Le nouveau « dossier médical partagé » est sur les rails
Un truc de malade ?
Le 05 juillet 2016 à 15h20
6 min
Droit
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Dès demain, les « dossiers médicaux personnels » deviendront officiellement des « dossiers médicaux partagés ». Le gouvernement a publié au Journal officiel de ce matin le décret permettant la mise en place de cette sorte de carnet de santé consultable en ligne, tel que revu par la loi sur la santé du 26 janvier 2016.
« Le dossier médical partagé ne se substitue pas au dossier que tient chaque établissement de santé ou chaque professionnel de santé, quel que soit son mode d'exercice, dans le cadre de la prise en charge d'un patient », précise d’entrée le décret d’application de l’article 96 de la récente loi Touraine sur la santé. Et pour cause, le nouveau « DMP » est avant tout destiné à améliorer le suivi des patients entre médecins. Chaque dossier a notamment vocation à contenir :
- Des informations sur l'état des vaccinations, les synthèses médicales, les fameuses « lettres de liaison » entre médecins, les comptes rendus de biologie médicale, d'examens d'imagerie médicale, d'actes diagnostiques et thérapeutiques...
- Des données relatives à la dispensation de médicaments, telles qu’issues du dossier pharmaceutique.
- Des consignes du titulaire en cas de situation grave ou de décès (sur le don d’organes ou de tissus, le nom et les coordonnées de sa personne de confiance...).
L’ensemble de ces informations sera accessible gratuitement depuis un site Internet (a priori « dmp.gouv.fr »), à la fois par les professionnels de santé et les patients ayant choisi d'avoir un DMP, puisque cet outil continuera d'être proposé aux seules personnes intéressées.
Un véritable « carnet de santé numérique »
Tout bénéficiaire de l’assurance maladie pourra en créer un compte, ou demander à ce qu’on lui en créée un (auprès d’un professionnel de santé ou lors d’un passage en laboratoire par exemple). « La création du dossier médical partagé nécessite le consentement exprès et éclairé du bénéficiaire », indique le décret. Ce dernier précise d’ailleurs que l’accord du patient pourra être recueilli « par tout moyen, y compris de façon dématérialisée » – ce qui n’est pas possible aujourd’hui. Le patient devra dans tous les cas être informé des finalités du dossier médical partagé ainsi que de ses modalités de création, de paramétrage, de clôture et de destruction.
Par principe, le médecin traitant disposera d’un accès complet aux informations contenues dans les DMP de ses patients. Chaque titulaire d’un dossier médical partagé pourra en revanche en interdire l’accès à certains professionnels de santé (autres que son docteur habituel) : dentiste, infirmière, allergologue...
« Lorsqu'un professionnel de santé estime qu'une information sur l'état de santé versée dans le dossier médical partagé ne doit pas être portée à la connaissance du patient sans accompagnement, il peut rendre cette information provisoirement inaccessible au titulaire du dossier en attendant qu'elle soit délivrée à ce dernier par un professionnel de santé lors d'une consultation d'annonce », poursuit le décret. Si cette consultation d’annonce n’a pas eu lieu sous deux semaines, « le patient est informé par tout moyen y compris dématérialisé d'une mise à jour de son dossier médical partagé, l'invitant à consulter un professionnel de santé, notamment son médecin traitant, pour en prendre connaissance ». Si ce n’est toujours pas le cas au bout d’un mois, l’information en question deviendra « automatiquement accessible » au patient.
Suivi des accès et avertissements en cas d’utilisations frauduleuses
Il est d’autre part prévu que toutes les actions réalisées sur le DMP soient « tracées et conservées dans le dossier médical partagé, et notamment la date, l'heure, et l'identité de la personne qui a créé ou modifié le dossier médical partagé ». Cet historique sera accessible au titulaire du DMP comme aux professionnels de santé.
Autre chose : la Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS), à qui est confié la gestion des DMP, devra avertir le patient dont le dossier aura fait l’objet d’un piratage. « Lorsqu'elle constate ou est informée d'une situation ou d'un événement révélant un dysfonctionnement grave ou une utilisation frauduleuse », détaille le décret, l’institution devra en informer « sans délai » le titulaire du DMP et les professionnels de santé concernés, tout en prenant « toutes les mesures conservatoires nécessaires ».
