Samsung mise à son tour sur le blocage de la publicité, l’IAB France prépare une étude
Ils ont un petit côté Perceval
Le 01 février 2016 à 11h00
6 min
Société numérique
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Samsung est en train de diffuser une nouvelle version de son navigateur Android permettant d'activer des bloqueurs de contenus. Une évolution pensée en partenariat avec un outil de blocage de la publicité. Pendant ce temps, l'IAB France annonce une étude sur les attentes des internautes.
Un nouvel acteur vient d'entrer dans la danse pour ce qui est du blocage de la publicité mobile : Samsung. Après Apple et ASUS, c'est ainsi au géant coréen d'annoncer sa propre solution. Comme pour ASUS, et contrairement à Apple, il n'est pas question de proposer une solution intégrée dans les paramètres de l'OS, cela passe par un navigateur spécifique : Samsung Internet (en toute simplicité), qui passe en version 4.0.
Sur son site dédié aux développeurs, la société joue au même petit jeu que d'autres et n'indique pas proposer une solution de blocage de la publicité. Officiellement, le but est de protéger votre vie privée en ligne, vous éviter de télécharger des malwares, mais aussi de charger plus rapidement les pages web, en nécessitant moins de données et en consommant moins de batterie.
Il est ainsi question de permettre la mise en place de bloqueurs de contenus pour lesquels aucune liste n'est fournie. Mais un partenariat avec la société Rocketship a été annoncé dans la foulée. Pour le moment, seul Android 5.0 est supporté, ce sera bientôt le cas d'Android 4.x
Samsung s'approprie Adblock Fast sous Android
Editrice d'Adblock Fast, elle dispose de versions de son outil sous Chrome, Opera, ou encore iOS. Pour Android, elle a donc accordé une exclusivité à Samsung et à son navigateur puisque sa fiche sur le Play Store indique qu'« Adblock Fast nécessite et bloque les publicités dans Samsung Internet 4.0 et supérieur (pas dans les autres applications) ». On apprend aussi au passage qu'il n'est pas question d'intégrer les « publicités acceptables » d'Eyeo (la société qui édite Adblock Plus).
La société vante d'ailleurs l'efficacité de son outil, présenté comme plus léger, plus économe en mémoire et en CPU, mais aussi se limitant à uniquement 7 règles (contre un peu plus de 49 000 pour AdBlock et Adblock Plus). Reste à voir le résultat dans la pratique, notamment avec l'évolution du contournement des bloqueurs.
Dans sa FAQ, on notera que l'équipe indique qu'elle n'a pas conçu Adblock Fast pour faire de l'argent et que l'application ne repose sur aucun modèle économique précis. Le studio d'applications était alors indiqué comme assez rentable pour ne pas avoir à dépendre de sociétés tierces pour cette activité. La somme éventuellement récupérée suite à l'accord avec Samsung n'a pas été précisée.
Quand l'annonceur se vante de protéger vos données
Comme pour ASUS, le but du Coréen est ici de proposer un navigateur qui fait référence, en misant sur le blocage de la publicité pour attirer les utilisateurs en masse. Une manière de grimper en parts de marché et de se démarquer de Chrome, bien plus aisé à mettre en œuvre en proposant avant tout un bon navigateur, quitte à se mettre à dos les éditeurs.
Car comme dans le cas d'ASUS, on se demande comment Samsung va réagir lorsque son navigateur va se retrouver face à des publicités vantant un produit... Samsung. La société est en effet un acteur important du marché de la publicité en ligne, et elle use et abuse elle-même des outils de tracking qu'elle dénonce pour le suivi de ses campagnes.
Le monde de la publicité peine à comprendre ce qui arrive
Dans tous les cas, la montée en puissance du blocage de la publicité sur mobile ne fait plus de doute. Avec un acteur de poids comme Samsung qui rentre dans la danse après Apple, les éditeurs, annonceurs et régies vont devoir commencer à prendre en compte l'évolution du marché et penser leur pratique de manière différente.
En France, l'IAB en est encore à annoncer le lancement d'une étude « sur les attentes des internautes : pourquoi ils installent ces logiciels, comprendre leurs motivations ». Une problématique pourtant déjà bien analysée, les bloqueurs de publicité montant en puissance depuis plus de dix ans.
