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Les constellations de satellites parasitent la vision de Hubble

Photobombing spatial

Les constellations de satellites parasitent la vision de Hubble

Le 07 mars 2023 à 07h33

Des astronomes sonnent un signal d'alarme : les constellations de satellites comme celles de Starlink perturbent leurs travaux. De plus en plus d'images réalisées par le satellite Hubble sont parasitées.

Les chercheurs qui travaillent sur les images de l'espace envoyées par Hubble se retrouvent de plus en plus face à un problème : les constellations de satellites de type Starlink de SpaceX ou celle de OneWeb font des trainées de lumière qui masquent les points de l'univers qui ne peuvent donc être observés correctement.

Si jusque-là, nous entendions surtout les plaintes des astronomes qui travaillent sur les observations faites depuis les télescopes situés sur Terre, il se trouve qu'Hubble est aussi gêné par ces satellites.

À l'aide d'une armée d'astronomes amateurs, qui ont plus l'habitude de chasser les astéroïdes sur les photos prises par Hubble et d'un algorithme de deep learning, des chercheurs ont établi que 2,7 % des images faites avec une exposition de 11 minutes (l'exposition la plus courante des images d'Hubble) étaient marquées par des lignes lumineuses produites par des constellations de satellites. Le résultat est étudié dans un article publié dans la revue scientifique Nature Astronomy.

Un problème identifié, mais accru par les constellations

Les astronomes avaient déjà identifié le problème avant même le lancement d'Hubble en 1990 puisque, dès 1985, les calculs des chercheurs de Baltimore Michael M. Shara et Mark D. Johnston suggéraient que des satellites terrestres artificiels  « traverseront le champ de vision du télescope spatial Hubble (HST) avec des fréquences et des luminosités significatives ». Les astrophysiciens enchainaient en expliquant que « des modifications du micrologiciel [firmware, ndlr] des capteurs de guidage fin ont été mises en œuvre. »

Mais depuis le lancement de Hubble, le nombre de satellites en orbite terrestre a significativement augmenté. Et l'arrivée des constellations de satellites n'a pas arrangé les choses. Des astronomes faisant des observations depuis la Terre se sont plaints dès 2019, quelques mois après le lancer des premiers satellites Starlink en mai de cette année. Le PDG de SpaceX, Elon Musk, y avait répondu sur Twitter (qu'il ne possédait pas encore) que « Starlink ne sera vu par personne à moins de regarder très attentivement et aura un impact d'environ 0 % sur les progrès de l'astronomie. Nous devons déplacer les télescopes en orbite de toute façon ».

Mais ce n'est plus rare que des images du satellite d'observation soient gâchées par des traits cachant plus ou moins une partie de la zone observée. Même sur une orbite terrestre de 538 km, Hubble est donc gêné par ces satellites.

Des exemples ci-dessous permettent de se rendre compte de la portée du problème. Si ces traits ne bloquent pas toute observation sur l'image, ils restent des artéfacts problématiques.

Hubble vs Starlink
Crédits : NASA, ESA, Kruk et al.

Étiquetage par des volontaires

Pour objectiver le problème et vérifier l'impact des satellites terrestres sur les images produites par Hubble, les astrophysiciens ont demandé à une communauté de plus de 11 000 chasseurs d'astéroïdes déjà formée, et qui a l'habitude d'inspecter ces images, d'étiqueter une partie de celles de la base de données de l'eHST où apparaissent des traces de satellites.

Selon les chercheurs, « contrairement aux traînées d'astéroïdes qui apparaissent comme des traînées courtes et courbes sur les images en raison de l'effet de parallaxe causé par le mouvement du vaisseau spatial [Hubble] autour de la Terre, les traînées de satellites traversent rapidement tout le champ de vision des observations HST et, dans la plupart des cas, apparaissent comme des lignes droites ».

