Toshiba : en déroute sur le nucléaire, la vente de la branche dédiée aux puces NAND se précise
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Le 15 février 2017 à 09h10
5 min
Économie
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La zone de turbulences traversée par Toshiba n'en finit plus. Le conglomérat japonais vient d'annoncer la démission de son directeur général, Shigenori Shiga, suite à la confirmation de 5,9 milliards d'euros de pertes dans le domaine du nucléaire. Désormais, certains analystes envisagent sérieusement l'hypothèse d'une faillite.
La série noire continue pour Toshiba. Après le scandale comptable révélé en juillet 2015 et plus de 20 000 licenciements en l'espace de quelques mois, c'est désormais le rachat de B&I Stone & Webster (spécialisée dans la construction de centrales nucléaires) par sa filiale Westinghouse qui pose de gros problèmes au conglomérat japonais.
2 milliards de dollars de pénalités, et plus si affinités
L'accumulation du retard pris dans plusieurs chantiers aux États-Unis fait que le groupe peut se voir réclamer plus de 2 milliards de dollars de pénalités diverses, une somme que l'entreprise préfèrerait ne pas avoir à sortir de ses caisses. Pour éponger cette note, l'idée initialement retenue par le géant nippon consistait à vendre une petite partie de ses activités de fabrication de puces NAND, en la séparant dans une filiale indépendante.
Un problème ne venant jamais seul, Toshiba soupçonne désormais des irrégularités comptables au sein de sa filliale Westinghouse, dédiée au nucléaire, comme le rapporte l'AFP. Un évènement suffisamment important pour repousser d'un mois la publication des résultats financiers qui étaient attendus ce matin, et déclencher la démission de son directeur général, Shigenori Shiga.
Le problème, rapporte The Washington Post, concerne justement le rachat de S&W. Westinghouse y aurait procédé de manière précipitée en faisant fi de certains contrôles, ce qui aurait mené à de nombreuses irrégularités. Au journal américain, la société explique avoir « conclu mardi matin avoir besoin de recherches approfondies sur les rapports internes et leur impact sur les résultats financiers ».
Pour quelques milliards de plus...
Finalement, quelques heures après avoir obtenu le droit de repousser ses annonces de résultats d'un mois, Toshiba a mis en ligne un nouveau document. Il présente ses résultats non audités pour le troisième trimestre, ses prévisions, ainsi qu'un plan de « contre-mesures » visant à résoudre son épineux problème de fusion nucléaire.
Toshiba s'attend donc à des pertes nettes de l'ordre de 390 milliards de yens sur l'exercice en cours, soit 3,25 milliards d'euros, alors qu'il était initialement question de dégager environ 1,2 milliard d'euros de bénéfices. La différence est principalement due à l'enregistrement d'une très forte dévaluation des actifs du conglomérat dans le domaine du nucléaire.
Celle-ci se chiffre à 712,5 milliards de yens, soit 5,9 milliards d'euros. Un montant qui excède les 5,4 milliards de dollars dépensés par le groupe lors du rachat de Westinghouse en 2006, et dépasse bien plus encore les 229 millions de dollars déboursés par cette dernière pour croquer S&W. Il est à noter que Toshiba avait déjà inscrit une dévaluation de 2,3 milliards de dollars en 2015, au titre de son acquisition de Westinghouse. Seulement, avec ce calcul, la valeur nette des actifs de l'entreprise devient négative, à hauteur de 1,59 milliards d'euros exactement.
Et ce n'est pas bon signe du tout. Si bien que selon The Washington Post, certains analystes commencent à croire au scénario d'une faillite de l'ensemble du groupe. Quelques-uns sont même encore plus alarmistes arguant que « si cela devait se produire, cela pourrait même jouer sur la note souveraine du Japon ». Selon le journal Nikkei, relayé par le WaPo, Toshiba fait face « à de sérieuses incertitudes » quant à sa capacité à maintenir ses activités.
Not enough minerals
Des mesures symboliques ont été prises pour tenter de résoudre ce nouveau problème. D'abord, la rémunération de la plupart des dirigeants de l'entreprise (à partir du rang de vice-président), déjà amputée de 30 à 40 %, sera réduite à partir de février de 10 % supplémentaires. Pour certains cas particuliers, comme Mamoru Hatazawa, le vice-président de la branche Nuclear Energy Systems, la réduction passera de 30 à 60 %. Pour Satoshi Tsunakawa, le PDG de Toshiba, le malus passera de 60 à 90 %.
