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L’Afnic dresse le bilan du .fr : une dynamique exceptionnelle, sauf pour DNSSEC

Et vous, depuis quand avez-vous votre .fr ?

L’Afnic dresse le bilan du .fr : une dynamique exceptionnelle, sauf pour DNSSEC

L’Afnic (qui gère notamment le .fr) vient de publier son bilan de l’année 2023. On y parle évidemment des noms de domaine en France. Le nombre de créations est en hausse… comme le nombre de suppressions. Plusieurs points sont abordés, notamment comment se place le .fr face au .com et qu’en est-il de l’adoption de DNSSEC.

Le 02 avril à 11h13

Plus de 800 000 créations de noms de domaine, une première

Comme toujours en pareille situation, l’Afnic (Association Française pour le Nommage Internet en Coopération) commence par un état des lieux : « Le .fr comptait 4 133 832 noms en stock au 31/12/23, contre 3 996 245 au 31/12/22 ». C’est donc une hausse de 3,4 % en 2023, après des augmentations de 2,9 % en 2022, 5,8 % en 2021 et 7 % en 2020. Cette dernière était pour rappel l’année de début du Covid et des confinements, avec une forte transformation numérique.

Autre indicateur intéressant : « Le record historique de créations obtenu en 2020 (793 000) a ainsi été dépassé (801 000) ». La pandémie correspond à la troisième vague importante d’ouverture des noms de domaines, après celles de 2004 et 2006, qui correspondent à des étapes notables dans la vie du .fr.

Des pics en 2004, 2006 et 2020/2021

Tout d’abord, l’abolition du « droit au nom » en mai 2004 qui exigeait « d’avoir à justifier d’un droit sur le nom déposé ». En 2006 ensuite, il y a eu l’ouverture aux particuliers, un « facteur déterminant » selon l’Afnic, même s’il était possible pour des particuliers de passer par des bureaux d'enregistrement avant cette date.

Ouverte à l’Union européenne : forte progression des Pays-Bas

L’Association explique que ces « deux “ouvertures” cumulant leurs effets jusqu’en 2013 sans effet notoire de l’ouverture à l’Union européenne (2011) ». Néanmoins, le pourcentage de .fr déposés par des étrangers est en augmentation constante depuis 2011. Il est passé de 4,9 % en 2013 à 10,9 % en 2023. Cette progression n’a connu qu’une seule année en négatif – 2018 – précise l’Afnic.

Les titulaires étrangers se trouvent principalement aux Pays-Bas (qui occupe la première place en 2023 et 2022), puis en Allemagne, en Suisse, en Belgique et en Espagne. « La forte progression observée aux Pays-Bas depuis plusieurs années pourrait être la conséquence d’activités soutenues de domaining [activité d’achat et de vente de noms de domaine, ndlr] chez les acteurs de ce pays, au travers de bureaux d’enregistrement spécialisés ».

Un peu moins de 700 000 suppressions de noms de domaine

Avec une hausse brute d’un peu plus de 137 000 noms de domaine, cela signifie qu’il y a également un nombre de suppressions important (683 867 fin 2023). « Au-delà des “déçus” de la transition numérique, le contexte économique peut expliquer ce phénomène (augmentation significative des défaillances d’entreprises) », précise l’Afnic.

L’Association ajoute que cette hausse des suppressions est « également liée à une politique toujours plus ambitieuse de lutte contre les abus et les noms de domaine non conformes à la charte de nommage du .fr ». Quoi qu’il en soit, « l’évolution de 2023 montre une tendance à l’accélération pouvant laisser penser que la barre des 700 000 suppressions pourrait être franchie en 2024 ».

La part de marché du .fr en France est à 40,29 % (39,36 % fin 2022), ce qui représente son « nouveau plus haut historique ». Depuis plusieurs années, le .fr grappille des pourcentages sur le .com. En cinq ans, il a, en effet, augmenté de 3,1 %, mais le .com reste toujours majoritaire. À eux deux, les .fr et .com occupent plus de 80 % du marché.

L’optimisme est de mise… pour le moment

Dans l’ensemble, l’Afnic estime que « la performance de 2023 montre que le .FR s’est clairement inscrit en 2023 dans le scénario optimiste », c’est-à-dire celui où la transformation numérique lancée en 2020 se poursuit.

L’Association hésitait avec un scénario pessimiste où la crise économique prenait le dessus, entrainant une baisse des investissements et dans sa chute celui des créations d’entreprise, et donc de noms de domaine.

Un quart des noms de domaine a au moins 10 ans

Sur l’ancienneté des noms de domaines, deux catégories se dégagent : ceux créés en 2023 (ancienneté de 0 an) qui représentent 19 % de l’ensemble, ainsi que ceux de 10 ans et plus. Ces derniers sont majoritaires avec 23 %.

L’Afnic identifie trois tiers : « les noms créés en 2022 et 2023 (31 % contre 32 % au 31/12/22), les noms ayant une ancienneté de 2 à 6 ans (35 % contre 36 %) et les noms ayant une ancienneté de 7 ans ou plus (34 % contre 32 %) ». Les noms de domaine « anciens » ont donc une légère tendance à augmenter.

Depuis un peu moins de 10 ans maintenant, on peut renouveler les noms de domaines en .fr pour plus d’un an, et jusqu’à 10 ans. Mais cette possibilité n’est que peu utilisée : « la proportion de .FR enregistrés ou renouvelés pour des durées supérieures à 1 an reste marginale », avec à peine plus de 7 % des noms de domaine sur l’année 2023. Et encore, « l’essentiel des multiannées est à une échéance de 2 ans (68 %) ».

