L’Assemblée nationale laisse le gouvernement légiférer contre Airbnb
To be or not to bnb
Le 23 juillet 2014 à 06h40
6 min
Droit
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Tard dans la nuit, l’Assemblée nationale a adopté l’amendement autorisant le gouvernement à prendre par voie d’ordonnance des mesures législatives concernant les « modalités de location d’hébergements touristiques par des exploitants non professionnels ». Même si l’exécutif n’a toujours pas dévoilé ses ambitions sur le sujet, il est plus que probable que les pouvoirs publics souhaitent s’attaquer à la concurrence, jugée déloyale, de certaines plateformes telles qu’Airbnb à l’égard des hôteliers traditionnels. La méthode choisie par la majorité a cependant provoqué quelques remous au Palais Bourbon...
Les députés viennent donc d’approuver l’amendement déposé vendredi dernier par le gouvernement sur le projet de loi relatif à la simplification de la vie des entreprises. Pour rappel, l’exécutif demandait l’autorisation de prendre par voie d’ordonnance différentes mesures visant le secteur du tourisme, à commencer par des dispositions visant à « l’amélioration du cadre réglementaire précisant les modalités de location d’hébergements touristiques par des exploitants non professionnels », et ce « afin d’éviter le développement d’une concurrence déloyale ».
Même si le gouvernement n’en disait pas plus sur ses intentions réelles, il est difficile de ne pas y voir une attaque envers les sites de mise en relation de particuliers, à l’instar du célèbre Airbnb. La plateforme américaine permet en effet aux internautes de louer une chambre chez un hôte non professionnel, notamment dans des villes très touristiques telles que Paris, le site servant au passage d’intermédiaire pour la transaction. Un rapport parlementaire présenté il y a une dizaine de jours s’inquiétait d’ailleurs de l’essor de ces nouvelles pratiques, et demandait à ce que, pour des raisons d’égalité, les sites « qui effectuent de l’intermédiation locative à titre onéreux » collectent eux aussi la taxe de séjour, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Le montant de cette taxe varie actuellement de 20 centimes à 1,50 euro par personne et par nuit, en fonction du type d’hébergement ainsi que de ce que décide chaque commune sur laquelle elle est appliquée.
Dans le même temps, cette taxe de séjour obligera les bailleurs à sortir du bois, sous les yeux gourmands de Bercy, avec éventuellement à la clef une requalification de leur activité personnelle en activité commerciale - avec toutes les conséquences sociales et fiscales que cela implique.
Le gouvernement ne précise pas ses intentions
Défendant cet amendement dans l’hémicycle, le secrétaire d’État chargé de la Réforme de l’État n’a guère donné d’indices supplémentaires (voir le compte-rendu). Thierry Mandon s’est en effet borné à évoquer des « mesures importantes prévoyant l’amélioration du cadre réglementaire précisant notamment les modalités de location et d’hébergement touristiques par des non professionnels ». Toutefois, l’intéressé a lâché un peu de lest envers les députés, puisqu’il a promis que « les parlementaires qui s’intéressent à ces questions peuvent être associés à la rédaction de ces ordonnances ».
Et pour cause. La procédure des ordonnances permet au gouvernement de prendre des mesures qui relèvent normalement du domaine de la loi, et donc du Parlement. Cette technique, utilisée habituellement dans des cas d’urgence, évite donc les débats parlementaires, puisque députés et sénateurs se contentent d’habiliter l’exécutif à prendre certaines mesures, sans avoir ensuite de contrôle sur ces dispositions (contrairement à ce que permet leur pouvoir d’amendement dans le cadre de la procédure législative normale).
Du coup, la pilule a eu un peu de mal à passer... La députée UMP Véronique Louwagie n’a pas mâché ses mots : « Il est quand même regrettable qu’à ce moment de la discussion, s’agissant d’un secteur très important pour notre activité économique (...), vous nous demandiez finalement de vous donner un chèque en blanc. Il est tout aussi regrettable que le Parlement ne puisse pas être saisi, même si vous évoquez la possibilité d’associer les parlementaires ou de créer des groupes de travail. Ce n’est pas du tout la même chose ! »
Vers une « co-rédaction » des ordonnances avec les parlementaires ?
