Loi Numérique : un sénateur veut interdire les machines à voter
Philippe is Kaltenbach
Le 19 avril 2016 à 08h10
4 min
Droit
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Le sénateur Philippe Kaltenbach, opposé de longue date aux machines à voter, ne lâche pas le morceau. L’élu a déposé un amendement au projet de loi Numérique afin que la France abandonne définitivement ces appareils.
Vous ne le saviez peut-être pas, mais les machines à voter sont autorisées dans notre pays depuis 1969. Plusieurs incidents survenus en 2007 (écarts entre le nombre d’émargements et de votes, temps d’attente parfois très long...) ont toutefois conduit les autorités à adopter un moratoire, en vertu duquel aucune nouvelle commune ne peut dorénavant être habilitée à utiliser ces joujoux bourrés d’électronique. Tant et si bien qu'en 2012, une soixantaine de villes se servaient encore de ces appareils, pour environ 1,1 million d’électeurs concernés.
« Il serait temps de choisir ! » assénait il y a quelques mois le sénateur Kaltenbach (PS). Dans nos colonnes, l’élu déplorait cette situation de « ni-ni » qui prévaut depuis presque dix ans : « Soit on réouvre parce qu'on considère que le système est fiable, soit on ferme... Un moratoire n'a pas vocation à être éternel. C'est une contradiction qui est flagrante, d’autant que toutes les critiques de 2007 continuent à être là. »
Le sénateur Kaltenbach revient à la charge
Au travers d’un amendement au projet de loi Numérique (qui sera débattu à partir du 26 avril au Sénat) Philippe Kaltenbach revient à la charge. Il propose que les machines à voter soient totalement interdites, ce qui conduirait les quelques villes qui font toujours de la résistance à abandonner leur matériel d’ici aux prochaines élections. Le parlementaire se justifie par un long plaidoyer. « Partout en Europe et dans les pays démocratiques, leur usage est en déclin, du fait de l'absence d'infaillibilité et de contrôle citoyen sur les opérations de vote » commence-t-il par exposer.
Car c’est bien le flou autour de l’enregistrement des suffrages qui inquiète le sénateur. « Le code source [des machines à voter] ressort de la propriété intellectuelle brevetée. En conséquence de quoi, il ne peut être communiqué aux électeurs : secret industriel oblige. » Résultat, « aucune analyse de certification du code source de l'urne électronique n'est effectuée, ne permettant pas de garantir avec le niveau d'assurance requis un comportement optimal de la machine pendant le déroulement du scrutin ». En somme, poursuit l’élu, « il est demandé aux électeurs comme aux candidats de faire une confiance absolue à ces machines électroniques, sans donnée concrète, quantifiable et vérifiable pour étayer cette confiance ».
Philippe Kaltenbach illustre également ses propos : « L'une des machines utilisées en France n'a plus d'agrément aux États-Unis suite à une fraude au Texas, lors de l'élection présidentielle de 2004. Aucune preuve n'a pu formellement être apportée d'une manipulation du scrutin sauf la trace d'une altération du code source pendant le déroulement du scrutin. En substance, la preuve que l'urne électronique garantit l'intégrité des données dont elle est le support fait défaut. Une corruption de la donnée, indétectable lors du scellé et du paramétrage, qui modifie le déroulement du scrutin en altérant son résultat. »
Une réforme rejetée il y a quelques semaines à l'Assemblée
Cette réforme semble cependant avoir peu de chances d’être approuvée par le législateur. Il y a quelques semaines, dans le cadre des propositions de loi de modernisation de l’élection présidentielle, les députés – suivant l’avis du gouvernement – ont rejeté un amendement écologiste prévoyant l’abandon des machines à voter à compter du 1er janvier 2018 (ce qui aurait permis d’étaler dans le temps cette mesure).
« Aucune nouvelle commune ne peut recourir aux machines à voter. La portée pratique de l'amendement est donc pour l'instant assez limitée », a objecté la rapporteur Élisabeth Pochon (PS), sans qu’il n’y ait de discussion plus poussée. L’intéressée a simplement concédé que « peut-être faudra-t-il un jour une mission sur les machines à voter pour savoir si effectivement ça reste quelque chose que nous devons garder ». Le PS réclamait pourtant déjà un tel débat en 2007, lorsqu’il était dans l’opposition (voir notre article).
