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Copie privée : comment la France a plaidé la taxation du cloud devant la justice européenne

La French Tech Touch

Copie privée : comment la France a plaidé la taxation du cloud devant la justice européenne

Le 06 avril 2022 à 13h55

La redevance pour copie privée peut être étendue au cloud. Voilà la décision rendue le 24 mars par la justice européenne (notre présentation). Sur ce dossier la France est intervenue en adressant des observations, soit un vrai plaidoyer en faveur de cette extension. Next INpact révèle ce document.

Le 24 mars dernier, la CJUE a estimé que les duplications dans le cloud tombaient bien dans le spectre de cette ponction culturelle. Une redevance perçue en France par la SACEM et les autres sociétés de gestion collective.

Pour compenser le préjudice subi par les titulaires de droits, consécutif à ces copies, les juges européens estiment nécessaire de percevoir une redevance, soit sur les épaules des prestataires de cloud, soit sur les fabricants de matériel (smartphone, tablettes, etc.) permettant d’y accéder.

En amont de cette décision, Next INpact révèle comment le gouvernement Castex est intervenu dans cette décision pour apporter son éclairage. La France de la « start-up nation » aurait pu défendre une approche très « french tech » et se faire l’avocat des acteurs du cloud.

Ce n’est pas exactement l’option choisie par l’exécutif. Sous la plume du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, la grille de lecture est en réalité très favorable aux industries culturelles, qui depuis des années militent pour cette extension.

Le cloud est un support, comme une tablette ou un smartphone

Dans les « observations du gouvernement de la République française », que nous révélons, Paris a pris sa plus belle plume pour présenter le cloud comme un « support », à l’instar d’une tablette, d’une clef USB ou d’une carte mémoire.

La question soulevée devant la juridiction européenne par l’Autriche concerne le champ de l’article 5 de la directive de 2001 sur le droit d’auteur. Cet article consacre en effet l’obligation de payer aux titulaires de droits la « taxe » (ou plutôt redevance) copie privée, lorsqu’est reconnue la possibilité pour les personnes physiques de réaliser des copies privées « sur tout support ».

« Le législateur de l’Union a ainsi adopté une terminologie large, qui tend à inclure l’intégralité des dispositifs susceptibles de supporter la reproduction d’une œuvre protégée », écrit le gouvernement Castex dans la note que Paris s’est empressée d’adresser à la Cour de justice de l’UE.

« Un serveur constitue un support susceptible d’accueillir la reproduction d’œuvres à des fins privées », insiste Paris, qui rappelle que la directive de 2011 demande, dans ses lignes introductrices, d’adapter les perceptions aux « réalités économiques » et à « l'apparition de nouvelles formes d'exploitation ».

La France n’a par contre pas rappelé le considérant 35 de la même directive, qui prévoit que lorsque le préjudice subi par les titulaires de droit du fait de ces copies est « minime », il peut ne pas y avoir « obligation de paiement ».
Les observations françaises préfèrent souligner que « le stockage dans le "nuage" constitue une nouvelle forme de stockage d’oeuvres, en plein essor, qui découle d’une évolution technologique qui, à l’évidence, était inconnue du législateur de l’Union lors de l’adoption de la directive […], mais qu’il a précisément veillé à anticiper et inclure d’office dans le champ [de la redevance] par la formulation délibérément large "tout support" ».

Conclusion intermédiaire des mêmes autorités françaises : « dès lors qu’un serveur est un support susceptible d’accueillir la reproduction d’une œuvre protégée, une reproduction effectuée sur un tel support relève en principe du champ de l’exception pour copie privée ». Et dans un tel cadre, peu importe que les serveurs appartiennent ou non à la personne privée qui réalise des copies, ou encore les modalités de mise à disposition de ces espaces (à titre commercial ou non) : cela reste un support entrant dans ce champ.

Discothèque ou vidéothèque dans le cloud

Dans sa foulée, le gouvernement Castex considère que les États membres ont donc la possibilité d’assujettir les fournisseurs de cloud au paiement de la redevance copie privée. Il cite un exemple, celui d’un particulier qui copierait dans le cloud sa « discothèque » ou « sa vidéothèque », pour y avoir ensuite « accès de manière facilitée, sans avoir à utiliser le ou les supports matériels de ces œuvres ».

