Dernière ligne droite pour Ariane 6, New Glenn aussi en piste pour 2024
On a failli attendre
L’actualité spatiale est chargée ces derniers jours. D’un côté, nous avons Ariane 6 dont le premier modèle de vol prend actuellement forme en Guyane, avec la souveraineté spatiale en ligne de mire pour l’Europe. De l’autre côté de l’Atlantique, Blue Origin installe sur son pas de tir le lanceur réutilisable New Glenn, qui mesure pas moins de 98 mètres de haut. Dans les deux cas, les vols inauguraux sont prévus pour cette année.
Le 26 février à 09h54
8 min
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L’été dernier, Ariane 6 réalisait un « filage » de 26 heures de son lancement. Cette répétition générale comprenait « le retrait du portique mobile, le refroidissement des systèmes fluidiques du lanceur et du pas de tir, le remplissage des réservoirs de l’étage supérieur et de l’étage principal en hydrogène liquide »… Mais pas l’allumage du moteur Vulcain 2.1, un point pourtant indispensable au lancement de la fusée.
L’ESA communique (enfin) régulièrement et ouvertement
Nous (et d’autres médias) pointions alors du doigt la communication pour le moins étrange de l’Agence spatiale européenne, avec un certain manque de transparence. En plus, l’ESA annonçait qu’elle ne prévoyait pas de diffuser le test d’allumage en direct, mais elle s’est finalement ravisée.
Depuis le mois d’octobre, l’Agence donne des détails sur les opérations autour d’Ariane 6 et publie régulièrement des photos et vidéos. Par exemple, sur son essai à feu long. Fin novembre, nous avons même eu droit à une date de lancement pour le vol inaugural : entre le 15 juin et le 31 juillet, soit quatre ans de retard sur le calendrier initial. Cette fourche(tte) a été confirmée début février par l’Agence spatiale européenne, après les essais combinés avec des propergols. Dans les prochaines semaines, la fenêtre devrait s’affiner.
7 000 km en bateau pour les deux étages d’Ariane 6
Il y a deux semaines, l’étage principal et le supérieur étaient chargés dans le voilier hybride – vélique (avec quatre mâts et quatre immenses voiles de 363 m2) et thermique – Canopée. Il a été spécialement construit pour Ariane 6 dans les ports de Brême (Allemagne) et du Havre (France).
Ils ont parcouru 7000 km en dix jours, de Brême au Port spatial de l'Europe avec une escale au Havre. Mais ce n'est que le début du voyage pour #Ariane6 !
Canopée, le cargo hybride (vélique et thermique) est arrivé hier en Guyane avec les étages supérieur et principal du vol… pic.twitter.com/R12W4WSda2
— ESA France (@ESA_fr) February 23, 2024
Un nouveau point de situation a été mis en ligne la semaine dernière par « le groupe de travail sur le lanceur Ariane 6 ». Il comprend des représentants de la Direction générale de l’ESA (responsable du lanceur et du système de lancement), du CNES (maître d’œuvre de la base de lancement) et d’ArianeGroup (maître d’œuvre du système lanceur) et d’Arianespace (fournisseur de services de lancement).
Démontage de la maquette sur le pas de tir, pour deux raisons
Il y a deux semaines, le carénage de la maquette d’Ariane 6 était démonté du pas de tir pour laisser sa place au modèle de vol. En effet, les essais combinés (fusée et base de lancement) sur site se sont déroulés avec une coiffe et des charges utiles factices.
Ce démantèlement a un second avantage : « valider la capacité de désassembler le lanceur au cas où des anomalies nécessiteraient le changement d'un étage de la fusée sur le pas de tir ». L’ESA ajoute qu’un « essai de démontage de la charge utile fictive sera exécuté dans le Hall d'Encapsulation (HE) qui fait partie du Bâtiment Assemblage Final (BAF) ».
Noyau central en mars, les deux boosters d’ici avril
Le 21 février, « l'étage principal et l'étage supérieur du vol inaugural d'Ariane 6 sont arrivés au port spatial européen depuis l'Europe continentale ». Les deux parties de la fusée seront assemblées en mars pour former « le noyau central ».
Ce dernier ne peut pas décoller seul, il faut ensuite lui ajouter des boosters. Pour rappel, deux versions d’Ariane 6 sont proposées : Ariane 62 avec deux boosters et Ariane 64 avec quatre boosters.
« Le premier booster du vol inaugural d'Ariane 6 est en cours d'intégration sur le site de finition des boosters en Guyane française », explique l’ESA. Cette opération devrait être finalisée mi-mars. Le second booster est, lui aussi, en phase d’intégration. Il devrait être finalisé un peu plus tard, début avril.
