Taxe de séjour sur Airbnb : le gouvernement dépose son amendement
Changement de cavalier
Le 05 novembre 2014 à 07h40
5 min
Droit
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Comme l’avait annoncé Laurent Fabius vendredi dernier, le gouvernement vient de déposer un amendement visant à faire payer la taxe de séjour aux utilisateurs de sites de location entre particuliers, de la même façon que s’ils allaient dans un hôtel traditionnel. Cet amendement sera examiné dans les prochains jours à l'Assemblée nationale, dans le cadre des débats sur le projet de loi de finances pour 2015.
« Les dispositions du présent amendement résultent de plusieurs mois de concertation effectuée entre le gouvernement, les parlementaires, associations d’élus et professionnels du secteur du tourisme, se vante l’exécutif dans son exposé des motifs. Elles ont été formulées pour tenir compte des préconisations de la mission parlementaire d’évaluation et de contrôle sur la fiscalité des hébergements touristiques. » Rappelez-vous : c’est au travers de ce fameux rapport (accessible ici) que plusieurs députés ont demandé à ce que « tous les sites qui opèrent une transaction à titre onéreux entre un loueur et un occupant de courte durée [soient] tenus de collecter une taxe sur le séjour, au même titre que les autres professionnels de l’hébergement ».
Après avoir un temps envisagé d’en passer par la voie des ordonnances, le gouvernement a finalement suivi les pistes de ce rapport en préparant un amendement au projet de loi de finances pour l’année prochaine. L’avantage de ce cavalier législatif ? Une entrée en vigueur du dispositif dès le 1er janvier 2015, tout du moins si le Parlement le vote en l’état. Le texte déposé ce lundi consiste en une réécriture assez vaste des dispositions relatives à la taxe de séjour, qu’elle soit forfaire ou « au réel ».
Des sites intermédiaires qui deviendront « préposés » à la collecte de la taxe
Pour rappel, la taxe de séjour est facultative, dans la mesure où ce sont les villes éligibles (stations classées, communes touristiques, etc.) qui choisissent de l’appliquer – ou non. Le principe veut que les recettes de cet impôt servent à favoriser la fréquentation touristique de la commune bénéficiaire. Son montant est variable, l’amendement de l’exécutif prévoyant des barèmes allant désormais de 20 centimes minimum par nuit et par personne à 4 euros maximum pour les palaces.
Le gouvernement propose que cette taxe soit perçue « par les logeurs, les hôteliers, les propriétaires » qui hébergent des personnes à titre onéreux, mais aussi par « les autres intermédiaires, lorsque ces derniers reçoivent le montant des loyers qui leur sont dus ». Dans son exposé des motifs, l’exécutif précise qu’il pense bien évidemment à ces « propriétaires qui proposent leur bien à la location pour de courtes durées, via des plateformes internet dédiées » de type Airbnb, Bedycasa ou Sejourning.
Les pouvoirs publics espèrent même que ces sites Internet les aideront à collecter la taxe de séjour directement auprès de leurs utilisateurs – tout du moins s’ils servent d’intermédiaire pour la transaction. L’amendement gouvernemental prévoit ainsi qu’avec l’aval des communes, les Airbnb et consorts pourraient « être préposés à la collecte de la taxe et à l’exécution des formalités déclaratives correspondantes » (sur le nombre de personnes logées et de nuitées, les numéros de transaction afférents...). Ce serait également eux qui verseraient le montant total de la taxe collectée aux communes bénéficiaires, une fois par an.
Airbnb déjà dans les starting-blocks
Et ça tombe bien pour l’exécutif : un rapport parlementaire signé par le député Éric Woerth (co-auteur du rapport initial sur la fiscalité des hébergements touristiques) nous apprenait il y a quelques jours qu’Airbnb se disait « prêt aujourd’hui à collecter la taxe de séjour auprès de ses clients pour le compte de l’hébergeur ». En pratique, « sur la facture d’Airbnb, apparaîtraient séparément les montants du logement, des frais de service de 10 % et de la taxe de séjour » expliquait le parlementaire, tout en soulignant que la célèbre société américaine s’était déjà engagée sur une voie similaire dans certaines villes telles que San Francisco ou Portland.