Et la possibilité pour le particulier de partager les liens vers ces contenus abrités dans le cloud ne pèse nullement dans ces qualifications, insiste encore la France, qui considère qu’on sort alors du champ de l’exception pour copie privée, avec des partages publics susceptibles de générer une contrefaçon.

Une telle extension respecte le test en trois étapes

La France sait qu’un État membre peut reconnaître une exception au droit d’auteur, comme la copie privée, sous réserve que cette mesure respecte le test dit « en trois étapes ». Une construction juridique issue de la Convention de Berne et reprise par la directive de 2001, qui réserve la possibilité de reproduction à usage privé d’un film, d’une musique, d’un texte, au respect de trois conditions cumulatives : Il doit s’agir de cas spéciaux, la copie autorisée ne doit pas porter atteinte à l'exploitation normale de l'œuvre et enfin ne pas causer de préjudice injustifié aux intérêts légitimes de l'auteur.

« Il n’apparaît pas au gouvernement français que le test en trois étapes qui découle de cette disposition s’opposerait par principe à l’application de l’exception pour copie privée s’agissant de reproductions sur le "nuage" », insistent encore les observations françaises.

Ainsi, « les titulaires de droits doivent bénéficier d’une compensation équitable [ou redevance copie privée] pour de telles reproductions, dans l’hypothèse où le droit national a mis en oeuvre cette exception ».

Un mille-feuille de perceptions ? Aucun souci 

En principe l’obligation de paiement pèse sur la personne physique, celle qui réalise des copies. Mais le droit européen permet, lorsque l’identification de ces personnes physiques est impossible ou difficile, de faire peser la douloureuse sur les épaules de celles qui mettent à disposition ces supports. À charge pour elles de répercuter le montant sur les épaules du client final. Et donc sur les épaules du prestataire de cloud.

La France reconnaît que ce régime peut alors engendrer un sandwich de perception : par exemple, le prestataire de cloud pourrait être assujetti dans un pays A quand le matériel qui permet d’uploader ou downloader des contenus, par exemple un smartphone, serait assujetti dans un pays B, pays de l’utilisateur.

Ces multiples perceptions ne sont pas un problème pour le gouvernement Castex : « Dès lors, le fait que d’éventuels doubles paiements ne soient pas à exclure ne saurait conduire à écarter la possibilité, pour les États membres, d’assujettir les fournisseurs de services de stockage dans le "nuage" qui fournissent leurs services notamment à des utilisateurs résidant sur leur territoire, sans quoi l’indemnisation effective du préjudice résultant de copies privées effectuées dans ce cadre pourrait être inexistante, si les matériels en cause n’ont jamais été mis en circulation dans l’État membre concerné ».

Plus largement, pour l’exécutif, les reproductions effectuées sur un smartphone sont des actes de copie distincts de ceux réalisés dans le cloud. À chaque strate, il est donc tout à fait possible de percevoir la redevance.

Au final, le gouvernement français estime que les États membres peuvent assujettir au paiement de la redevance « les fournisseurs de services de stockage sur le "nuage", qui mettent de l’espace de stockage sur des serveurs leur appartenant à la disposition de leurs clients personnes physiques », utilisés « pour réaliser des reproductions en procédant à une sauvegarde ».

Commentaires (32)

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Mais honnêtement, ils ont fait une étude d’usage pour savoir qui stockait ses mp3 sur le cloud plutôt que d’être abonné à Deezer ?

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Ils sont malins, quand ils font une “étude d’usage” sur un nouveau support ils ne demandent jamais “utilisez vous ce support pour de la copie privée privée ?” mais “utilisez-vous ce support de la même manière que [n’importe quel support déjà soumis à la copie privée] ?” et hop par récurrence l’affaire est dans le sac

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toi, t’as encore en travers de la gorge ce qu’ils ont fait pour le reconditionné, non ?
XD
(sinon, concernant l’article, c’est toujours aussi déprimant / rageant, mais merci de maintenir la veille sur ce sujet)

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C’est clair qu’on n’arrive pas à comprendre comment on en est arrivé là…

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le coup qu’ils, nous, ont fait pour le reconditionné !!!



j’avoue qu’on est 2 (au minimum) !