Afin d’éviter que les données de santé de millions de Français se retrouvent dans la nature, la CNAMTS est logiquement tenue de respecter les référentiels édictés par l’administration, et plus particulièrement le référentiel général de sécurité de l’ANSSI.
Enfin, en cas de décès ou sur demande du patient, le DMP sera clôturé. À compter de cette fermeture, le dossier médical partagé sera archivé. « Il reste néanmoins accessible pour tout recours gracieux ou contentieux », ajoute le décret. En l'absence d'accès postérieur, l’administration procèdera à une destruction au bout de dix ans.
Une transition imminente
Dès le 6 juillet, jour d’entrée en vigueur de ce décret, tous les dossiers médicaux personnels deviendront des dossiers médicaux partagés (on en compte 585 000 à ce jour). Ils seront donc régis par ces nouvelles règles. Une phase de transition de plusieurs mois pourrait toutefois s’enclencher, afin par exemple que les patients puissent créer par eux-mêmes un DMP par voie dématérialisée, ce qui n’est pas encore possible aujourd’hui.
Ce dossier devrait en tout cas être suivi de près par la Cour des comptes, qui avait dénoncé en 2013 la gestion guère reluisante du DMP. « Le coût total de développement du dossier médical personnel a été d’au moins 210 M€ entre la loi de 2004 l’ayant instauré et fin 2011 », regrettaient notamment les magistrats, pour – à l’époque – environ 260 000 dossiers créées. L’absence « particulièrement anormale de stratégie » des pouvoirs publics était vivement pointée du doigt, de même que le « grave défaut de continuité de méthode dans la mise en œuvre d’un outil annoncé comme essentiel à la réussite de profondes réformes structurelles ».
Le nouveau « dossier médical partagé » est sur les rails
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Un véritable « carnet de santé numérique »
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Suivi des accès et avertissements en cas d’utilisations frauduleuses
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Une transition imminente
Commentaires (33)
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Abonnez-vousLe 05/07/2016 à 15h34
J’ai juste une crainte sur la sécurité des données. Surtout quand on voit que dans d’autres pays (USA) les dossiers des patients ont légère tendance à se retrouver dans la nature.
Le 05/07/2016 à 15h39
Juste une question : qui est pénalement responsable du secret médical stocké ?
Normalement le médecin source. Je peux vous dire qu’aucun toubib ne prendra la responsabilité de se retrouver un taule en alimentant ce dossier partagé dont ils ne maitrisent en rien la sécurité ni la garntie du secret médical. L’ANSSI peut pondre tous les référebtiels sécu qu’elle veut. son patron n’ira pas en taule en cas de fuite de secret médical.
Le 05/07/2016 à 15h40
Carte Vitale by Buzcard
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Le 05/07/2016 à 15h45
Clairement. Ca attendra bien une dizaine d’années et 2 ou 3 fuites avant de vraiment servir à quelque chose. Il y a forcément des cas auxquels ils n’ont pas pensé, et les données en question sont plutôt sensibles.
Le 05/07/2016 à 15h56
Mouahahaha. 25 ans qu’on en parle du DMP. Nième décret… Attendons les normes qu’on rigole. L’implémentation à l’heure des usages omniprésents d’internet sera à s’arracher les cheveux. Interopérabilité mon oeil.
Le 05/07/2016 à 16h12
Le 05/07/2016 à 16h58
Le 05/07/2016 à 17h01
A première vue, pas de grosse nouveauté par rapport au DMP existant depuis 2011.
J’espère que la reprise du dossier par la CNAMTS motivera les professionnels de santé à l’utiliser et informer les patients.
Le 05/07/2016 à 17h01
Le 05/07/2016 à 18h04
J’espère que les différents « corps de métiers » n’auront accès qu’au infos les concernants.
L’ophtalmo n’as pas besoin de savoir que j’ai eu la ch..sse y’a 1 mois, etc…..
Edit : Je n’ose imaginer le problème que cela pourrait poser pour des personnes ayants de vrai maladies.
