Directive NIS : les acteurs du Web tenus de notifier leurs incidents aux autorités de contrôle ?

Directive NIS : les acteurs du Web tenus de notifier leurs incidents aux autorités de contrôle ?

Le brise de NIS

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Marc Rees

Publié dansDroit

07/08/2015
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Directive NIS : les acteurs du Web tenus de notifier leurs incidents aux autorités de contrôle ?

Les acteurs du numérique se verront-ils obligés de reporter aux autorités les incidents de sécurité, à l’instar des opérateurs d’importance vitale (OIV) ? Il semble que oui, à en croire les derniers développements autour de la future directive NIS (Network and information security).

Selon un document consulté par Reuters, l’Europe envisage finalement de faire entrer les acteurs des nouvelles technologies dans le giron de la directive NIS. Les moteurs de recherche, les réseaux sociaux, les acteurs du cloud, etc. rejoindraient là le secteur de l’énergie, de l’eau ou des transports, et autres opérateurs d’importance vitale.

Le reporting d’incident frappant le numérique

Si un tour de table auprès des États européens est encore attendu d’ici la rentrée, cette qualification emporterait en l'état une série d’obligations que le document de Reuters ne détaille pas. On sait simplement qu’elles seraient différenciées compte tenu des spécificités du secteur. Par exemple, ceux en liaison directe avec les infrastructures physiques seraient soumis à un régime plus strict que les pures plateformes de service. À tout le moins, tous auraient pour obligation de signaler aux autorités de contrôle en charge de la cybersécurité, les incidents frappant leur univers.

En France, à ce jour, cette compétence est dévolue à l’ANSSI, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information, mais seulement à l'égard des OIV. Depuis la loi de programmation militaire de 2013, centrales nucléaires, hôpitaux, sociétés de transports, etc. ont donc l'obligation de fournir « les informations nécessaires pour évaluer la sécurité de ses systèmes d'information, notamment la documentation technique des équipements et des logiciels utilisés dans ses systèmes ainsi que les codes sources de ces logiciels ».

Le Code de la défense permet en effet au Premier ministre de fixer les règles de sécurité nécessaires à la protection des systèmes d'information de ces opérateurs critiques, ceux dont l'atteinte à la sécurité ou au fonctionnement risquerait de diminuer d'une façon importante le potentiel de guerre ou économique, la sécurité ou la capacité de survie de la Nation. Et ces règles doivent être appliquées à la lettre et au frais des OIV.

Ajoutons en outre que suite à l'adoption du Paquet Télécom en Europe, les fournisseurs d’accès ont aussi l’obligation de signaler à la CNIL les fuites de données personnelles dont souffriraient leurs infrastructures. Bref, des obligations très spécifiques limitées à quelques centaines d'acteurs, tout au plus. 

Les critiques des acteurs du numérique

Voilà plusieurs mois que cette future directive NIS envisage cependant l'extension du périmètre d’intervention des autorités. Et sans surprise, la mesure a déjà été critiquée, notamment fin 2014.

L’Afdel, l’association française des éditeurs de logiciels et de solutions Internet, estime ainsi qu’une obligation indifférenciée de reporting d’incidents « pourrait porter atteinte à la compétitivité des entreprises du numérique, en particulier des entreprises françaises et européennes du numérique – dont de nombreuses PME, qui n’ont pas toute la capacité d’adaptation des grands groupes internationaux –, sans atteindre les objectifs poursuivis en termes de sécurité ».

Mieux, selon elle, « l’application des obligations déjà imposées aux opérateurs d’infrastructures critiques à l’ensemble des entreprises du numérique ne se justifie pas et il serait disproportionné et dans la plupart des cas redondant de leur imposer des obligations administratives supplémentaires, en particulier l’obligation de signalement des incidents de sécurité auprès des agences nationales en charge de la cybersécurité. »

Mêmes reproches du côté de l’ASIC, l’association des services Internet communautaire, qui craint de voir chaque État membre devenir « le Directeur des services informatiques de l’ensemble des acteurs du numérique ». Elle rappelait alors qu’en mars 2014, le Parlement européen ne s’était focalisé que sur les acteurs d’importance réellement vitale, pas au-delà. « Or, il semble aujourd’hui que cet équilibre soit remis en cause par plusieurs États membres, dont la France. Ceux-ci souhaitent ainsi étendre très largement le champ d’application du texte en couvrant toutes les industries du numérique  y englobant les intermédiaires, les sites de commerce électronique, les hébergeurs de données, les sites de médias ou les développeurs d’objets connectés. »