  • ça me paraissait tellement ILLOGIQUE leur truc, que je me suis dit : “noon, ça NE passera jamais”
    et pourtant….. :reflechis:

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Vraiment ….
je viens d’aller faire un tour sur le site Copieprivéeet une phrase m’intrigue vraiment :
“Plus concrètement, la rémunération pour copie privée permet, par exemple, de copier notre film préféré sur notre box, d’enregistrer notre musique ou nos images favorites sur notre smartphone, de lire nos livres sur notre tablette. En contrepartie, les fabricants (ou importateurs) de ces supports de stockage versent une rémunération pour les auteurs, artistes, éditeurs et producteurs des œuvres qui sont ainsi dupliquées.



Cette rémunération compense le préjudice subi par les auteurs, artistes, éditeurs et producteurs du manque à gagner résultant de cette utilisation massive et gratuite de leurs œuvres.”



Le concept est très biaisé car en lisant la phrase je me suis demandé en quoi la copie d’un CD musical acheté par mes soins sur mon smartphone entraine un préjudice pour l’auteur.
Par contre, si j’emprunte le CD de mon voisin pour le copier sur mon smartphone, là il y a un manque à gagner pour l’auteur.



J’aimerais une étude d’usage (et pas au doigt mouillé par les copains des organismes de gestion collective) car le terme “utilisation massive et gratuite de leurs oeuvres” ne me parait vraiment pas adapté et ne reflète d’après moi pas la réalité.

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Le préjudice est simple : sans copie privée, tu aurais dû acheter le CD et le mp3.
Oui, c’est tordu.

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Plus le temps passe, plus j’ai l’impression qu’ils ont d’énormes retours sous quelle que forme que ce soit qui fait la que la soupe est extrêmement bonne, les poussant à aller toujours plus loin en ce sens, contre l’intérêt des industriels et des consommateurs, au profit d’une petite minorité (enfin ce dernier point est juste habituel avec ce gouvernement)…




durthu a dit:


Par contre, si j’emprunte le CD de mon voisin pour le copier sur mon smartphone, là il y a un manque à gagner pour l’auteur.


Un manque à gagner potentiel :cap:
Car rien ne prouve que tu l’aurais acheté.

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oui potentiel, un peu comme lorsque l’on télécharge quelque chose, on ne l’aurait pas forcément acheté.

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Le vrai “problème” c’est que la Copie privée est basé sur un modèle physique (la copie, sous-entendue physique). Mais à l’ère du numérique, c’est devenu obsolète. Mais les ayants-droits sont malins et font tout pour l’appliquer sur un tout autre mode d’utilisation, le numérique. Où par définition, une copie n’a plus le même sens. Mais ça rapporte alors ça continue coûte que coûte. Mais je pense qu’à un moment donnée, cette taxe va devenir tellement ridicule, que son existence en l’état se posera. Car finalement, tout ce qui est électronique peut être considéré un “support”, et quand au final la taxe s’appliquera à tous les appareils électroniques, les gens vont se poser des questions et ça va remonter. En attendant, ça trait la vache à lait jusqu’à la dernière goutte.

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ne t’inquiète pas sur le fait que les gens vont se poser des questions, la loi est suffisamment bien faite pour que ça ne soit pas le cas. Par exemple en exigeant une facture avec le montant de la redevance payée pour autoriser un remboursement tout en n’imposant pas aux vendeurs de faire apparaître ce montant, bien au contraire.

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:mdr:
c’est comme le reste: personne s’en rend compte. et de toute manière tu vas faire quoi? rien.



comme le dit @anagrys: ce sujet n’est absolument pas débattu, car tout le monde bouffe au râtelier. c’est une taxe qui ne dit pas son nom.
ça arrange tout le monde, donc personne ou presque ne dit rien, tellement le pouvoir de nuisance des SPRD (sociétés de perception et de répartition des droits) est grand en France.



Reste les questions concernant le cloud:




  • Quid des professionnels? ils s’adressent à Copie France?

  • Quid du barème?

