Des députés plaident pour un « droit à l’erreur » dans la conception des services publics numériques
Pour encourager les bêtas
Le 16 mai 2016 à 12h21
4 min
Droit
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Alors que le gouvernement s’est récemment engagé en faveur du lancement de « start-ups d’État », un rapport parlementaire propose d’amplifier ce mouvement en reconnaisant un « droit à l’erreur » dans la conception des projets numériques au sein de l’État.
Aux yeux des députés Corinne Erhel (PS) et Michel Piron (UDI), chargés en octobre 2014 d’évaluer les politiques de « modernisation numérique de l’État », la réussite d’un tel chantier doit encore passer par « un changement des mentalités, dont l’un des exemples les plus intéressants est la reconnaissance d’une certaine forme de "droit à l’erreur" ». Dans leur rapport, rendu public la semaine dernière, les deux parlementaires regrettent que « les modes de pensée irriguant le fonctionnement de l’administration depuis des décennies ne laissent pas de place au tâtonnement ou au droit – relatif – à l’erreur qui sont pourtant consubstantiels à la méthode agile aujourd’hui adoptée avec succès pour accomplir la transformation numérique ».
Plusieurs projets réalisés sous l’égide du Secrétariat général de modernisation de l’action publique (SGMAP) sont ainsi mis en avant : Marchés publics simplifiés, Mes-aides, etc. Tous ont été menés dans un laps de temps relativement court – en principe quelques mois – par de petites équipes usant des méthodes dites agiles (voir notre article à ce sujet). Pour Corinne Erhel et Michel Piron, « la reconnaissance du bien-fondé du tâtonnement est essentielle à la cohérence de [cette] démarche qui veut que l’État élabore aujourd’hui de nouvelles applications « en mode startup » – c’est-à-dire en quelques mois, à partir d’expériences locales concrètes, avec lancement du produit en « version bêta », donc inachevée, (...). D’ailleurs, le lancement d’une application en version bêta s’accompagne généralement de la présence d’un bouton « signaler une erreur » pour faire remonter par courriel aux concepteurs de l’application les anomalies constatées le cas échéant. »
Tâtonnement et « droit à l’erreur » consubstantiels aux start-ups d’État
Les rapporteurs estiment premièrement qu’il faudrait encourager le tâtonnement, en associant davantage les fonctionnaires aux démarches de transformation numérique. « C’est un point important car, bien souvent, on ne demande pas l’avis des agents lors de la mise en place de nouvelles téléprocédures. Or leur regard peut être intéressant, d’autant qu’ils sont directement en contact avec l’usager », soutient en ce sens Corinne Erhel. Deuxièmement, la reconnaissance d’un « droit à l’erreur » permettrait « d’améliorer les nouvelles procédures au fur et à mesure de leur développement, en prenant en compte les éventuelles remarques des usagers pour les améliorer ».
Si cette proposition n’est pas sans rappeler le « statut d’innovateur public » suggéré par un autre rapport (et qualifié de « bonne idée » par Axelle Lemaire), il lui faudra surmonter d’importantes barrières culturelles. L’abandon d’un projet « est encore difficilement admissible pour les administrations à l’heure actuelle » explique à cet égard le rapport Erhel-Piron. Pourtant, soulève-t-il en conclusion, tout est « question de proportions : l’abandon d’un projet de simulateur développé en quelques mois qui se révélerait induire systématiquement ses utilisateurs en erreur n’a pas de commune mesure avec la légitime exigence selon laquelle, pour reprendre la formule spontanée d’un interlocuteur des rapporteurs au ministère de l’Intérieur, « On ne peut pas planter les élections » pour cause de défaillance d’une application informatique. »
Des députés plaident pour un « droit à l’erreur » dans la conception des services publics numériques
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Tâtonnement et « droit à l’erreur » consubstantiels aux start-ups d’État
Commentaires (29)
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Abonnez-vousLe 16/05/2016 à 21h13
Quand tu sais plus quoi foutre de ton pognon, tu applique la méthode agile, ça permet de justifier les pertes.
