Sora : tensions entre OpenAI et des artistes ayant testé le modèle
AI Art humainement augmenté
OpenAI a décidé de suspendre les tests de son IA de génération de vidéo en collaboration avec des artistes. Une partie d'entre eux a partagé l'accès au modèle en protestation car ils se sentaient utilisés par l'entreprise d'IA générative comme une caution artistique.
Le 02 décembre à 09h08
4 min
IA et algorithmes
IA
En février dernier, OpenAI avait annoncé avoir créé un modèle permettant de générer des vidéos dont la qualité de rendu était impressionnante : Sora. Mais depuis, l'entreprise n'en parlait pas trop et ses concurrents comme Meta ont indiqué avoir réalisé peu ou prou le même genre d'outils.
Mais en début de semaine dernière, OpenAI a suspendu l'accès à Sora que l'entreprise avait mis en place pour laisser quelques artistes le tester. En effet, une partie d'entre eux, rassemblée sous le nom de PR Puppets, l'avait diffusé sur Hugging Face pour protester contre l' « art washing » fait par OpenAI en les utilisant « pour dire au monde que Sora est un outil utile pour les artistes ».
La goutte d'eau : un concours pour la mise en valeur des vidéos
Dans le texte accompagnant la fuite, PR Puppets affirment que « des centaines d'artistes fournissent un travail non rémunéré de recherche de bugs, en donnant leurs retours sur l'outils et en réalisant des travaux expérimentaux pour le programme d'une entreprise dont la valeur est estimée à 150 milliards de dollars ».
S'il n'a jamais été question de rémunération quand ils se sont engagés dans le test de Sora, ces artistes expliquent que la mise en valeur de leurs travaux issus de ces tests est prévue via un concours qui ne montrera pas les œuvres de tous : « alors que des centaines d'entre eux contribuent gratuitement, quelques-uns seront sélectionnés par le biais d'un concours pour que leurs films créés par Sora soient projetés - offrant une compensation minimale qui fait pâle figure en comparaison de la valeur substantielle en termes de relations publiques et de marketing qu'OpenAI reçoit ».
PR Puppets s'exclamait dans ce texte que « les artistes ne sont pas votre R&D non payée ». Le groupe ajoutait : « nous ne sommes pas vos : testeurs de bugs gratuits, marionnettes de relations publiques, données d'entrainement, jetons de validation ».
Ils y dénoncent aussi le fait que toute publication d'une vidéo générée via Sora devait être approuvée d'abord par OpenAI.
Pour préciser leur pensée, ces artistes expliquent : « nous ne sommes pas opposés à l'utilisation de la technologie de l'IA en tant qu'outil pour les arts (si c'était le cas, nous n'aurions probablement pas été invités à ce programme). Ce que nous n'approuvons pas, c'est la manière dont ce programme pour les artistes a été mis en place et la façon dont l'outil est façonné avant une éventuelle diffusion publique ».
Sora a été disponible pendant 3 h pour tout le monde
Accompagnant ce texte, les artistes avaient mis en place un outil de génération de vidéo utilisant l'accès à l'API que leur avait donné OpenAI. Celui-ci n'est resté disponible en ligne que 3 heures, mais a permis à des internautes de générer quelques vidéos comme ce bébé libérant des bulles dans l'eau :
OMG OpenAI Sora has been leaked!
— el.cine (@EHuanglu) November 26, 2024
Free to use now on Huggingface, link in comment
It can be shut down anytime, try it now! It can generate 1080P and up to 10 s video! And the results are incredible!
9 Examples: pic.twitter.com/rIJJv5TQTo
L'entreprise a réagi en désactivant temporairement l'accès à tous les testeurs de Sora.
Questionnement sur l'usage des « red teams »
Au Washington Post, OpenAI a affirmé que « des centaines d'artistes participant à [son] alpha ont façonné le développement de Sora, aidant à prioriser les nouvelles fonctionnalités et les mesures de protection » tout en rappelant que « la participation est volontaire, sans obligation de fournir des commentaires ou d'utiliser l'outil ».