« Cela va répondre aux inquiétudes des hôteliers, dans un souci d'équité fiscale » a réagi Nicolas Ferrary, directeur France d'Airbnb, auprès du Figaro. Et pour cause, la firme échappe à une éventuelle taxe sur son chiffre d’affaires, qui aurait pu être autrement conséquente pour elle.
Le gouvernement n’évoque pas le surplus de recettes que devrait générer ce changement, affirmant simplement que cet amendement a été rédigé « dans un souci d’équité et de transparence fiscales ». Selon le rapport d’Éric Woerth, la France serait « la deuxième destination des clients d’Airbnb après les États-Unis et devant l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne ».
Taxe de séjour sur Airbnb : le gouvernement dépose son amendement
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Des sites intermédiaires qui deviendront « préposés » à la collecte de la taxe
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Airbnb déjà dans les starting-blocks
Commentaires (32)
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Abonnez-vousLe 05/11/2014 à 07h51
Youpi! En tant que touristes, on va pouvoir de nouveau payer plus.
Le 05/11/2014 à 07h59
personnellement je comprends que les hôteliers gueulent avec des particuliers qui louent leurs chambres et qui ne déclarent rien de rien pour une bonne partie.
Le 05/11/2014 à 08h11
He ho !! Pas toujours au même de payer dans ce pays !!!
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Le 05/11/2014 à 08h18
La taxe de séjour est déjà collectée par les propriétaires déclarés, que ce soit airbnb ou les autres.
Le fait que ce soit l’intermédiaire qui collecte va forcer les loueurs non déclarés à payer. Et là, la mairie ou la communauté urbaine va se dire : “tiens, il y a untel qui loue”.
C’est donc un moyen de répertorier toutes les locations. Echapperont à ça, tous ceux qui louent dans un cercle restreint, par relations.
Le 05/11/2014 à 08h43
A 20 centimes par nuit, il va falloir en faire des locations pour que ça rapporte.
Le 05/11/2014 à 09h08
Par nuit et par personne, soit 4,80 euros pour une semaine de vacances d’une famille de 4 personnes, à multiplier par le nombre de semaines de vacances et de familles…
Le 05/11/2014 à 09h10
et vu que la plupart des gens sur airbnb sont des locataires et n’ont donc pas le droit de sous louer l’appartement -> " />
Le 05/11/2014 à 09h22
C’est pas tellement gênant dans le principe, c’est plutôt fair-play vis à vis des hôtels.
En revanche ce qui est fatiguant, c’est qu’ils sont là à gratter euro par euro au citoyen, soit, on peut le comprendre vu le contexte économique, mais ça, c’est sans jamais remettre en question les dépenses publiques (Aéroport de Nantes, coucou je te vois !)
[/bistrot]
Le 05/11/2014 à 09h24
Le 05/11/2014 à 09h32
Ou regarder du côté des FRAC par exemple…
Le 05/11/2014 à 09h37
Non, je parlais d’agrandir le hall (très petit et très encombré, il est vrai), agrandir le parking, et ajouter une piste si ça leur chante, plutôt que de dépenser des milliards pour un aéroport plus petit.
Le 05/11/2014 à 09h42
Le 05/11/2014 à 09h49
De toutes façons, en l’état, à moins d’accepter qu’il y ait des morts, je ne vois absolument pas comment Vinci pourra faire rentrer le moindre bulldozer sur le site de construction. Et vu les conditions du contrat en cas de retrait du projet, on peut même penser que Vinci serait très heureux de ne pas pouvoir le construire. Je n’aimerai pas être à la place des ouvriers qui seront envoyés là bas.
Le 05/11/2014 à 09h56
Quand on sait que parmi les grands initiateurs de ce projet se trouve un certain ancien premier ministre fortement soutenu par un certain président de la république d’un certain pays que tous deux ont réussi à enfoncer plus bas que terre, et dont les compétences en matière de gestion et de décision avoisinent le zéro absolu, je suis certain que seule la plus mauvaise décision sera prise.