Intégration finale à la verticale, sur le pas de tir
Il faudra ensuite assembler les deux boosters avec le noyau central pour former la toute première Ariane 62. Cette opération se fera en extérieur : « Une fois sur le pas de tir, le corps central sera hissé en position verticale et posé sur la table de lancement. Alors, il y sera rejoint par les deux boosters qui seront installés de part et d’autre pour former une Ariane 62 », explique ArianeGroup. Enfin, « le composite supérieur comprenant la coiffe et les charges utiles rejoindra le lanceur sur le pas de tir ».
Ariane 6 sera ensuite parée pour le premier lancement de sa carrière, et c’est peu dire qu’il sera important. L’Europe n’a pour le moment plus d’accès autonome à l’espace puisque Ariane 5 est arrêtée et que Vega(-C) est clouée au sol suite à un incident au dernier vol.
Rendez-vous entre le 15 juin et le 31 juillet. Il n’y a pas réellement de place pour un échec, car cela décalera le calendrier d’au moins plusieurs mois. Or certaines missions scientifiques et nationales ont déjà bien trop attendu.
New Glenn de Blue Origin se hisse sur son pas de tir
Alors que l’Europe a les yeux tournés vers Ariane 6, une autre fusée se prépare : New Glenn (annoncées en 2016) de Blue Origin, la société de Jeff Bezos. Ce lanceur a un point commun avec Ariane 6 : il devait effectuer son premier vol en 2020 et ne devrait décoller que cette année.
New Glenn doit venir jouer sur les platebandes de SpaceX avec un premier étage réutilisable… quand la société d’Elon Musk est déjà en train d’essayer de passer à l’étape suivante avec Starship entièrement réutilisable, mais pas encore fonctionnel.
Il ne s’agit pour le moment que de procéder à des essais, le lancement n’est pas imminent. Comme une pique à l’ESA, Blue Origin précise que « tout ce qui se trouve sur le pad est du vrai matériel New Glenn », comprendre que ce n’est pas une maquette.
Cette mise en position verticale « fait partie d’une série d’étapes majeures de fabrication et de tests intégrés en vue du premier lancement de New Glenn plus tard cette année », sans plus de détails. Les tests sur le pas de tir devraient durer quelques semaines.
Il n’y a pas de moteurs, ces derniers se trouvent sur un banc d’essai à Huntsville dans l’ouest du Texas. Une première mise à feu a été réalisée avec succès. New Glenn disposera pour rappel de sept moteurs BE-4 à oxygène liquide (LOX) et gaz naturel liquéfié (GNL).
La fusée mesure 98 mètres de haut – 62 m pour Ariane 6, 70 m pour Falcon 9, 110 m pour Saturn V –, « soit à peu près la hauteur d’un immeuble de 30 étages », explique Blue Origin. Elle « dispose d’une coiffe pour la charge utile de sept mètres, permettant un volume deux fois supérieur à celui des systèmes de lancement commerciaux standard de cinq mètres. Le carénage est assez grand pour accueillir trois autobus scolaires ».
« Son premier étage réutilisable vise un minimum de 25 missions et atterrira sur une plate-forme basée en mer située à environ 1 000 km en aval. La réutilisation fait partie intégrante de la réduction radicale du coût par lancement », affirme la société. Le coût du lancement n’est par contre pas précisé.
Plusieurs exemplaires de New Glenn sont d’ores et déjà en production. Parmi les clients, Blue Origin revendique la NASA, Kuiper, Telesat et Eutelsat. Une certification National Security Space Launch (NSSL) avec l’US Space Force est en cours.
Pour rappel, Ariane 6 n’est pas réutilisable (la question se pose à l’ESA pour la suite avec Ariane Next, mais sans être tranchée), mais la réduction des coûts est partie prenante du programme, avec environ 40 % par rapport à Ariane 5.
Dernière ligne droite pour Ariane 6, New Glenn aussi en piste pour 2024
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L’ESA communique (enfin) régulièrement et ouvertement
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7 000 km en bateau pour les deux étages d’Ariane 6
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Intégration finale à la verticale, sur le pas de tir
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Commentaires (6)
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Abonnez-vousModifié le 26/02/2024 à 10h12
Pas trop tôt !
Le 26/02/2024 à 13h02
(erreur signalée, mais commentaire pour la postérité car elle était belle)
Modifié le 26/02/2024 à 14h59
Le 26/02/2024 à 15h56
Le 26/02/2024 à 15h59
Une Glaine en flamand, c'est une poule (d'où la boutique connue de tous les nordistes le Gallodrome)
Une fusée Nouvelle poule, y a pas, ça a de la gueule.
Le 26/02/2024 à 16h33