Cette histoire peut paraître anecdotique, mais elle met en lumière une autre partie du travail gratuit utilisé par les entreprises d'IA générative. Empruntant le terme de « red team » au secteur de la cybersécurité, elles font tester leurs outils par quelques futurs utilisateurs.
Ceux-ci ont un accès à l'outil mais ne peuvent pas diffuser leurs contenus sans autorisation de l'entreprise. Ce système permet aux éditeurs de maitriser toutes les critiques et exemples qui montreraient les lacunes de leurs produits sans avoir à payer une équipe pour les tester avant la diffusion.
Sora : tensions entre OpenAI et des artistes ayant testé le modèle
-
La goutte d'eau : un concours pour la mise en valeur des vidéos
-
Sora a été disponible pendant 3 h pour tout le monde
-
Questionnement sur l'usage des « red teams »
Commentaires (27)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 02/12/2024 à 09h52
Les utilisateurs en questions ont été forcés de participer ? Ils ont probablement accepté sans lire les conditions ou pire les ont lues et les ont acceptées tout en sachant qu'ils n'allaient pas les respecter et qu'ils allaient rendre l'utilisation de l'outil disponible à tous.
En fait, on peut lire dans l'article du WP qu'ils étaient sous NDA (Non Diclosure Agrement). Ils ont donc violé un contrat qu'ils ont librement signé.
Mais les méchants de l'histoire, c'est OpenAI ! Voyons, un peu d'objectivité.
Le 02/12/2024 à 10h10
Le 02/12/2024 à 10h24
Quand je signale une erreur dans les articles de Next, je ferais du travail gratuit .
Quand les Insiders utilisent des préversions de Windows, ils feraient du travail gratuit.
Quand des clients d'entreprises participent à des bêta-tests, ils feraient du travail gratuit.
Le bêta-test (test d'un produit par des gens extérieurs à l'entreprise) existe depuis très longtemps dans le domaine de la tech et n'a pas été inventé par les entreprises d' l'IA. C'est une phase nécessaire liée à la nature des produits complexes et la multiplicité des utilisateurs. Je suis surpris que vous découvriez cela en 2024.
On est bien d'accord que les méchants, ici, ce sont ceux qui n'ont pas respecté le contrat qu'ils ont acceptés ?
Le 02/12/2024 à 10h35
Le 02/12/2024 à 12h14
Les artistes invités à participer à l'expérience ne sont probablement pas obligés de le faire, même si nous ne connaissons pas les termes du contrat qui les lient à OpenAI, mais en fonction de l'implication cela pourrait être du "travail gratuit".
Après, effectivement, ils n'ont qu'à rien faire, mais alors une question se pose : est-ce que laisser d'autres artistes tester l'IA en question est "juste" ou "une bonne idée".
Je vais donner 2 "exemples" :
- un artiste qui est invité à une preview de Sora mais qui n'utilise pas cette chance pourrait être "en retard" par rapport à un artiste qui, lui, l'utiliserait : il est donc "forcé" de l'utiliser par la concurrence entre artistes (et ça, il faudrait être naïf pour penser que OpenAI n'en ai pas conscience)
- les artistes qui vont participer à l'expérience vous participer au "modelage" de l'IA : si tu laisses tous les artistes blancs et technophiles modeler cette IA sans donner ton avis, ton art ne risque t-il pas de disparaître (en gros, si tu votes pas, tu laisses potentiellement l'autre bord politique "gagner")
Du coup, je serais pas aussi tranché sur le fait que "si t'es pas content, tu participes pas et tu fermes ta g...". 😉
Modifié le 02/12/2024 à 10h38
ils acceptent volontairement de participer à un programme de test non rémunéré... mais ils se plaignent de la mise en place du programme et de faire des tests sans être rémunéré.
Le 02/12/2024 à 10h40
Tous tes exemples sont HS par rapport à cette news, de plus tu n'es pas au courant sur la façon dont ces "contrats" ont été signés et certainement sur les promesses qu'il y a du avoir derrière.
Tu es contre le droit de grève aussi ?
Le 02/12/2024 à 10h52
Je suis pour le droit de grève mais je suis contre les dégradations que peuvent faire certains : tu vois, je m'exprime toujours avec plus de nuances que toi qui es très souvent binaire.
