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Vega-C : du retard à l’allumage, mais un succès pour le vol inaugural du nouveau lanceur européen

Pas de triskaïdékaphobie à l’ESA

Vega-C : du retard à l’allumage, mais un succès pour le vol inaugural du nouveau lanceur européen

Le 13 juillet 2022 à 09h28

C’est aujourd’hui, mercredi 13 juillet à 13h13, que Vega-C devrait décoller depuis Kourou, le port spatial de l'Europe, pour son vol inaugural. La fusée embarque plusieurs charges utiles à son bord. Il s’agit d’une étape importante pour la souveraineté européenne de l’accès à l’espace, et aussi d’une répétition générale pour Ariane 6.

L’Agence spatiale européenne aime visiblement bien le chiffre 13 puisque l’actuel lanceur Vega a réalisé son premier vol le 13 février 2012. Comme on peut s’en douter, Vega-C est une version améliorée de Vega, avec un premier étage propulsé par un moteur P120C, que l’on retrouvera aussi sur Ariane 6 : sur les deux ou quatre propulseurs d’appoint d’Ariane 62 et 64 respectivement.

Les chiffres de Vega-C, les améliorations par rapport à Vega

Vega-C est capable d’emporter jusqu’à 3,3 tonnes sur une orbite basse (LEO), 2,3 tonnes sur une orbite héliosynchrone (SSO) et 2,25 tonnes sur une orbite polaire. C’est plus que Vega qui se contente de 2,3 tonnes en orbite basse et 1,5 tonne sur une héliosynchrone. Nous avons pour rappel expliqué les différentes orbites dans cet article de notre deuxième magazine.

« Pour atteindre ces performances, plusieurs modifications ont été réalisées. Les deux premiers étages ont augmenté en volume et en diamètre, pour des moteurs plus puissants », précise le CNES. Ce nouveau lanceur dispose toujours de quatre étages.

Vega-CVega-C

Le premier avec un moteur P120C, le second Zefiro 40 (Z40), le troisième Zefiro 9 (Z9) et enfin le quatrième AVUM+, une version améliorée de l’AVUM que l’on retrouve sur l’actuel Vega. La fusée mesure 35 mètres de haut pour 3,3 mètres de diamètre, avec une masse de 210 tonnes. À titre de comparaison, les mensurations de Vega sont respectivement : 30 et 3 mètres, pour 137 tonnes.

Le décollage est prévu à 13h13 et un direct sera proposé en anglais sur la chaine ESA Web TV One et en italien sur la Two, à partir de 12h45 dans les deux cas et pour une durée de 4h45.

Le déroulement de la mission (minute par minute) est expliqué dans le graphique ci-dessous :

Vega-C

Cette mission inaugurale du nouveau lanceur Vega-C « permettra de démontrer l'adaptabilité du lanceur en plaçant une charge utile scientifique principale (LARES-2) et un groupe de CubeSats secondaires sur différentes orbites lors d’un seul lancement », explique le CNES. Nous reviendrons sur les enjeux de chacun.

Limiter les coûts et favoriser les sources européennes

L’Agence spatiale européenne précise que Vega-C n’est pas qu’une question de performances : « Le développement du nouveau lanceur a également pour but de diminuer son coût récurrent grâce à une optimisation industrielle et de limiter l’exposition de la production aux sources non européennes ». 

Ce n’est pas le seul avantage : il peut également « accueillir des chargements de formes et de tailles différentes, allant de plusieurs petits satellites d’un kilogramme à une seule grande charge utile ». De plus, les développements en cours « augmenteront à l’avenir les capacités de Vega-C pour inclure des opérations en orbite et des missions de retour utilisant le module de rentrée atmosphérique Space Rider », nous y reviendrons dans un prochain article.

Le satellite LARES-2 va mesurer le Lense-Thirring

Pour cette mission Vega-C (nom de code VV21), la charge utile principale sera LARES-2 (Laser RElativity Satellite #2), une mission de l’Agence spatiale italienne (ASI). Le CNES rappelle que ce lancement « résonne avec le premier vol de Vega, en 2012, qui avait déjà placé en orbite un premier satellite LARES » ; le 13 du mois dans les deux cas.