Des études il en existe déjà des dizaines, bien qu'elles soient le plus souvent assez intéressées, et visent à vanter les choix de ceux qui les commandent. Teads vient ainsi de publier le résultat d'une étude menée par ses soins, qui détaille plutôt bien tout ce qui irrite les internautes :
Des constats clairs, mais des définitions qui restent floues
Elle appuie sur le problème des pre-rolls, mais assez peu la question des vidéos en lecture automatique qui débarquent dans un contenu texte (« annoying », ou pas ?), tout en évoquant l'intérêt de formats « skippables ». Tant d'éléments qui vont dans le sens du format phare de la société, qui n'est jamais cité directement : InRead.
Si certains commencent à comprendre, le retard pris par l'industrie sur cette question reste donc gigantesque. Et personne n'a encore sans doute pris la mesure de ce qui est en train de se passer, malgré un mea culpa qui est pour le moment resté sans effet.
De leur côté, les éditeurs (dont les sites de streaming qui ne sont pourtant pas des adeptes de la protection des contenus) commencent seulement à jouer avec des solutions de blocage des bloqueurs sans vraiment changer leurs pratiques. Cela reste pourtant la clef d'une situation plus apaisée.
Si tout le monde se focalise d'ailleurs sur la question des espaces et des formats publicitaires, beaucoup oublient encore celle de la récolte des données à l'heure du programmatique. Invisible, cette question reste néanmoins essentielle. Avec l'augmentation des pouvoirs de la CNIL et l'entrée en vigueur du règlement européen sur la protection des données, on peut néanmoins s'attendre à du changement. Même si là encore, un réveil des acteurs et une prise de conscience anticipée seraient sans doute une issue favorable.
Samsung mise à son tour sur le blocage de la publicité, l’IAB France prépare une étude
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Samsung s'approprie Adblock Fast sous Android
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Quand l'annonceur se vante de protéger vos données
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Le monde de la publicité peine à comprendre ce qui arrive
Commentaires (35)
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Abonnez-vousLe 01/02/2016 à 11h09
“ quitte à se mettre les éditeurs sur le dos. ”
plutôt:
” quitte à se mettre à dos les éditeurs “
Le 01/02/2016 à 11h10
Il y a un bouton pour signaler les erreurs, merci " />
Le 01/02/2016 à 11h50
Sur desktop, avec un grand écran et une bonne résolution, les pubs sur les sites ne me dérangent pas trop.
Par contre, les vidéos en lecture automatique sont une vraie plaie.
Sur mobile, il y a de nombreuses pubs en plein écran, ou des bannières disproportionnées. De plus, le chargement de toutes les pubs ralenti de façon très significative la navigation.
Je vois donc les browser anti-pub sur mobile d’un oeil favorable.
Le 01/02/2016 à 11h56
Le gros soucis de cette guerre, c’est que ce sont les sites qui vont trinquer en premiers.
Mais ca va relancer la presse papier ! (pas d’adblock possible, hormis en RV)
Le 01/02/2016 à 12h02
“ En France, l’IAB en est encore à annoncer le lancement d’une étude « sur les attentes des internautes : pourquoi ils installent ces logiciels, comprendre leurs motivations ». ”
" />
" />
Le 01/02/2016 à 12h06
J’ai eu la même réaction sur Twitter : en 2016 ils en sont encore à vouloir faire une étude pour soi-disant savoir pourquoi on installe des bloqueurs ? Foutage de g….. intégral, oui, et refus désespéré de changer d’un iota leurs pratiques avant d’y êtres acculés - comme l’industrie du disque, qui n’a jamais rattrapé ses années perdues " />
Le 01/02/2016 à 12h09
On va avoir l’air vieux quand on expliquera qu’on a connu l’époque où il y avait de la pub sur Internet.
Le 01/02/2016 à 12h10
IAB c’est l’acronyme de quoi? Institut de Ânes Bâtés?
Le 01/02/2016 à 12h13
Le 01/02/2016 à 12h20
lol.
Samsung qui met en avant les économies de ressources de leur solution, alors que ce sont les rois du crapware sur smartphone.