Analyse par deux algorithmes différents

Cette base d'images étiquetées a permis d'entrainer deux algorithmes de machine learning : un de classification binaire et AutoML, un algorithme de machine learning de vision de Google Cloud. Les deux étaient ensuite utilisés pour détecter les traces de satellites sur une masse d'images beaucoup plus importante : La classification binaire sur des images d'exposition de 11 minutes de moyenne et AutoML sur des images composées d'exposition de 35 minutes de moyenne. Si les images ne sont pas les mêmes, la comparaison des deux méthodes permet de vérifier que l'ordre de grandeur mesuré est le même.

Et les résultats montrent non seulement que 2,7 % des images d'expositions de 11 minutes prises entre 2002 et 2021 contiennent des traces de satellites terrestres, mais que celles-ci ne font qu'augmenter, passant de 3,7 % de chances de voir une trace de satellite dans une image de Hubble entre 2009 et 2020  à 5,9 % en 2021.

Au New York Times, Jonathan McDowell, un astronome du Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics qui n'est pas auteur de la publication, a déclaré « Il y aura de la science qui ne pourra pas être faite. Il y aura de la science qui sera beaucoup plus coûteuse à réaliser. Il y aura des choses que nous manquerons. » Et il rajoute, « Il ne va pas seulement falloir mettre nos télescopes dans l'espace, mais aussi les mettre au-dessus du trafic ».

Commentaires (26)

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Peu de chance que le néo libéralisme résolve ce problème.

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joli !
En pratique, un libéralisme bien construit pourrait au contraire aider à régler le problème. Le principe est énoncé et appliqué en France à travers l’article 1240 du Code Civil :




Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer.


Ça suppose toutefois d’être capable d’identifier le satellite qui gêne l’observation pour pouvoir demander des comptes. Ou envisager un forfait qui serait versé par les entreprises voulant déployer une constellation vers des projets de mise en place / maintenance de télescopes spatiaux, par exemple.
Seul “petit” souci : ça doit être inclus dans les traités internationaux…

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je voulais dire que sans intervention des Etats, la situation ne s’améliorera pas et même se dégradera. Et intervention étatique est l’inverse du néo-libéralisme.



Mais bon j’avoue, je ne maitrise peut-être pas bien ses concepts politiques :D

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C’est un peu rigolo que tu parle de libéralisme bien construit pour répondre à une critique sur le “néo-libéralisme” , ça fait penser aux personnes qui vont répondre “le communisme c’est pas ça” si on leur montre les régime soviétiques, dans tout les cas si on présente ça d’un point de vue de “puriste” de la théorie, chacun aura raison, mais en pratique bon, je pense qu’on peut s’épargner un peu ce genre de discussion et en venir au fait que vu le fonctionnement actuel des gouvernements, ils est assez probable qu’aucune action ne soit mener sous prétexte de “liberté d’entreprendre”.



Parce que en vrai, si les USA décidaient unilatéralement que les constellation de satellites doivent respecter tel et tel caractéristique, tu peut être à peut près sûr, vu leur prédominance sur la scène internationale qu’ils ont les moyens de faire respecter cette règle très largement même sans traités internationaux.

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tu n’es peut-être pas au courant, mais en pratique l’utilisation, qu’elle soit commerciale ou non, de l’espace est régie par un traité. Qui au passage mentionne que tout État parti au traité est responsable des dommages causés dans l’espace par ce qu’il a envoyé (un beau principe libéral, repris à l’article 8)
Ce traité a été ratifié par bon nombre de pays (voir carte), notamment l’ensemble des puissances spatiales actuelles.



Si un des pays signataires veut y déroger, il le peut. Les conséquences seront les mêmes que pour le non respect de n’importe quel traité international. Pas sûr que les États-Unis voudront une confrontation avec par exemple la Chine (aussi signataire) sur ce type de sujet. Et vice-versa.

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Ce traité n’est déjà pas respecté. Les installations militaires sont théoriquement interdites dans l’espace. Pourtant, on ne compte plus le nombre de satellites militaires top secret dont on ne sait pas ce qu’ils font.

