[MàJ] Chiffrement : WhatsApp débloqué au Brésil après seulement 24 heures
72 heures chrono
Le 04 mai 2016 à 06h45
5 min
Société numérique
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Pour la deuxième fois en quelques mois, WhatsApp se retrouve bloqué au Brésil pour une durée de trois jours. Une décision prise par le juge Marcel Maia Montalvão contre une entreprise qui refuse de donner les informations demandées.
En décembre, la décision avait fait grand bruit : le juge Xavier de Souza avait ordonné le blocage de WhatsApp pendant 48 heures. Le blocage s’était cependant évaporé en à peine 12 heures, la levée de boucliers au Brésil ayant été particulièrement vive. WhatsApp y est de très loin la solution de messagerie instantanée la plus utilisée. Le nombre d’utilisateurs locaux était alors d’environ 93 millions. Aujourd’hui, il dépasse les 100 millions (sur plus d’un milliard d’utilisateurs actifs dans le monde).
Il s’agissait bien de punir l’entreprise pour son refus d'assister la justice dans une affaire dont les contours étaient flous. On sait simplement qu’elle concerne un trafic de drogues. Des informations avaient été demandées à la société, qui n’avait pas répondu dans les temps. La décision du juge avait notamment provoqué l’ire de Mark Zuckerberg – WhatsApp appartient à Facebook – qui avait qualifié l’évènement de « jour triste pour le Brésil ».
Un nouveau blocage, cette fois de 72 heures
Environ six mois plus tard, la situation se répète. Un autre juge, Marcel Maia Montalvão, a ordonné cette fois le blocage de WhatsApp pour une durée de 72 heures. Il a commencé hier soir à 19 h (14 h heure locale) et devrait donc être levé jeudi soir, à moins qu’il ne soit interrompu avant, comme en décembre. La mesure est directement répercutée par les cinq opérateurs du pays, TIM, Oi, Vivo, Claro et Nextel, qui ne pouvaient refuser sous peine d’une astreinte d’environ 124 000 euros par jour de retard.
Selon le journal Folha de São Paulo, cette mesure aurait été prise dans le cadre de la même affaire qu’en décembre. La presse locale semble savoir qu’il a été demandé à WhatsApp des données privées, très probablement dans le cadre d’une enquête. L’entreprise aurait refusé, s’attirant alors les foudres d’un juge pour la deuxième fois en à peine six mois. Notez d’ailleurs que Marcel Maia Montalvão avait ordonné en décembre que le vice-président de Facebook Amérique Latine, Diego Dzodan, soit détenu une nuit en prison pour avoir refusé d’obtempérer.
Un chiffrement renforcé entretemps
Il n’est pas certain que ce nouveau blocage soit réellement maintenu pendant la durée prévue. Lorsque le premier avait été levé, le juge Xavier de Souza avait indiqué qu'il « n'était pas raisonnable de punir des millions d'utilisateurs ». Mais que la mesure soit totalement appliquée ou non, elle souligne encore une fois la situation tendue qui peut exister entre les fournisseurs de services de communication et les forces de l’ordre.
En effet, si la situation pouvait déjà être complexe en décembre pour la police brésilienne, elle ne peut qu’être pire aujourd’hui. WhatsApp a pour rappel activé le chiffrement de bout-en-bout récemment, modifiant radicalement sa capacité à fournir des informations. Avec ce type de chiffrement en effet, les messages sont chiffrés avant de quitter le téléphone et ne retrouvent leur format texte plein qu’une fois arrivés sur le smartphone du destinataire. Les serveurs de WhatsApp ne servent plus alors que de simple relai.
Une affaire symptomatique de la situation autour du chiffrement
La situation est d’autant plus tendue que le Congrès brésilien travaille actuellement sur plusieurs projets de loi qui durciraient les peines sur de nombreux points autour de l’utilisation globale d’Internet. Violer les conditions d’utilisation d’un site web pourrait ainsi mener à de la prison.
Parallèlement, cette décision du juge s’inscrit dans un contexte plus global où le chiffrement devient un facteur de ralentissement, voire de blocage pour les enquêtes en cours. L’affaire en cours présente des similitudes avec celle qui a opposé Apple au FBI ces derniers mois : une entreprise détient potentiellement des données ou un moyen d’accès vers des données, mais refuse de les remettre aux autorités.
Qu’il s’agisse d’Apple avec l’enclave sécurisée ou de WhatsApp avec le chiffrement de bout-en-bout, la nouvelle ligne de défense semble basculer petit à petit sur l’impossibilité technique de contourner les protections mises en place. Diego Dzodan avait ainsi indiqué en mars qu’en raison du chiffrement utilisé, aucune information n’était stockée. WhatsApp ne pouvait donc produire des éléments « qui n’étaient pas en sa possession ».
