Droit à l’oubli : comment effacer ses données personnelles sur Google
Sauf si tu te prénommes Nadine
Le 30 mai 2014 à 07h30
5 min
Droit
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Google vient de mettre en ligne un formulaire de suppression des données personnelles à destination des Européens. Cette mesure fait suite à un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne qui a consacré un droit à l’effacement pour les citoyens des 27 États membres.
À cette adresse, Google propose désormais aux Européens de supprimer leurs données nominatives des résultats de recherche. Pour aboutir, cette mesure exige cependant que l’intéressé fournisse la copie d'une pièce d'identité avec photo en cours de validité, et à tout le moins répondent à une série de conditions.
Traitement chirurgical
Le nettoyage est d'abord chirurgical puisque l’internaute désireux de faire jouer son droit à l’effacement doit « fournir l'URL de chaque lien renvoyé après une recherche Google sur votre nom et que vous souhaitez voir supprimé ». En cas d'effet Streisand, la procédure devra ainsi être multipliée autant de fois que nécessaire. Par ailleurs, « si ce n'est pas clair », il doit expliquer « en quoi la page en question vous concerne ».
Enfin, et surtout, il faut « expliquer en quoi le lien apparaissant dans les résultats de recherche est non pertinent, obsolète ou inapproprié. »
Google ne fournit aucun agenda dans la prise en compte de la demande, mais indique simplement qu’il s’efforcera de procéder à l’examen et au traitement « dans les meilleurs délais. »
La procédure s’achève enfin par l’envoi d’une pièce d’identité afin d’authentifier la demande, via une image scannée et uploadée vers Google. Le moteur reçoit à ce sujet « régulièrement des demandes de suppression frauduleuses provenant de personnes usurpant l'identité de tiers, tentant de porter préjudice à leurs compétiteurs, ou cherchant indûment à supprimer des informations juridiques. Nous devons donc valider votre identité, afin d'éviter ce genre d'abus. »
Le risque d’usurpation d’identité ?
Précisons que la LOPPSI a installé dans notre Code pénal l’article 226-4-1 qui sanctionne les cas d’usurpation d’identité. Selon ce texte « le fait d'usurper l'identité d'un tiers ou de faire usage d'une ou plusieurs données de toute nature permettant de l'identifier en vue de troubler sa tranquillité ou celle d'autrui, ou de porter atteinte à son honneur ou à sa considération, est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 € d'amende ». Le texte ajoute que cette infraction « est punie des mêmes peines lorsqu'elle est commise sur un réseau de communication au public en ligne.»
La production d’une fausse pièce d’identité afin de gommer l’existence d’une personne dans un moteur pourra assez difficilement tomber sous le coup de ce dispositif. Il faudra cependant attendre d’éventuels cas de jurisprudence pour deviner la mise en œuvre effective de cette sanction dans le cadre du droit à l’effacement.
Un droit à l’effacement sous l’aiguillon de la Cour européenne
La mise en place de ce formulaire n'est pas le fruit de la générosité de Google. Elle fait surtout suite à un arrêt de la Cour de Justice de l’Union européenne. Le 13 mai dernier, la CJUE a estimé en effet que les citoyens européens disposaient d’un droit à l’effacement sur les moteurs (notre analyse).
Cependant, ce droit n’est pas automatique, mais conditionné à une série de critères, pris en compte par Google : il faut que les données référencées dont l’internaute demande l’effacement, soient devenues inexactes, inadéquates, non pertinentes ou excessives au regard des finalités du traitement. Autres hypothèses : ces données ne sont plus mises à jour ou bien ont été conservées pendant une durée excessive.
Les critiques de Larry Page
Il revient finalement aux moteurs d’analyser ces critères lorsqu’une demande d’effacement tombe sur leur écran, et finalement d’être juges de la légitimité des retraits. Une mission qui avait été dénoncée par l’Association des sites internet communautaires (ASIC) ou encore Reporters sans Frontières.
