10 000 euros d’amende avec sursis pour un responsable d’annuaires en ligne
L'heure à l'appel
Le 08 avril 2014 à 12h45
4 min
Droit
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La CNIL vient de se faire l’écho d’un arrêt rendu en décembre dernier par la cour d’appel de Bordeaux. Et pour cause, les juges ont condamné à 10 000 euros d’amende avec sursis le responsable de plusieurs annuaires en ligne ayant violé des dispositions de la loi « Informatique et Libertés », notamment en ne respectant pas le droit d’opposition des personnes. Explications.
L’arrêt de la cour d’appel de Bordeaux diffusé hier par la CNIL est censé souligner deux choses. D’une part, qu’outre ses propres pouvoirs de sanction, l’institution peut transmettre à la justice des affaires d’une certaine gravité. Et d’autre part que les magistrats peuvent eux aussi punir des personnes coupables d’atteintes à la loi « Informatique et Libertés », éventuellement de manière plus sévère que la CNIL.
En l’occurrence, l’affaire litigieuse avait débuté en 2011, suite à la réception par la CNIL de pas moins de 150 plaintes. Toutes visaient plusieurs sites internet (dont Webinbox, Habitant-ville, Eopin.info, I décideur et Frenchcity) gérés par un seul et même responsable, Laurent R. « Ces sites diffusaient, pour chaque ville, des annuaires comportant les noms des habitants, leurs coordonnées, y compris des numéros de téléphone sur liste rouge » explique l’autorité administrative.
Collecte illicite de données personnelles sur le Web
Problème : ces données personnelles étaient publiées sans le consentement des individus concernés. Se trouvaient d’ailleurs parmi ces données des informations sensibles, comme les coordonnées d'une victime de violences conjugales ou d’un fonctionnaire de police. En fait, Laurent R. avait réussi à mettre au point un logiciel capable de collecter des données déjà diffusées sur d’autres sites Internet, tels que « l’annuaire universel », Google, l’INSEE, le Journal des associations, etc. Après avoir remis en forme les informations ainsi récupérées, ces dernières étaient publiées à nouveau sans que le responsable des sites ne s’embarrasse de formalités particulières...
La CNIL avait préféré transmettre directement le dossier au Parquet
N’arrivant pas à obtenir le retrait des données litigieuses suite à « de nombreuses démarches », la CNIL a finalement préféré saisir le Procureur de la République. Ce dernier a demandé à la police judiciaire de mener une enquête, laquelle s’est soldée par une première condamnation de Laurent R. par le tribunal correctionnel de Bordeaux, le 26 novembre 2012. Se prononçant sur le litige en seconde instance, la cour d’appel de Bordeaux a confirmé les fautes du prévenu le 18 décembre dernier, lequel a finalement écopé de 10 000 euros d’amende avec sursis.
L’intéressé a été reconnu coupable de nombreuses infractions : « collecte de données à caractère personnel par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite », « traitement de données à caractère personnel malgré l'opposition légitime de la personne concernée », « abus de confiance », « traitement automatisé de données à caractère personnel sans déclaration préalable auprès de la CNIL », « divulgation illégale volontaire de données à caractère personnel nuisibles (vie privée, considération) », comme l’indique l’extrait de la décision publiée sur le site de la CNIL (voir ici).
Il est enfin intéressant de remarquer qu’au regard des sanctions que peut habituellement prononcer la CNIL, celle de la cour d'appel de Bordeaux semble finalement bien plus clémente. En effet, en janvier dernier, l’institution a infligé une amende de 10 000 euros - sans sursis -à une association gérant un annuaire en ligne et qui refusait elle aussi d’effacer des données concernant des professionnels s’étant pourtant opposées à cette rediffusion. Seul un motif de manquement avait cependant servi à la gardienne des données pour décider de cette sanction, alors que la liste était bien plus longue dans l'affaire de Bordeaux (pour en savoir plus, voir notre article).
10 000 euros d’amende avec sursis pour un responsable d’annuaires en ligne
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Collecte illicite de données personnelles sur le Web
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La CNIL avait préféré transmettre directement le dossier au Parquet
Commentaires (28)
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Abonnez-vousLe 08/04/2014 à 12h49
Il s’est dit que la vie privée c’était un concept très XXeme siècle, et donc qu’il pouvait tout publier pour le plus grand bonheur de son compte en banque " />
Est-ce qu’on sait combien ces sites lui ont rapporté ?