Le but de ces satellites est d’étudier le champ gravitationnel de notre Terre. Plus précisément, il s’agit de « mesurer ce qu'on appelle le Lense-Thirring ou effet de traînée de trame. Il s'agit d'une distorsion de l'espace-temps causée par la rotation d'un corps massif tel que la Terre, comme prédit par la théorie de relativité générale d'Albert Einstein ».

6 CubeSats, trois sur les composants électroniques

Toujours dans Vega-C, on retrouve « quatre deployers emportant six microsatellites (Greencube, MT-cube 2, Celeste, Alpha, Astro bio et TRISAT-R) ». Ces charges secondaires sont construites par des universités et des organismes de recherches européens.

Le CNES donne des détails sur chaque microsatellite et sa mission. AstroBio « testera une solution de détection de biomolécules qui pourrait aider à surveiller la santé des astronautes et à rechercher des signes de vie lors de missions d’exploration planétaire ». Greencube essayera de faire pousser des plantes en microgravité, avec des capteurs et une caméra pour suivre cela de près. 

L’électronique au sens large du terme est aussi à l’honneur avec Vega-C. Trisat-R veut améliorer « la modélisation du rayonnement spatial et à démontrer les techniques de protection des composants électroniques à hautes performances ». MTCube-2 « exposera différents types de mémoire flash à l’environnement de rayonnement spatial tout en surveillant les erreurs et en diffusant des messages à la communauté des radioamateurs ».

On continue avec Celesta qui « étudiera les courts-circuits du système électronique provoqués par des particules énergétiques et comparera l’environnement radiatif en orbite avec celui produit dans la chambre de radiation CHARM du CERN ». Enfin, les expériences d’ALPHA « exploreront les phénomènes liés à la magnétosphère terrestre, tels que les aurores boréales et australes, et feront la démonstration de technologies conçues pour atténuer les effets du rayonnement ».

Vega-C

Ce lancement est important à plus d’un titre. En plus de réduire les coûts et apporter plus de flexibilité du lanceur léger européen, il s’agit du baptême du feu pour le moteur P120C, qui sera en couple ou en quatuor sur Ariane 6. Déjà que le lanceur lourd n’en finit pas d’accumuler les retards – il est désormais question de 2023 pour le vol inaugural –, un problème sur Vega-C pourrait encore repousser le calendrier… 

Vega-C n’a donc pas le droit à l’erreur, d’autant plus avec l’arrêt de l’utilisation de Soyouz suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cette situation profite à SpaceX qui récupère des contrats au passage, comme avec OneWeb. 

Commentaires (25)

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Dire qu’il y a des personnes qui gagnent leur vie en trouvant de tels sous-titres :bravo:

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L’ESA l’a bien cherché, ils ont voulu lancer à 13h13 heure française, finalement lancé à 13h13 UTC !



Bravo pour ce premier vol ! Et on sait que les futurs boosters d’Ariane 6 fonctionnent !

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Bon vent et bon vol à Vega-C !



Pour info, ce programme est également important pour la dissuasion nucléaire française car le P120C est également le propulseur du missile M51.

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décollage en stand by pour le moment ^^”
j’espère que ça ne sera pas annulé

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décollage reporté à 14h13

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En attendant la seconde reprise de décompte, restons positif.

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Comme quoi la triskaïdékaphobie… :D

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Je ne suis pas superstitieux, ça porte malheur :D

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Ils viennent d’annoncer le décollage pour 13h13 UTC, ça marche encore !

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Oh cool, ils m’ont attendu !

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Tous les voyants sont au vert :yes:

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La video est moins impressionnante que celles de space X :D

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2,3 tonnes sur une orbite héliosynchrone (SSO) et 2,25 tonnes sur une orbite polaire


Je ne suis pas sûr de bien comprendre cette distinction : une orbite héliosynchrone est une orbite polaire … qu’est-ce qui m’échappe ?



Sinon, so far so good ! 🤞

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(reply:2083292:Ami-Kuns)


Ben je suis pas plus avancé … À moins que par « orbite polaire » ils sous-entendent « orbite polaire non héliosynchrone » ?