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Petite précision au passage pour celles et ceux qui ont décidé de s’en souvenir au moment de glisser un bulletin dans l’urne dans les prochaines semaines : la position de “la France” sur ce sujet est constante, quelle que soit la majorité au pouvoir. Nous sommes en présence soit d’un superbe sujet trans-partisan, soit d’un sujet piloté par une administration qui reste en place en dépit des changements de tête.
Aucun espoir de voir un changement à court terme, donc.




Patch a dit:


Un manque à gagner potentiel :cap: Car rien ne prouve que tu l’aurais acheté.


Non non, un vrai manque à gagner : à partir du moment où tu as l’idée d’écouter éventuellement le morceau, tu causes un préjudice à l’artiste qui nécessite indemnisation :mad2:

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Bon, il ne reste plus que les PC et ils auront fait le tour et devront enfin se serrer la ceinture faute de nouveau support à taxer. :transpi:

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“présenter le cloud comme un « support », à l’instar d’une tablette, d’une clef USB ou d’une carte mémoire”
Sympa de pouvoir mettre le cloud dans la poche. :mdr:

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webflo a dit:


…et quand au final la taxe s’appliquera à tous les appareils électroniques, les gens vont se poser des questions et ça va remonter…


Pour ça il faudrait que les gens aient connaissance de l’existence de la taxe et on en est bien loin.

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hellmut a dit:


ça arrange tout le monde


Seulement une petite minorité.

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pas d’accord. ça arrange l’état car les sommes récupérées ne sont pas à injecter dans “la culture”.
ça arrange les élus car c’est plus de sous pour les actions culturelles dans les territoires (25% des sommes perçues). ça arrange évidemment les ayant droits aussi. ça fait du monde.

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durthu a dit:


Le concept est très biaisé car en lisant la phrase je me suis demandé en quoi la copie d’un CD musical acheté par mes soins sur mon smartphone entraine un préjudice pour l’auteur. Par contre, si j’emprunte le CD de mon voisin pour le copier sur mon smartphone, là il y a un manque à gagner pour l’auteur.


Parce que dans le second cas, la copie est illicite car tu n’es pas le détenteur du support source, la copie n’est donc pas “privée”. Le premier cas d’usage est permis en contrepartie de la redevance pour copie privée justement (qui est une exception au droit d’auteur, pas un droit en lui-même).



Cette copie privée permet aussi de télécharger un flux en streaming, du moment que tu ne casses pas l’éventuel DRM (donc télécharger localement une vidéo Youtube n’est pas illicite au regard de ce dispositif du moment que ça reste dans le cadre et l’usage privé). C’est derrière cette mécanique que se protègent les logiciels comme Capttv.



Le dispositif date des magnétophones qui permettaient d’enregistrer le flux radio et il est basé sur une idée très simple(iste) : une copie c’est une vente en moins, car du point de vue du dispositif tu devrais acheter les n copies.

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Je comprends bien et je suis les news de Marc sur le sujet depuis un bail.



Dans mon exemple, le deuxième cas est illicite et n’a pas à être pris en compte pour la RCP (comme lors de la création des premiers barèmes d’ailleurs où ils s’étaient fait retoquer) mais franchement, pour le premier cas, qui ira acheter le mp3 pour le smartphone alors qu’il a le CD ? Il n’y a donc pas ou très peu de préjudice (contrairement à l’argument du site copie France sur l’utilisation massive et gratuite des œuvres)



D’ailleurs de nos jours avec la multiplication des abonnements en streaming, ça doit être encore plus rare de faire ça.
Bref, je suis de plus en plus exaspéré par ce système qui rapporte quand même un max avec une partie des revenus qui est siphonné par les organismes de gestion collective.

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SebGF a dit:


Parce que dans le second cas, la copie est illicite car tu n’es pas le détenteur du support source, la copie n’est donc pas “privée”.


Si, si.




Les copies ou reproductions réalisées à partir d’une source licite et strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective…


C’est légal de prêter un CD à un ami, donc la source est licite.

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Mihashi a dit:


C’est légal de prêter un CD à un ami, donc la source est licite.


Est-ce légal de copier un CD qui t’a été prêté ?



J’avais déjà recherché un peu sur le sujet, et pour le coup, la licité de la source n’est pas forcément évidente selon les points de vue (quid des MTP, etc).



