Rapport Bordes : haro contre les site de conversion YouTube vers MP3
Quand la musique est trop bonne
Le 18 mars 2014 à 17h00
7 min
Droit
Droit
Hier, Jean-Marc Bordes a remis son rapport sur « l’exposition de la musique dans les médias » à Aurélie Filippetti. Selon l’expression de la ministre, le document veut « améliorer l'exposition de la musique francophone et des jeunes talents » face aux mutations technologiques. Le document s’intéresse à la question du téléchargement illicite, mais aussi aux plateformes et aux services de médias audiovisuels à la demande. Petit tour d'horizon.
Sur la question du téléchargement illicite, Bordes indique déjà qu’ « il est fondamental de maintenir la pression pour tarir toutes les sources illicites de contenus, et s’attaquer fortement aux émetteurs pirates plutôt qu’aux utilisateurs, ainsi qu’à tous ceux qui tirent des revenus directs de la piraterie ».
Ainsi pour la réponse graduée, nulle question de baisser cette « pression ». Le document remis à Aurélie Filippetti estime que la riposte graduée doit au contraire « constituer l’architecture centrale de la lutte contre la piraterie ». Et Bordes de soutenir des deux mains les préconisations du rapport Lescure, lequel demande notamment d’ajouter à la riposte graduée, des actions contre les sites de streaming ou de direct download.
Lutter contre les sites qui extraient les MP3 depuis YouTube
Spécifiquement, le même rapport dénonce aussi ces « nombreux sites web de conversion de fichiers qui proposent d’extraire gratuitement la bande audio MP3 des vidéomusiques présentes sur YouTube pour que l’utilisateur la stocke sur ses appareils d’écoute personnels ». L’auteur demande ainsi à la Hadopi et demain au CSA « de pouvoir prendre la mesure des dommages occasionnés par de telles pratiques et de trouver des solutions pour les réduire au maximum. »
Taxe sur la VàD gratuite
Dans le secteur des nouvelles technologies, le rapport préconise également une taxe sur les services gratuits de VAD financés par la publicité. Puisque l’assiette est indéterminée, le rapport estime qu’il faudra « parallèlement expertiser les modalités techniques et/ou juridiques dont dispose l’administration pour mesurer le nombre de clics par oeuvre, et plus particulièrement le nombre de clics sur les oeuvres qui auront été immatriculées au registre. Il pourrait s’agir de demander également à l’éditeur de services de médias audiovisuels à la demande, puisque YouTube est juste un distributeur, le nombre de clics d’origine française et pourquoi pas, s’agissant d’une société établie en France, la part de recettes qui lui aura été versée par YouTube chaque mois. »
Déclaration d’existence des SMàD
Pour les SMAD, on sait que depuis la loi sur l’indépendance de l’audiovisuel, ceux-ci sont par principe soumis à l’obligation de déclarer leur existence au Conseil supérieur de l’audiovisuel. Pour mener à bien ce décompte, « il importe de s’assurer que des SMAD qui diffusent des milliers de vidéomusiques soient bien répertoriés, et il faudra, au-delà des règles d’application territoriale, sûrement un mélange de pédagogie bienveillante et de surveillance stricte pour y parvenir. »
Cette déclaration faite, le rapport rappelle que les services en ligne (VaD, etc.) ont des obligations d’exposition au profit des œuvres cinématographiques et de longue durée européennes et françaises. Un tel principe étendu à la musique risque cependant de poser quelques problèmes. « Si un service veut pouvoir proposer l’ensemble du stock mondial existant de vidéomusiques (ou de titres en écoute audio en cas d’extension à d’autres services culturels numériques), il pourrait être amené, pour respecter cette condition, à limiter la part étrangère du catalogue dès que le nombre de titres étrangers dépasse 150% du nombre de titres francophones. On imagine mal pouvoir imposer cette condition à des opérateurs comme VEVO ou YouTube (ou encore Spotify ou Deezer en cas d’extension) qui constituent des références en matière d’exhaustivité de l’offre, en supposant bien sûr qu’ils acceptent de souscrire un conventionnement volontaire sur leurs opérations en France. »
Alors que les plateformes misent sur l’exhaustivité, « si une partie de l’offre est censurée par une telle mesure, il est probable que les utilisateurs se tourneront à nouveau vers des sites pirates, qui eux proposeront l’intégralité des vidéomusiques. C’est pourquoi la mission demeure à tout le moins sceptique sur l’applicabilité d’une telle condition ».