Pour l’Asic, « les agences de cybersécurité – comme par exemple l’ANSSI – auront la compétence pour expertiser et ainsi s’introduire dans tous les systèmes informatiques de ces acteurs du numérique. Un développeur d’objets connectés devra-t-il bientôt confier les clés à l’ANSSI ? Un hébergeur de données devra-t-il également offrir un accès à toutes les données stockées ? Un site de médias devra-t-il aussi donner à l’ANSSI une porte d’accès à l’ensemble de ses serveurs, notamment e-mails ? »

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Écrit par Marc Rees

Tiens, en parlant de ça :

Chiffre et formules mathématiques sur un tableau

CVSS 4.0 : dur, dur, d’être un expert !

C’est comme CVSS 5.0 mais en moins bien

18:17 Sécu 1
Une tête de fusée siglée Starlink.

Starlink accessible à Gaza sous contrôle de l’administration israélienne

Géotechnopolitique

16:37 Web 19
Fibre optique

G-PON, XGS-PON et 50G-PON : jusqu’à 50 Gb/s en fibre optique

Il faudrait déjà généraliser la fibre

16:03 HardWeb 20

Sommaire de l'article

Introduction

Le reporting d’incident frappant le numérique

Les critiques des acteurs du numérique

Chiffre et formules mathématiques sur un tableau

CVSS 4.0 : dur, dur, d’être un expert !

Sécu 1
Une tête de fusée siglée Starlink.

Starlink accessible à Gaza sous contrôle de l’administration israélienne

Web 19
Fibre optique

G-PON, XGS-PON et 50G-PON : jusqu’à 50 Gb/s en fibre optique

HardWeb 20
Photo d'un immeuble troué de part en part

Règlement sur la cyber-résilience : les instances européennes en passe de conclure un accord

DroitSécu 7
lexique IA parodie

AGI, GPAI, modèles de fondation… de quoi on parle ?

IA 7

#LeBrief : logiciels libres scientifiques, fermeture de compte Google, « fabriquer » des femmes pour l’inclusion

livre dématérialisé

Des chercheurs ont élaboré une technique d’extraction des données d’entrainement de ChatGPT

IAScience 3
Un chien avec des lunettes apprend sur une tablette

Devenir expert en sécurité informatique en 3 clics

Sécu 11
Logo ownCloud

ownCloud : faille béante dans les déploiements conteneurisés utilisant graphapi

Sécu 16
Le SoC Graviton4 d’Amazon AWS posé sur une table

Amazon re:invent : SoC Graviton4 (Arm), instance R8g et Trainium2 pour l’IA

Hard 7
Logo Comcybergend

Guéguerre des polices dans le cyber (OFAC et ComCyberMi)

Sécu 10

#LeBrief : faille 0-day dans Chrome, smartphones à Hong Kong, 25 ans de la Dreamcast

Mur d’OVHcloud à Roubaix, avec le logo OVHcloud

OVHcloud Summit 2023 : SecNumCloud, IA et Local Zones

HardWeb 2
algorithmes de la CAF

Transparence, discriminations : les questions soulevées par l’algorithme de la CAF

IASociété 62

Plainte contre l’alternative paiement ou publicité comportementale de Meta

DroitIA 33
Nuage (pour le cloud) avec de la foudre

Économie de la donnée et services de cloud : l’Arcep renforce ses troupes

DroitWeb 0
De vieux ciseaux posés sur une surface en bois

Plus de 60 % des demandes de suppression reçues par Google émanent de Russie

Société 5
Une vieille boussole posée sur un plan en bois

La Commission européenne et Google proposent deux bases de données de fact-checks

DroitWeb 3

#LeBrief : des fichiers Google Drive disparaissent, FreeBSD 14, caméras camouflées, OnePlus 12

Le poing Dev – round 6

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Produits dangereux sur le web : nouvelles obligations en vue pour les marketplaces

Droit 9
consommation de l'ia

Usages et frugalité : quelle place pour les IA dans la société de demain ?