DNSSEC progresse, mais il reste encore (beaucoup) de travail

Du point de vue de la sécurité, le DNSSEC (Domain Name System Security Extensions) prend de l’ampleur au fil des années, mais reste trop peu déployé. Le nombre de domaines signé est passé « de 3,8 % en 2013 à 19,9 % en 2023, soit une multiplication par 8 en volume, de 103 000 noms à 824 000 noms ».

L’Association y voit une évolution très encourageante, mais regrette que « ce taux reste encore assez modeste en regard de ceux d’autres extensions européennes ». On est, en effet, toujours à un nom sur cinq signé.

Une « dynamique exceptionnelle », à surveiller de près

Dans sa conclusion, l’Afnic se réjouit d’une « dynamique exceptionnelle des créations », mais ajoute que cela peut aussi être « une poussée de "domaining" d’assez grande ampleur ciblant une extension stable, reconnue sur son marché et à forte notoriété ». L’Association se félicitait il y a quelques mois de gagner « en notoriété spontanée auprès des TPE-PME françaises ».

Plusieurs autres points sont à considérer, notamment qu’une « fraction des entreprises qui s’étaient dotées d’un dispositif internet pour faire face aux confinements a préféré revenir aux anciens modes de fonctionnement une fois la crise passée, sans pérenniser ses efforts numériques ».

De plus, dans le contexte économique actuel, le retour sur investissement semble diriger les décisions : « Se doter d’un site internet, mais aussi le faire vivre, le faire connaître, est un investissement continu en temps et en argent, en acquisition de compétences aussi, qui peut paraître peu rentable à un certain nombre d’entreprises (ce sentiment se retrouvant aussi à l’égard des réseaux sociaux) ».

D’autres points sont abordés par l’Afnic dans son bilan, notamment la question des caractères accentués (format IDN) dans les noms de domaine : la proportion « reste faible avec ses 0,8 %. Elle suit une très légère pente ascendante depuis 2019 après une période de baisse (2013 - 2018) ».

Commentaires (12)

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Le Domaining, c'est une plaie
Je me demande vraiment combien de créations sont liées à ça.
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Trop. Je vois ça au même niveau que les patents troll : on achète un truc dont on ne fait rien en espérant en tirer des thunes.
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Je regarde de temps en temps par curiosité les créations des noms de domaines .fr du jour (c'est publié sur le site de l'Afnic).
Par exemple le 29.03, on a 15 cliniquedusommeil-[VILLE].fr
Le 28, 19 agence-immobiliere-[xxxx].fr
etc.

Et c'est tous les jours ce genre d'enregistrement ^^ je voudrais bien connaitre le pourcentage que ça représente sur 2023 :D
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À quel endroit sont disponibles ces informations sur leur site ?

Es-tu chaud pour faire une p'tite étude sur un an ? :D
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https://www.afnic.fr/produits-services/services-associes/donnees-partagees/#Liste%20quotidienne%20des%20noms%20de%20domaine%20enregistr%C3%A9s-8
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J'ai évité le fr pour mon domaine suite aux déboires de particiliers qui se sont fait éjecter car une société avait le même nom qu'eux.
Comme les choses n'ont pas changé à ma connaissance, je continue de déconseiller aux particuliers de se prendre un .fr

Pour ceux qui veulent un prix vraiment plancher, il y a les .ovh
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Tu as des exemples de cette situation ? Ça m'intéresse.
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Oui, je veux bien des exemples aussi. Le cas le plus connu est évidemment l'affaire Milka fr.wikipedia.org Wikipedia (décision de la justice, pas du registre, donc ça aurait été pareil avec un .com) mais autrement, .com, en raison des procédures de gestion de litige de l'ICANN, est bien plus favorable aux titulaires de propriété intellectuelle que .fr (qui ne donne pas forcément la priorité aux entreprises, cf. https://www.afnic.fr/observatoire-ressources/papier-expert/parl-une-atteinte-a-la-marque-suffit-elle-pour-obtenir-gain-de-cause/ )

Les décisions du registre (via la procédure Syreli) sont publiques https://www.syreli.fr/fr/decisions et donc chacun·e peut vérifier que les décisions ne sont pas forcément favorables aux ayant-droits.
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C'est très vieux à priori vu que j'ai pris mon domaine vers 2003. Il doit s'agir de cas qui précèdent l'ouverture aux particuliers. Sinon, ma mémoire me joue des tours.
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Étonnant : j’en parlais dans le cadre de l’actualité sur Syreli (je veux bien des détails sur les éjections par email pour voir de quoi il s’agissait) :chinois:
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J'ai recherché dans les archives et le plus ancien article que j'ai trouvé date de 2012, écrit par Nil et décrivant la lente montée du nombre de .fr mais rien sur l'éviction d'un particulier.
Je n'ai donc aucun article récent dans lequel un cas de changement de propriétaire de force serait relaté.
My bad donc.
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Pour les bretons le .bzh est pas mal :breton: mais c'est plus cher :transpi:

L’Afnic dresse le bilan du .fr : une dynamique exceptionnelle, sauf pour DNSSEC

  • Plus de 800 000 créations de noms de domaine, une première

  • Des pics en 2004, 2006 et 2020/2021

  • Ouverte à l’Union européenne : forte progression des Pays-Bas

  • Un peu moins de 700 000 suppressions de noms de domaine

  • L’optimisme est de mise… pour le moment

  • Un quart des noms de domaine a au moins 10 ans

  • DNSSEC progresse, mais il reste encore (beaucoup) de travail

  • Une « dynamique exceptionnelle », à surveiller de près

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