Émotions à l’Assemblée nationale : est-ce vraiment la faute des réseaux sociaux ?
GPT au rapport
Dans une note du CEPREMAP, trois économistes constatent l’évolution de la teneur des débats à l’Assemblée nationale. Ils décrivent l'émergence d'une « politique TikTok », surtout portée par La France Insoumise. La méthodologie de leurs travaux fait débat.
Le 17 janvier à 13h00
11 min
Société numérique
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L’Assemblée nationale, scène de spectacles sous l’effet des réseaux sociaux, et notamment de TikTok ? C’est la thèse détaillée dans une note de l’Observatoire du bien-être au Centre pour la recherche économique et ses applications (CEPREMAP).
Intitulée « La Fièvre parlementaire : ce monde où l'on catche ! Colère, polarisation et politique TikTok à l’Assemblée nationale », la note est co-signée par l’économiste Yann Algan, professeur d’économie à HEC, Thomas Renault, maître de conférence en économie à Paris 1, et Hugo Subtil, chercheur post doctoral à l’Université de Zürich.
Parmi les principaux éléments, les trois auteurs soulignent l’évolution de la tonalité des échanges au fil de la décennie. En 2014, selon leur analyse, « 22 % des discours appartiennent au registre émotionnel plutôt qu’au registre rationnel et des faits. Cette part augmente à 30 % avec l’Assemblée élue en 2017, puis culmine à 40 % avec celle de 2022 jusqu’à sa dissolution en juin 2024. » Deux partis affichent le plus d’interventions classées « émotionnelles » : la France Insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN).
Autre donnée avancée : la réduction des prises de parole, qui traduirait une évolution de fond dans les discours. « Il ne s’agit plus de débattre rationnellement et de convaincre, mais d’exciter les émotions des followers sur [les] réseaux » sociaux. En pratique, tous les partis auraient réduit leur temps de parole, mais LFI plus que les autres, « avec pas plus de 150 mots en moyenne en 2024 ».
Mêlé à des émotions comme la colère, ce format, indiquent-ils plus loin, « correspond exactement au format vidéo de moins d'une minute posté sur les réseaux », et notamment sur TikTok. Entre 2017 et 2024, les auteurs de la note relèvent néanmoins une augmentation de 25 % du nombre d'interruptions de discours, coupes qui peuvent aussi expliquer la réduction des propos.
Enfin, les trois économistes évoquent une polarisation « multipliée par six » au cours de la période, et notamment aggravée au cours des législatures de 2017 - 2022 et 2022 - 2024. « Le choc des colères se manifeste notamment par la violence verbale et le niveau sonore élevé. Selon les rédacteurs des débats de l’Assemblée, les députés ne parlent plus, ils hurlent. »
Des interruptions potentiellement sous-estimées
Mais la méthodologie de la note interroge. Pour réaliser leur analyse, les chercheurs ont récupéré sur le site NosDéputés.fr 1,9 million de discours prononcés de 2007 à 2024 par 1 622 députés issus de 29 partis politiques.
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Commentaires (28)
Hier à 14h12
Je me souviens d'une connaissance qui m'avait dit "je vais voter pour Mélenchon !". Je lui avais demandé pourquoi ? Ce à quoi il m'avait répondu "je kiff ces punchline !". Pas un mot sur son programme, ses mesures. De l'émotion, l'amusement, etc. et le vote est acquis.
Autrement, la culture de l'effet d'annonce (forme) en grandes pompes, sans étude d'mpact (fond) des mesures annoncées. Il faut capter l'attention constamment et rapidement. Donner l'impression que ça bouge.
En bref, il faut générer des vues, de "l'engagement", qui n'en n'est pas vraiment. Ça me donne l'impression désagréable de faire face à des influenceurs et des influenceuses façon Youtube, Twitch and co.
On peut retrouver cela plus aisément à l'assemblée nationale. L'âge moyen y est certainement plus jeune qu'au Sénat. Sénateurs et sénatrices qui, étant élu.e.s par les collectivités territoriales, sont probablement bien moins sensibles au fait de "marquer" les électeurs et les électrices pour se faire élire ou réélire.
Hier à 14h51
Il n'empêche que le background historique, social et politique de Meluche lui permet de faire ces punchlines. Et qu'elles fonctionnent. Ce n'est pas basé juste sur de la répartie.
Ce n'est pas juste un politique qui ressort des éléments de langage.
Lui, ils les pense, il les produits.
Modifié le 17/01/2025 à 16h09
Je ne me suis pas positionnée sur le background de Mélenchon, contre qui je n'ai aucun grief, ni n'ai préjugé sur sa personne ou son programme. Je ne comprends donc pas cette propension à venir le "défendre", vu que je ne l'ai pas attaqué. Il n'a été cité que pour l'exemple d'une personne que je connais qui voulait voter pour lui uniquement pour des raisons superficielles.
Ce cas, qui ne me semble pas être isolé, peut s'appliquer à n'importe quel homme ou femme politique (voir également les autres commentaires des abonné.e.s ci-dessous). A l'ère des tik tok/shorts (10-60 secondes), où l'attention fait défaut, la plupart n'ont ni le temps ni l'envie de saisir toute l'étendue du programme d'un.e candidat.e ou de son background. _édit_ Ils se basent donc sur le "spectacle".
Pour reprendre appui sur un autre commentaire de mon fait, merci de ne pas venir me donner l'heure en bon professeur.e, et de faire dévier mon commentaire vers un sens partisan auquel il ne tendait pas.
