Mur d’OVHcloud à Roubaix, avec le logo OVHcloud

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Projet européen sur le cloud : OVHcloud s’est retirée au dernier moment et s’explique

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La semaine dernière, la Commission européenne donnait son feu vert à un Projet important d'intérêt européen commun (PIIEC) sur le cloud. Sept pays y participent, dont la France. Enveloppe prévue : environ 2,6 milliards d’euros (1,2 milliard des États et 1,4 milliard d’investissements privés). Un acteur brillait par son absence : OVHcloud. L’hébergeur roubaisien s’explique et répond à nos questions.

Plusieurs entreprises françaises étaient mises en avant dans le communiqué de la Commission européenne et du ministère de l’Économie et des Finances, notamment Eviden (Atos) et Orange. Plusieurs acteurs français du cloud étaient aux abonnés absents, notamment Scaleway (iliad), Outscale (Dassault Systèmes) et OVHcloud.

OVHcloud était présente dans la dernière ligne droite, mais la société « a pris la décision, en novembre 2023 [soit quelques semaines avant le feu vert de la Commission, ndlr], de retirer de la procédure du PIIEC (IPCEI) Cloud ses deux projets relatifs au cloud et à l’intelligence artificielle […] ». Elle était porteuse de projet dans les deux cas (avec des partenaires français et européens), et justifie sa décision.

Le projet n’était plus en phase avec le marché

Dans un communiqué qu’elle nous a transmis, l’entreprise justifie ce retrait de dernière minute : il « se fonde sur le constat que les projets, dont les contours ont été définis au lancement de la procédure PIIEC, début 2021, ne répondent plus aux évolutions majeures qu’ont connues les secteurs du cloud et de l’intelligence artificielle ces trois dernières années ». OVHcloud a ainsi dû revoir sa roadmap « ces derniers mois ».

Les derniers rebonds sur l’intelligence artificielle ne datent pas d’hier. ChatGPT a été lancé en novembre 2022 par exemple, suivi par d’autres grands modèles de langage. On a noté une accélération sur toute l’année 2023 chez les géants du secteur, pas uniquement ces derniers mois. Pour rappel, iliad est aussi sur les rangs avec des investissements massifs chez Scaleway et le lancement du laboratoire Kyutai avec Xavier Niel, Rodolphe Saadé et Eric Schmidt.

Quoi qu’il en soit, OVHcloud nous affirme avoir contacté les autorités européennes, « mais après près de 30 mois de procédure, elles nous ont indiqué qu’il n’était plus possible de faire des modifications substantielles dans nos dossiers qui étaient alors sur le point d’être validés ». Remettre en question le contenu de la candidature aurait « contribué à retarder une procédure déjà trop longue, débutée début 2021 et qui a mobilisé de nombreuses équipes chez OVHcloud ces deux dernières années ». L’entreprise a donc préféré jeter l’éponge.

La société précise que, « cette décision ne remet en rien en cause l’ambition d’OVHcloud de permettre, aux côtés de son écosystème, l’émergence d’une véritable offre cloud européenne alternative et souveraine, capable de répondre aux attentes et besoins d’un marché en constante évolution ».

À ce sujet, on parlait récemment de Gaia-X. Après un lancement en grandes pompes, il ne donne plus vraiment de signes de vie. Mais selon Thierry Souche, CTO de l’hébergeur OVHcloud et membre du conseil d'administration de Gaia-X, Gaia-X est « toujours en vie ». Mieux encore, il « arrive à des étapes très concrètes ». Des promesses dont on attend maintenant de les voir traduire par des actes. Ce week-end, Flock nous a livré sa propre vision de Gaia-X en train de « bouger ».

Le Summit pour porter les projets IA et cloud

Selon l’hébergeur roubaisien, les deux projets abandonnés « visaient, pour l’un, le développement d’une plateforme open-source permettant tout type de déploiement cloud (y compris edge, hybride ou ‘on-premise’), et pour l’autre, le développement d’une plateforme traitant l’ensemble de la chaîne de valeur de la création et de l’exploitation de modèles IA ».

Cela vous rappelle fortement les annonces faites au Summit 2023 il y a quelques jours à peine ? Nous aussi, et la société nous confirme que c’est bien le cas. « Toutefois, ajoute-t-elle, leur scope est différent et nous avons privilégié un cycle de développement plus rapide pour démocratiser l’IA et répondre aux cas d’usages les plus pressants de nos clients, en nous détachant ainsi du calendrier imposé par la procédure du PIIEC ».

Au Summit, il était question de lancer 150 « Local Zones » d’ici à trois ans, en plus des datacenters qui continuent de se déployer pendant ce temps. Sur l’intelligence artificielle, OVHcloud veut se positionner sur toute la chaine de valeur, ou presque. Il n’est pas question pour le moment de développer des modèles, mais d’en mettre une panoplie à disposition de ses clients, avec du matériel (GPU pour l’inférence par exemple) et des solutions logicielles comme AI Endpoints et AI App Builder.

D’autres PIIEC en préparation ?

Nous demandons enfin à OVHcloud si d’autres PIIEC ou projets avec financements européens sont en cours sur le cloud et l’intelligence artificielle. Réponse courte : non.

Réponse longue : « OVHcloud n’a jamais bénéficié de financements publics. Ces procédures sont généralement longues et couteuses et le calendrier d’attribution des financements ne correspond pas à la réalité de déploiement industriel. OVHcloud ne participe pas à d’autres PIIEC ou projets avec financements européens en rapport avec le Cloud et l’IA ».

Commentaires (6)


"le développement d’une plateforme open-source permettant tout type de déploiement cloud (y compris edge, hybride ou ‘on-premise’)"

Ils ne connaissent pas Terraform chez OVH ? Ils aiment re inventer la roue...
Bien sur qu'ils connaissent : https://registry.terraform.io/providers/ovh/ovh/latest/docs

Après, le développement d'un provider Terraform peut entrer dans leur définition à mon avis.
Ça a changé de licence terraform sauf erreur de part

Zulgrib

Ça a changé de licence terraform sauf erreur de part
Ca concerne principalement l'usage commercial, mais oui Terraform passé sous licence Business Source License à partir de la v1.1.

Cela dit, concernant OVH, s'ils ont un provider Terraform à eux, une bonne partie à utiliser reste celui d'OpenStack pour le Public Cloud.

SebGF

Ca concerne principalement l'usage commercial, mais oui Terraform passé sous licence Business Source License à partir de la v1.1.

Cela dit, concernant OVH, s'ils ont un provider Terraform à eux, une bonne partie à utiliser reste celui d'OpenStack pour le Public Cloud.
Concernant le changement de licence : https://opentofu.org/manifesto/
J'y connais pas grand chose, mais le précédent article sur le PIIEC, et les infos que j'ai pu lire sur le site de la commission eu, donnaient en effet l'impression d'un investissement long et rigide, très planifié, pas franchement en phase avec l'industrie tech. Et d'y voir les usual suspects atos/orange aux premiers rangs renforce l'idée d'une énième pompe à argent public qui se dessine... J'espère juste avoir tort.
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