(quote:2083292:Ami-Kuns)
Les orbites héliosynchrone ne sont pas tous polaires.


Tu es sûr ? Tu aurais un exemple ? J’ai du mal à visualiser …



D’ailleurs, sur [la page des orbites héliosynchrones] du même site :




Il s’agit d’une orbite polaire (qui passe près du pôle), basse (entre 600 et 1000 km) et de périodicité courte (décrite toutes les 96 à 110 minutes).


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Une orbite héliosynchrone désigne une orbite géocentrique légèrement rétrograde dont on choisit l’altitude et l’inclinaison de sorte que l’angle entre le plan d’orbite et la direction du Soleil demeure quasiment constant (dixit wikipedia).



Typiquement, les orbites héliosynchrones utilisées ne sont pas tout à fait polaires (inclinaison autour de 97-98° contre 90° par définition pour une orbite polaire)

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ray_lifequest a dit:


Typiquement, les orbites héliosynchrones utilisées ne sont pas tout à fait polaires (inclinaison autour de 97-98° contre 90° par définition pour une orbite polaire)


Effectivement, dans ma tête 98° c’était toujours une orbite polaire (parce que ça passe suffisamment près des pôles), mais si on en prends une définition rigoureuse ça n’est pas vraiment le cas.



D’autant qu’apparemment, plus l’orbite est haute plus elle a besoin d’inclinaison (je pige pas vraiment pourquoi). Mais ça serait raccord avec le fait que les orbites polaires soient généralement basses, et avec le fait que les orbites héliosynchrones demandent plus de carburant pour être placées :




2,3 tonnes sur une orbite héliosynchrone (SSO) et 2,25 tonnes sur une orbite polaire


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Vu qu’il s’agit d’un lanceur léger, est-ce que le célèbre “Go hot dog, go !” doit être adapté en “Go saucisse cocktail, go !” ?

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(reply:2083248:Victor von Jul)


Source ?



Car à priori le M51 vole déjà depuis plusieurs années et est en service actif.

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“suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie”
Mouais. Plutôt : suite aux sanctions débiles des toutous eurofascistes, responsables de ne pas avoir fait respecter les accords de Minsk en 2015, en plus d’être aller fournir des armes à l’Ukraine dès 2014 (dixit darmanin qui a été assez stupide pour l’avouer publiquement), et responsable également d’avoir une fois encore laisser l’état profond US s’ingérer dans les politiques de notre continent - l’irak ne leur a définitivement rien appris.
Je ne dis pas que les russes sont des enfants de chœur, mais quand on voit les vidéos d’Asselineau sur le conflit ukrainien, on comprend beaucoup mieux l’histoire, et la mentalité slave qui a conduit Poutine à défendre ses pairs. Ce que la France a également fait avec l’Alsace Lorraine à une autre époque.
C’est très dommageable pour l’espace, la recherche scientifique, et la coopération internationale. Mais sérieusement : quand on voit la chasse aux russes jusque dans des opéras, on est revenu au bon vieux Maccarthysme qu’on pensait avoir disparu.
La science doit être neutre et sans frontière, sinon elle ne sert pas l’humanité : juste une frange d’imbéciles qui se prend pour le centre du monde, et qui n’a pas encore assimilé que l’hégémonie des USA touche à sa fin, et que le prochain géant planétaire se nomme la Chine.
Il serait surtout temps que l’Europe se fasse un bon gros stock de terres rares, et fabrique ses propres puces chez elles, parce que quelque chose me dit que la Taïwan indépendante n’en a plus pour longtemps…

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hansi a dit:


Je ne dis pas que les russes sont des enfants de chœur, mais quand on voit les vidéos d’Asselineau sur le conflit ukrainien, on comprend beaucoup mieux l’histoire, et la mentalité slave qui a conduit Poutine à défendre ses pairs. Ce que la France a également fait avec l’Alsace Lorraine à une autre époque.


Tu veux dire que dans les vidéos d’Asselineau, il raconte qu’en 1914 c’est la France qui a déclaré la guerre à l’Allemagne dans le but de récupérer l’Alsace-Moselle ? :mdr2:
‘tain, on n’a pas les mêmes livres d’histoire.