Le 05/07/2016 à 18h26
Le 05/07/2016 à 19h33
et la page vers laquelle mène le lien “Référentiel général de sante
République Françaisen sent tout le serieux qu’il y a derriere
Le 05/07/2016 à 20h07
Le 05/07/2016 à 20h22
Un futur flop. Déjà le nom va en refroidir plus d’un alors qu’on aurait pu profiter de l’occasion pour en changer et essayer de faire oublier l’arlésienne DMP (le Français a une mémoire de poisson rouge).
Mais non, plutôt que de l’adosser au système (DP) que les pharmaciens ont mis en place et qui fonctionne, on préfère une fois de plus l’usine à gaz. La patientèle concernée (personnes âgées) qui aurait pu bénéficier le plus de la mise en commun de ses informations par les professionnels de santé est celle qui maitrise le moins l’outil informatique.
De plus, quel médecin va perdre son temps à créer/remplir un dossier de plus alors que la plupart sont déjà surbookés ? L’administration aurait pu automatiser le processus d’alimentation, croiser les données qu’elle reçoit par télétransmission (médecins, pharmaciens, etc) avec les données qu’elle a déjà sur le patient, créer et alimenter les dossiers avec, et en informer le patient, ce dernier étant toujours libre de refuser par la suite et demander la suppression de son dossier.
Mais non il vaut mieux réinventer la roue, carrée de préférence.
Le 05/07/2016 à 21h15
Cet article ne parle pas du point qui semble faire débat. Si le patient trouve une donnnée qu’il estime ne as être dans le dossier, ou si il veut cacher quelque chose, il doit faire valoir un “motif légitime” pour pouvoir modifier. Autrement dit ça va être compliqué, et risque de faire grincer quelques dents.
La plupart des patients seront probablemnt d’accord pour ce DMP, puisqu’ilo pourrait aider les médecins, mais une minorité sera génée par l’absence de possibilité de masquer quelque chose.
En revanche pour répondre à tmtisfree, le médecin ne fait aucune action, tout va DIRECTEMENT dans le dossier partagé. DOnc tout y sera. Ca risque juste d’être un gros bordel …
Sinon a titre personnel, en tant que médecin, je suis pour ce dossier. Ca va nous aider, notamment car je devrais moins lutter pour retrouver certains éléments, et donc pouvoir mieux soigner les gens. Surtout ceux qui ne parlent pas bien français et qui n’arrivent pas a me dire quelles sont leurs maladies (c’est assez fréquent).
Le 05/07/2016 à 21h17
Mon dieu, j’espère vraiment qu’aucune assurance n’aura accès a ce dispositif !
Vous imaginez le nombre de sur-cotisations liées a une découverte fortuite lors d’un examen de routine.
Par exemple : 40% des personnes saines ont une hernie discale sans le savoir. Et pour le moment si une assurance sait que vous avez ce type de “pathologie” (qui n’en est pas une puisque vous allez bien et que ce n’est pas un facteur de risque) vous êtes exclue de l’assurance pour les pathologies disco-vertebrales qui représentent la majorité des causes se consultation et d’arret de travail.
Aller sur cette voie, c’est pénaliser les personnes qui font des examens de contrôle et privilégier ceux qui n’en font pas…
Le 06/07/2016 à 01h54
Le 06/07/2016 à 04h43
Ma mère est décédée en juillet 2015,
La semaine dernière je reçois un appel d’un professeur de l’hôpital…
Ouin Ouin !!!
Bon ben alors si ce truc de “dossier partagé” est aussi bien géré que les fichiers hospitaliers
je vais me méfier qu’à la place des amygdales ils n’ai pas mentionné mes “youyoutes”
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Le 06/07/2016 à 06h27
Pour ce qui est de la confidentialité des données c’est quand même un faux problèmes par rapport à la situation actuelle !!!
Aujourd’hui la cpam détient une base de données sur les remboursements des consultations/actes/médicaments remboursées aux assurés sociaux et ça ne dérange pas grand monde. Les réseaux de santés (clinique/pharmacie/mutuelle/…) détiennent à peu près les mêmes données sur leurs patients et ça n’a pas l’air non plus de déranger grand monde. La on va juste rendre l’information plus circulable entre professionnels de santés. Et quand on y pense c’est “peut être” (euphémisme) plus logique qu’un médecin ait accès à ça qu’un gestionnaire de la sécu non ?
