Connexion
Abonnez-vous

Droits voisins : une partie de la presse française attaque X et Microsoft en justice

Un voisin qui vous veut du bien

Droits voisins : une partie de la presse française attaque X et Microsoft en justice

Deux actions judiciaires viennent d’être lancées par plusieurs éditeurs de presse français contre le réseau social X et Microsoft concernant les droits voisins.

Le 13 novembre à 17h49

Alors que la loi sur les droits voisins de la presse a maintenant plus de cinq ans, certaines négociations entre les plateformes et les éditeurs de presse ne sont pas encore conclues. C’est même un euphémisme, notamment pour le réseau social X qui, même lorsqu’il n’était pas encore dans l’escarcelle d’Elon Musk et s’appelait encore Twitter, refusait de considérer que cette loi s’appliquait à lui.

Plainte contre le réseau social X

Le Figaro, Le Parisien, Les Echos, Le Nouvel Obs, le groupe Le Monde et le groupe Malesherbes Publications (propriétaire du magazine La Vie) ont décidé de poursuivre en justice le réseau social X.

Cette volonté d’aller au tribunal est notamment due au peu de considération pour ces négociations montrée par le réseau social d’Elon Musk. En mai dernier, le tribunal judiciaire de Paris lui avait ordonné en référé de leur fournir, « dans un délai de deux mois », une série de données commerciales permettant d'évaluer les revenus que le réseau social tire de leurs contenus : le nombre de vues et le taux de clics sur leurs publications, le nombre moyen d'engagements (retweets, citations, réponses, j'aime, partages…), ainsi que « les revenus publicitaires générés en France sur X » en lien avec ces publications. Le réseau social devait aussi fournir la description de ses algorithmes d’affichage de publications. Et ce, afin de permettre de donner une base aux négociations.

Cinq mois après, ces groupes de presse expliquent n’avoir eu aucune nouvelle de ces informations. Marc Feuillée, le directeur général du Groupe Le Figaro, explique que « c’est la raison pour laquelle nous déclenchons le paiement de l’astreinte. Celle-ci s’élève à 1 000 euros par jour et par titre, ce qui n’est guère dissuasif pour une plateforme de cette envergure. En parallèle, nous assignons X sur le fond ».

Pour Pierre Louette, PDG du groupe Les Échos-Le Parisien, cité par Le Figaro, « l’utilisation des contenus produits par nos 700 journalistes doit être soumise à une rémunération au titre de la directive sur les droits voisins. X comme les autres plateformes qui génèrent du trafic et des revenus grâce à nos contenus doivent s’y soumettre. Il y va de la sauvegarde de l’information de qualité, véritable socle de notre démocratie ».

De son côté, le réseau social semble considérer que la loi sur les droits voisins ne la concerne pas, car elle ne partage pas de liens vers des articles de presse, mais que ce sont ses utilisateurs qui le font.

L’AFP, elle, avait déjà entamé une démarche judiciaire seule en aout 2023 contre X pour les mêmes raisons, le réseau social refusant d’entrer en discussion avec l’agence de presse sur le sujet.

Microsoft et LinkedIn aussi dans le viseur

Mais X, n’est pas le seul dans le viseur, Microsoft et son réseau social ont aussi été visés par la presse française ces derniers jours. Une cinquantaine de médias ont saisi la justice, expliquait Le Figaro, vendredi 8 novembre contre Microsoft pour l’obliger à transmettre, comme l’oblige la loi sur les droits voisins, les différentes informations qui permettront d’appuyer les négociations.

L’Alliance de la presse d’information générale, qui représente ces médias, explique que, « malgré des demandes réitérées depuis des années, Microsoft continue à se dérober à cette obligation ». Ici, cette cinquantaine de médias vise le moteur de recherche de Microsoft, Bing, ainsi que son portail Microsoft Start. Mais Le Figaro a aussi déposé une autre assignation contre le réseau social de Microsoft, LinkedIn dont la section « Actualités » met aussi en avant les contenus de la presse.

Pour l’instant, parmi les plateformes, seuls Google et Meta ont signé des accords-cadres, même si le géant de Mountain View a quand même récemment écopé d’une prune de 250 millions d’euros pour avoir fait trainer sans coopérer dans un premier temps. Ces accords viennent d’entrer dans une phase de renégociations fin octobre, expliquait La Lettre.

dessin satirique de Flock

Dans un billet publié aujourd’hui annonçant une étude sur l’impact des contenus d’actualités dans les résultats de recherche en Europe, Google affirme : « en France, nous versons plusieurs dizaines de millions d'euros par an à plus de 280 éditeurs de presse - couvrant ainsi plus de 450 publications ». Dans l’Union européenne, l’entreprise revendique des accords avec « plus de 4 000 publications de presse dans 20 pays ».

C’est aussi l’occasion de rappeler l’autre partie des négociations sur ces accords. En 2022, les syndicats voulaient plus que des « miettes » pour les journalistes. Si ces discussions se font aussi en interne, groupe par groupe, au Figaro comme au Monde, les syndicats ont obtenu récemment le versement aux journalistes de 25 % des droits voisins perçus pour l’utilisation de leurs contenus par Meta et Google. De même pour l’utilisation des contenus du Monde par OpenAI.

Commentaires (12)

Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.

Abonnez-vous
votre avatar
> l’utilisation des contenus produits par nos 700 journalistes doit être soumise à une rémunération au titre de la directive sur les droits voisins. X comme les autres plateformes qui génèrent du trafic et des revenus grâce à nos contenus doivent s’y soumettre. Il y va de la sauvegarde de l’information de qualité, véritable socle de notre démocratie
Je pense que c'est presque trop tard. On est a un point où les journalistes trouvent l'information brute sur les réseaux sociaux, puis rédigent un article qui - avec de la chance - sera repris/cité sur les réseaux sociaux.