Mais de l’aveu de plusieurs députés de la majorité, le gouvernement aurait fait plusieurs concessions justifiant l’adoption de cet amendement. « La proposition du secrétaire d’État va plus loin qu’une simple information avant publication puisque sa proposition est véritablement collaborative » a ainsi expliqué Françoise Descamps-Crosnier. L’élue s’est engagée, en tant que présidente de la commission spéciale pour l’examen de ce projet de loi, « à trouver les moyens de discussion et de travail avec le secrétaire d’État et les services pour permettre un travail de coopération et de quasi co-élaboration des ordonnances ».
Monique Rabin, qui avait co-écrit le rapport visant Airbnb, a ajouté : « Il s’agit là d’un texte d’habilitation globale qui nous permettra d’aller très vite. Je crois pouvoir dire ici que des réunions interministérielles ont déjà eu lieu cette semaine, d’autres auront lieu la semaine prochaine ; nous fixons le cadre, mais je sais que tous les députés qui le souhaitent peuvent être associés. »
Cette méthode a cependant fortement irrité la députée Laure de la Raudière (UMP), qui est intervenue pour se dire « très inquiète » : « J’ai l’impression qu’on est en train d’inventer un nouveau mode de travail avec le Parlement et qu’il est en train de s’institutionnaliser : finalement, on habilite le gouvernement à légiférer par ordonnances sans avoir d’étude d’impact précise puisqu’on vient seulement de prendre connaissance de cet amendement qui n’a pas été vu en commission, et qui n’a pas fait l’objet d’une étude d’impact au titre du projet de loi. Ensuite, M. le secrétaire d’État – en toute bonne foi et en toute sincérité, je n’en doute pas – dit que l’on va associer les parlementaires aux ordonnances. Eh bien non ! Si c’est pour associer les parlementaires aux ordonnances, on en débat dans l’hémicycle, bien évidemment, car c’est le lieu de notre travail ! » Ambiance.
Soumis aux votes un peu plus tard dans la soirée, le projet de loi complet a été adopté par l'Assemblée nationale. Il sera donc transmis au Sénat, qui l’étudiera dans le cadre d’une première lecture et à une date encore inconnue à l'heure où nous écrivons ces lignes.
L’Assemblée nationale laisse le gouvernement légiférer contre Airbnb
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Le gouvernement ne précise pas ses intentions
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Vers une « co-rédaction » des ordonnances avec les parlementaires ?
Commentaires (26)
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Abonnez-vousLe 23/07/2014 à 06h55
« mesures importantes prévoyant l’amélioration du cadre réglementaire précisant notamment les modalités de location et d’hébergement touristiques par des non professionnels »
ie on veut notre part la dedant
pour ce qui est de se mettre des sous dans la poche par n importe quel moyen il est fort ( d’ailleurs comment utilise-t-il tout ces sousous qu il nous prend " /> )
non mais serieusement ce gouvernement devient de plus en plus ridicule sur certains points " /> " />
“trop bon trop " />”
Le 23/07/2014 à 06h55
Un cadre certes, mais il faut aussi éviter que ça se fasse au noir. Ce qu’on ne voit n’est pas forcément inexistant.
Pour ma part c’est une erreur si c’est son ambition comme pour ce qui avait été fait pour le ménage à domicile.
Le 23/07/2014 à 07h10
Je suis loueur de maisons de vacances, et dans ma commune (Arles) je paie une taxe de séjour. Mais on est pas soumis comme les hôtels qui paie aux.nuitées mais à un forfait de 18€ par.chambre pour un an
Le 23/07/2014 à 07h15
To be or not to bnb
Born to bnb alive. " />
Le 23/07/2014 à 08h33
il va falloir rajouter le boncoin dans la liste des sites ainsi que toutes les petites annonces.