Le rapport voit d’un meilleur œil l’extension d’une autre obligation pesant sur les SMAD à savoir une exposition spéciale sur la page d’accueil. Une idée « paraît plus réaliste et mérite d’être complétée ». Ainsi l’internaute pourrait se voir proposer sur des plateformes musicales l’option : « Vous souhaitez voir uniquement des contenus de [tel pays] dans votre lot résultat). »
Conventionnement des SMàD, must distribute, must register
Le rapport voit d’un bon angle les préconisations du rapport Lescure qui militent pour un conventionnement des SMAD auprès du CSA. Ces services en ligne se verraient consentir plusieurs « avantages » en échange d’une série d’ « obligations volontaires ».
Parmi elles, une obligation de « must distribute ». Pour le rapport Bordes, il serait judicieux de proposer dans ce conventionnement une obligation d’immatriculation des œuvres au sein d’un registre d’immatriculation qui comprendrait les métadonnées descriptives, des règles de gestion et des empreintes audio et/ou vidéo (must register) (voir à ce titre notre actualité). « La responsabilité de l’immatriculation d’une œuvre au registre est d’abord du ressort du producteur de cette œuvre ; néanmoins en cas de carence du producteur, il faut que le SMAD soit en capacité de réaliser cette immatriculation, et notamment de créer les empreintes digitales. C’est déjà ce qui se passe lorsque YouTube, distributeur de contenus officiels, crée pour le compte des producteurs partenaires des empreintes digitales avec sa technologie Content ID ; et s’engage corrélativement à retirer tout contenu illicite similaire sur sa plateforme. Le conventionnement devrait ainsi prévoir une telle obligation d’alimenter le registre en programmes ».
Brodes voit même plus loin : « on peut même imaginer qu’une obligation d’immatriculation puisse être instaurée de manière systématique en dehors du régime de conventionnement volontaire. » Plus loin, le rapport souligne que « la création d’un tel registre d’immatriculation paraît être une des bases pouvant servir à qualifier les contenus et les services qui les distribuent ». La crainte évidemment pour les hébergeurs qui les utilisent serait la requalification de leur statut, statut qui serait alors calqué sur celui de l’audiovisuel. (On relira ainsi les remarques de l’Asic en réaction au rapport Lescure).
Un tel conventionnement débute cependant assez mal : l’idée a été ainsi accueillie avec griffes et armes par l’Asic, l’association du web 2.0 où Google a bonne place. Lors des auditions au ministère de la Culture, « l’ASIC s’est positionnée fortement contre ce mécanisme de conventionnement volontaire ». Selon l'Asic, « le mécanisme de conventionnement opposable est contestable tant au niveau de son opportunité que de sa légalité. »
Rapport Bordes : haro contre les site de conversion YouTube vers MP3
-
Lutter contre les sites qui extraient les MP3 depuis YouTube
-
Taxe sur la VàD gratuite
-
Déclaration d’existence des SMàD
-
Conventionnement des SMàD, must distribute, must register
Commentaires (43)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 20/03/2014 à 07h31
Complètement ridicule cette mesure… Du Youtube à 96Kb/sec, c’est aussi pourri qu’à la radio.
Les amateurs de la rue de Valois vont bientôt découvrir qu’en tapant “nom du titre mp3 320” sur google on trouve des titres de meilleure qualité gratuitement. Horreur et damnation, il faut censurer Google. Sombres crétins.
Le 18/03/2014 à 17h45
double post
Le 18/03/2014 à 17h49
Gouvernement d’hasbeen " />
Le 18/03/2014 à 17h55
J’utilise un script JS qui peut me le ressortir en MP3 (128kbs quand HD ça doit se configurer pas trop lu la doc/code) MP4 (tous format youtube) 3gp (lossy) webm (quand dispo)
Donc bonne chance pour interdire un script JS sur un navigateur xD.
Le 18/03/2014 à 18h02
Il font comment pour interdire les scripts grease monkey ? " />
Le 18/03/2014 à 18h04
La France est sauvée ! Avec cette brillante initiative, finie la faim dans le monde, le chômage, le SIDA et les chauffards qui font du 131 !" />
Le 18/03/2014 à 18h08
Le 18/03/2014 à 18h16
Bordel mais ils ont rien d’autre à foutre sérieusement ?
C’est plus un ministère de la Culture, juste une succursale législative des majors.
Le 18/03/2014 à 18h21
Le 18/03/2014 à 18h22
Le 18/03/2014 à 18h35
" /> Fermons dès aujourd’hui tous ces sites qui proposent de manière détournée, ou non, des contenus multimédia et ainsi participent à cette vague massive de piratage.
Seul le silence sur internet sauvera nos “ayant toujours pas assez de droit”. " />
Le 18/03/2014 à 18h42
Le 18/03/2014 à 19h17
Le 18/03/2014 à 19h20
Le 18/03/2014 à 19h24
Le 18/03/2014 à 19h30
Lutter contre les sites qui extraient les MP3 depuis YouTube
Je croyais que youtube paie les droits de diffusion.
