La justice européenne remet en cause le régime espagnol de la copie privée
Mais pas l'idée d'une subvention publique
Le 09 juin 2016 à 14h10
3 min
Droit
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Coup de froid en Espagne. La Cour de justice de l'Union européenne a finalement refusé le mécanisme de redevance copie privée financée par une subvention de l’État, tel qu’envisagé par nos voisins.
Contrairement aux conclusions de l’avocat général, la Cour de Luxembourg a considéré que l’Espagne n’était pas dans les clous de la directive sur le droit d’auteur. Il faut dire que plutôt que d’asseoir la redevance sur le prix des produits comme en France, ce pays a finalement préféré instaurer une subvention publique puisée sur le budget général, au profit des sociétés de gestion collective. Dans le même temps, la redevance a fondu de 17,5 millions d’euros chaque année à 5 millions. On comprend du coup pourquoi ces SPRD ont porté ce dossier jusque devant la justice européenne.
L’analyse des juges est néanmoins prudente. Comme l’avocat général, ils estiment que compte tenu de la large marge d’appréciation des États membres, le texte de la directive « ne saurait être regardé comme s’opposant, par principe, à ce que les États membres qui ont décidé d’instaurer l’exception de copie privée choisissent d’instituer, dans ce cadre, un système de compensation équitable financée non pas par une telle redevance, mais par leur budget général » (point 24). En clair, ce régime de subvention publique n’est pas en soi interdit.
Tout le monde n'a pas à payer la redevance, notamment les personnes morales
Ce qu’il l'est par contre, c’est le fait que l’ensemble des personnes soit finalement astreintes à payer ces sommes, notamment les personnes morales. Or, la CJUE a rappelé que celles-ci doivent pouvoir bénéficier d’un régime d’exonération ou à tout le moins de remboursement, qui n’existe pas en l’état en Espagne, le pays n’ayant pas opté pour un système d’affectation de recettes concrètes (ce qui aurait été le cas avec un prélèvement spécifique). Conclusion : « un tel système de financement de la compensation équitable par le budget général de l’État membre concerné n’est pas susceptible de garantir que le coût de cette compensation est supporté, in fine, par les seuls utilisateurs de copies privées. »
La Cour considère que le régime espagnol doit donc être remis en cause en l’état. Pour l’avenir, le pays n’aura pas mille alternatives. Il doit opter pour un système qui garantisse que seuls les bénéficiaires de la copie privée aient à payer, non les personnes morales. Une piqûre qui vaut pour tous les pays, et qui rappelle que les professionnels doivent bénéficier d’une exonération ou d’un remboursement effectif. Un sujet qui questionne lourdement en France.
La justice européenne remet en cause le régime espagnol de la copie privée
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Tout le monde n'a pas à payer la redevance, notamment les personnes morales
Commentaires (14)
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Abonnez-vousLe 09/06/2016 à 14h33
le régime espagnol ou le régime de notaire ?
Le 09/06/2016 à 14h42
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Le 09/06/2016 à 14h54
17,5 millions? C’est tout?
Le 09/06/2016 à 14h55
“non les personnes morales. ” ( Ceux qui ne copient pas ? )
« un tel système de financement de la compensation équitable par le
budget général de l’État membre concerné n’est pas susceptible de
garantir que le coût de cette compensation soit est supporté, in fine, par
les seuls utilisateurs de copies privées. »
C’est contradictoire ici ? (ou je ne comprends pas)" />
Le 09/06/2016 à 15h02
Si j’ai bien compris, le raisonnement est le suivant :
le budget de l’État membre est alimenté par les personnes physiques et les personnes morales (impôt sur les sociétés). Donc une compensation payée par le budget général de l’état est aussi payé par les personnes morales qui ne doivent pas payer cette contribution.
Il faudrait donc un impôt spécifique payés seulement par les personnes physiques pour payer cette compensation.
Le 09/06/2016 à 15h13
J’avais oublié les sens entre “Personnes Physiques” et “Personnes Morales” " /> (ça remonte à un bon moment)
Le 09/06/2016 à 15h22
Le 09/06/2016 à 15h30
”…par les seuls utilisateurs de copies privées”
Par contre ici, je reste perplexe (à qui d’autres pensent-ils ?)
J’espère que ce ne sont pas ceux qui ne copient pas, ce n’est pas logique
Le 09/06/2016 à 15h35
Tout ce bordel au niveau del’exception copie privé, juste pour avoir le droit de faire un copié / collé d’un MP3.
Si c’est pas ridicule…
Le 09/06/2016 à 15h53
C’est toujours pour faire la différence personnes physiques et morales. “les seuls utilisateurs de copies privées” sont les personnes physiques dans la logique du concept.
Le 09/06/2016 à 16h47
Il suffit de mettre en place un mécanisme simple qui fait en sorte que seules les personnes physiques soient impactées. 0,10€ par personne physique prélevé lors de la déclaration des impôts sur le revenu et voilà ! :-)
Quoi qu’il en soit 5M€ en Espagne contre 200M€ en France, cherchez l’erreur !!
Le 09/06/2016 à 16h49
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Uniquement si ton MP3 n’est pas protégé, sinon tu as pas le droit.
Et vu que ton mp3 non protégé vient certainement d’une source illicite ce n’est pas pris en compte.
En gros tu payes pour avoir le droit de la fermer. C’est beau quand même….
Le 09/06/2016 à 20h22
Le 13/06/2016 à 06h45