Une décision qui puni « plus de 100 millions de Brésiliens »
La ligne de défense de WhatsApp ressemble d’ailleurs largement aux propos de Mark Zuckerberg en décembre dernier. Un porte-parole a ainsi indiqué au New York Times : « La décision punit plus de 100 millions de Brésiliens qui s’appuient sur nos services », ajoutant que l’entreprise avait pourtant coopéré « autant qu’il était possible avec les tribunaux locaux ». Le terme « possible » étant ici crucial.
On notera que ce nouveau blocage a fait à nouveau le bonheur de Telegram, qui a vu plus d’un million de nouveaux inscrits à son service de messagerie en quelques heures. Cette translation d’utilisateurs s’est accompagnée malheureusement pour le concurrent d’une surcharge dans l’envoi des SMS de confirmation, provoquant des retards de réception chez les nouveaux utilisateurs.
Sorry, Brazil! Your mobile networks can't process as many verification SMS as we're sending them. Over a million users joined, more waiting
— Telegram Messenger (@telegram) 2 mai 2016
[MàJ] Chiffrement : WhatsApp débloqué au Brésil après seulement 24 heures
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Un nouveau blocage, cette fois de 72 heures
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Un chiffrement renforcé entretemps
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Une affaire symptomatique de la situation autour du chiffrement
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Une décision qui puni « plus de 100 millions de Brésiliens »
Commentaires (47)
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Abonnez-vousLe 05/05/2016 à 11h12
Le 03/05/2016 à 15h05
Le 03/05/2016 à 16h50
Diego libre dans sa tête " />
Le 03/05/2016 à 18h02
Le 03/05/2016 à 18h51
Whatsapp est revenu, ça n’aura duré que 24h.
Les avocats de Whatsapp ont bien bossé " />
Le 03/05/2016 à 18h57
Le 03/05/2016 à 19h03
Ça se pourrait bien " />
Le 04/05/2016 à 00h35
Marrant le nombre de gens ici qui trouvent tout a fait légitime que les GAFA soient au-dessus des lois.
Je suppose que la défiance envers les institutions est plus forte que la défiance envers les multinationales…
Le 04/05/2016 à 06h50
Le 04/05/2016 à 06h54
“Mark Zuckerberg a de son côté suggéré aux Brésiliens de se réunir devant le Congrès pour demander que soient votées des lois qui garantiraient que de tels blocages ne surviennent plus jamais.”
Marrant qu’il n’ait pas proposé que les bresiliens se réunissent pour exiger que leurs données personnelles ne soient plus jamais exploitées par une entreprise commerciale.
Serait-il intéressé, ce Mark Suckerberg ?
Le 04/05/2016 à 07h03
S’en prendre au fournisseur de service c’est la porte ouverte a des dérives importantes. C’est plus sur la forme que sur le fond que ca dérange (avis personnel). De mon coté je trouve absurde de vouloir tout crypter, même des messages aussi simple que “j’arrive dans 5 minutes”… mais c’est un autre débat.
Le 04/05/2016 à 07h12
Le 04/05/2016 à 07h14
Le 04/05/2016 à 07h16
Le 04/05/2016 à 07h29
Le 04/05/2016 à 07h44
il a le droit de s’exprimer et dire ce qu’il pense ailleurs qu’aux US…
Le 04/05/2016 à 07h50
Le 04/05/2016 à 08h18
Le 04/05/2016 à 09h20
Le 04/05/2016 à 09h23
Le 04/05/2016 à 09h24
Le 04/05/2016 à 09h25
Le 04/05/2016 à 09h39
Chacun à son point de vue, et si je comprend le tiens, je reste persuadé que Le chiffrement n’apporte rien à l’utilisateur dans la plupart des cas.
Quand à celui qui veut cacher des choses, il chiffre, et oui effectivement il va peut être attirer le regard. mais en même temps, il a chiffré, donc il ne sera pas inquiet de voir ses données exposées .
C’est comme discuter en public, si tu veux cacher quelque chose, tu chuchotes à ton voisin. et ça attire l’attention. ça veut pas dire que tout le monde doit se mettre à chuchoter pour faire plaisir à ceux qui ont besoin de cacher quelque chose !
Le 04/05/2016 à 10h49
Le 04/05/2016 à 11h48
Les raisons de chiffrer tout en restant dans la légalité sont suffisement nombreuse. Et quel est le problème d’être suspect? Sans preuve supplémentaire il n’y aura pas de perquisition ou d’obligation de présenter des données non chiffrées.