Si je te suis sur le droit de grève, ça veut dire qu'ils sont des travailleurs non payés. On est dans ce cas très proche du travail forcé que j'abordais dans mon premier commentaire.
Mes exemples ne sont pas HS. À part le premier qui était un peu une boutade ils sont très proches.
Mais tu as l'air d'en savoir plus que moi sur cet accord (NDA), révèle-nous donc tes informations sur les promesses.
En fait, tu ne sais rien de cet accord toi non plus, peut-être moins que moi. Savais-tu qu'ils n'avaient même pas l'obligation de faire des remontées ni même d'utiliser l'outil ?
Le 02/12/2024 à 11h18
Le 02/12/2024 à 11h17
Le 02/12/2024 à 12h47
Un contrat est établi entre 2 personnes. Si l'une d'entre elles ne veut pas y adhérer, c'est simple : elle ne le signe pas. Et ici, c'était très simple de ne pas le signer : il n'y avait aucune pression pour que que ces artistes utilisent cet outil, aucune.
Les NDA dans de telles situations où l'on met à disposition un outil qui n'est pas encore sorti ou des informations sur lui est quelque de très courant. Next INpact en signait quand ils avaient accès à des informations privilégiées sur du hardware pas encore sorti.
Vos "peut-être" sont désespérants ! On ne sait pas grand chose de leurs revendications parce qu'il n'y a pas de lien vers leur "lettre ouverte" dans l'article ci-dessus. Le voici, une recherche de DR puppets permet de la trouver rapidement.
Je ne vois rien qui nécessitait de violer leur signature de NDA dans cette page.
Le 02/12/2024 à 12h54
Modifié le 02/12/2024 à 14h17
Pas la peine d'être désespéré, t'as un jugement plutôt froid sur la question ... ici à tort ou à raison je me sens plutôt du coté du pot de terre.
Après fouillage sur le net : si les artistes se sont comportés de la sorte c'est qu'ils ne risquent rien à priori ... s'ils ont bien lu leur NDA. Ou alors ils comptent sur l'image du gros méchant Open IA pour plier la chose à leur avantage.
Le 02/12/2024 à 11h28
Donc ils ne sont pas méchants.
Le 02/12/2024 à 11h46
Forcément des méchants.
Le 02/12/2024 à 12h40
Le 02/12/2024 à 16h54
Le 02/12/2024 à 11h47
La alpha/bêta privée n'empêche pas la qualification interne par du personnel payé à cette fin. L'affirmer ainsi sans sources me semble maladroit.
Typiquement, World of Warcraft proposait (propose toujours, je suppose) l'accès à des serveurs de test pour que des joueurs puissent faire des retours sur les nouveaux patchs. Et il fallait payer pour ça, accessoirement, vu que ça nécessitait un abonnement actif. Même chose pour les bêta privées des extensions.
Le 02/12/2024 à 12h17
Le 02/12/2024 à 12h39
Le 02/12/2024 à 12h40
Ils n'étaient même pas simple utilisateur vu qu'ils ne pouvaient pas diffuser le fruit de leur travail.
Une entreprise veut s'offrir de la main d'oeuvre gratuite ET les contraintes qui vont avec... J'ai bien tout suivi ?
On est sur des bases de droite très très très décomplexée quand même.
Modifié le 02/12/2024 à 14h16
Modifié le 02/12/2024 à 14h13
Le 02/12/2024 à 21h38
Modifié le 03/12/2024 à 08h16
Évitons d'utiliser des termes dont la portée est plus grave.
Hier à 08h46
Aujourd'hui à 01h03
Ici il y a travail gratuit avec contrepartie du travailleur.
Et contrairement à ce que tu dis, il y a bien une forme de pression de la société même si tu ne la comprends pas.
En plus avec l'argent qu'à cette société, ils ont les moyens de payer les travailleurs.
Sinon ils peuvent les laisser bénéficier de leur création.
Là il y a travail sans contrepartie et avec contraintes.
La définition de l'esclavagisme n'est pas très précise car les pratiques évoluent. Maintenant la pression ne se fait plus avec un fouet ou avec des barreaux mais en utilisant d'autres formes de pressions.
=> L'esclavagisme des temps modernes.