Implantée au Royaume-Uni, la maison mère du site OnlyFans a enregistré en 2023 des résultats record, avec un volume d’affaires total de 6,6 milliards de dollars, qui débouche sur un résultat net de plus de 600 millions de dollars. De quoi dégager de copieux dividendes, alors que la plateforme travaille d’arrache-pied à se départir de la sulfureuse réputation qui a fait son succès.
Arrêtés fin avril et rendus publics début septembre par l’intermédiaire de l’administration britannique, les résultats annuels de la plateforme OnlyFans témoignent d’un succès grandissant. Au 30 novembre 2023, date de clôture de son exercice fiscal, la plateforme revendique ainsi 4,12 millions de créateurs de contenus (+ 29 % sur un an), et 305 millions de détenteurs d’un abonnement payant (+ 28 %).
472 millions de dollars de dividendes
Ensemble, ils ont généré en 12 mois un volume d’affaires brut de l’ordre de 6,6 milliards de dollars, contre 5,6 milliards un an plus tôt. C’est plus de dix fois plus que le chiffre d’affaires de MindGeek (éditeur de PornHub et autres, rebaptisé Aylo en 2023). De quoi dégager, pour OnlyFans qui prélève 20 % de toutes les transactions réalisées par son intermédiaire, un chiffre d’affaires de 1,3 milliard de dollars. Lequel débouche sur un résultat net avant impôt de 658 millions de dollars, à comparer aux 525 millions de dollars enregistrés un an plus tôt.
Une manne qui profite directement à l’unique actionnaire du site, l’homme d’affaires américano-ukrainien Leonid Radvinsky, qui avait racheté OnlyFans à ses fondateurs en 2018. Il touche, pour 2023, 472 millions de dollars de dividendes. Ce qui n’empêche pas la société de conserver une trésorerie largement excédentaire, avec 680 millions de dollars disponibles à fin 2023. Dans sa communication financière, OnlyFans se dit ainsi en mesure de faire face aux éventuels aléas techniques, financiers ou réglementaires qui se présenteraient… et indique s’attendre à une nouvelle année de croissance.
Un modèle qui repose sur les « contenus pour adulte »
OnlyFans repose pour mémoire sur un modèle simple : des créateurs de contenus publient sur la plateforme des billets de blog, photos ou vidéo, dont l’accès est commercialisé auprès d’un public d’internautes (les « fans ») qui peuvent soit les acheter à l’unité, soit souscrire un abonnement. Le site, qui réalise l’essentiel de son volume d’affaires aux États-Unis, propose un modèle économique simple : le créateur touche 80 % des revenus générés par la plateforme.
OnlyFans a évidemment des concurrents, notamment Mym (Me. You. More) qui est également un site de partage de contenus sur abonnement. Cette plateforme, française, ne publie par contre plus depuis longtemps ses chiffres, impossible donc de la comparer à OnlyFans.
Si OnlyFans aime à se présenter comme l’un des fers de lance de l’économie des créateurs, sa marque de fabrique principale reste cependant le contenu à caractère érotique ou pornographique, même si l’entreprise se défend de n’être qu’une plateforme pour vidéos ou photos à caractère sexuel. Elle se garde cependant bien de préciser la part que représente le X dans son audience ou ses revenus.
« Nous ne faisons pas de catégorisation [dans les contenus, ndlr] dans la mesure où nous considérons que tous nos utilisateurs ont plus de 18 ans et modérons tous nos contenus. Comme nous traitons tous ces contenus de la même façon, au regard par exemple des codes de paiement, etc., nous n’avons pas besoin de savoir s’il s’agit de contenu pour adulte, de contenu qui dépasse les règles d’Instagram, d’équitation, de cours de vélo ou de sports de combat », déclarait ainsi Keily Blair, CEO d’OnlyFans, au Financial Times en février dernier.
Qu’il s’agisse de porno ou d’autres thématiques, OnlyFans se retranche donc derrière la barrière de l’accès réservé aux plus de 18 ans pour circonvenir les critiques. En France, le débat public lié à l’interdiction d’accès aux sites pornographiques pour les mineurs souligne régulièrement à quel point il est difficile de certifier la majorité d’un internaute tout en préservant son anonymat, et les limites de cette barrière interrogent de la même façon le régulateur des télécoms outre-Manche. En mai dernier, l’Ofcom a ainsi annoncé l’ouverture d’une enquête sur OnlyFans, visant précisément à vérifier l’efficacité des mesures censées interdire l’accès du site aux mineurs.