Je ne sais pas d’ou art cette idées mais les locations de particuliers à particulier pour les vacances, c’est loin d’être nouveau….
Le 23/07/2014 à 08h35
Légiférer par ordonnances, c’est le rêve de Kouchner devenu réalité !!
Le 23/07/2014 à 08h40
Le 23/07/2014 à 08h41
Le 23/07/2014 à 09h01
Le 23/07/2014 à 09h46
Dans le même temps, cette taxe de séjour obligera les bailleurs à sortir du bois, sous les yeux gourmands de Bercy, avec éventuellement à la clef une requalification de leur activité personnelle en activité commerciale - avec toutes les conséquences sociales et fiscales que cela implique.
En même temps, quand tu te sers du net, c’est un peu comme si tu mettais une pancarte de 4x3 lumineuse dans la rue juste au-dessus de ton appart à louer.
Faut pas s’étonner de voir débarquer le fisc chez toi après.
« La proposition du secrétaire d’État va plus loin qu’une simple information avant publication puisque sa proposition est véritablement collaborative »
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Il y a encore des pigeons pour croire que notre gouvernement travaille de façon collaborative??
Mais ils étaient où ces deux dernières années? Ils ont dormi ou quoi?" />
Le 23/07/2014 à 11h03
Le problème de la loi, c’est qu’elle vise airbnb alors qu’ils blond rien à y voir.
C’est le particulier qui est en cause en ne déclarant pas des revenus ou diverses taxes. Nuance.
Il faudrait plutôt simplifier les démarches pour ces particuliers, surtout si c’est occasionnel.
Et airbnb s’adaptera vu qu’ils proposent le paiement en ligne de la location (ce que ne fait pas le bon coin)
Après pour le reste, c’est le job du fisc et il y a déjà tout l’arsenal législatif qu’il faut.
Bref, à côté de la plaque et c’est con car on a un marché gigantesque qui peut rapporter des thunes à l’état sans avoir à bouger le petit doigt.
Tout le monde serai content, sauf les hôtelier, mais ils ont qu’à baisser un peut leur tarif hors de prix et ça marchera :)
Le 23/07/2014 à 11h43
Le 23/07/2014 à 11h51
Le 23/07/2014 à 12h05
Le 23/07/2014 à 12h54
ça me saoule , faire des lois sur mesure pour contrer un soucis particulier voir même une entreprise , vtc , amazon etc… au lieu de voir le soucis dans son ensemble
“ ‘tain encore deux ans , mangez des pommes” @jacko
A quand une loi contre Villeroy et Boch pour des cuvettes de WC enfin économes ? non parce que c’est pénible parfois de devoir tirer la chasse deux fois…ça coute cher l’eau… " />
Le 23/07/2014 à 13h50
Le 23/07/2014 à 15h30
Le 23/07/2014 à 15h31
Le 23/07/2014 à 15h33
Le 23/07/2014 à 15h34
La procédure des ordonnances permet au gouvernement de prendre des mesures qui relèvent normalement du domaine de la loi, et donc du Parlement. Cette technique, utilisée habituellement dans des cas d’urgence, évite donc les débats parlementaires, puisque députés et sénateurs se contentent d’habiliter l’exécutif à prendre certaines mesures, sans avoir ensuite de contrôle sur ces dispositions (contrairement à ce que permet leur pouvoir d’amendement dans le cadre de la procédure législative normale).
Ça, c’est quand même la poutre dans le cul de la constitution. Il n’y a pas de truc pour éviter qu’un gouvernement légifère comme bon lui semble ? Parce que là, je ne pense pas qu’on puisse parler de situation d’urgence…
Le 23/07/2014 à 15h35
Le 23/07/2014 à 15h40
Le 23/07/2014 à 17h31
Le 24/07/2014 à 06h31
Le 29/07/2014 à 11h39
Le 29/07/2014 à 18h35