Californium : Arte raconte Philip K. Dick dans un jeu vidéo
Entre paranoïa et mauvais trip
Le 03 mars 2016 à 16h00
5 min
Société numérique
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Arte consacre en ce moment une programmation spéciale dédiée à un auteur pas comme les autres : Philip K. Dick. Pour accompagner son documentaire, la chaîne s'est essayée à plusieurs formats, dont le jeu vidéo.
Philip K. Dick est l'un des pères de la science-fiction. Son œuvre d'anticipation est d'abord restée très confidentielle avant d'exploser au grand jour, donnant naissance à de grands films tels que Blade Runner (tiré de la nouvelle Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?) ou Total Recall, une adaptation d'une autre nouvelle : Souvenirs à vendre.
Un homme et des mondes à part
Mais l'auteur étant au moins aussi intéressant que ses œuvres, la chaîne franco-allemande Arte a décidé de lui consacrer une programmation spéciale, tournant autour de ses écrits, mais aussi autour de sa personnalité. Philip K. Dick a en effet eu une vie personnelle très mouvementée, marquée par des dépressions causées par la prise de substances pas toujours licites et des crises de paranoïa.
Outre un documentaire au format très classique baptisé Les mondes de Philip K. Dick, diffusé mercredi soir, la chaîne a également misé sur un court-métrage de fiction filmé à 360 degrés nommé I, Philip, suivant un jeune chercheur qui dévoile son premier androïde à forme humaine, inspiré par le célèbre auteur. Mais surtout, Arte a accompagné cette programmation avec un jeu vidéo découpé en quatre épisodes.
Elvin ou Philip ?
Baptisé Californium, il glisse le joueur dans la peau d'Elvin Green, un romancier partageant de très nombreux points communs avec Philip K. Dick. L'aventure débute dans un appartement, devant une machine à écrire, on y apprend que notre « héros » est sans le sou, que sa femme Anne vient de le quitter car elle ne supporte plus sa paranoïa, et qu'elle a emmené leur fille avec elle. Sur son répondeur, les messages de son éditeur s'entassent et passent de l'avertissement gentillet à des menaces sans équivoque.
Immédiatement, le jeu nous plonge dans un univers aux couleurs criardes, dignes d'un mauvais trip sous acide et l'on comprend rapidement pourquoi. L'appartement d'Elvin Green est rempli de pilules de toutes sorte et l'on devine que notre personnage est plus que perché au moment où on en prend enfin le contrôle.
Elvin Green entend finalement sa télévision lui parler, lui sous-entendre l'existence de mondes parallèles. Il n'en faut pas plus pour que notre alter-ego camé de Philip K. Dick se lance dans une séance d'exploration afin de chercher des portes vers ces univers.
En termes de gameplay cela se résumé à un point and click en trois dimensions, répétitif mais pas vraiment instinctif. Il faut en effet parfois se trouver sur un point très précis de la pièce afin d'apercevoir les symboles signalant l'existence d'une réalité alternative. Un symbole caché sur une étagère, par exemple, ne se découvrira que si vous vous trouvez à une distance suffisante. Un comportement étrange dont on ne sait toujours pas s'il s'agit d'un choix délibéré ou d'un bug.
Un univers très spécial
Sur le plan artistique, le studio parisien Darjeeling (qui n'en est pas à sa première collaboration avec Arte) a su montrer clairement les différences entre les deux mondes qu'Elvin Green cherche à distinguer. D'un côté on retrouve l'insouciance presque utopique des États-Unis des années 60, psychédéliques et colorées, et de l'autre une alternative grise et dystopique.
L'expérience est malheureusement entachée par quelques soucis d'ordre technique. Les bugs d'affichage sont assez fréquents et nuisent à la lisibilité du jeu. Le studio a également fait le choix d'un fondu du décor lorsque l'on se rapproche trop des bordures de la (toute petite) zone de jeu, qui a une fâcheuse tendance à donner la nausée quand on flirte trop souvent avec lui. Enfin, on s'étonnera de la configuration requise pour faire fonctionner le titre, qui ne réclame pas moins qu'une GeForce GTX 650, alors qu'il ne brille pas par ses graphismes.
Malgré ses défauts, Californium brille sur un aspect : la narration. L'univers « dickien » est fidèlement retranscrit et les nombreux clins d'œil faits autour de la vie de l'auteur (le numéro de téléphone d'Elvin est en fait la date de naissance de Philip K. Dick) occuperont les fans de l'auteur pendant un bon moment.
On saluera également son modèle économique. Les plus pressés pourront acheter immédiatement l'ensemble des quatre chapitres du jeu pour 10 euros (via Steam, GOG ou le Humble Store), un tarif somme toute raisonnable. Pour les autres, Arte publie gratuitement un nouveau chapitre chaque semaine sur son site, dans un format dénué de tout DRM.
Californium : Arte raconte Philip K. Dick dans un jeu vidéo
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Un homme et des mondes à part
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Elvin ou Philip ?
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Un univers très spécial
Commentaires (44)
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Abonnez-vousLe 03/03/2016 à 16h08
quand j’étais plus jeune j’avais vu un film sur son frère Moby.
Le 03/03/2016 à 16h09
Parmi, entre autres, Asimov et Herbert (père), P.K.Dick est un de mes auteurs favoris … Bravo à Arte pour son initiative de le mettre en lumière de façon un peu plus riche qu’un simple documentaire à côté duquel nombre seraient passés.