Larry Page a d’ailleurs ajouté aujourd'hui sa pluie de critiques dans le Financial Times. Le PDG de Google estime que ce droit à l’effacement va freiner l’essor de ceux qui ne sont pas en capacité, contrairement à Google, d’y répondre. Sous-entendu les jeunes pousses (startup). Mais surtout, ce jugement va finalement encourager les régimes répressifs à accentuer la censure du web. « Il sera utilisé à mauvais escient par d’autres gouvernements qui ne sont pas aussi avancés et progressifs que l’Europe. »
Nadine Morano devra oublier son droit à l’effacement
Précisons enfin que dans son travail d’analyse de la demande, Google pourra continuer à référencer l’adresse litigieuse si des considérations historiques, statistiques ou scientifiques sont en jeu ou si l’internaute est une personnalité connue. Autant de critères qui ont été posés par la CJUE. En d’autres termes, Nadine Morano, personnalité publique qui a effacé son tweet problématique en plein « Copé Gate » ne pourra donc s’armer aussi facilement d’une gomme sur Google Search.
Droit à l’oubli : comment effacer ses données personnelles sur Google
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Traitement chirurgical
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Le risque d’usurpation d’identité ?
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Un droit à l’effacement sous l’aiguillon de la Cour européenne
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Les critiques de Larry Page
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Nadine Morano devra oublier son droit à l’effacement
Commentaires (24)
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Abonnez-vousLe 30/05/2014 à 13h59
Et on en parle de ceux à qui ça va bénéficier ??
J’avais lue dans le daily mail les 1er demandes de britanniques, et ça allait globalement du petit escroc au gars condamné pour pédophilie. Tout le monde semble ici d’accord pour censurer les données, mais paradoxalement tout le monde applaudit quand un nouveau cable wikileaks sort.
On ne peut pas être sélectif comme Assange qui criait au scandale et dénonçait le viol de son “droit à la vie privée” quand des infos sur lui sont sorti dans la presse alors que dans le même temps il mettait en ligne les conversations et correspondance privée de milliers de gens.
Bref ça n’augure rien de bon cette histoire. Heureusement il reste Internet archive.
Le 30/05/2014 à 18h47
Le 30/05/2014 à 20h51
Le 31/05/2014 à 23h59
je n’ai pas besoin d’utiliser ce service mais même si la démarche est louable ce qui me dérange dans celle-ci c’est de devoir fournir des infos (cf : photocopie de CI) pour pouvoir en supprimer d’autres (du moins juste le référencement) " />
je veut bien croire qu’il faut pouvoir vérifier la source pour éviter les abus mais bon ils en font quoi de la CI ? car si au finale c’est pour alimenter une autre BDD c’est pas top non plus…
Le 30/05/2014 à 07h34
Et les impôts, ils peuvent m’oublier aussi ? " />
Le 30/05/2014 à 07h45
C’est quoi Coogle ? " />
Le 30/05/2014 à 07h50
Le 30/05/2014 à 08h10
Le 30/05/2014 à 08h14
Cool, je pense qu’il est temps que je supprime les liens vers quelques images ^^’
Le 30/05/2014 à 08h18
Le 30/05/2014 à 08h27
Le 30/05/2014 à 08h31
Le 30/05/2014 à 08h35
Super, ont doit filer une copie de cart ID à la NSA pour se faire soit disant retirer des serveurs de chez google…
Le 30/05/2014 à 08h37
Le 30/05/2014 à 08h47
Le PDG de Google estime que ce droit à l’effacement va freiner l’essor de ceux qui ne sont pas en capacité, contrairement à Google, d’y répondre. Sous-entendu les jeunes pousses (startup).
Lol. Ben oui, c’est bien connu que le support de Google est plus réactif que celui d’une startup lambda…
ou pas… " />
Le 30/05/2014 à 08h52
Faites gaffe ! Quand vous demandez à Google de vous effacer, ils vous envoient un tueur. " />
Le 30/05/2014 à 09h10
Grâce au formulaire de Google la NSA pourra maintenant contrôler en priorité les gens qui veulent être effacé d’internet, parce que bon quand on a rien à cacher… tout ça " />
Le 30/05/2014 à 09h21
Le 30/05/2014 à 09h22
C’est toujours mieux que rien même si la simplification pour ce genre de demande devrait exister depuis longtemps. " />
Le 30/05/2014 à 09h28
Le 30/05/2014 à 10h13
Le 30/05/2014 à 11h51
Le 30/05/2014 à 12h00
Le 30/05/2014 à 12h32
de toute façon c’est google qui rachète les startups, donc Larry se plain que ça va freiner la croissance des ses startups " />