Je peux même te certifier que les résultats de cette mauvaise décision seront encore pire que ce à quoi tu pourrais t’attendre. (genre l’aéroport qui ne fonctionnera pas à son ouverture, terrain devenu mobile pour cause de non-stabilisation du sol et piste impraticable, …)
Vous vous attendiez au pire: sachez qu’avec eux, vous n’avez encore rien vu.
Le 05/11/2014 à 10h13
Ho… Une nouvelle taxe." />
Le 05/11/2014 à 10h31
Le 05/11/2014 à 10h37
Non, c’est pas ça, ils ont annoncé une pause fiscale… wait, 20% d’augmentation de la TH sur les résidences secondaires en zone “tendue”, plafonnement des allocs familiales en fonction du revenu, 4 centimes sur le diesel, 2 sur le super, les impôts locaux qui s’envolent, redevance FTV (qui vient de se faire saquer sérieusement) qui augmente, et on étudie aussi la “contribution” de nouveaux supports, taxe de séjour, etc, etc…
En France, on n’a pas de pétrole, mais des idées de taxation, ça, on en a!
On nous aurait (encore) menti?
« Les dispositions du présent amendement résultent de plusieurs mois de concertation effectuée entre le gouvernement, les parlementaires, associations d’élus et professionnels du secteur du tourisme, se vante l’exécutif dans son exposé des motifs. Elles ont été formulées pour tenir compte des préconisations de la mission parlementaire d’évaluation et de contrôle sur la fiscalité des hébergements touristiques. » Rappelez-vous : c’est au travers de ce fameux rapport (accessible ici) que plusieurs députés ont demandé à ce que « tous les sites qui opèrent une transaction à titre onéreux entre un loueur et un occupant de courte durée [soient] tenus de collecter une taxe sur le séjour, au même titre que les autres professionnels de l’hébergement ».
Clair, on peut s’en vanter! Une négociation entre uniquement des personnes qui sont favorables; on ne sait jamais, ça aurait pu échouer… On nous prend vraiment pour des cons. C’est affligeant.
Le 05/11/2014 à 10h38
Et tu taxe TAXE TAXE TAXE
les taxes c’est maintenant !
Le 05/11/2014 à 10h47
Le problème d’avoir un financement du pays basé sur la taxation des échanges, c’est qu’on est obligé de remettre à jour les lois/décrets a chaque fois qu’il y a un nouveau moyen d’échange.
#DefectiveByDesign
Le 05/11/2014 à 10h50
Tiens, je ne savais pas que tu étais nantais, moi aussi et je partage tout à fait ton avis ;) De toutes façons, cet aéroport, il n’y a que des gens contre, et des gens qui s’en foutent.
Le 05/11/2014 à 10h59
Ca me parait assez logique ca simplifie la collecte mais ca assure surtout le payment
Le 05/11/2014 à 11h10
Le 05/11/2014 à 11h55
La sous-location n’est pas interdite dans tous les cas. Elle l’est par défaut, mais avec l’accord du propriétaire elle est autorisée.
Le 05/11/2014 à 12h01
Le 05/11/2014 à 13h06
En tout cas ils sont plutot reactifs chez AirBnb ! j ai recu ce mail a midi :
Comme vous l’avez peut-être lu dans la presse ces derniers jours, nous travaillons avec le gouvernement à la simplification du processus de collecte de la taxe de séjour pour les séjours réalisés en France sur Airbnb. Ce serait une avancée majeure et nous souhaitions d’ores et déjà vous informer des grandes lignes de ce dispositif.
Jusqu’à présent, l’hébergeur est en charge de collecter la taxe de séjour auprès de chacun des voyageurs et de la reverser aux collectivités locales. Ce dispositif compliqué est inadapté pour les hébergeurs, les voyageurs et les collectivités locales.
Airbnb aurait la possibilité de collecter cette taxe directement auprès des voyageurs (quelques dizaines de centimes par voyageur et par nuit dans les communes qui l’appliquent), pour le compte des hébergeurs. Cette taxe serait reversée de façon agrégée aux collectivités locales. Ce système permettrait donc de simplifier grandement vos démarches.
Veuillez noter que ce dispositif ne concernerait que la taxe de séjour. La déclaration et le paiement des autres taxes et impôts restent à la charge individuelle des hébergeurs.
