Shopping : à l’Europe, Google répond (encore) qu’il n’y a pas de problème de concurrence
« Tapez plutôt sur Amazon SVP »
Le 03 novembre 2016 à 17h00
5 min
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Google affirme à la Commission européenne qu'il n'a pas de pouvoir de vie ou de mort sur les comparateurs de prix, qui seraient simplement délaissés par les internautes. En fait, l'entreprise pointe l'importance d'Amazon dans la recherche et la décision d'achat, niant toute position dominante au passage.
« Améliorer la qualité n'est pas anti-concurrentiel, partie II. » C'est le titre de la seconde réponse de Google à la Commission européenne, qui accuse la société d'avoir causé le déclin de comparateurs de prix en Europe, au profit de son service Shopping. Comme l'an dernier, le groupe américain répond qu'il n'y a pas de souci de concurrence, quand bien même l'institution européenne lui a envoyé de nouveaux griefs en juillet dernier.
En fait, la Commission reproche à Google de mettre en avant son service de comparaison de prix dans ses résultats de recherche, au détriment des autres. L'institution bruxelloise estime que cette mise en avant systématique a marginalisé les concurrents, avec une incidence directe sur leur trafic, donc leurs revenus. De même, elle craint que les internautes n'aient simplement plus accès aux meilleures offres. Un point de vue largement défendu par les acteurs derrière l'Open Internet Project, qui contribuent beaucoup au dossier.
Google se dit marginal dans la recherche de produits
Après un délai supplémentaire de trois semaines accordé par la Commission, la réponse de Google à ses accusations est nette : il n'est pas le principal acteur de la recherche et de la comparaison de prix en ligne. Cette place reviendrait à Amazon, largement cité par le moteur de recherche dans son billet de blog. Le groupe américain estime la Commission européenne déconnectée des réalités de la vente en ligne.
Même s'il répond à 90 % des recherches en Europe, il n'aurait qu'une importance toute relative dans l'e-commerce, selon ses propres dires. Par exemple, Google affirme qu'en Allemagne, un tiers des recherches de produits commencent sur Amazon, contre moins de 15 % sur son moteur et 6,7 % sur un comparateur de prix. La transition vers l'Internet mobile, et les applications des cybermarchands, contribueraient à ce mouvement de marginalisation des intermédiaires.
Pour Google, les internautes préfèrent ses publicités
« La preuve est évidente : les utilisateurs peuvent et cliquent où ils le souhaitent, tout comme ils naviguent sur les sites de leurs choix. Tous ces services -- les moteurs de recherche, les sites de comparaison de prix, les plateformes marchandes, et les marchands -- se font concurrence en matière d’achat en ligne » appuie l'entreprise, visiblement sûre de son fait.
Google centre tout son argumentaire sur l'importance d'Amazon dans les recherches et les comparaisons de fonctions. La régie publicitaire pointe aussi l'émergence d'acteurs comme Facebook, qui offrent de nouveaux canaux pour accéder au consommateur. Qu'il mette en avant son service de comparaison de prix n'aurait donc qu'un effet limité sur la concurrence.
« Il n’existe tout simplement pas de corrélation significative entre l’évolution de nos services de recherche et la performance des sites de comparaison de prix » martèle la société. D'ailleurs, à la demande de la Commission européenne d'afficher les publicités de comparateurs concurrents sur ses pages de recherche, Google répond que les internautes préfèrent ses propres réclames.
Elles n'auraient d'ailleurs pas d'effet prouvé sur le trafic des sites, quand bien même ceux-ci descendent dans l'affichage des pages de résultats. Une affirmation classique de sa part, qui ne suffira peut-être pas à convaincre Bruxelles. Elle estime par ailleurs que les plaintes de quelques acteurs (dont l'OIP) sur des chutes de trafic ne sont pas représentatives du marché.
La réponse aux griefs sur Android dans la semaine
« En somme, nous ne pouvons être d’accord avec ce dossier qui manque de preuves et limiterait notre capacité à améliorer nos produits, simplement pour satisfaire l’intérêt d’un petit nombre de sites » conclut le groupe. Bien entendu, il dit continuer à discuter avec la Commission. Celle-ci devrait d'ailleurs difficilement se contenter d'une telle fin de non-recevoir à ses griefs, s'étant approchée d'une décision de sanction en mai, avant de compléter son dossier avec de nouvelles preuves de mauvaises pratiques en juillet.