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Justement je parle pas de déroger au traité mais d’ajouter des clauses non contractuelle que tu fait respecter par ta capacité d’influence.

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Je ne savais pas que Hubble était si proche de la terre (600 km contre 550 km pour Starlink)

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Et l’ISS est encore plus proche (environ 400 km)

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Tout comme Tandhruil, je me suis posé la question de l’altitude de l’orbite d’Hubble, ce ne serait pas inintéressant de la préciser dans l’article.

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C’est bien écrit dans l’article :
« Même sur une orbite terrestre de 538 km, Hubble est donc gêné par ces satellites. » ;)

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Mais du coup si Starlink est à plus faible altitude que Hubble, ça ne doit gêner Hubble que quand il fait des observations dans une direction proche de la Terre, n’est-ce pas ?

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Essaie de regarder le ciel sur un plateau désert avec les lumières d’une ville en contrebas et tu comprendras.

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A priori cela n’est valable que dans l’atmosphère (où il y a difraction/réfraction), et non dans le vide, ou la lumière vient en ligne droite (même si le vide n’est probablement pas total à cette altitude).



D’autre part, là on parle bien de traits sur la photo, donc de satellites qui passent dans le champ…

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Hubble tout comme l’ISS devaient être à une altitude atteignable par la navette spatiale.
Mais je croyais que des satellites comme ceux de Starlink étaient plus bas.
Sur la photo en haut à droite, on dirait que le satellite est passé sacrément près…

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Ah oui c’est flagrant tout de même :eeek2:

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Au moins Webb lui il est pas emmerdé par les constellations de satellites :D

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Je ne savais pas que la durée d’exposition de Hubble était si grande !
« heureusement » Hubble est en fin de vie et James Webb est en place, mais pour les télescopes terrestres le problème reste le même.

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Les starlinks sont situés entre 340 et 614 km d’altitude et le Télescope Spatial Hubble à 590 km d’après ce que je vois sur Wikipédia donc il y a bien des starlinks au dessus de Hubble.



Et 11 minutes de pose cela fait environ 19 de la période orbitale (Hubble fait un tour de la Terre en 96min).

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merci exactement ce que je cherchais et qui manque crucialement à l’article pour le comprendre

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RaphAstronome a dit:


Les starlinks sont situés entre 340 et 614 km d’altitude et le Télescope Spatial Hubble à 590 km d’après ce que je vois sur Wikipédia donc il y a bien des starlinks au dessus de Hubble.



Et 11 minutes de pose cela fait environ 19 de la période orbitale (Hubble fait un tour de la Terre en 96min).


merci pour les infos !

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tpeg5stan a dit:


Je ne savais pas que la durée d’exposition de Hubble était si grande ! « heureusement » Hubble est en fin de vie et James Webb est en place, mais pour les télescopes terrestres le problème reste le même.


Hubble et Webb ne regardent pas du tout la même lumière. L’un est plus dans l’infrarouge, alors que l’autre est plutôt du côté des ultraviolets. Ils sont complémentaires, pas le remplacant l’un de l’autre.

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RaphAstronome a dit:


Les starlinks sont situés entre 340 et 614 km d’altitude et le Télescope Spatial Hubble à 590 km d’après ce que je vois sur Wikipédia donc il y a bien des starlinks au dessus de Hubble.



Et 11 minutes de pose cela fait environ 19 de la période orbitale (Hubble fait un tour de la Terre en 96min).


merci :)

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Etonnant quand on sait que Starlink évolue entre 540 et 570 km et HST à 590 !

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SebGF a dit:


Au moins Webb lui il est pas emmerdé par les constellations de satellites :D


Quoique il commence à y avoir pas mal de monde au L2 ! Et y en aura d’autres prochainement !

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Starlink reste en dessous du HST tandis que Oneweb passe au-dessus.

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