Ce qui avait par contre été tranché par le Conseil d’Etat il y a quelques années, c’est bien que le fait que la copie privée et le calcul de ses barèmes ne peut s’appliquer que sur des sources licites.

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C’est pas la copie qui doit être légale (la copie rentre justement dans le cadre de l’exception au droit d’auteur qu’est la copie privée), c’est la source.
Et c’est légal de prêter un CD à un ami, donc la source est légale, donc la copie rentre dans le cadre de la copie privée.



Pour les MTP, je crois me souvenir que si la protection est trop faible (comme pour les DVD par ex.), la copie était autorisée, mais je retrouve pas l’info…

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Je reconnais avoir été un peu cavalier en disant qu’elle est illégale, car ce n’est au final pas si défini vu que les avis se contredisent. Des quelques articles trouvés via recherche sourçaient des juristes qui disaient oui et d’autre non.



De ma connaissance, la loi ne semble pas définir explicitement une source licite. L’article L311-1 du code de la propriété intellectuelle fait référence aux L122-5 et L211-3 du même code qui se contentent de dire que l’auteur ne peut empêcher les copies à partir d’une source licite si son usage est dans le cadre strictement privé, cercle familial ou à usage personnel. Et ça ce fut entre autres confirmé par la CJUE. La seule base de définition de la source licite que j’ai pu voir, c’est une source qui ne porte pas préjudice aux ayants-droits. Un cas est évident : un film téléchargé sur Piratebay est une source illicite et son inscription sur un DVD n’est en aucun cas couvert par la copie privée.



Mais derrière, qu’est-ce qu’une source licite ? Un CD acquis légalement en est une, mais un CD prêté en dehors du cadre personnel en est-il une ? Un CD emprunté à la médiathèque en est-il une ? Un DVD loué en est-il une ? Perso je ne sais pas y répondre et l’ajout de la licité de la source à la loi a posé quelques inconforts justement.



En fait, la plupart des articles que je trouvais montraient que les affaires qui ont traité ce point ont botté en touche ou on esquivé la question. De ce fait, il ne semble pas y avoir de réelle jurisprudence sur le sujet. Donc par définition, j’ai envie de dire que le cas d’usage cité n’est pas illicite puisque aucun jugement à ma connaissance n’est venu le déclarer formellement, mais au regard de la loi l’est-il quand même ?



Pour les MTP c’est pareil : d’un côté sacralisés en interdisant de les contourner (LCEN ou DADVSI je ne sais plus laquelle), de l’autre Hadopi acceptait leur contournement à des fins d’interopérabilité.

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SebGF a dit:


Est-ce légal de copier un CD qui t’a été prêté ?



J’avais déjà recherché un peu sur le sujet, et pour le coup, la licité de la source n’est pas forcément évidente selon les points de vue (quid des MTP, etc).


+1



Quand j’avais regardé la définitions des MTP, j’avais trouvé ça écœurant d’amateurisme.




durthu a dit:


Vraiment …. je viens d’aller faire un tour sur le site Copieprivéeet une phrase m’intrigue vraiment : “Plus concrètement, la rémunération pour copie privée permet, par exemple, de copier notre film préféré sur notre box, d’enregistrer notre musique ou nos images favorites sur notre smartphone, de lire nos livres sur notre tablette.


…. Sauf qu’à coté de cela, ces usages sont limités par les éditeurs: Avec les CD ils sont coincés , mais les DVD, BR sont censés être protégé contre la copie , et je ne parle pas des services de streaming.



Donc on compense pour un préjudice qui n’existe pas, car les éditeurs font tout pour l’éviter.
A coté de ça, bien sur, ça n’empêche pas le piratage ou le RIP, car des logiciels existent pour. Mais on a pas le droit de le dire explicitement.



Bref c’est une usine à gaz partisane simplement parce qu’on a pas envie de dire officiellement que comme ils peuvent rien faire pour le piratage, ils se refond autrement, et d’une manière opaque.




anagrys a dit:


Petite précision au passage pour celles et ceux qui ont décidé de s’en souvenir au moment de glisser un bulletin dans l’urne dans les prochaines semaines : la position de “la France” sur ce sujet est constante, quelle que soit la majorité au pouvoir. Nous sommes en présence soit d’un superbe sujet trans-partisan, soit d’un sujet piloté par une administration qui reste en place en dépit des changements de tête. Aucun espoir de voir un changement à court terme, donc.


