Connexion
Abonnez-vous

Quand une borne RFID mal configurée brouille des communications

ANFRidé

Quand une borne RFID mal configurée brouille des communications

L’Agence nationale des fréquences (ANFR) publie régulièrement les résultats de ses enquêtes maison sur des brouillages d’ondes. La dernière en date se passe dans la station de ski de La Morte (Alpe du Grand Serre) dans l’Isère. Cette fois-ci, c’est un appareil pour la lecture des forfaits de ski qui perturbait les communications téléphoniques à cause d’un module radio pas adapté.

Le 05 février à 12h07

Comme souvent, l’histoire commence lorsque « l’ANFR a été saisie par un opérateur mobile pour un brouillage affectant ses services de téléphonie et d’internet mobile dans la bande de fréquences 900 MHz. La disponibilité des services mobiles est cruciale dans cet environnement, notamment pour les services d’urgence ».

Un brouillage dans les 910 MHz, une bande réservée aux opérateurs

En France, les quatre opérateurs nationaux ont des autorisations pour les fréquences allant de 880 à 915 MHz pour le sens montant et 925 à 960 MHz pour la descente (on parle de la bande de 900 MHz). Ils sont donc seuls maitres à bord dans l’usage de ces fréquences, qui leur sont réservées (et chèrement payées).

Une fois arrivée sur le site où se trouve la station radioélectrique perturbée, les techniciens de l’ANFR ne peuvent pas accéder à l’antenne relais à cause de la neige, mais ce n’est pas un problème. « Qu’importe : le signal perturbateur apparaît clairement sur l’écran de l’appareil de mesure. Il s’agit maintenant de se déplacer pour rechercher son origine… ».

Le coupable est identifié : un lecteur RFID de forfait de ski

Pour trouver l’origine de la perturbation, c’est assez simple : il faut suivre le signal. Un véhicule est muni d’antennes omnidirectionnelles se déplace jusqu’à ce que le niveau d’émission du signal perturbateur s’intensifie, la source se trouve alors en face (reste à savoir où exactement)…

« À cet instant, le véhicule se trouve justement face au domaine skiable ». Partant de là, le fautif est ensuite rapidement trouvé : « c’est en effet l’appareil pour la lecture des forfaits de ski alpin qui émet le signal perturbateur ».

L’ANFR explique que, comme de nombreuses stations, « le lecteur de forfait des skieurs utilise la radio-identification, désignée par RFID (radio frequency identification), qui consiste en l’utilisation d’ondes électromagnétiques pour lire l’identité d’un marqueur (ici le pass forfait du skieur) appelé radio-étiquette ».

Le RFID peut se déployer entre 865 et 868 MHz

En Europe, comme ailleurs dans le monde, les fréquences sont bien délimitées en fonction des usages. Pour les applications RFID par exemple, plusieurs bandes de fréquences sont disponibles. Elles ont été établies par la CEPT (Conférence européenne des administrations des postes et télécommunications) et la Commission européenne (Décisions 2006/771/CE amendée et 2018/1538/CE), puis reprises au niveau français.

Plusieurs bandes sont utilisables en RFID, mais la partie qui nous intéresse dans le cas présent se trouve entre 865 et 868 MHz (UHF), juste entre les bandes de 800 et 900 MHz des opérateurs. Elles se terminent à 862 MHz dans le premier cas et débutent à 880 MHz dans le second.

Comme l’explique l’ANFR, cette bande de 865 à 868 MHz est dédiée au « couplage électrique, moyenne portée, débit rapide, 2 W p.a.r. de puissance maximale et l’utilisation pour les interrogateurs RFID limitée aux 4 canaux suivants : 865,6 - 865,8 MHz, 866,2 - 866,4 MHz, 866,8 - 867,0 MHz et 867,4 - 867,6 MHz ».

Suite à une décision européenne, applicable en France, trois autres canaux de 400 kHz peuvent être utilisés pour déployer de la RFID. Ils se trouvent dans la bande de 915 à 919,4 MHz, et se glissent donc juste dans l’espace libre entre les fréquences montantes et descendantes des 900 MHz des opérateurs.

Mais pour être utilisées par la RFID, cela ne doit pas causer de « brouillage préjudiciable aux stations d'un service de radiocommunication bénéficiant d’une attribution à titre primaire ou secondaire dans le tableau national de répartition des bandes de fréquences (TNRBF) ».

Un mauvais module radio et c’est le drame

Dans le cas présent, le lecteur de forfait de ski émettait entre 902 et 928 MHz, empiétant allègrement sur les fréquences des opérateurs. Le coupable est rapidement trouvé : « C’est lors de son intervention que le technicien a pu constater que le module radio installé dans le lecteur RFID n’était pas le bon ! En effet, c’était un module radio destiné au territoire américain ».