Le 04/05/2016 à 11h50
Le problème c’est que aux états unis les entreprises (comme WhatsApp) sont obligées de fournir les informations sur leurs utilisateurs (Patriot Act). Et quand on sait le scandale qu’il y a eu sur la surveillance de masse (Edward Snowden), encrypter n’importe quelle donnée est maintenant impératif.
Cette guerre entre les gouvernements et les entreprises sur l’encryptage des données de leur utilisateurs (FBI vs Apple par exemple) n’est pas en train d’exploser pour rien. Crypter toutes les communications (messages, appels, etc..) de bout en bout, même si c’est un message lambda est primordiale pour la sécurité de tous les utilisateurs.
Encrypter toutes les communications c’est l’avenir de la communication libre sur internet: sans surveillance possible, exactement comme quand on parle à quelqu’un qui est à côté de nous.
Le 04/05/2016 à 11h50
Le 04/05/2016 à 12h17
Bah sauf erreur quand tu discutes chez toi, c’est bien à un ou plusieurs destinataire présent physiquement. De même à moins que la maison (appartement) soit infecté de micro, ils seront bien les seules à entendre ce que tu dis.
Le 04/05/2016 à 12h19
Le 04/05/2016 à 14h13
Le 04/05/2016 à 16h56
Sur le même modèle, est-ce qu’on peut demander le blocage de TAFTA ? Il semblerait que les infos soient chiffrées pour les yeux des citoyens.
Le 05/05/2016 à 01h43
Oui et donc ? Une société privé défend ses intérêts. Y’a quelque chose d’inédit la dedans ou j’ai loupé un truc ?
Le 05/05/2016 à 07h35
Le 03/05/2016 à 08h40
La décision du juge ne me semble pas logique, il n’y a pas volonté de ne pas coopérer.
Je sens qu’il va devenir, à terme, interdit d’utiliser des appli utilisant le chiffrement de bout en bout afin que les diverses autorités puissent contraindre les entreprises à avoir les moyens de coopérer, et là la décision du juge deviendra logique.
Là alors le parallèle avec Apple sera valable également (même si la différentiation y expliquée, il ne tient pas je trouve).
Le 03/05/2016 à 08h51
Je note surtout que y a un brésilien sur 2 qui utilise cet app. " />
Le 03/05/2016 à 08h56
Donc on bloque un moyen de communication utilisé par près de 100 millions d’individus car un juge ne peux pas accéder à une information crypté que même l’appli ne peux pas non plus ! " />
Le 03/05/2016 à 09h25
On aura probablement droit à la même chose bientôt.
Ça les incitera peut-être à utiliser d’autres protocoles, plus difficiles à bloquer.
Le 03/05/2016 à 09h26
A noter que cela semble être un simple blocage DNS. Donc m’est avis que les Brésiliens vont apprendre à contourner le truc rapidement
Le 03/05/2016 à 09h30
Jamais expérimenté sur un smartphone. La manip est accessible à tout le monde sur un android et consorts ?
Le 03/05/2016 à 09h32
Ah, j’avais oublié ce détail :)
Nope, pas facilement faisable. Ça peut se faire au niveau de l’application ceci dit si les dévs sont prévoyants (ce que permet Twidere, client libre pour Twitter, par exemple)
Le 03/05/2016 à 09h37
Le 03/05/2016 à 09h37
Reste plus qu’a être réactif coté Whatapps alors.
Je me demande si ils peuvent bloquer la disponibilité des mise a jours de l’application dans ce cas la.
Peut être une appli fait déjà le boulot, ce serais pas mal d’avoir l’info au vu des temps qui court " />
Edit : Merci WereWindle. SetDNS et autres, il y en a pas mal tout compte fait.
Le 03/05/2016 à 09h42
" />
Du coup, je viens d’en trouver une de 2015 mais qui nécessite les droit root.
M’en vais tester ça du coup avec les résolveurs publics de FDN :)
Le 03/05/2016 à 14h02
les SMS et appels sont hors de prix. Par contre il y a des forfaits exprès pour de la data juste pour Whatsapp!
Le 03/05/2016 à 14h04
Je suis au Brésil, et la solution que j’ai trouvée sur mon iphone, c’est de passer par un VPN.
Le 03/05/2016 à 14h48
Le 03/05/2016 à 14h58
Est-ce vraiment nefaste pour l’appli ou au contraire avec l’effet Streisand ca la boost un peu?
(en dehors de toutes considération éthique)