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L’Espagne veut créer un « droit de rectification » applicable aux médias et influenceurs

Defaked news

L’Espagne veut créer un « droit de rectification » applicable aux médias et influenceurs

En réponse à des fake news diffusée dans la presse et relayée par des influenceurs, le gouvernement socialiste envisage d'introduire un « droit de rectification » qui, au-delà des médias (à qui il est d'ores et déjà possible d'envoyer un « droit de réponse »), s'appliquerait aussi aux influenceurs.

Le 19 décembre à 10h30

Le gouvernement espagnol a présenté un avant-projet de loi qui prévoit que tous les médias, créateurs de contenu ou influenceurs ayant plus de 100 000 abonnés sur un réseau social ou plus de 200 000 tous réseaux confondus (qualifiés d’ « utilisateurs significatifs ») « devront disposer d'un mécanisme facile et accessible pour faciliter le droit de rectification des citoyens de notre pays », a précisé le ministre de la Justice Félix Bolaños.

La durée pour faire valoir ce « droit de rectification » sera également rallongée, passant de sept à 10 jours. Et il ne sera plus nécessaire de s'adresser au directeur de la publication, souligne l'AFP.

L’avant-projet de loi donne à ces « utilisateurs significatifs » un délai de trois jours pour rectifier l’information, faute de quoi les plaignants disposeront de sept jours pour se tourner vers la justice. S’il se saisit de l’affaire, le juge disposera de son côté de sept jours pour tenir une audience et rendre sa décision le jour même ou le lendemain, précise Le Figaro.

Un plan de « renouvellement démocratique »...

« Les citoyens de ce pays ont le droit de se défendre des menteurs professionnels », a déclaré le ministre de la Justice, pour qui il faut « être conscient de l'impact que les rumeurs et les fausses nouvelles exercent dans toutes les démocraties » :

« Il y a des professionnels de la rumeur et du mensonge qui, tous les jours, salissent notre débat public avec des mensonges. Le droit de rectification pourra s'exercer à leur encontre. »

L’initiative part d’un constat : de simples individus ayant construit de fortes audiences « ont une diffusion plus grande que beaucoup de médias traditionnels. Et il existe des professionnels des fausses informations qui tous les jours, par leurs mensonges, couvrent de boue le débat public », a ajouté Félix Bolaños.

Le Premier ministre social-démocrate espagnol Pedro Sánchez a fait de la lutte contre la désinformation une priorité et avait présenté en septembre un plan de « renouvellement démocratique » fustigeant les propagateurs « désinformation et diffamation », précise l'AFP.

... en réponse à des propagateurs de « désinformation et diffamation »

Ce plan gouvernemental avait été annoncé dans la foulée de l'ouverture d'une enquête pour « corruption et trafic d'influence » visant son épouse Begoña Gómez, après la plainte d'un collectif proche de l'extrême droite qui a depuis admis s'être appuyé sur des « informations de presse non vérifiées ».

Il doit être progressivement mis en œuvre jusqu'à la fin de la législature dans trois ans, et comprend une trentaine de mesures, dont la création d'un registre public recensant les journaux, leurs propriétaires et leurs revenus publicitaires, le renforcement du droit à la vie privée et à la rectification des informations erronées.

Les médias devront publier la liste de leurs actionnaires et limiter la publicité institutionnelle « afin d’éviter une dépendance au pouvoir politique », précise Le Figaro. Le gouvernement Sanchez critique en effet le financement par des régions et des mairies gouvernés à droite de médias aux faibles audiences, aux lignes éditoriales très hostiles à son exécutif et peu regardantes quant à la rigueur des informations publiées.

À ne pas confondre avec le « droit de rectification » du RGPD

En France et en Europe, en vertu du RGPD, le « droit de rectification » permet de corriger des données inexactes vous concernant (âge ou adresse erronés) ou de compléter des données (adresse sans le numéro de l’appartement) en lien avec la finalité du traitement, afin d’éviter qu’un organisme n’utilise ou ne diffuse des informations erronées vous concernant :

« Toute personne peut faire rectifier, compléter, actualiser, verrouiller ou effacer des informations la concernant lorsqu’ont été décelées des erreurs, des inexactitudes ou la présence de données dont la collecte, l’utilisation, la communication ou la conservation est interdite. »

La CNIL souligne cela dit qu'il « ne s'applique pas aux traitements littéraires, artistiques et journalistiques ».

Commentaires (7)

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Sur le principe, je trouve ça très intéressant de rendre des individus responsables du fait de raconter n'importe quoi (et surtout quand c'est préjudiciable aux autres). Mais en pratique, j'ai du mal à voir comment ça ne pourrait pas être détourné pour museler des voix, et que les groupes politiques opposés passent leur temps à se « rectifier » par médias/influenceurs interposés ...
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Surtout quand tu vois dans l'article :
Les médias devront publier la liste de leurs actionnaires et limiter la publicité institutionnelle « afin d’éviter une dépendance au pouvoir politique », précise Le Figaro. Le gouvernement Sanchez critique en effet le financement par des régions et des mairies gouvernés à droite de médias aux faibles audiences, aux lignes éditoriales très hostiles à son exécutif et peu regardantes quant à la rigueur des informations publiées.
Ça se rapproche quand même assez d'une lutte contre l'opposition.
Il y a un équilibre délicat à maintenir mais je ne suis pas sûr que son plan aille dans la bonne direction.
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Dans le domaine politique, je vois mal comment le fait de "raconter n'importe quoi" pourrait ne pas être préjudiciable aux autres. Dans d'autres domaines aussi.
Et quand on voit comment les élu se "rectifient" dans les assemblées, je ne saisis pas bien tes craintes : si ça peut être si dangereux que ça de pratiquer la rectification médiatique, doit-on alors l'interdire au parlement ?
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Entièrement d'accord avec toi, surtout qu'on fini par comprendre que la motivation est uniquement politique et vise des journaux (sans prendre en compte la variable de la qualité des publications) qui sont contre le gouvernement en place...
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Ce n'est que l’extension du droit de presse existant en le facilitant et l'étendant sur des personnes influentes sur les réseaux, non ?
Si un media publie sur les réseaux une fakenews, puis la rétracte 3 jours plus tard alors que 15 influenceurs l'ont partagé, qui aura lu le démenti ?
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Heureusement que les délais pour faire rectifier les mensonges sont très courts, sinon les politiques qui mentent comme des arracheurs de dents (surtout dans leurs promesses) seraient en permanence obligés de publiquement apporter des démentis sur leurs mensonges. :D
J'imagine volontiers après 5 ans de mandat présidentiel : "Je vous avais promis plus de sous, et moins d'impôts, j'ai menti, vous avez moins de sous, et plus d'impôts. Mais votez quand même pour moi aux prochaines élections"
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Ce plan gouvernemental avait été annoncé dans la foulée de l'ouverture d'une enquête pour « corruption et trafic d'influence » visant son épouse Begoña Gómez, après la plainte d'un collectif proche de l'extrême droite qui a depuis admis s'être appuyé sur des « informations de presse non vérifiées ».
Comme quoi, il ne suffit que de volonté politique ! :craint:. Et après on nous demande d'avoir confiance en eux...

L’Espagne veut créer un « droit de rectification » applicable aux médias et influenceurs

  • Un plan de « renouvellement démocratique »...

  • ... en réponse à des propagateurs de « désinformation et diffamation »

  • À ne pas confondre avec le « droit de rectification » du RGPD

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