Le 01/02/2016 à 12h21
[url]
https://adblockbrowser.org/
[/url]
Ca me semble beaucoup plus prometteur…
Le 01/02/2016 à 12h24
Le 01/02/2016 à 12h27
Le 01/02/2016 à 12h43
J’ai l’impression que pour les annonceurs, la solution à l’impact des adblock sur desktop est d’être encore plus intrusif sur mobile. il y en a qui m’ont proposé des formats interstitiel mobile vidéo avec son activé par défaut et redirection automatique au bout de quelques secondes vers le site ou l’app de l’annonceur… alors que les mêmes personnes n’oseraient jamais proposer ça sur desktop car ils savent à quel point c’est génant.
Le 01/02/2016 à 12h49
Le mobile a un souci de format de manière générale, surtout à un moment où tout le marché ne jure que par la vidéo (pour la pub hein, pour le contenu ça coûte trop cher de produire des trucs de qualité " />). C’est pour ça que certains cherchent à pousser des solutions et qu’on a une course aux formats qui misent sur la hype et la communication pour prendre de la part de marché.
Mais in fine, le problème de fond est le même : l’audience à tout prix, les tarifs à l’enchère, la data utilisateur qui alimente l’ensemble et les formats qui ne tiennent pas compte de l’utilisateur, ça tue aussi bien ceux qui produisent le contenu que ce qui est censé financer un accès “gratuit”.
Le 01/02/2016 à 12h54
Quel école faut-il avoir fait pour ne pas comprendre que les gens ne veulent pas de la publicité ? " />
Le 01/02/2016 à 12h58
Quelle solution proposes-tu ? De faire de l’abonnement au lieu de la publicité ?
Est-ce que Canal Plus est la plus rentable des chaînes de télévision ?
La publicité est un pis-aller, certes, mais aujourd’hui nous n’avons pas d’alternative crédible (peut-être hormis le placement produit à outrance).
Le 01/02/2016 à 12h59
Le 01/02/2016 à 13h01
Le 01/02/2016 à 13h03
" /> C’est ça l’effet “7 fois plus rapide”. C’est pas que du marketing " />.
Le 01/02/2016 à 13h08
Le 01/02/2016 à 13h11
En même temps elle a eu des septuplets la dernière fois. " />
Le 01/02/2016 à 13h30
Même sur Canal plus il y a de la pub… " />
Le 01/02/2016 à 13h31
Ils commencent à intégrer des solutions, notamment en s’adaptant au type de réseau (Wi-Fi ou pas), au niveau de batterie & co. Mais bon de toutes façons on en revient toujours à : pourquoi ne pas attendre une action utilisateur (même si la raison est connue de tous)
Le 01/02/2016 à 13h35
C’est vrai. " />
Même sur Next INpact quand on paye son abonnement on voit des pubs (si on veut " />).
Le 01/02/2016 à 14h06
Je sors d’une école de pub, je bosse dans une grande agence digitale, et mes clients sont les premiers à rigoler quand je leur annonce que je suis un grand partisan d’adblock. Mais c’est dans l’air du temps, et les solutions proposées en face sont de moins en moins intrusives. La pub intrusive disparaîtra quand les KPI des agences seront eux aussi en phase avec cette réalité : si l’annonceur ne veut que du clic, et pas de l’engagement par exemple, ben…
Le 01/02/2016 à 14h15
Le 01/02/2016 à 14h16
On voit bien à ta photo que tu sors d’une école de pub. Tu te vends bien " />
Par contre je préfère te dire, ici c’est nextinpact, pas tinder, donc niveau nanas… " />
Le 01/02/2016 à 14h19
Le 01/02/2016 à 14h22
… décidément, il bloque vraiment tout l’ami Samy …! " />
http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-samsung-bloque-windows-update-…
Le 01/02/2016 à 14h23
Le 01/02/2016 à 14h28
Solution propriétaire donc sa filtre les pub que samsung n’aime pas uniquement???
Le 01/02/2016 à 15h48
Le 01/02/2016 à 18h53
Perso j’attend de voir un constructeur sous Android qui aura les couilles de bloquer les publicités des applications.
Je sens que la réaction de Google sera, comme à son habitude, ouverte, tolérante et transparente.
(c’est ironique, je précise)
Le 03/02/2016 à 09h14