Sur le fond, Google maintient sa ligne. L'entreprise affirme simplement que le schéma de recherche « Google, puis comparateur de prix, puis cybermarchand » n'est plus pertinent, donc que les craintes de la Commission sur la concurrence sont caduques. En fait, Google serait simplement l'un des nombreux sites qui « font face à Amazon, de loin le plus grand acteur sur ce secteur ».
C'est aussi aujourd'hui que la société américaine a répondu aux griefs de la Commission sur AdSense for Search, s'étendant bien moins sur le sujet. Elle dit avoir répondu à l'institution, sans plus de détails. Pour mémoire, le groupe est accusé d'empêcher des sites d'afficher les publicités de régies concurrentes sur des pages de recherche comprenant déjà les siennes. D'ici le 11 novembre, le groupe doit également répondre aux accusations d'abus de position dominante via ses services sur Android, auxquels sont liées de nombreuses obligations pour les constructeurs.
Shopping : à l’Europe, Google répond (encore) qu’il n’y a pas de problème de concurrence
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Google se dit marginal dans la recherche de produits
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Pour Google, les internautes préfèrent ses publicités
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La réponse aux griefs sur Android dans la semaine
Commentaires (27)
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Abonnez-vousLe 03/11/2016 à 18h32
Ah ben ça va alors, si Z-os de NXI n’utilise pas ces comparateurs, Google peut faire ce qu’il veut. On devrait s’empresser de le faire savoir à la CUE.
Le 03/11/2016 à 18h34
“Qui sont-ils pour affirmer ”
Ils défendent leur position, ce qu’on leur demande de faire, tout simplement. En tant qu’acteur du marché mis en cause ils sont en position pour donner leur avis sur le marché et sur les reproches qui leur sont adressées (avis forcément partial, évidemment).
“Et quand bien même ce serait le cas, cela veut-il dire que Google
s’octroie le droit de cracher sur certains sites sous prétexte qu’ils
sont peu nombreux ?”
Leur argument est qu’une action de régulation ne permettrait pas d’éviter des abus de monopole (le rôle du régulateur) mais ne ferait qu’avantager, sans raison d’après Google, un petit nombre de concurrents.
Ce qui sous entend poliment que le régulateur serait “utilisé” par les concurrents de Google pour fausser la libre concurrence, argument assez classique pour ce type de plainte.
Le 03/11/2016 à 18h34
Tout à fait " />
Le 03/11/2016 à 18h46
Le 03/11/2016 à 19h03
Cette saleté de google devrait pendre une grosse amende de 100 milliard d’euro. Mais comme il y a que des vendues et des corrompues, il n’y aura donc pas d’amende.
Le 03/11/2016 à 19h08
Le 03/11/2016 à 20h08
En même temps, si Google est investi d’une mission de service public, qu’on nationalise et puis basta.
Le 03/11/2016 à 20h11
Le 03/11/2016 à 21h50
Le 03/11/2016 à 22h16
Je suis très surpris d’entendre parler de “position dominante”pour Google Shopping. On parle bien de Google Shopping que peu de gens connaissent et encore moins utilisent ?
Mais peut être que je généralise mon petit monde et que je l’ai sous estimé…
En tout cas, j’ai jamais eu l’impression qu’il est mis très en avant. Il n’apparaît même pas dans les résultats de recherche. Les rares fois où je l’ai utilisé, c’est que je le voulais vraiment.
En plus, c’est loin d’être le meilleur comparateur de prix. Google Flights par exemple est top, mais Google Shopping …
Dans ces conditions, je suis étonné qu’il ait un impact sur la concurrence.
Le 04/11/2016 à 00h54
Mais ce que je comprends pas surtout…. C’est que Google est sur son propre moteur de recherche c’est le sien et jusqua preuve du contraire tu as le droit de faire ce que tu veux sur ce qui t’appartient du moins je l’espère sinon ça devient grave. Si Google a envie d’afficher sur la page de recherche de son moteur de recherche à droite “Google c’est la vie vive Google” ils font ce qu’ils veulent. Que si jamais Google shopping est mis en avant sur d’autre moteur et que c’était intrusif sur d’autres moteur OK. Mais là Google est chez lui et fait tout simplement ce qu’il veut. Si ils veut n’afficher que des sites Google et virer tout les autres de son moteur il a le droit se sont ses serveurs ses données et lui qui les référence. Donc si il veut être mis en avant il fait ce qu’il veut chez lui….