L’Agence nationale des fréquences rappelle que, « d’une zone géographique à une autre, les réglementations varient, le module émettait donc dans une bande de fréquences autorisée aux États-Unis pour les appareils radio à courte portée (RFID) mais qui, en France, altérait la qualité de service sur toute la zone de couverture de cette antenne ».

Il suffit en effet de naviguer chez des marchants de lecteur de puces RFID pour se rendre compte que des bandes de fréquences différentes sont annoncées en fonction du pays. Il faut donc bien faire attention au moment de la commande et de l’installation.

C’est le détenteur de l’appareil le responsable

Quoi qu’il en soit, l’Agence rappelle que « le détenteur d’un équipement RFID est garant de l’utilisation conforme des fréquences et est responsable si son équipement est à l’origine d’un brouillage ! ».

Pour ceux qui passeraient outre la réglementation : « L’utilisateur d’un équipement dans des conditions non conformes qui de plus est responsable d’un brouillage est responsable de deux délits au titre de l’article L. 39 - 1 du Code des postes et des communications électroniques (CPCE). Pour chacun de ces délits, il encourt une sanction pénale qui peut aller jusqu’à six mois d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende ».

Il n’est pas précisé si une sanction a été dressée dans le cas présent.

Commentaires (25)

Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.

Abonnez-vous
votre avatar
un lecteur rfid qui l'eu cru.... petite piqure de rappel pour ceux/celles qui modif leur drone :stress::D
votre avatar
modif comment ?
votre avatar
en passant sur les bandes et puissances US... quelques mW en EU, quelques W aux US
votre avatar
Tu parles de brouillages possibles de la part des drones ?
votre avatar
oui mais sur les mêmes bandes de fréquence (peut-être à l'exception d'une ou deux raceband mais c'est vraiment à la marge et y a personne dessus en France).
votre avatar
Même pas une petite contrepèterie ?
votre avatar
Quand le RFID nous brouille l'écoute...
votre avatar
Ah voilà, je m'inquiétais que personne ne l'aie fait + tôt ^^
votre avatar
Il n’est pas précisé si une sanction a été dressée dans le cas présent.

L'augmentation des forfaits de ski permettra de payer l'amende :fumer:
votre avatar
Ca aurais èté interessant d'avoir la portée de la perturbation percue
votre avatar
Ici, vu que l'émission alimente le récepteur/badge c'est pas anodin avec 2W possibles, il y avait sans doute de quoi perturber l'uplink des mobiles proches qui émettent avec des puissances comparables... et potentiellement plus loin en downlink, selon la position station de base vs perturbation car si on est à qq dizaines de W ils fondent très vite avec la distance à l’émetteur (en 1/d², en première approximation: Dispersion sur la surface d'une sphère).

La même erreur aurait posé moins de pb avec des radios basse conso dans cette bande des 868MHz "libre" chez nous... mais différente ailleurs:
https://www.silabs.com/wireless/z-wave/global-regions
votre avatar
Ce que je trouve étonnant quand même c'est que le rfid c'est
1) directionnel
2) faible puissance
Donc ça devait pas brouiller tellement plus loin que quelques mètres dans un cône selon l'orientation de l'antenne ?
Comment un opérateur fait pour s'en rendre compte ?

Et comment est fait la config du module radio ? Une ref différente ? Si aucun autre module de la station est concerné, on peut imaginer que c'est le fournisseur qui à fait un mélange, je connais des EMS a qui c'est déjà arrivé...
votre avatar
Oui, je me suis fait la même remarque. Si c'est pour contrôler un forfait de ski, pourquoi peut-on le détecter à plusieurs dizaines de mètres ?
votre avatar
C'est pas si simple en fait, sur ces fréquences même avec peu de puissance le signal peut porter assez loin. Là le souci se posait sur une antenne relais. Cette antenne placée en hauteur a une sensibilité en réception lui permettant de recevoir les téléphones situés en contrebas (voire même dans la vallée) et qui émettent au mieux à 1 ou 2W.

Un équipement qui émet, même avec quelques mw, à proximité d'une antenne sera reçu beaucoup plus fort qu'un téléphone dans la poche de quelqu'un dans la vallée en contrebas. Même si l'antenne qui émet est directive d'ailleurs. A ces fréquences les signaux se réfléchissent très facilement et partent dans toutes les directions.

Donc on peut imaginer que ça a impacté pas mal de monde et que l'opérateur en question a vite repéré le souci. De là ils ont contacté l'ANFR qui a mené son enquête.

