2G, 3G et 4G en zones rurales : les opérateurs doivent accélérer, l’État aussi
On n'est plus à un an près ceci dit
Le 21 septembre 2016 à 13h00
5 min
Société numérique
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Pour l'ARCEP les opérateurs doivent accélérer leurs déploiements en zones peu denses pour remplir leurs objectifs légaux, alors que l'État peine à leur fournir des pylônes où installer des antennes 2G. Sur la 4G rurale, Orange est proche de son but, quand Bouygues Telecom et SFR mettent les bouchées doubles pour combler leur retard.
Le message est clair : les opérateurs doivent déployer plus vite leurs réseaux mobiles dans les zones peu denses pour remplir leurs obligations, en 2G, 3G ou 4G. Hier soir, l'ARCEP a mis à jour son observatoire des zones peu denses et prononcé deux sanctions financières à l'encontre d'Orange et de SFR. Contrairement à Bouygues Telecom, les deux opérateurs n'avaient pas couvert dans les temps l'ensemble des centres-bourgs dont ils avaient la charge en 2G.
Cinq manquaient à l'appel pour Orange, qui a écopé d'une sanction de 27 000 euros, quand SFR en a « oublié » 47, ce qui lui coûte 380 000 euros. Les communes en question ont été couvertes dans les mois qui ont suivi, mais le mal est fait. D'autant qu'il reste encore un large travail sur la 2G pour le dernier pourcent de population rurale, avec un objectif qui risque d'être difficilement tenu. Pourtant, les opérateurs ne seront pas directement à blâmer pour cela.
2G : l'État en retard dans la livraison des pylônes
Pour mémoire, l'État a fixé aux opérateurs disposant de licences 2G (Bouygues Telecom, Orange et SFR) l'obligation de couvrir l'ensemble des centres-bourgs français. Un programme qui a débuté dès 2003, des dizaines de communes devant déjà être couvertes depuis l'époque. Las, les acteurs télécom n'ont jamais tenu leurs engagements successifs à ce sujet. La loi Macron a donc donné des pouvoirs de sanction à l'ARCEP en la matière, qui les a donc utilisés contre Orange et SFR ces derniers mois.
En fait, en fin d'année dernière et ce début d'année, 268 centres-bourgs supplémentaires à couvrir ont été identifiés en deux vagues. Le total est donc porté à 3 582. Sur cet ensemble, 3 266 zones étaient couvertes en juillet, soit 13 de plus qu'en avril. En clair 91 % des centres-bourgs du programme sont couverts. Un chiffre qui évolue donc très peu de mois en mois.
Sur les 316 centres-bourgs restants, 19 disposent de pylônes et attendent simplement les antennes, dont 14 pour SFR seul. Traduction : « l'immense majorité » des zones restantes à couvrir (297) attendent la construction des pylônes fournis par l'État, dans lesquels il investit 80 millions d'euros. Un problème, ou une astuce selon le point de vue.
Si les opérateurs sont tenus de couvrir l'ensemble des centres-bourgs du programme zones blanches d'ici janvier 2017, l'État n'est pas tenu à un délai spécifique pour leur fournir les pylônes où poser les antennes. En fait, les opérateurs ont six mois pour poser les antennes quand le pylône est prêt, peu importe quand il arrive. Il semble peu probable que l'ensemble des pylônes soit construit en trois mois, donc les opérateurs ne respecteront sûrement pas leur engagement de 100 % de couverture 2G d'ici la fin de l'année, sans sanction possible... Car c'est l'État lui-même qui retarde les déploiements.
Un coup de collier à donner sur la couverture 3G
Le programme zones blanches a aussi son volet « Internet mobile » : l'ensemble des centres-bourgs du programme doivent être couverts en 3G d'ici le 30 juin 2017. En juillet, les opérateurs en étaient à 54 % de l'objectif ; soit trois points de plus qu'en avril, et 16 de plus qu'en octobre 2015. Concrètement, 2 055 centres-bourgs ont été traités, sur un total de 3 816. Une nouvelle fois, les opérateurs sont appelés à accélérer leurs déploiements pour tenir leurs engagements.
Dans le détail, Orange a atteint 62 % de son objectif de couverture, suivi par Bouygues Telecom (58 %) et SFR (52 %). Un taux qui est monté de quatre points pour Orange en trois mois, contre deux points pour les deux derniers. Cette fois par contre, les zones restantes à couvrir sont en très grande majorité en attente d'antennes et non de pylônes.
Le déploiement rural de la 4G avance, surtout chez Orange
Du côté de la 4G, l'objectif légal est bien plus ambitieux. D'ici le 17 janvier prochain, les trois mêmes opérateurs devront avoir couvert 40 % de la population rurale, sur 22 500 communes. Ils y ont consenti en acquérant les fréquences 800 MHz, pour le moment dévolues à cette 4G.