Le 04/11/2016 à 03h06
Abu de position dominante tout simplement.
Wikipedia
Le 04/11/2016 à 05h36
Le 04/11/2016 à 05h44
Ainsi, les Internautes cliqueraient sur les publicités de Google parce qu’ils les préfèrent ? Moi qui pensais que c’était parce qu’elles remplissaient l’essentiel, sinon la totalité de la page visible au-dessus de la ligne de flottaison, tel ce résultat de recherche sur “drone enfant” ou cet autre résultat sur “hôtel paris“…
Le 04/11/2016 à 07h47
Et ils vont bientôt nous apprendre qu’ils n’ont aucuns poids sur la fréquentation des sites qu’ils affichent dans les résultats de recherches…
Aller, à d’autre.
Le 04/11/2016 à 08h10
“Pour Google, les internautes préfèrent ses publicités”
Rien que ça " />, plus c’est gros plus ça passe !
Le 04/11/2016 à 08h24
“Pour Google, les internautes préfèrent ses publicités”
Conceptuellement parlant, je ne comprends même pas la notion d’aimer une publicité; ou pour reformuler : comment peut-on aimer une chose strictement inutile…
Ça existe vraiment des gens soumis qui achètent en fonction de publicité ???
Le 04/11/2016 à 08h45
Le 04/11/2016 à 09h53
Clair, j’ai surtout tendance à traîner sur Dealabs généralement… :transpi
Les comparateurs de prix, c’est un peu Useless, excepté les extensions de navigateurs type Shoptimate, qui t’indique le prix d’un article sur pléthore d’autres sites ! :)
Le 04/11/2016 à 09h56
Pourquoi le service public devrait être monopolisé par le rouleau compresseur de l’État ? Une association à but non lucratif ou lucratif, 100% transparente, ferait parfaitement l’affaire ! :p
Le 04/11/2016 à 09h58
Pas vraiment, souvent ceux qui cliquent sur de la pub, c’est parce qu’elle est bien intégrée et qu’ils ne calculent pas que ça en était, et par la même occasion, peut stimuler quelques autres achats, compulsif ou non.
Mais la pub en tant que telle, même si pour beaucoup elle semble être un mal nécessaire, c’est une plaie, béante, géante, qui plombe tout le monde, excepté les publicitaires.
Le 04/11/2016 à 10h04
Si le dossier de la commission n’est effectivement pas assez solide, il n’y a pas de raison que Google paye quoi que ce soit.
Maintenant, rien n’empêche la commission d’étayer le dossier.
Le 04/11/2016 à 10h09
Le 04/11/2016 à 23h05
Je vis toujours dans l’espoir d’une plainte tardive de gestionnaire d’annuaires en ligne contre Google.
De plus leur argument n’est pas fondamentalement faux, amazon est plutôt compétitif et donne un semblant de choix comparatif avec son marketplace, il en faut guère plus pour rester chez eux.
Puis concernant l’utilisation de GShopping, 2 méthodes :
Alors certes, je fais ptêt’ pas toujours les meilleures affaires, mais au moins, je me fais pas chier la vie pour ça.
Le 03/11/2016 à 17h07
C’est peut être marginal de nos jours, mais il y a quelques années ils ont baisés tout les autres, et bien profond… Il serait juste qu’il le paye leurs actions qui a couté beaucoup à beaucoup de sites…
Le 03/11/2016 à 17h49
à l’Europe
à l’UE. Ce n’est pas parce que ces usurpateurs ont décidé de s’appeler “commission européenne” qu’ils représentent l’Europe. L’UE et ses états membres (et encore) peut-etre, mais rien de plus.
Google démontre encore qu’ils sont au dessus des lois. Qui sont-ils pour affirmer
simplement pour satisfaire l’intérêt d’un petit nombre de sites ? Et quand bien meme ce serait le cas, cela veut-il dire que Google s’octroie le droit de cracher sur certains sites sous prétexte qu’ils sont peu nombreux ? Ou que leur propriétaire n’est pas assez riche pour leur tenir tete. Parce que soyons réalistes, c’est bien de cela dont il s’agit.
Le 03/11/2016 à 18h17
Je n’ai jamais utilisé ces comparateurs de prix. Suis-je normal ?