Après comme le brouillage est non intentionnel, il y a fort à parier qu'ils n'ont pas eu d'amende, mais qu'ils ont eu à payer les frais de déplacement de l'ANFR.
votre avatar
Merci pour l'explication très claire. :inpactitude:
votre avatar
Il existe plusieurs technologies RFID, certaines peuvent porter à plusieurs mètres.
C'est par exemple celles qui sont utilisées pour localiser les joueurs dans certains sports, pour remonter des statistiques très précises. La portée peut alors être de la taille d'un terrain de football.
votre avatar
Oui et puis surtout le RFID ce n'est pas que de la communication. Le signal radio du lecteur RFID sert aussi à télé-alimenter le badge RFID, et le faisceau de tele-alimentation il est pas si "basse puissance" que ca. On a facilement des lecteur RFID qui balance 2Watt.. soit autant qu'un telephone mobile.
votre avatar
Bizarre, d’après Wikipédia, le RFID 902–928 MHz (North America), Bande ISM c’est 1–12 m (3–40 ft) de portée.

RFID Wiki
votre avatar
Ne pas oublier que dans la technologie RFID, c'est le lecteur RFID qui sert à la fois d'émetteur et de récepteur et qui alimente la radio-étiquette (qui elle, est passive).

Donc quand on parle de quelques m de portée, c'est la porté pour que les émissions de la radio-étiquette soit 'réceptionable' par la partie réceptrice du lecteur.

La partie émettrice doit donc émettre à une puissance bien plus forte. Ce qui explique sans doute les interférences avec la bande GSM. A noter également que le lien de l'ANFR indique que la puissance max pour ce type de dispositif est de 4W soit du même ordre de grandeur que celle rayonnée par un téléphone (autour de 2W)
votre avatar
:yes:
votre avatar
Mais que fait Elisabeth ? (je suis déjà loin)
votre avatar
(je suis déjà loin)
Justement, hors de portée de la Borne :mdr2:
votre avatar
Concernant les risques de brouillages, est-ce que, dans un appartement, une liaison Bluetooth peut être brouillé par un autre signal venant d’un appartement voisin.

Je me pose la question car, diabétique, j’ai un capteur de glycémie qui dialogue en Bluetooth avec une application sur smartphone et qui peut potentiellement me sauver la vie en déclenchant une alarme en cas d’hypoglycémie nocturne.
Ces derniers mois, j’ai eu de longues périodes de coupures de synchronisation qui s’arrêtent et reviennent sans changement apparent du contexte.
votre avatar
Pour moi c'est un fonctionnement normal, le Bluetooth est certainement le protocole sans fil grand public le moins fiable, autant pour des problèmes logiciels que de qualité de transmission. Associé à un smartphone lui aussi peu fiable par nature pour des tonnes de raisons, et une application qui s'arrêtera de marcher un jour pas forcément lointain sans prévenir, ou qui se fera couper le sifflet par l'OS pour cause "d'inactivité" pour économiser de l'énergie, c'est le trio gagnant pour ne pas être prévenu quand il le faudra.

Après on peut toujours dire que c'est mieux que pas d'alarme, mais pas beaucoup plus. Tu n'arriveras jamais à le fiabiliser sur des années, il faudrait que ce soit le capteur qui sonne, ou une sonnette séparée utilisant une transmission radio plus simple et fiable. Ou alors éventuellement, prendre un vieux smartphone tout simple qui ne servirait qu'à ça à côté du lit, toujours branché et jamais connecté à l'extérieur, sans jamais faire de mise à jour hormis celle de l'application seulement s'il y a une excellente raison de le faire. Ce sera plus fiable mais toujours pas à 100 %.
votre avatar
De ce que je comprends, et tel que semble le montrer l'image des spécifications techniques d'un module RFID, certains modules semblent vendus internationalement, supportant alors plusieurs bandes de fréquences.
Cela signifierait donc que la bande de fréquence utilisée est pilotable logiquement, par paramétrage de l'appareil.
De plus, il semblerait bizarre qu'un équipement fixe installé par un professionnel ne soit pas aux normes européennes, exigeant qu'il supporte alors les bonnes bandes de fréquences.

De ce fait, je pense ce serait moins l'achat d'un mauvais équipement qui serait la cause, mais l'absence de sa configuration pour les bandes de fréquence européennes.
J'aimerais confirmation, évidemment, mais ça n'est pas précisé dans l'article de l'ANFR. :o)

Quand une borne RFID mal configurée brouille des communications

  • Un brouillage dans les 910 MHz, une bande réservée aux opérateurs

  • Le coupable est identifié : un lecteur RFID de forfait de ski

  • Le RFID peut se déployer entre 865 et 868 MHz

  • Un mauvais module radio et c’est le drame

  • C’est le détenteur de l’appareil le responsable

Fermer