Je reconnais que les journalistes apportent une qualité d'écriture (la forme), mais la qualité de l'information dépend pour beaucoup de ce qui est disponible au départ sur les réseaux sociaux.
votre avatar
Le problème c’est que ce qui est disponible sur les réseaux sociaux est uncurated, c’est difficile d’avoir une info centralisée et sûre sans y passer un temps important, en vérifications, en sélection de sources, et en sautant les posts inintéressants - qui restent majoritaires.

Et tout ce temps, c’est de l’argent.

La presse n’est pas une réponse parfaite, mais cela reste globalement un bon moyen de s’informer rapidement pour pas trop cher, tout bien considéré.
votre avatar
Le travail sur de l'information brute apporte une valeur ajoutée indéniable.

Mais à terme je pense que ca va limiter le rôle de la presse à celui de curateur, fact-checker, vulgarisateur...

Et ça reste encore le meilleurs scénario car, comme tu le dis, ca prend du temps/argent.

Le plus vraisemblable pour que la presse survive c'est qu'elle se simplifie la vie en prenant le rôle de critique ou donneur d'opinion. C'est moins de temps/argent dépensé et ca génère beaucoup plus d'engagement auprès de l'audience. Ex: je vois régulièrement des gens ici qui demandent à ce que NXI crée un blog ou un podcast.
votre avatar
Ce qui est certain, c'est qu'Internet a tout changé pour la presse, qui n'avait pas connu de révolution comparable depuis l'imprimerie, tant sur la question du modèle économique que des évolutions de consommation de l'information.
Les modèles se cherchent, certains fonctionnent, d'autres non.

Pour se faire l'avocat du diable en réponse à ton propos, on pourrait aussi se dire que les réseaux sociaux sont un lieu d'expression majoritairement d'opinion, et que la presse professionnelle (et responsable) a toutes ses chances avec en face une offre qui n'y existe justement pas (ou peu).
Il y a plus de valeur dans une presse capable de prendre de la distance avec ses sujets pour les lectrices et les lecteurs, donc la monétisation est plus évidente pour celles et ceux qui raisonnent avec leur porte-monnaie.

Tous ces sujets ne sont pas vraiment binaires, la diversité des attentes et des besoins encourage aussi une forme de diversité de l'offre.
Sur des petits volumes genre Next il y a toujours de la place pour créer une petite niche, et à y tenir un business model exigeant mais durable.

PS : nous avons créé un podcast, mais je ne vois pas le lien entre format podcast et engagement/donneur d'opinion. C'est un medium comme un autre pour moi, le sérieux du traitement de l'info reste possible dessus.
votre avatar
>PS : nous avons créé un podcast, mais je ne vois pas le lien entre format podcast et engagement/donneur d'opinion. C'est un medium comme un autre pour moi, le sérieux du traitement de l'info reste possible dessus.
My bad. Je voulais dire Podcast au sens de "chronique". Ce format a tendance à mettre en avant le chroniqueur (et donc la personnalité/opinion du chroniqueur) au détriment de l'information.
votre avatar
On peut citer aussi le téléphone, le mail, la visio dans le gros du travail journalistique. Sûrement que les déplacements sont aujourd'hui réservés aux enquêtes et aux affaires judiciaires (on est encore obligé de se déplacer pour relayer une audience du tribunal, un "live tweet" d'une tierce personne n'est pas du journalisme). Bref, tous les articles de plus de 10 lignes qui ne mentionnent pas un "tweet", une dépêche d'agence ou un communiqué de presse.

Édit: « la qualité de l'information dépend pour beaucoup » du recoupement de sources d'information, de la recherche de témoins directs, de la vérification des faits, du travail en équipe, … tout ce que le citoyen ordinaire devrait faire pour s'informer et qu'il n'a pas le temps de faire.
votre avatar
La sous-traitance est la base de nos sociétés modernes, personne ne peut à la fois être médecin, clown, ingénieur, sociologue et agriculteur.
Ce n'est pas différent ici.
votre avatar
Ironiquement, les clients demandent aux sous-traits d'être moutons centipede pour un TJ de misère.

(genre les profils "devops" dans l'IT, AKA bullshit à qui on demande de faire du dev, du sys, du projet et de l'archi pour 400 boules par jour)
votre avatar
Abonnez-vous à la presse. J'ai lu le blog d'un groupe politique de ma commune qui se plaint des titres « putaclic » de la presse locale avec le motif que les articles payants ne laissent lisibles que le titre et que les commentaires sur X ou Facebook ne peuvent s'intéresser qu'au titre « très subjectif ».
Si c'est ça le « putaclic », on est bien dans une période de post-verité (sans jeu de mot sur le mot anglophone "post"). Le travail journalistique est bien mal valorisé si même des élu·es osent reprocher le traitement journalistique avec de telles arguties.

Édit : l'article de blog se termine quand même par un conseil qui est de lire les articles de presse et de ne pas s'arrêter au titre avant de commenter. L'affirmation au milieu de l'article reste tendancieuse.
votre avatar
Une plainte contre X ? :D
Ca y est, j'ai compris pourquoi Musk a changé le nom de Twitter...
votre avatar
C'est amusant de voir la presse des milliardaires subventionnée avec l'impôt des français et qui se contente la plupart du temps de relayer des dépêches de l'AFP, organisme pétri de corruption, se plaindre d'être plagiée.:francais:
votre avatar
Sinon X bannit ces torchons, donc pu de diffusion, pas de "revenus" à réclamer.
Ce monde marche sur la tête.

Droits voisins : une partie de la presse française attaque X et Microsoft en justice

  • Plainte contre le réseau social X

  • Microsoft et LinkedIn aussi dans le viseur

Fermer