En attendant, OnlyFans intensifie sa communication et ses investissements en direction de nouvelles thématiques. L’entreprise sponsorise ainsi par exemple de nombreux sportifs, dont certains athlètes engagés aux Jeux Olympiques de Paris. En 2021, elle a également lancé OFTV (à ne pas confondre avec le projet de chaîne de TV porté par Ouest-France sur la TNT), un service de vidéos en streaming sans pornographie, mais pas sans images sexualisées.
Commentaires (14)
#1
Fansly publie-t-elle aussi ses résultats financier ? (je ne savais même pas que OF le faisait )
Historique des modifications :
Posté le 09/09/2024 à 15h31
Sont gros concurrent est plus Fansly (plus permissif dans les possibilités de contenu sexuel) que Mym (qui j'ai l'impression est plutôt une plateforme franco-française et ne s'exporte pas à l'étranger).
Fansly publie-t-elle aussi ses résultats financier ? (je ne savais même pas que OF le faisait )
#2
#3
#3.1
#3.2
Patreon, Ko-fi, Tipeee sont quand même moins portés sur l'érotisme (la pornographie y est souvent interdit).
Adieu uTip qui était une chouette plateforme.
Historique des modifications :
Posté le 09/09/2024 à 18h20
Mym et Onlyfans ont toujours proposé des contenus d'influenceurs (sportifs, coachs sportifs, fitness, célébrités (Jean-Michel Maire a son profil Mym), voyance, tarot, cuisine, etc).
Patreon, Ko-fi, Tipeee sont quand même moins porter sur l'érotisme (la pornographie y est souvent interdit).
Adieu uTip qui était une chouette plateforme.
Posté le 09/09/2024 à 18h20
Mym et Onlyfans proposent bien sûr des contenus d'influenceurs : sportifs, coachs sportifs, fitness, célébrités (Jean-Michel Maire a son profil Mym), voyance, tarot, cuisine, etc).
Patreon, Ko-fi, Tipeee sont quand même moins porter sur l'érotisme (la pornographie y est souvent interdit).
Adieu uTip qui était une chouette plateforme.
Posté le 09/09/2024 à 18h21
Mym et Onlyfans proposent bien sûr des contenus d'influenceurs : sportifs, coachs sportifs, fitness, célébrités (Jean-Michel Maire a son profil Mym), voyance, tarot, cuisine, etc).
Patreon, Ko-fi, Tipeee sont quand même moins portés sur l'érotisme (la pornographie y est souvent interdit).
Adieu uTip qui était une chouette plateforme.
#3.3
Patreon l'autorise, mais ça rend l'usage un peu plus limité en terme d'affichage dans les recherches et la boutique n'est pas disponible.
#3.7
#3.8
#3.4
#3.5
Sinon je suis déjà tombé sur des films mainstream sur xvideos. Pour le coup, même pas les versions truquées comme à la bonne époque du torrent et ses surprises
#3.6
#4
MindGeek est devenu Aylo en aout 2023 pour info :)
N'empêche, c'est là qu'on se rend compte que le rétropédalage sur le "non on veut plus de contenu sexuellement explicite sur OnlyFans" (notamment induit par la pression des opérateurs financiers, comme souvent) a été rentable pour eux. Même si ça a donné naissance à d'autres plateformes similaires, dont certaines créées par des travailleurs du sexe, sans ça ils auraient fini comme Tumblr. À savoir dans l'oubli.
Avec le recul, on constate aussi combien la production de contenus pour adulte a changé. OnlyFans a surtout gagné pas mal en puissance lors de la période COVID quand les studios de production ont du arrêter à cause des lockdown dans les différents pays. Les travailleurs du sexe professionnels se sont lancés sur ces plateformes (avant c'était beaucoup d'amateurs) et depuis, c'est limite leur source primaire. Il faut dire que ça doit être beaucoup plus rentable que les studios classiques.
#5
#5.1
(m'enfin, un coup c'est considéré comme OK, un coup non... donc à voir selon le sens du vent)