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La NASA établit une liaison laser à 16 millions de km, les essais continuent

Science 17
Concept de CPU

Semi-conducteurs : un important accord entre l’Europe et l’Inde

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#LeBrief : PS5 Slim en France, Valeo porte plainte contre NVIDIA, pertes publicitaires X/Twitter

Un mélange entre une réunion d’Anonymous et de tête d’ampoules, pour le meilleur et le pire

651e édition des LIDD : Liens Intelligents Du Dimanche

Web 30
Bannière de Flock avec des bomes sur un fond rouge

#Flock, le grand remplacement par les intelligences artificielles

Flock 34
Un Sébastien transformé en lapin par Flock pour imiter le Quoi de neuf Docteur des Looney Tunes

Quoi de neuf à la rédac’ #9 : LeBrief 2.0, ligne édito, dossiers de fond

Next 65
Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

Commentaires (18)


eliumnick Abonné
Il y a 8 ans

Ca me semble a priori normal que les acteurs du web doivent communiquer en cas d’attaque.

Mais l’article parle bien d’obligation différencié suivant les acteurs.

Du coup j’ai du mal à comprendre les réactions en fin d’article. A moins que celles-ci datent toutes de fin 2014.


redzeus
Il y a 8 ans


les informations nécessaires pour évaluer la sécurité de ses systèmes d’information, notamment la documentation technique des équipements et des logiciels utilisés dans ses systèmes ainsi que les codes sources de ces logiciels


L’Europe veut le code source de NextINpact ?!! <img data-src=" />


eliumnick Abonné
Il y a 8 ans






redzeus a écrit :

L’Europe veut le code source de NextINpact ?!! <img data-src=" />



Et oui, car NXI est un OIV <img data-src=" />



Nerkazoid
Il y a 8 ans

Avec les codes sources, ça devient tout de suite plus facile de s’introduire quelque part!!! Tremble NXI! TREMBLE!!!!!&nbsp;<img data-src=" />


Ricard
Il y a 8 ans

J’héberge mon site web. Je suis donc un acteur du numérique. Suis-je concerné ? Nan paske bon…


Nerkazoid
Il y a 8 ans

En même temps ton site jaime-le-pastis-coupe-a-leau.com est d’importance vitale pour les français <img data-src=" />


data_gh0st
Il y a 8 ans


L’Afdel, l’association française des éditeurs de logiciels et de solutions Internet, estime ainsi qu’une obligation indifférenciée de reporting d’incidents «&nbsp;pourrait porter atteinte à la compétitivité des entreprises du numérique, en particulier des entreprises françaises et européennes du numérique – dont de nombreuses PME, qui n’ont pas toute la capacité d’adaptation des grands groupes internationaux –, sans atteindre les objectifs poursuivis en termes de sécurité&nbsp;». &nbsp;

J’ai un poil de mal avec ce passage là : il sous entend que les boites françaises n’ont pas les moyens d’avoir une bonne sécurité, et que ça serait donc les désavantager que de révéler les attaques dont elles sont victimes ?


Ricard
Il y a 8 ans






DotNerk a écrit :

En même temps ton site jaime-le-pastis-coupe-a-leau.com est d’importance vitale pour les français <img data-src=" />


Ha. On parle donc du Minitel 2.0 quand on parle des “acteurs du numérique”. Dont acte.



CUlater
Il y a 8 ans


Un développeur d’objets connectés&nbsp;devra-t-il bientôt confier les clés à l’ANSSI ? Un hébergeur de données devra-t-il également offrir un accès à toutes les données stockées ? Un site de médias devra-t-il aussi donner à l’ANSSI une porte d’accès à l’ensemble de ses serveurs, notamment e-mails ?&nbsp;»
La CNIL aura-t-elle accès à des documents type personal data ???&nbsp;<img data-src=" />


Fieltor
Il y a 8 ans

Ils parlent principalement des PMEs qui n’ont pas les moyens de se payer un mec uniquement pour pallier à toutes les failles possibles pour leur applications/sites. Enfin c’est ce que j’en ai compris.


ragoutoutou Abonné
Il y a 8 ans






Fieltor a écrit :

Ils parlent principalement des PMEs qui n’ont pas les moyens de se payer un mec uniquement pour pallier à toutes les failles possibles pour leur applications/sites. Enfin c’est ce que j’en ai compris.