Hier à 17h40
Je voulais dire que ce que tu penses superficiel parce que associés à des punchlines sont des affirmations qui sont construites sur un travail concret.
Pas juste de la répartie pure, dans le vent.
Hier à 19h29
Par contre, la personne que je connais, qui a voté uniquement sur le coté percutant ou spectaculaire desdites punchlines, lui est superficiel. Rien en rapport avec son programme.
Ce qui me désole, c'est le "contenu" politique "consommé" comme du spectacle. En somme des consommateurs et des consommatrices, plutôt que des électeurs et des électrices dûment informé.e.s, ayant conscience que le vote politique a des conséquences. Ce n'est ni un jeu, ni un divertissement, même s'il peut en avoir l'apparence.
A l'avenir, je tacherai également d'être plus clair.
Modifié le 17/01/2025 à 23h26
Leurs hurlements aux relents trumpistes comme quoi l'élection leur a été volée étaient anti républicains. Ils réclament la proportionnelle mais refusent de jouer le jeu de la démocratie parlementaire.
Tout ça pour maximiser les chances de Mélenchon, le boomer millionaire qui a réussi l'exploit d'être parmi les hommes politiques les plus détesté après une vie dans l'opposition, et ne fera que propulser le RN au pouvoir en montrant chaque jour aux français que la gauche n'a rien à proposer de sérieux.
Modifié le 17/01/2025 à 18h05
Je n'aime pas la manière de faire LFI, mais c'est là que la gauche a fait sécession avec le "centre" libéro réactionnaire.
Sur la démagogie, c'est vrai que de plaindre les riches ou de diaboliser les migrants ce n'en est pas.
Hier à 14h57
J'ai entendu encore pire : je vais voter pour lui car il est trop beau
Mais ce n'était pas pour JLM
Hier à 15h13
"il est beau donc je vote pour lui" les bras m'en tombent
Hier à 17h01
Hier à 16h12
Hier à 14h44
Hier à 14h59
Hier à 14h47
Le RN est classé à l'extrême droite par ces idées politiques, pas juste parce que ces députés braillent.
Les LFI est classé à gauche, ce n'est qu'une scission du PS qui ne veut plus de compromission (comme le PS vient de la faire sur la dernière motion de censure). Et qui braillent aussi, je le reconnais.
Mais ils ne sont pas anti-capitalistes comme le NPA ou Lutte Ouvrière, qui eux sont des partis d'extrême gauche.
Donc cet organisme n'est pas neutre dans son rapport et dans l'action de publication de ce rapport.
Quelles sont ces intentions ?
Pourquoi son font-ils ça ?
Hier à 15h35
Hier à 17h47
Hier à 15h51
Hier à 17h34
Après il propose aussi que cette 6e République soit constituée par une assemblée constituante de citoyens donc potentiellement ce qu'il souhaite pour la 6e n'y sera pas, puisque ce sera dans les mains des citoyens.
Hier à 18h42
C'est vrai qu'il n'est pas à une incohérence près. Il réclamait à cors et à cris une dissolution pendant toute l'année 2023, et quand il l'a enfin eue en 2024, il a qualifié la dissolution de "déni de démocratie". Mince alors. Les gens ont la mémoire courte.
Bref, tout est dans la posture.
Modifié le 17/01/2025 à 18h05
LFI s'est enfermée dans une opposition, s'il la lâche, les électeurs (la base) ne comprendront pas et par effet domino le vote utile ira ailleurs.
Pour la VI, il y aura des élections, et normalement une explication avant le vote.
La Vème a déshabitué les gens aux coalitions gouvernementales issues du parlement.
Modifié le 17/01/2025 à 16h58
Si les conclusions de chercheurs ne vont pas dans le sens de la bonne idéologie on devrait les taire pour ne pas favoriser les mauvais partis ?
Hier à 17h31
Extrême droite et extrême gauche sont des qualifications qui correspondent à des descriptions précise. Pas juste le fait de brailler.
Or si ces chercheurs sont si factuels alors ils doivent s'attacher à retranscrire fidèlement les qualificatifs des sujets de leur analyse.
Hier à 15h27
WTF ?
Hier à 15h51
> La rhétorique émotionnelle, en particulier celle de la colère, s’est imposée depuis 2017, et de façon encore plus marquée à partir de 2022, tandis que le débat rationnel recule. Les interventions s’appauvrissent et se raccourcissent grandement ; les débats argumentés entre adversaires se sont transformés en attaques et interruptions systématiques entre ennemis. Cette fièvre est surtout portée par La France Insoumise et le Rassemblement National, bien que leurs trajectoires divergent, le RN adoptant progressivement une stratégie de normalisation.
La triste ironie de cette note est de faire ce qu'elle reproche : être aguicheuse et essayer de faire le buzz.
Hier à 19h18
Est-ce que les arguments peuvent encore compter un peu à présent ?
Hier à 20h22
Tordre le droit, cela ne serait pas dans un but de cliver, de provoquer des tensions sur la forme et non le fond, d'exacerber les passions, donc de jouer sur le registre de... l'émotion, par hasard ?
Hier à 20h53
Utiliser une décision de justice en lui faisant dire autre chose que ce qu'elle dit, c'est bien tordre le droit.
Ce cas est très différent de la classification que fait ici l'étude dans le cadre de l'Assemblée Nationale où si l'on se rapporte à l'origine des noms droite et gauche, LFI est bien à l'extrême gauche de l’hémicycle.
Au sein de l'Assemblée Nationale, LFI est bien d’extrême gauche puisque les autres partis français plus à gauches ne sont pas présents.
Aujourd'hui à 02h28