Ce projet doit maintenant être débattu au Parlement. Nous vous tiendrons informés des décisions prises dans les prochaines semaines, mais nous sommes ravis de pouvoir partager cette nouvelle avec vous dès aujourd’hui.
Si vous souhaitez en savoir plus sur la taxe de séjour, reportez-vous ici.
L’équipe Airbnb.
Le 05/11/2014 à 14h07
Rappelons qu’à San Francisco les deux tiers des locations sur AirBNB sont louées toute l’année et sans hôte présent. Autrement dit ce sont des chambres d’hôtel, c’est un fait.
Au-delà, beaucoup pensent que cette offre est en train de remplacer le locatif traditionnel sur San Francisco, avec au passage une explosion du coût déjà très élevé du logement.
Enfin les allées-venues incessantes ne sont pas du goût des habitants dans les immeubles locatifs dont plusieurs appartements ont été transformés de facto en hôtels. Et je ne parle même pas des problèmes d’hygiène : rares sont les proprios à faire faire le ménage ou à changer la literie après chaque client.
Le 05/11/2014 à 15h22
Je suis propriétaire de trois logements sur Arles (si vous voulez venir en vacances n’hésitez pas à m’en parler d’ailleurs " /> ) et je trouve que c’est une très bonne chose.
Je m’explique, sur Arles à l’heure actuelle, les maisons de vacances sont soumis à une taxe de séjour forfaitaire. 18€ par chambre et par an, tandis que les hôtels eux payent 0.92€ par personne et par nuit. En soit même si je suis du bon côté de la barrière, un tel déséquilibre n’est pas compréhensible. Ce système était en place lorsque le marché locatif saisonnier était ridicule, donne qui a changé depuis quelques mois dû à l’explosion de de mode de logement.
Donc la mairie est en train de réfléchir à étendre au réél cette taxe de séjour, comme pour les hôtel. Dans un soucis d’équité, je suis tout à fait pour.
Seulement voilà, moi je suis genre à être réglo vis à vis de l’état (je déclare même les loyers reçus en liquide, sombre fou que je suis !) et donc je pense déclarer les taxes de séjours comme indiqué, dans un soucis de transparence. Sauf que voilà, je suis un peu le dernier des mohicans, et je ne suis pas dupe sur le fait que la grande majorité ne déclare rien (vu que c’est justement déclaratif), et ça me pose un soucis de compétitivité entre ceux qui ne déclare rien, et moi qui déclare tout.
Donc sur ce point, si au moins les sites comme AirBnB collecte, ça réduit l’écart entre ces gens là, et moi.
Donc une bonne chose à mon sens :)
Le 05/11/2014 à 15h50
C’est de la blague : le plus grand déséquilibre aujourd’hui, est surtout lié au fait de l’imposition ridicule de Airbnb et consorts en terme d’impôts sur les sociétés / bénéfices.
Evidemment que Airbnb se précipite pour donner l’impression qu’il joue selon les règles en soupoudrant quelques euros symboliques, alors qu’il ne paye quasiment aucune taxe en france sur le bénéfice qu’il y réalise..
C’est un autre débat, certes, mais qui relativise la portée de cet amendement..
http://www.zdnet.fr/actualites/impots-tout-est-legal-se-defend-airbnb-en-france-…
Le 05/11/2014 à 18h03
Le 05/11/2014 à 20h16
Je suis dans une situation profitable (je loue quand même trois locations, à même pas 30 ans, avec une partie d’un héritage et une partie via un emprunt familial à 0%), et surtout on ne subit presque pas de charge fiscale (abattement de 71% sur les revenus déclarés dans le meublé de tourisme, une aberration dans cette période de crise et de chasse à la niche fiscale) donc ce serait avoir le beurre et l’argent du beurre que de resquiller en plus !
Mais bon certains ne s’en prive pas, et adore répéter que l’Etat les voles. Je ne suis pas de cet avis, j’ai eu l’école gratuite, des bourses d’études, une période de chômage payé, la sécu qui a pris le relais quand je m’étais fait des entorses au poignet, cheville ou genou. Je suis juste reconnaissant
Le 05/11/2014 à 20h52
Le 05/11/2014 à 23h57