Le 08/04/2014 à 12h51
Il est fort ce Romejko " />
Le 08/04/2014 à 12h52
Le 08/04/2014 à 12h53
" /> Au suivant : 123 People !
Lâchez les pitbulls !
Le 08/04/2014 à 12h53
le responsable de plusieurs annuaires
Quoi que tu fasses, ne le fais pas à moitié, fonce.
Le 08/04/2014 à 12h56
Le 08/04/2014 à 13h00
Le 08/04/2014 à 13h00
Pas cher payé je trouve pour l’argent que cela doit rapporter, surtout qu’en plus c’est du sursis.
Après ce qui est inquiétant c’est qu’il ne fait que récupérer des informations disponible sur le net si j’ai bien compris. Donc dans tous les cas les personnes qui se plaignent devront remonter aux vrai sources de diffusions.
Le 08/04/2014 à 13h01
Le 08/04/2014 à 13h05
Le 08/04/2014 à 13h23
Le 08/04/2014 à 13h30
Le 08/04/2014 à 13h59
Le 08/04/2014 à 14h00
Le 08/04/2014 à 14h04
Bon il a eu le bon goût de ne pas mettre sur son annuaire la fille du juge anorexique , du coup il s’en tire avec 10k€ avec sursis…
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Le 08/04/2014 à 14h13
Intéressant comme programme… aurait il été poursuivi si le service avait été gratuit ?
Et en existe t il de dispo ?
Le 08/04/2014 à 14h54
Respectez la vie privée, l’État n’aime pas la concurrence.
Le 08/04/2014 à 14h55
peine dérisoire…" />
Le 08/04/2014 à 14h55
Resumons :
pas moins de 150 plaintes. Toutes visaient plusieurs sites internet (dont Webinbox, Habitant-ville, Eopin.info, I décideur et Frenchcity) gérés par un seul et même responsable, Laurent R.
En fait, Laurent R. avait réussi à mettre au point un logiciel capable de collecter des données déjà diffusées sur d’autres sites Internet, tels que « l’annuaire universel », Google, l’INSEE, le Journal des associations, etc.
Se prononçant sur le litige en seconde instance, la cour d’appel de Bordeaux a confirmé les fautes du prévenu le 18 décembre dernier, lequel a finalement écopé de 10 000 euros d’amende avec sursis.
Si c’est pas un appel a faire pareil que ce type, ca y ressemble fortement.
On un type qui monte au moins 5 sites propageant des donnees collectees automatiquement et illegalement via son propre programme concu pour, avec au moins 150 plaintifs de ses agissements, et on lui file une amende avec sursis ?
En 3 ans, on peut generer combien de chiffre d’affaire avec ce genre de site pourri blinde de pub et bien place dans les moteurs de recherche ?
Le 08/04/2014 à 15h48
Le 08/04/2014 à 15h49
Le 08/04/2014 à 20h29
Je ne comprends pas le sursis. Le gars a été harcelé par la CNIL, donc il savait parfaitement ce qu’il faisait. Il en a tiré des revenus. Pourquoi une telle clémence ?
Le 08/04/2014 à 21h15
En lisant le titre de la news j’ai cru que la justice s’attaquait enfin à ces parasites d’“annuaires” avec mise en relation surtaxée. Croisons les doigts pour que ce soit la prochaine étape, perso je serait vraiment pour une remise à plat du système de numéro surtaxés. une des premières choses à faire étant de définir clairement quels usages sont acceptables et ceux qui ne le sont pas. Et en cas d’abus manifeste, prévoir des sanctions dissuasives.
Le 08/04/2014 à 21h25
Le 08/04/2014 à 21h44
On peut aussi prendre le raisonnement inverse: les “utilisateurs”, tellement habitués à ce que de plus en plus d’entreprises recourent au n° surtaxés, appellent depuis leur lieu de travail pour ne pas voir leur facture perso exploser. La vieille combine qui existait deja avec le minitel.
Dans tout les cas le fait qu’ils fassent leur beurre sur le dos des entreprises et non des particuliers n’enlève rien au fait que ces sites parasitent l’image de marque des entreprises qu’ils référencent en plus de parasiter les résultats de recherche
Le 08/04/2014 à 21h58
Le 09/04/2014 à 07h47
La CNIL se géne pas pour diffusé l’identité de la personne :http://www.cnil.fr/fileadmin/documents/approfondir/dossier/internet/Webinbox_ext…" />
Le 09/04/2014 à 10h37