Pour la PME, je craindrais plus le problème de capacité à remplir toute la paperasse et à effectuer tous les devoirs supplémentaires en cas de problème… T’es une PME, tu te choppes un DDOS au niveau réseau et tu enchaines avec un DDOS administratif… alors bon, ça ne doit pas non-plus devenir une excuse pour pas faire le boulot correctement, mais il faut un point d’équilibre.



Lesgalapagos
Il y a 8 ans

Doit t-on signaler les tentatives d’installation de boites noires destinées à espionner le trafics ?


Soriatane Abonné
Il y a 8 ans

Je pense que déjà on devrait faire comme aux USA où les boites sont obligés de signaler à leur clients les fuites de données, cela évite de cacher cela sous le tapis comme cela a été le cas pendant de nombreuses années.
&nbsp;
Actuellement c’est plutôt la sécurité par l’obscurité.
&nbsp;

&nbsp;Après vu que de plus en plus de sites brasse de grandes quantités de données privées cela me semble pas un raisonnement idiot que de signaler les attaques aux autorités en proportions de l’importance.
&nbsp;

&nbsp;Il ne faut pas oublier que certains petits malins vous proposent de la domotique ou des alarmes connectées à la toile et sécurisé avec les pieds, combien de webcam sont accessible sur la toile ?? Combien de routeurs destinés à des particuliers ont des failles critiques qui ne seront jamais corrigés? Et nous ne parlerons pas des voitures connectés & Co….


picatrix
Il y a 8 ans

Est ce que pour un acteur du numérique dont le site fonctionne normalement puis se fait hacker (donc ne fonctionne plus) puis il répare (et ça refonctionne) puis il se fait encore hacker etc …
&nbsp;
Cet “acteur” a-t-il le droit de demander le statut très avantageux d’intermittent du spectacle ? <img data-src=" />


-DTL-
Il y a 8 ans

Je voudrais bien avoir la définition exact d’incident.
&nbsp;
Car si l’on doit signaler les (D)DoS, les tentatives d’injection SQL, scan de port,&nbsp; attaque par brutforce/dico en ssh, etc…
C’est juste pas viable.

Si c’est signaler une intrusion c’est déjà plus raisonnable.


philanthropos
Il y a 8 ans






-DTL- a écrit :

Je voudrais bien avoir la définition exact d’incident.
 
Car si l’on doit signaler les (D)DoS, les tentatives d’injection SQL, scan de port,  attaque par brutforce/dico en ssh, etc…
C’est juste pas viable.

Si c’est signaler une intrusion c’est déjà plus raisonnable.



L’ANSSI fournira une liste exhaustive. On peut les critiquer sur certains point, mais ils font les choses plutôt bien dans l’ensemble, y compris au niveau des documentations diverses.

Mais on peut se douter que communiquer à l’ANSSI l’attaque d’un Kevin de 14 ans qui s’écrase comme une mouche sur le firewall de l’entreprise ne sera pas une obligation <img data-src=" />

Cela reste à voir, mais je pense qu’ils seront forcés de communiquer sur les diverses attaques qui mettent à mal leur SI d’une manière où d’une autre.
Et au fond, ce n’est pas un mal puisque cela les forcera a adopter une stratégie sécuritaire plus forte au niveau de leur SI afin d’éviter de se prendre des remontrances de l’ANSSI.



ungars
Il y a 8 ans

Il s’agit de se préparer à une cyber-guerre à outrance qui ne va pas manquer de débouler dans quelques temps.


philanthropos
Il y a 8 ans






ungars a écrit :

Il s’agit de se préparer à une cyber-guerre à outrance qui ne va pas manquer de débouler dans quelques temps.



C’est déjà le cas, sauf que les infos’ ne sont pas dispo’ au grand-public de façon claire.

Il y a des sites spécialisé qui causent de cette problématique d’expansion de la guerre électronique (NB : sur internet, pas sur les champs de bataille).

Et à en voir les rapports journalier sur les flux internationaux, c’est clairement une 3ème Guerre Mondiale, la différence est qu’ici il n’y a pas de morts (pour le moment), mais que le but est de voler des informations et/ou briser l’économie à l’adversaire.