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Le sénateur Kaltenbach revient à la charge
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Une réforme rejetée il y a quelques semaines à l'Assemblée
Commentaires (45)
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Abonnez-vousLe 19/04/2016 à 08h15
Ce serait un pas en avant de pouvoir enfin interdire ces chevaux de Troie. " />
Le 19/04/2016 à 08h18
Pour une fois qu’un élu PS sort quelque chose de sensé et utile il faut le souligner même si certains se plaignent du temps de depouillage
Le 19/04/2016 à 08h19
Un député veut interdire, une administration veut interdire, un sénateur veut interdire, un activiste veut interdire, un ministre veut interdire, un président (il paraît qu’on en a un) veut interdire, une ONG veut interdire, un politicien veut interdire, un syndicat veut interdire, un gouvernement veut interdire, une Europe veut interdire, etc.
Je me demande pourquoi ils persistent encore à interdire au compte-goutte quand il serait bien plus simple et bien moins cher de tout interdire puis seulement d’autoriser au compte-goutte histoire d’affirmer leur attachement à satisfaire au plus près les besoins des abrutis qui les ont élus comme geôliers.
Le 19/04/2016 à 08h25
Vous ne le saviez peut-être pas, mais les machines à voter sont autorisées dans notre pays depuis 1969.
oui, j’ignorais que c’était AUSSI VIEUX !
(je pensais ….“dans les années ‘80”)
Le 19/04/2016 à 08h27
Le 19/04/2016 à 08h30
+1, c’est le seul cas où il peut y avoir difficulté à se déplacer. Mais dans ce cas, il faudrait vraiment mettre le paquet sur la sécurité, et avoir un code source public pour le dispositif de vote en ligne.
Le 19/04/2016 à 08h32
« Aucune nouvelle commune ne peut recourir aux machines à voter. La
portée pratique de l’amendement est donc pour l’instant assez limitée », a objecté la rapporteur Élisabeth Pochon (PS)
(…)
« peut-être faudra-t-il un jour une mission sur les machines à voter
pour savoir si effectivement ça reste quelque chose que nous devons
garder »
Elle fait exprès de répondre à côté ou elle n’a pas compris la question ? C’est justement ce que dit Kaltenbach ! 10 ans de moratoire, il faut prendre une décision ! " />
Le 19/04/2016 à 08h38
dans CETTE Société ….où tout va trop vite, au moins il restera “un endroit” calme (molo) c’est bien !
un peu, comme le Village Gaulois face à “César”
Le 19/04/2016 à 08h46
Le 19/04/2016 à 08h58
Le 19/04/2016 à 09h24
En quoi ça change le problème de fond ? Voter n’est plus utile, on a les résultats à 20h00 donc bien avant les comptages ! Ca veut dire quoi ? Que quoi vous pensiez des urnes électroniques, les intentions de votes sont déjà connus… un sondage et voilà, plus besoin de voter, problème résolu… vérifiez les précédentes élections et vous comprendrez que j’ai raison…
Le 19/04/2016 à 09h31
Les mots sont très importants. Vous savez pourquoi le mot “machine de vote” est réapparu alors qu’il avait été remplacé par “ordinateur de vote” il y a une quinzaine d’année?
Parce que dans l’esprit de la majorité des électeurs, une machine est fiable alors qu’un ordinateur ça plante et ça se pirate. À juste titre.
Le 19/04/2016 à 14h57
commentaire 200 paragraphe2
Le 19/04/2016 à 15h55
Le vote (quand il sert à quelque chose) doit être anonyme et transparent. J’en n’ai pas encore vu un système numérique y correspondant.
Le 19/04/2016 à 16h01
Le 19/04/2016 à 17h20
Pourquoi maintenant ? Vote numérique ou pas ca n’empêche pas des fraudes. Cheval de trois numériques, ver de terre a 2 bras et 2 jambes ca ne change que sur la méthode. Il devient quoi tiberi au fait ?
