Les autorités turques ont finalement annoncé hier qu’elles allaient lever le blocage du réseau social Twitter, en vigueur depuis deux semaines. Le camouflet juridique infligé au niveau national à cette décision ayant suscité de nombreuses réactions semble avoir contraint le conservateur Recep Tayyip Erdogan à faire machine arrière. YouTube reste néanmoins bloqué. 

C’est dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 mars dernier que les internautes turcs ont commencé à s’apercevoir que l’accès au réseau social Twitter venait de leur être coupé par leurs fournisseurs d’accès à Internet, sur ordre de l’autorité turque en charge des télécommunications (TIB). Soit il y a tout juste deux semaines. Cette mesure de rétorsion initiée par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan n’aura cependant pas tenu bien longtemps. D’une part sur un plan technique, puisque les internautes turcs ont rapidement trouvé des moyens de contourner ce blocage, et d’autre part en raison du camouflet judiciaire qu’a subi cette décision.

En effet, dès le mercredi 26 mars, un tribunal d’Ankara saisi par des parlementaires de l’opposition et plusieurs ONG a décidé que ce blocage était « contraire aux principes de l'État de droit ». Le TIB était ainsi enjoint à lever la mesure. Avant-hier, la Cour constitutionnelle turque a enfoncé le clou en confirmant que le blocage de Twitter était illégal et devait être immédiatement levé, comme le rapportait alors Le Monde.

Un véritable camouflet juridique pour le clan du Premier ministre turc 

Après avoir promis d’ « éradiquer » Twitter suite à la diffusion, sur le fameux réseau social, d’enregistrements d'écoutes téléphoniques le mettant directement en cause dans un scandale de corruption, Recep Tayyip Erdogan semble finalement s'être résigné à faire machine arrière. « Conformément à la décision de la Cour constitutionnelle, la mesure bloquant l'accès au site Twitter.com a été levée. Une fois prises les mesures techniques nécessaires, le site sera rouvert aux utilisateurs » a ainsi annoncé hier le ministère des Transports et de la communication selon l’AFP, sans que l’on sache si la levée est effective chez l’ensemble des internautes résidant en Turquie à l’heure où nous écrivons ces lignes.

We are encouraged by the news from Turkey today and welcome our Turkish users back to Twitter.

— Policy (@policy) 3 Avril 2014

Rappelons enfin qu’à l’approche d’élections municipales qui se tenaient dimanche dernier, le clan de Recep Tayyip Erdogan a également obtenu le blocage de YouTube et du site du Projet TOR. Depuis le jeudi 27 mars, la plateforme de vidéos de Google est en effet la cible de mesures identiques à celles infligées jusque là à Twitter. Cette fois, c’est la diffusion d’un enregistrement audio d’une conversation entre plusieurs personnalités présentées comme des responsables turcs, à propos d'une possible opération militaire contre des djihadistes en Syrie, qui avait suscité l’ire des responsables politiques russes. Ces blocages restent pour l'heure en vigueur.