Contrairement à la 2G ou la 3G, où l'objectif est commun via des réseaux mutualisés, ils ont ici un objectif individuel de 40 %, qui ne sera rempli que si leur propre réseau le remplit. Une formalité semble-t-il pour Orange, qui annonce avoir atteint 38 % de couverture en juillet, contre 35 % en avril. L'opérateur historique devrait donc dépasser son obligation légale en janvier sans problème.
La situation est moins joyeuse du côté de Bouygues Telecom et SFR, qui y mutualisent leurs réseaux. La filiale de Bouygues déclare ainsi 26 % de couverture et SFR 25 %. Cela contre 17 % et 13 % respectivement en avril dernier, et presque 0 % en octobre pour les deux. C'est donc un mouvement express auquel s'adonnent les deux entreprises, même si rien ne dit qu'elles tiendront leur objectif.
Rappelons qu'en février, l'ARCEP les avait mis en demeure préventive sur leurs déploiements 4G dans ces zones, s'inquiétant de ne pas les voir remplir leurs objectifs. Free Mobile, qui ne dispose pas de fréquences dans les 800 MHz, n'est pas soumis ces obligations.
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Commentaires (20)
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Abonnez-vousLe 21/09/2016 à 13h21
Ouais, alors juste un exemple…
Romillé, à environ 20 km de Rennes, un peu moins de 4 000 habitants : aucune 2G ni 3G chez Orange et SFR dans tout le bourg. Il n’y a que Bouygues – et encore, je n’ai pas vérifié, mais leurs antennes sont sur le chateau d’eau au sommet d’une toute petite côte (c’est en Bretagne hein, pas en montagne) alors que les pylones d’Orange et SFR sont derrière de minuscules crêtes.
Et pourtant Romillé n’est pas pointé par l’ARCEP, et les cartes d’Orange et de SFR prétendent couvrir toute la commune en 2G comme en 3G.
Le 21/09/2016 à 13h25
Pas de problème, la 5G arrive " />
On aime bien déployer toujours mieux sans avoir terminé le précédent (ou au moins avoir correctement avancé).
Le 21/09/2016 à 13h27
Étant chez Orange, je n’ai pas vraiment à me plaindre du réseau. Peut être toujours plus de 4G et de débit à la limite.
Mais où la situation m’exaspère au plus haut point, c’est quand on a une box Internet (promesse de fibre depuis 2 ans) où la vitesse de téléchargement est 10 fois plus lente qu’avec un smartphone en 4G (test réalisé pour télécharger une démo sur ps4 et un film sur le net).
Si j’avais un forfait 500 gigas orange mobile, j’aurais viré ma box depuis longtemps…
Le 21/09/2016 à 13h32
Free passe a Romillé en 2g et de tant en temps en 3G!
Le 21/09/2016 à 13h57
Le 21/09/2016 à 14h04
Dans le bourg, du côté de Super U ? Ma copine est chez free et elle ne capte que dall.
Le 21/09/2016 à 14h15
Le 21/09/2016 à 14h29
Mais où la situation m’exaspère au plus haut point, c’est quand on a une box Internet (promesse de fibre depuis 2 ans) où la vitesse de téléchargement est 10 fois plus lente qu’avec un smartphone en 4G
+1 Chez mes parents (à la campagne), le réseau mobile est plus puissant que le réseau filaire. Je me rappelle encore de Fillon qui promettait 100% de couverture ADSL. On attend toujours. Je trouve ça dingue de parler de 5G et de déploiement de la fibre alors que pleins de gens n’ont accès ni à la 3G ni à l’ADSL, et se retrouvent coupés du système, qui s’internetise toujours plus.
D’ailleurs, est-ce que ça ne mériterait pas un nouvel article de NextInpact à ce sujet ? ;)
Le 21/09/2016 à 15h14
Le 21/09/2016 à 19h05
Le 21/09/2016 à 19h56
Ben, en vacances, ça ne passe pas. Zone blanche, donc tel, mais quand je veux mes mails, il faut faire 7km pour avoir (un peu) de réseau. Des fois, ça passe entre 2 et 4h du mat, quand personne n’occupe la bande passante, mais répondre…NON, pas possible !
Dans le village, on demande un effort à orange, seulement de la 3G… mais ce n’est pas même rentable pour un bled de 400 habitants en pleine saison ! Et encore, le reste de la vallée n’est pas couvert, lui aussi.
Le fixe, c’est bien quand on y est longtemps : (
Peut être en 202 ? ( à remplacer plutôt par un 9)
Le 21/09/2016 à 20h07
J’aime bien quand tout le monde râle que les abonnements sont trop chers, que les opérateurs s’en foutent plein les poches et qu’après les baisses ils se plaignent de pas avoir de réseau. Ensuite on a ceux qui trouvent qu’on a trop d’antennes, et ceux qui trouvent que le débit est pas suffisant.