Le 19/04/2016 à 18h07
J’ai l’impression que le principal problème, c’est la méfiance non pas de la part de l’immense majorité qui trouverait ça plutôt commode, mais de la part de militants qui sont prêts à toutes les bassesses pour truquer une élection. Leur logiciel mental est tellement perverti qu’ils voient le mal partout. Pourtant on confie à des ordinateurs des tâches extrêmement sensibles dans tous les domaines, banque, bourse, finance, transport, industrie, nucléaire, spacial, militaire. Mais pour une simple élection, ça non, on n’en veut pas.
Je ne veux pas entrer dans les détails techniques, mais la vérification des votes papier, c’est je suppose de vérifier que le nombre de bulletins dépouillés correspond au nombre de votants. On peut aussi recompter les votes pour chaque candidat. Eh bien bonne nouvelle, avec une machine on évite toute cette perte de temps, qui d’ailleurs n’empêche pas les élections truquées (Copé vs Fillon, Aubry vs Royal), ni qu’on puisse faire voter les morts (Mairie de Paris). Bref je ne suis toujours pas convaincu par ces arguments. A mon avis on gagnerait au contraire considérablement en fiabilité avec le vote électronique. Mais encore une fois, les militants n’en veulent pas, car dans leur ADN il faut pouvoir tricher, truquer, manipuler, et faire des recours en toute mauvaise foi.
Le 19/04/2016 à 18h10
Le 19/04/2016 à 21h29
tu aimes les blondes à forte poitrine et moustache envoi FN au 181933 ;)
Le 20/04/2016 à 10h32
Il existe un lien direct pour chaque commentaire, c’est le lien porté par le # suivi du numéro du commentaire…
Ex. mon commentaire : Next INpact
Le 20/04/2016 à 10h34
Source ?
Le 20/04/2016 à 10h35
+1000
Le 20/04/2016 à 11h39
Les machines a voter ne font qu’enrichir leur inventeurs et sont totalement inutile.
Les bonnes machines existent et sont tellement fiables qu’elle assurent les transactions financière ultra sécurisées de la FdJ et du PMU, et il y en a presque partout.
Et avec les block-chais, il est possible de réaliser des votes parfaitement sécurisés par l’Internet.
Une solution antitriche parfaite et un décompte immédiat.
De quoi permettre de voter même à l’hôpital, en voyage ou à la pêche.
Reste que pour les nostalgiques et les réfractaires, il restera toujours des bureau de votes ou l’on pourra imprimer des bulletins à la demande.
Le 20/04/2016 à 12h18
merci de l’info je ne savais pas et je n’ai jamais essayé comme un boulet surtout que sur d’autre forum s’est comme ça que je cite d’autre commentaire.
Le 20/04/2016 à 13h33
Le 20/04/2016 à 14h06
fort juste.
Il faut ringardiser les ringards.
Le 20/04/2016 à 14h14
Si, cela existe bien, du plus simple Doodle au plus sophistiqué blockchain.
Il y a des années que les associations votent ainsi par correspondance.Et la FdJ ou le PMU, les banques utilises des procédés de communication suffisamment inviolable pour y faire confiance.
Dénigrer les dernier bricolages à la mode ne suffit pas pour démolir une technologie qui sait être fiable.
Le 20/04/2016 à 14h43
Ok, vu.
Et même si j’aime bien Eolas, sa parole n’est pas non plus l’Evangile.
Je préfère un vote nul ou blanc que pas de vote.
(Bon, c’est ptet aussi parce que je fais partie d’un petit bureau ;)).
Le 19/04/2016 à 09h38
Quand je vois comment les machines marchent, je vois mal comment, sous le regard de leur collègues qui font signer les listes, ils auraient pu faire du bourrage d’urnes ou des conneries.
Poser le dongle (et ça fait un gros bip quand on valide le vote) c’est aussi voyant que de poser un bulletin en haut d’une urne et pousser le levier (ou écarter le cache sur la fente). Je me demande comment ils ont pu se foirer à ce point là avec les machines encore en utilisation à Issy-Les-Moulineaux, à part avec une incompétence notable dans la manipulation de la machine.