Merci Kevin de relayer cette info à côté de laquelle j’étais passé et que j’aurai regretté avoir ratée ;-)
Le 03/03/2016 à 16h10
on a pas tous les mêmes références … " />
Le 03/03/2016 à 16h13
Le 03/03/2016 à 16h14
C’est une très bonne idée de parler de ce théma dans une new.
Le 03/03/2016 à 16h22
Le personnage est tout aussi intéressant que son œuvre.
Le monsieur était passablement drogué en effet. Et parmi le plus intéressant dans son oeuvre à ce sujet, c’est la trilogie divine, qui comporte énormément d’allusions à sa propre vie (il est d’ailleurs le perso principal de SIVA).
Pour finir, je dirai que malgré son anti-communisme primaire, Dick > Asimov " />
Le 03/03/2016 à 16h23
J’ai passé de bons moments avec K.Dick du temps où on lisait des livres, avant Internet et toutes ces conneries looool !
Le 03/03/2016 à 17h03
J’ai fini il y a peu Ubik et ai pris une bonne claque !
Depuis je me suis pas mal intéressé à cet auteur et je suis tombé sur ce reportage d’arte !
Très bonne initiative !
Il faudrait que je me plonge dans d’autres de ses œuvres.
Le 03/03/2016 à 17h08
Le 03/03/2016 à 17h13
Le 04/03/2016 à 09h05
Le 04/03/2016 à 09h23
Oui mais Herbert -> Usul…
hop, HS: Usul était en live sur twitch hier soir, la chaine twitch.tv/krayn_live (twitter en a parlé)
Le 04/03/2016 à 09h29
Le 04/03/2016 à 09h38
Le 04/03/2016 à 09h40
Le 04/03/2016 à 09h41
Le 04/03/2016 à 12h54
Dick > Toncul
D’un point de vue intellectuel Asimov est loin au dessus,
d’un point de vue imagination déjantée c’est K.Dick
Le 04/03/2016 à 13h08
Le 04/03/2016 à 13h14
Bon ba j’ai même pas résisté 2 min je viens de commander les 4 livres sur amazon " />
Le 04/03/2016 à 13h33
Le 04/03/2016 à 13h41
Le 04/03/2016 à 13h45
Le 04/03/2016 à 14h30
Le 04/03/2016 à 15h00
Le 04/03/2016 à 23h10
Le 05/03/2016 à 11h02
avec dean koontz l’un de mes auteurs favoris en sf
Le 03/03/2016 à 17h21
Une interview du directeur artistique de ce jeu et du compositeur est disponible sur le podcast #36 de ZQSD, disponible ici : http://zqsd.fr/
On y apprend notamment que OUI, ce n’est absolument pas un bug ces symboles qui apparaissent qu’a certains endroits…et pour en faire apparaître d’autres, il faut carrément répéter et répéter les mêmes gestes. C’est, selon le directeur artistique, une façon de rendre le joueur parano lui aussi, de le faire sans cesse se demander si il n’a pas vu ce symbole… alors qu’en fait parfois non. (Bref, je vous conseille vraiment ce podcast en général !)
Un très bon jeu (enfin pour le premier episode :) ), qui est disponible périodiquement sur arte gratuitement…mais également en version complète sans attendre (mais payante) sur steam !
Le 03/03/2016 à 17h25
Le 03/03/2016 à 17h37
Ne pas oublier A.E. van Vogt, tres bon lui aussi, meme si moins connu.
Le 03/03/2016 à 17h55
Le 03/03/2016 à 18h38
Le 03/03/2016 à 18h44
Pour moi Philip K Dick, c’est resté Ubik, avec ces descriptions hallucinantes du temps qui passe à toute vitesse décrit, entre autres, par une machine à café qui vous rend un café moisi sitôt sorti de la machine.
Le 03/03/2016 à 20h25
euh, Blade Runner n’est pas une nouvelle, mais un roman.
Juste au moment où je lis Substance Mort (A scanner darkly) marrant ça. A croire que Arte m’espionne… " />
Le 03/03/2016 à 20h39
La version gratuite sans DRM dispo gratuitement en plusieurs épisodes sur le site d’Arte a aussi quelques limitations, notamment l’impossibilité de sauvegarder.
Donc essayez de vous réserver au moins 1h par épisode avant de commencer.
Le 03/03/2016 à 22h35
Dans l’article, à propos des films vous avez oublié de citer minority report et i robot.
Le 04/03/2016 à 06h36
Philip K Dick Mon auteur préféré Il a écrit la trilogie divine vers la fin de sa vie.
Ubik est superbe, mais il y a aussi le Dieu venu du centaure: savez vous si vous êtes encore dans votre présent ou le présent d’un autre; Il y a les clans de la lune alphane: où comment des malades psychiatriques que leurs maladies opposent arrivent à s’unir pour défendre leur monde!
Et d’autres encore! K-Dick était en effet très prolifique ,et je pense essayait toujours de nous faire passer un message dans chacun de ses romans.
Le 04/03/2016 à 07h38
Arte continuera donc d’occuper mes nuits d’insomnies, belle initiative de leur part.
Le 04/03/2016 à 07h48
Le 04/03/2016 à 08h37
Le 04/03/2016 à 08h43
Le 04/03/2016 à 08h44
Le 04/03/2016 à 08h56
Le 07/03/2016 à 10h18
Le 07/03/2016 à 12h13