Ça change rien pour moi puisque j’utilise pas ce genre de logiciels, mais j’en connais qui le font.
Le 18/03/2014 à 19h50
Le 18/03/2014 à 20h12
Le 18/03/2014 à 20h18
Le 18/03/2014 à 20h51
A quand une loi pour empécher les lois stupides et inutiles ?
A quand une loi pour punir ceux qui tentent de les déposé ?
Je sais bien qu’on dit souvent qu’ils sont payer à rien faire, mais de la à faire n’importe quoi pour faire semblant de travailler …
sérieusement, c’est à la portée de n’importe qui d’extraire le mp3 des vidéos ou de les enregistrer depuis un logiciel magnétophone.
c’est comme si ils voulaient nous empécher de regarder le ciel sans payer, à moins de nous crever les yeux c’est pas demain la veille.
à quand une loi sur les délits d’initiés ?
une réforme de la répression des fraudes ?
une guérilla contre l’évasion fiscale ?
une obligation de promotion de l’industrie française fabriqué “entierement” en france ?
ect ect ect …
Le 18/03/2014 à 21h05
une nouvelle usine à gaz…
et les Shadoks pompaient, pompaient leurs taxes.
Le 18/03/2014 à 21h24
Avec l’argent public tout ca…
Mais bon sang virez moi ces ignares !!!!" />" />" />" />
Le 18/03/2014 à 22h24
Le 18/03/2014 à 22h27
" /> Je n’ai qu’une chose à dire :
We’ll feed the masses
We’ll feed them acid
But we’re dancing dancing
To the rhythm of the plastic anthem
Dancing
While they’re preaching the plastic anthem
Stabbing stabbing
A hole in the very fabric
Of
Society
Well it’s eternity
Le 18/03/2014 à 22h39
Euh vous avez essayé DowloadHelper dernièrement avec Youtube ?
Celle citée qui tourne en rond encore très bien
Le 18/03/2014 à 23h20
C’est pas comme enregistrer la radio ou la TV (sur k7 ha ha ha) pour se repasser cela plus tard ?
Il n’y a qu’à taxer youtube comme on taxe les chaines de TV et de radio au lieu de pondre une usine gaz de plus.
Le 18/03/2014 à 23h58
Le 19/03/2014 à 00h24
Le 19/03/2014 à 00h26
Le 19/03/2014 à 01h59
Le 19/03/2014 à 03h57
Sinon, si on ne veut pas utiliser de sites, on peut utiliser VLC pour ça. " />
Le 19/03/2014 à 06h36
Le 19/03/2014 à 10h37
Le 18/03/2014 à 17h01
Ils auraient pu mettre au moins la liste de ces sites.
" />
Le 18/03/2014 à 17h07
On tourne en rond…
Le 18/03/2014 à 17h09
Moi qui pensait cette pratique désuète à l’époque de Deezer, grooveshark, googlemusic, amazon, itunes , last fm, FLAC , index of , …..
Le 18/03/2014 à 17h10
Lutter contre les sites qui extraient les MP3 depuis YouTube
Oui bien sûr… Et comment “ils” vont empêcher la captation du son sur mon ordinateur entre le navigateur et le haut-parleur (je pense par exemple à AudioHijack sur Mac…) ?
Le 18/03/2014 à 17h22
Depuis le temps que ca existe et Vu la qualité du mp3 généré par l’extraction du son a partir de la vidéo (bien souvent du 96 ou du 128), ca n’a jamais été une menace et je vois pas en quoi ça serais une menace pour l’industrie de la musique.
Le son est telement compressé qu’il est presque métalique a l’oreille.
Mais médiatisé cette pratique n’aurai qu’un effet streisand. Les vrai amoureux du son passe et passeront leurs chemin.
Ceci dit faudra arreter de jouer les hypocrite et lacher reelement la licence globale sur le tapis.
Le 18/03/2014 à 17h26
Le 18/03/2014 à 17h32
Ouf !
J’utilise un logiciel pour faire ça pas un site.
Et en plus il ne sort même pas du MP3 " />
Le 18/03/2014 à 17h34
Convertir une video youtube en mp3 à 60kbps représente vraiment un énorme manque à gagner. Je serais pour une peine de prison pour le contrefacteur, assortie d’une amende de 1,8 millions d’euros
Le 18/03/2014 à 17h44
Code de la propriété intellectualle, article L122-5 :
Lorsque l’oeuvre a été divulguée, l’auteur ne peut interdire : (…) 2° Les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste
Je rappelle que c’est exactement pour ça qu’on paie une taxe “copie privée”. Alors si on veut nous enlever un droit supplémentaire il va falloir revoir le montant de cette contribution qui est déjà surévaluée.
Le 18/03/2014 à 17h44