du lion. « Pour mettre un terme à cette situation choquante, la SPEDIDAM sollicite l’instauration d’un régime de gestion collective obligatoire des droits exclusifs des artistes interprètes et des producteurs dans le secteur musical, offrant ainsi aux utilisateurs un guichet unique ». Un vœu encore réitéré en février dernier ou l’an passé devant la mission Lescure (voir notre interview).
Hier soir, dans un communiqué, elle souligne qu’avec cette gestion collective obligatoire et ce guichet unique, « les plateformes et autres utilisateurs offrant des services à la demande obtiendraient ainsi les autorisations d’exploiter d’une société de gestion représentant à la fois les artistes interprètes et les producteurs et verseraient à cette société de gestion les rémunérations correspondantes. Artistes interprètes et producteurs partageraient ensuite cette rémunération qui serait répartie aux ayants droit concernés. »
Un avenir sombre pour les artistes interprètes ?
Sauf qu’à la lecture des réponses de la Rue de Valois à la Commission européenne, Aurélie Filippetti croit toujours dans les vertus de la négociation avec l’industrie. La SPEDIDAM lui rétorque que ces tentatives de négociations ont toujours échoué dans le passé, quand elles n’ont pas « consolidé l'emprise de l'industrie du disque sur les droits des artistes. »
Pire, la SPEDIDAM remarque dans les maigres propos de la ministre que si ces négociations échouaient, « il n'est pas indiqué clairement que serait mise en place une gestion collective obligatoire des droits exclusifs des artistes interprètes et des producteurs pour les services à la demande ». De fait, « la seule référence à une gestion collective obligatoire, sans mentionner les droits concernés, n'indique rien de la solution aujourd'hui retenue par les pouvoirs publics. »
Elle réclame donc un signal fort pour clarifier la situation des artistes interprètes et soutenir enfin la mise en place d’une GCO. « À défaut, les artistes interprètes resteront sans protection et sans rémunération pour les exploitations de leurs enregistrements sur Internet, qui demeureront sous le seul contrôle de l'industrie phonographique, et « l'avenir de la rémunération de la création » sera, pour les artistes interprètes, plus sombre que jamais. »
Streaming : les artistes interprètes, futurs perdants de la loi sur la Création ?
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Des négociations et éventuellement une gestion collective obligatoire
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Un avenir sombre pour les artistes interprètes ?
Commentaires (17)
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Abonnez-vousLe 14/03/2014 à 09h09
Major : + l’infini - Création : 0
Système simple et bien rodé :
Ce que vous achetez ? Peu importe…
Qui l’a fait ? Peu importe…
A qui ça appartient ? A moi évidemment puisque j’ai payé…
Advienne que pourra…
Le 14/03/2014 à 09h21
Encore du cinoche pour faire croire qu’ils ne sont pas à la botte des industriels de la musique, on ne les entend jamais parler de contrôler qui reçoit quoi, ils ne parlent jamais de remettre en question le pourcentage de merde que l’auteur touche ou d’interdire l’obligation pour un auteur qui veut vivre de son art de devoir “donner” tout ses droits sur son oeuvre, ça, ça ferait sauter les gros ayant-droits en l’air, boum…de colère " />
Le 14/03/2014 à 09h22
Ben déjà que le streaming ne permet même à un auteur/compositeur de vivre…
Le 14/03/2014 à 09h45
Signer avec un major c’est VRAIMENT donner son âme au diable " />
Le 14/03/2014 à 10h22
salut
au lieu (enfin) d’adapter (réformer) LEUR SYSTEME, ils préfèrent
“coller leurs rustines” !
Le 14/03/2014 à 10h36
Tiens donc…alors l’argent partirait aux majors et pas aux artistes? C’est étonnant ça!
On m’aurait menti? #richardvirenque
Le 14/03/2014 à 10h39
Pour faire l’analogie : quand tu développes un super programme, super lulu, on te paie ton salaire, après que ta boite vende le programme que tu as développé, 10 fois ou 150 millions de fois, ça ne change rien à ton salaire (enfin si tu vas peut-être avoir une augmentation mais c’est tout).
C’est pareil pour les interprètes : tu as un cachet : si ça marche du tonnerre, tu pourras sûrement demander un plus gros cachet la prochaine fois…
C’est marrant, ils veulent toujours un système spécial pour eux (déjà le scandale des intermittents…vous avez vu le témoignage du gars qui disait qu’il touchait plus de 4000€/mois mais en tant que déclaré comme intermittent et ces 21j de boulot dans le mois, pôle emploi lui filait un complément de salaire)?
Le 14/03/2014 à 10h40
Le 14/03/2014 à 12h09
Le 14/03/2014 à 12h48
Le 14/03/2014 à 13h15
Le 14/03/2014 à 13h17
Le 14/03/2014 à 13h22
Sans vouloir me faire l’avocat du diable, je suis quand même suspicieux quant au terme de “gestion collective des droits”.
Le fait que la SACEM soit un organisme de gestion collective y est sûrement pour quelque chose.
Je n’ai pas très envie de voir la SPEDIDAM se transformer en SACEM bis…
Le 14/03/2014 à 13h24
Le 14/03/2014 à 13h25
Le 14/03/2014 à 13h31
Le 14/03/2014 à 18h43