Le 06/07/2016 à 07h07
C’est bien beau tout ça, mais bien qu’étant assez avancé dans mes études de médecine, je n’ai entendu parlé qu’une fois du DMP et encore c’était en cours de santé publique. Je n’en ai jamais vu (ou entendu parler) ni à l’hôpital, ni en stage de médecine générale. Il faut donc massivement informer et former les médecins, sinon ce sera un gouffre financier de plus…
Quand on voit que encore aujourd’hui un certain nombre de médecins libéraux n’ont même pas d’ordinateur dans leur cabinet et font des fiches patients sur du bristol, ça laisse rêveur ce DMP.
Dans l’absolue si la sécurité tient la route c’est une bonne idée qui permettra d’augmenter la sécurité en évitant les interactions médicamenteuses, et de limiter les examens prescrit en double (IRM = 350€).
Le 06/07/2016 à 07h19
Je suis informaticien dans le médico-social, on est en train de mettre un dispositif similaire en place en interne pour les personnes atteintes de problèmes mentaux.
C’est un sac de noeuds terrible, vu que ça centralise toutes les information il faut mettre des droits d’accès spécifiques suivants les corps de métiers : entre les différents médecins spécialistes, la compta, les surveillants de nuit, les équipes éducatives etc…
Le plus chiant restant quand même la transition du papier vers l’informatique, ça en fait de la saisie et des scans " />
Le 06/07/2016 à 07h56
Étant en couple avec une pharmacienne, je ne peux que comprendre et approuver ce message.
Après, même si je ne sais pas exactement comment ce sera appliqué, je pense cependant que ça devrait être du opt-in, ou si besoin d’une certaine automaticité, ne s’activer qu’en cas de troubles impliquant des interactions (médicaments, prothèse, problèmes tels que le diabète…).
Pour le pékin moyen, qui n’a eu que des grippes (intestinales ou non :-)), je n’en vois pas l’utilité, et je trouve ça dommage qu’on stocke toutes ces infos privées si ça n’est pas nécessaire.
Le 06/07/2016 à 08h06
Je ne m’inquiète pas à cause des professionnels de santé mais plutôt à propos des sociétés d’assurance de crédit/banques qui vont aller fouiner et voir qu’il y a 15 ans on m’a enlevé un grain de beauté, et que donc mon prêt est refusé car j’ai un risque de cancer de 1.5% plus important. Pour l’instant c’est bordé mais il y auront accès tôt ou tard comme pour les points de permis.
Le 06/07/2016 à 08h15
Ca n’existe pas un logiciel ou l’on entre le nom et prénom du patient et qui nous réponds si le patient est en vie ou non. Le seul moyen de le savoir c’est si un compte rendu informe du décès. En l’occurence avec le DMP, ça aurait été possible.
Bon par contre je suis tout a fait d’accord que cela pose un problème de sécurité. Si j’étais un pirate, je prendrais l’accès de mon PC de bureau pour accéder au DMP et revendre les données. Ca ne doit pas être très dur, mon PC est sous windows XP (la ou je bosse, à l’AP-HP, la migration windows XP vers 7 est en cours, 65% des PC ont migré, donc c’est loin d’être fini). Il est évident que beaucoup de brèches doivent exister … Il suffirait d’un petit logiciel qui choppe mon mot de passe, et qui profite du moment ou je mets ma carte de professionnel dans le lecteur, et hop vol de données !
Le 06/07/2016 à 08h31
Le 06/07/2016 à 08h38
Le 06/07/2016 à 08h44
Le 06/07/2016 à 08h57
Il faut savoir que les données sont déja stockée depuis plus de 30 ans sur l’informatique de l’assurance maladie. Le DMP n’est qu’un outil de partage de ces données entre les praticiens avec des règles de sécurité qui peuvent être gérées par le patient.
Le 06/07/2016 à 10h49
Merci pour les précisions que j’ignorais " />
À voir comment ça sera présenté/appliqué dans la pratique…
Le 06/07/2016 à 12h42
Le 06/07/2016 à 19h43
merci pour la news :)
Le 05/07/2016 à 15h30
Une bonne chose.
Le 05/07/2016 à 15h32
Tres bonne initiative,si ce truc remplace le carnet de santé ca sera une bonne nouvelle.
J’ai juste un doute si l’état ne risque pas d’ouvrir plus tard les vannes de ces données aux entreprises.