Le 16/05/2016 à 23h51
La méthode empirique, y a que ça de vrai :)
Le 17/05/2016 à 07h30
La méthode ne fonctionne que si le client est impliqué. Dans tous les projets sur lesquels j’ai pu bosser en Agile, le client n’était qu’à moitié là = ça ne fonctionne pas. Ils ont toujours des réunions, d’autres projets, pas le temps …
Le 17/05/2016 à 08h39
J’aimerai tellement que ça soit faux …
Mais je ne compte plus le nombre de fois où j’ai vu des “méthodes Agile” imposer et appliquer n’importe comment dans une boite, c’est risible :/ (Surtout qu’ils disent bien que c’est a adapté en fonction de chaque équipe et non pas a appliquer en tant que tel ….. ouai je te regarde SCRUM )
Le 17/05/2016 à 09h10
Le 17/05/2016 à 10h31
Le 17/05/2016 à 10h56
Le 17/05/2016 à 10h58
Roger, remets-moi un muscadet ! " /> Va déposer tes crottes ailleurs.
Le 17/05/2016 à 11h10
Le 17/05/2016 à 11h13
Le 17/05/2016 à 12h06
Il s’agit plus, à mon sens, d’autoriser les administrations à lancer de
petit chantier par tâtonnement et éviter les remarque de la cours des
comptes critiquant tel ou tel dépense superflu. Voir de lancer certains chantier et les refermer rapidement si celui-ci ne correspond pas aux attentes.
Le 17/05/2016 à 12h31
Le 17/05/2016 à 19h00
Le 18/05/2016 à 18h06
Le 16/05/2016 à 12h26
Et faire des spécifications correctes, avec l’aide des futurs utilisateurs, c’est trop compliqué ?
Le 16/05/2016 à 12h33
Ces deputes là ne semblent pas bon a grand chose on dirait…..
Le culte de l’excellence ne veut donc rien dire en France !?
pffffffff
Le 16/05/2016 à 12h37
Si je comprend bien, on a besoin de légiférer pour avoir un workflow cohérent ?
Le 16/05/2016 à 12h53
Je vais demander un avenant à mon contrat pour contractualiser les erreurs !
Le 16/05/2016 à 12h55
Gouvernement Ayrault 1.0, 2.0, Gouvernement Valls 1.0, 2.0… ils ont déjà le droit à l’erreur non ? le bouton Signalez une erreur ne donne pas de résultats " />
Le 16/05/2016 à 12h55
Donc les radars par exemple ont aussi droit à l’erreur (74 km/h pour un car scolaire à l’arrêt) ?
Le 16/05/2016 à 13h47
Elles ne seront jamais parfaitement implémentées, ou si elles le sont, ça sera au bout de 10 ans, donc le projet ne servira plus à rien. C’est justement pour ça que ces députés proposent ce “droit à l’erreur”.
De manière plus générale, c’est ce que fait le simulateur des impôts, en donnant une “estimation” des impôts, qui a toujours été bonne à l’euro prêt pour moi.
Le 16/05/2016 à 14h30
Les députés et autres élus de tous bords ont bien le droit à l’erreur puisqu’ils se plantent sans cesse, truandent, mentent, volent, trompent, diffament, escroquent et qu’ils ne sont jamais condamnés et continuent à profiter largement de nos impôts et taxes. Alors pourquoi pas les fonctionnaires ?
Le 16/05/2016 à 14h53
Le 16/05/2016 à 14h59
Un dysfonctionnement, peut-être lié au modèle utilisé, qui pourrait toucher toute la France.
c’est pas très rassurant tt. ça !!! " />
Le 16/05/2016 à 15h02
Le 16/05/2016 à 17h26
au tâtonnement ou au droit – relatif – à l’erreur qui sont pourtant consubstantiels à la méthode agile aujourd’hui adoptée avec succès pour accomplir la transformation numérique
Quand on voit que Agile ne fait plus franchement l’unanimité chez les gens qui ont tenté de vraiment l’appliquer, encore une fois ils ont un train de retard.
Méfiance également à ce qu’un tel droit à l’erreur ne mène pas à (encore plus de) abus et projets lancés sans contrôle, concertation, ou même intelligence, à l’abri derrière un rempart de “droit à l’erreur”, juste pour céder aux sirènes de la mode ou des factures aux copains…
Le 16/05/2016 à 18h42
Le 16/05/2016 à 19h28
Le 16/05/2016 à 20h13