Ce que je trouve atterrant au final, c’est de voir que le taux d’erreur national (entre liste d’émargement et comptage) soit si élevé, quel que soit le système utilisé (5% des bureaux de vote avec un écart avec du papier, c’est déjà beaucoup trop).
Pour la plupart des gens dans le boulot, 5% d’erreur, c’est se faire virer, j’imagine mal une société de routage de courrier qui aurait 5% de ses lots avec un comptage incorrect quand la poste met le lot dans sa trieuse, ou un supermarché qui aurait 5% de ses liasses de billets et rouleaux de pièces qui ne contiendraient pas la bonne somme d’argent.
Il y a de vastes progrès à faire, et je pense que ces progrès passent par le facteur humain des bureaux de vote, peu importe l’équipement utilisé. J’admets quand même qu’ils ont l’air de se faire grave chier à attendre les électeurs !
Le 19/04/2016 à 09h46
Le 19/04/2016 à 09h53
Qu’est-ce que c’est ringard les machines à voter, pourquoi ne pas utiliser Internet ou le téléphone, tout simplement ? Si l’on peut faire des virements bancaires à partir de son téléphone, on doit pouvoir voter avec le même niveau de sécurité. C’est aussi simple que cela.
Le 19/04/2016 à 10h05
Sauf que la sécurité maximale n’existe pas. S’il y a un problème avec ton virement, ou une fraude, ta banque devra faire le nécessaire pour résoudre le problème. Lors d’une élection, on ne peut pas simplement dire à l’électeur ce que l’on dirait à un client “on vous rembourse l’argent transféré frauduleusement”. S’il y a fraude lors de l’élection, il faut soit en organiser une nouvelle, soit avaliser le résultat, avec le risque d’illégitimité qui en résulterait.
Le 19/04/2016 à 10h29
sinbad21 a écrit :
Qu’est-ce que c’est ringard les machines à voter, pourquoi ne pas utiliser Internet ou le téléphone, tout simplement ? Si l’on peut faire des virements bancaires à partir de son téléphone, on doit pouvoir voter avec le même niveau de sécurité. C’est aussi simple que cela.
Justement, c’est tout le problème: avec le même niveau de sécurité. Et je sais pas si tu t’intéresses un peu au monde de la sécurité électronique mais c’est pas vraiment un fleuve tranquille.
Pour faire bref, un ordi qui plante ou qui se fait hacker, c’est con mais ça arrive. Avec un vote, c’est déjà assez difficile de lutter contre la fraude en concentrant les votes dans des bureaux municipaux, alors électroniquement depuis chez soi je préfère pas imaginer la catastrophe. Autant laisser tomber le suffrage universel et instaurer une monarchie.
Le 19/04/2016 à 10h43
Et encore, il y a parfois des doutes sur la légitimité de l’héritier
Le 19/04/2016 à 11h21
Le 19/04/2016 à 11h37
Le 19/04/2016 à 12h07
Le 19/04/2016 à 12h08
c’est bon..t’as fais ton" />du jour !
Le 19/04/2016 à 12h20
Et surtout qu’il manque la case “abstention” " />
Le 19/04/2016 à 12h38
Et pourtant l’autre jour sur ici même je me suis fais incendié car j’ai dis voter nul et qu’a cause de moi le dépouillage durait plus longtemps ce qui faisait louper à monsieur son plateau télé
Le 19/04/2016 à 12h44
M. Kaltenbach a récemment été condamné à 2 ans de prison ferme pour corruption.
Le 19/04/2016 à 13h08
Bravo tu viens de gagner le prix de la suffisance, t’es content de toi ? Bien sûr tu es content. Argumente au lieu d’insulter, mais je doute que tu en sois capable.
Le 19/04/2016 à 13h54
Donne plutôt le n° du comm, j’ai pas la même pagination ;)
Le 19/04/2016 à 14h25
Le 22/04/2016 à 21h29
C’est du lourd quand même …
Le Monde
http://www.leparisien.fr/clamart-92140/le-senateur-des-hauts-de-seine-philippe-kaltenbach-suspendu-du-parti-socialiste-18-04-2016-5726023.php