Remarque intéressante.
Je pense que le sujet de l’administration qui reste en place malgré les changements de tête peux s’appliquer à beaucoup d’autres domaines.
Plus que l’élection, c’est ce qui me fait le plus peur dans ce pays : On pourra jamais changer la trajectoire du titanic, même en changeant de capitaine (quelque part ça permet aussi de relativiser l’importance des élections)

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hellmut a dit:


Ca reste une petite minorité, comme je le disais.

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C’est ni plus ni mois qu’une gabelle numérique : on taxe le stockage (un élément clé de toute activité de nos jour) sans discernement juste pour engraisser ces ayant-trop-de-droits !



Et ça ne profite même pas à l’état ou la communauté, mais juste a une poignée de parasites. A ce stade c’est plus une taxe mais du racket en bande organisée.

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Serveur, cloud…
Parles t-on de plateformes qui fournissent de l’espace disque en ligne (gdrive…) uniquement ?
Ou également de tous les serveurs dédiés qui sont dans les datas center.
Un propriétaire de site web devra t-il payer cette taxe ? (et trèèèès éventuellement se la fera remboursé)

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Donc, si un quidam accède à son cloud sans fichiers musicaux / vidéos, via un smartphone reconditionné, la « compensation » aura été payée 3 fois (voire 4) pour 0 préjudice.



:mad2:

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SebGF a dit:


Un CD emprunté à la médiathèque en est-il une ?


Oui, tout comme un livre lors d’une copy party ou en solo le reste du temps. :D

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Article intéressant, merci. :yes:



De plus il répond justement de manière plus nuancée à la question.




Il y a d’autres subtilités que j’avais détaillées dans l’analyse du cadre juridique. Par exemple, il y a une chose assez drôle : pour un CD de musique, vous avez le droit de le copier dans la bibliothèque, mais si vous l’empruntez vous n’avez plus le droit de le copier chez vous.(…)


Autre passage qui confirme aussi la possible absence de licité de la source : si la MTP a été cassée pour réaliser la copie, la source devient illicite.




Vous devez prendre les documents originaux qui sont dans la bibliothèque, évidemment, et vous n’avez pas le droit de briser une mesure technique de protection. Si vous tombez sur un DVD, un CD ou un autre contenu, qui est protégé par un dispositif qui vous empêche la copie, vous n’avez pas le droit de le faire sauter. Ça c’est la loi DADVSI.


Là où la seule exception à cette protection étant dans le cadre de l’interopérabilité.

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Depuis le début (1986 si je me souviens bien) la taxe sur la copie privée est une hypocrisie monumentale, une taxe privée réclamée par les sociétés de gestion de droits pour compenser l’explosion des copies illicites (le mot piratage est une création de leur communication pour dramatiser l’enjeu, évidemment les journaleux ont tout gobé).
D’ailleurs jusqu’à l’avis du conseil d’État tout ce beau monde ne se cachait pas de dire que c’était pour compenser pour tous ces méchants consommateurs pirates. Et les consommateurs vont crier contre la TVA, la taxe carbone, la tipp, (la future taxe COVID/crise/souscription nationale forcée ?), mais jamais contre cette taxe privée qui est malheureusement indolore, invisible pour la grande majorité.



La culture est subventionnée à mort en France mais effectivement cette taxe est une subvention déguisée donc elle n’apparaît pas dans le total. Mais elle permet à quelques uns de vivre grassement du système (disons les producteurs qui se partagent le gros du gâteau), quelques autres de vivres très confortablement (les sociétés de services et les familles d’intermittents qui monopolisent les meilleurs cachets) et à la masse des intermittents de courir le cachet pour une qualité de vie aléatoire, une prétendue indépendance d’esprit animée par leur art qui n’est en fait que le socle de ce système pyramidal qui confine au féodal.

Copie privée : comment la France a plaidé la taxation du cloud devant la justice européenne

  • Le cloud est un support, comme une tablette ou un smartphone

  • Discothèque ou vidéothèque dans le cloud

  • Une telle extension respecte le test en trois étapes

  • Un mille-feuille de perceptions ? Aucun souci 

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