C’est clair qu’en campagne, on n’a pas d’adsl à 10Mbits, de fibre ou de choix dans l’opérateur téléphonique. Je sais que c’est la dèche quand tu n’as droit à rien. Maintenant, tu as généralement choisi ou tu habites! Si c’est pour avoir la fibre, 400 chaînes et en profiter un max, le plus sûr est de s’enfermer dans un appart en ville.
J’ai oublié de préciser: en campagne, pour avoir de l’ADSL 2Mbits, tu payes à peu près le double de la ville (en comparant avec Bouygues en dégroupée en ville)
Le 21/09/2016 à 21h43
Tu fais des concessions sur la qualité ou le nombre de services oui mais pas sur son existence.
Avoir l’ADSL et un réseau téléphonique 3G c’est le minimum pour 100% des français peu importe où tu habites.
Le débit est une concession par contre bien sûr, même si 8Mb serait le minimum aujourd’hui.
Internet et les réseaux de communications c’est comme l’eau et l’électricité, il n’y a aucune raison de ne pas l’avoir surtout quand ça va devenir obligatoire administrativement.
Le 22/09/2016 à 02h07
Moi, ce qui m’étonnera toujours, c’est de lire sous un article qui parle de politique d’aménagement du territoire, des commentaires très égo-centrés à propos du petit privilège dont profite son voisin mais que soi-même on n’a pas. Franchement, je ne sais pas comment font les élus locaux pour répondre au clientélisme égo-centré de leurs électeurs, et en même temps, élaborer l’avenir de leurs territoires.
Le 22/09/2016 à 02h47
Même si je suis plutôt d’accord avec ton commentaire, je ne pense pas que, actuellement, 100% des Français aient forcément besoin ni d’internet, ni de téléphone mobile. Peut-être dans le futur, mais actuellement, il existe des gens qui préfèrent s’en passer (j’en croise régulièrement même s’ils ne sont pas nombreux et peut-être sont-ils en voie de disparition).
Pour une partie des gens, le mobile fait peur à cause du contact permanent (on parle souvent de la “nomophobie” dans les médias, mais rarement de la lassitude ou de la peur du mobile envahissant)
Pour une autre partie des gens (souvent ceux qui disposent d’un téléphone mobile basique), internet est perçu comme une machine à fric qui sert à vendre du média social (Facebook, Twitter et assimilés), des centaines de chaînes TV en langue étrangère, des services audiovisuels qui ne servent à rien.
Enfin, il y a ceux qui veulent un accès internet Très Haut Débit fibre FttH, mais qui ne veulent pas de télévision.
Le 22/09/2016 à 04h51
Sur l’autoroute des estuaires, à la sortie de Rennes entre Thorigné et Liffré, tu as une zone de plusieurs Km sans aucun réseau également, la forêt de Rennes sans doute, mais voir des zones “blanches” si proches de Rennes ça fait quand même bizarre.
Le 22/09/2016 à 05h37
Les obligations de service en zone rurale sont toujours liées à une clause de “économiquement faisable”. Par exemple le tout à l’égout…
Ce qui serait intéressant, c’est de mener une vraie politique de repeuplement du territoire: au lieu de se casser la tête à remettre plus d’équipement là où il y en a déjà, et des plus complexes et plus cher. Il faudrait promouvoir l’habitat en zone non dense, mais de façon à canaliser les besoins en ressources. Quitte à vider complètement certains endroits (tant que ça ne fait pas des déserts complets - je ne pense pas qu’il soit opportun que plus personne n’habite en montagne)
Le 22/09/2016 à 09h18
Le 22/09/2016 à 09h58
Bon en gros les opérateurs semblent vouloir équiper mais c’est l’état qui est en cause.
Youpi
En même temps, l’état ne fournirait pas les infrastructures, je suppose qu’aucun opérateur y mettraient les pieds ?
Le 23/09/2016 à 04h19
Bah si Free couvre QUOI QUE CE SOIT en 2G, ça veut dire que c’est couvert par Orange (vu que Free n’a PAS de licence 2G et donc pas de couverture 2G en propre)….
Ce qui veut dire qu’accessoirement la couverture de Free est celle d’Orange… et que donc c’est déclaré “couvert” parce que, si il n’y a personne avec un tel portable à 5km à la ronde, l’antenne couvre le patelin et plus… la réalité, c’est qu’il y a pas mal de gens au milieu et que ça couvre donc 20% de la surface “théorique”.
(ie : c’est EXACTEMENT ce que tout le monde, opérateurs concurrents en tête, reprochent à Free depuis 3 ans, et reproche à l’ARCEP sur son mode de calcul de couverture, c’est juste que là c’est “normal” c’est les normes techniques because c’est eux pas le concurrent qui les emmerde :p).