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Le replay du lancement est disponible par ici.


Décollage à 2:32:15

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hansi a dit:


Je peux corriger?




“suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie” Mouais. Plutôt : suite aux sanctions débiles des toutous eurofascistes, responsables de ne pas avoir fait respecter les accords de Minsk en 2015, en plus d’être aller fournir des armes à l’Ukraine dès 2014


Suite à tous les idiots utiles qui n’ont pas vu (ou voulu voir) que Poutine n’a jamais eu la moindre envie de négociation, que tout le reste n’est qu’emballage pour la forme. J’ai retrouvé récemment un Courrier International pour 2001 (le récap de début d’année et les choses à suivre). Il était déjà écrit clairement que la Russie de Poutine voulait ré-envahir ses voisins : si on avait été cohérent, on aurait directement mis sous protection tous les pays qui le demandait et on laissait la Russie décider de son évolution à elle toute seule.




Je ne dis pas que les russes sont des enfants de chœur,


Un peu si, car les accords de Minsk sont à considérer, à postériori, comme l’entérinement d’une stratégie de conquête de territoire de la Russie (et arrêtez avec la protection de russophone, il s’en moque).




mais quand on voit les vidéos d’Asselineau sur le conflit ukrainien,


A oui, je vois la source, cela risque d’être grandiose.




on comprend beaucoup mieux l’histoire, et la mentalité slave qui a conduit Poutine à défendre ses pairs. Ce que la France a également fait avec l’Alsace Lorraine à une autre époque.


Non, non et non. Asselineau est toujours aussi bon pour partir des conclusions pour les ajuster à ses envies. Il a déjà été démonté mainte fois par des historiens qui ont commenté ses délires.
Ici, Poutine vit dans son rêve d’une grande Russie sauf qu’il n’est pas partagé par les peuples qu’il veut reconquérir par la force (et les viols). C’est quand même une grande différence avec l’Alsace Lorraine. Sans compter que cela fait remonter la Russie au siècle dernier, cela ne montre pas une grande évolution.



C’est très dommageable pour l’espace, la recherche scientifique, et la coopération internationale.




Mais sérieusement : quand on voit la chasse aux russes jusque dans des opéras, on est revenu au bon vieux Maccarthysme qu’on pensait avoir disparu.


Alors pour l’instant, ceux qui font la chasse aux idées divergentes, c’est bien la Russie de Poutine. Par contre, pour l’ouverture du festival d’Avignon, sur la scène principale, Anton Tchekhov, il est bien russe? Et le metteur en scène, Kirill Serebrennikov, il est russe?
Bref, vous avez eu des réactions épidermiques au départ, mais maintenant il y a un tri entre le bon grain et l’ivraie: ne sont stoppé que les spectacles qui soutiennent la guerre DE Vladimir POUTINE contre l’Ukraine.




La science doit être neutre et sans frontière, sinon elle ne sert pas l’humanité : juste une frange d’imbéciles qui se prend pour le centre du monde, et qui n’a pas encore assimilé que l’hégémonie des USA touche à sa fin, et que le prochain géant planétaire se nomme la Chine.


Et bien, cela fait rêver votre future, la Chine comme dominant et décideur de qui est bien ou mal. Vous avez détesté la vision américaine, vous allez adorer la vision chinoise.




Il serait surtout temps que l’Europe se fasse un bon gros stock de terres rares, et fabrique ses propres puces chez elles, parce que quelque chose me dit que la Taïwan indépendante n’en a plus pour longtemps…


Rappelez moi, ce n’est pas votre clown qui prône la sortie de l’Union Européenne et le retour du chacun pour soit?

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Thorgalix_21 a dit:


Tous les voyants sont au vert :yes:


Et les aveugles au boulot ?

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Je ne l’avais pas vu venir (hihihi)

Vega-C : du retard à l’allumage, mais un succès pour le vol inaugural du nouveau lanceur européen

  • Les chiffres de Vega-C, les améliorations par rapport à Vega

  • Limiter les coûts et favoriser les sources européennes

  • Le satellite LARES-2 va mesurer le Lense-Thirring

  • 6 CubeSats, trois sur les composants électroniques

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