Une première étape intéressante, mais qui ne suffira pas à regrouper les 260 milliards de yens (2,16 milliards d'euros) que Toshiba estime nécessaires pour se remettre sur de bons rails. La cession – même partielle – de certaines activités est donc remise sur le tapis par le conglomérat.
Le premier élément sur la liste concerne NuGeneration, une co-entreprise détenue par Toshiba (60 %) et Engie (40 %) chargée de la fabrication de trois tranches nucléaires au Royaume-Uni. Le groupe veut se désengager de la construction de l'édifice afin de limiter son exposition aux risques et envisage même de vendre sa participation dans l'entreprise.
Toshiba entend toutefois conserver un pied dans le nucléaire en s'occupant par exemple de la fourniture de carburant fissile et de services, qui sont les deux pans les plus rentables de son activité. La construction, elle, enregistre des pertes depuis 2012 et n'affichait auparavant que des bénéfices très marginaux (18,2 millions d'euros cumulés entre 2009 et 2011).
Concernant la fabrication de puces mémoire, la semaine dernière, Toshiba expliquait être ouvert à une injection de capital tiers en l'échange d'une petite portion de cette activité. Désormais, le géant nippon prend moins de pincettes et explique « étudier des investissements de tiers, y compris jusqu'à une majorité afin de sécuriser des ressources pour une croissance future et améliorer la base financière du groupe ».
Pour rappel, cette branche est particulièrement rentable avec 6,9 milliards d'euros de revenus pour 900 millions d'euros de bénéfice opérationnel. Il ne reste plus qu'à trouver un repreneur assez fortuné pour conclure l'affaire.
Toshiba : en déroute sur le nucléaire, la vente de la branche dédiée aux puces NAND se précise
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2 milliards de dollars de pénalités, et plus si affinités
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Pour quelques milliards de plus...
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Not enough minerals
Commentaires (27)
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Abonnez-vousLe 16/02/2017 à 04h50
toshiba compte trop d’employés au Japon, le gouvernement ne le laissera pas faire faillite.
par contre, investir dans le nucléaire, alors que le Japon (qui pourrait être un débouché important) se retire complètement de cette filiale, c’est idiot
résultat : tous leurs contrats sont hors du pays, ce qui rajoute des coûts et diminue l’efficacité. Je ne vois pas comment ils pourraient être plus compétitifs que des américains ou des européens sur leur propre territoire.
Le 16/02/2017 à 06h38
Le 16/02/2017 à 07h08
Tout le bâtiment est pourri comme le transport routier.
Quelques gros prennent les contrats et s’ empressent surtout de ne strictement rien faire à part revendre soit le contrat à des sous traitants donc toucher de l’ argent à rien faire soit tout sous traiter avec exactement les mêmes clauses de pénalités si ce n’ est pire que celles qui’ ils ont signé eux mêmes mais pour leurs propres sous traitants.
Aucun investissement, aucun travail fourni.
Juste de la gueule et l’ exploitation du travail des autres.
Le résultat final, c’ est le travail au noir non déclaré de beaucoup d’ ouvriers dans de nombreuses structures de sous traitants pour qu’ elles puissent espérer réaliser des bénéfices avec une qualité loin d’ être maximale cause souvent de nombreuses malfaçons responsables ces retards.
Comme quoi face à des exploiteurs du travail d’ autrui, il existe une justice quelque part et que financiariser le travail est hautement risqué comme à réprouver.
Donc on va pas pleurer pour ces exploiteurs.
Bien fait pour leurs gueules.
Le 16/02/2017 à 07h18
En même temps, si c’est pour avoir des centrales nucléaires de même qualité que leur pc portables… ☺️
Ça chauffe, ça vit pas longtemps, ça produit pas grand chose, et il n’y a pas de pièces détachées B-)
Le 16/02/2017 à 07h34
Le 16/02/2017 à 21h53
Le 21/02/2017 à 15h43
Bon, m’enfin tout ça confirme bien qu’il n’ya pas que les Français qui ont du mal avec les réacteurs de génration 3 et 3+…
Pour comparer avec les déboires d’AREVA, ils construisent des AP1000 qui sont les équivalents nippo-érasuniens des Européan Pressurized Réactors (EPR).
L’EPR et l’AP1000 sont en retard partout dans le monde, et il n’ s’agit pas que des chantiers aux états-unis. Il y en a aussi en Chine !
Ces types de réacteurs très haute puissance sont très difficiles a construire car bcp plus sécurisés mais aussi plus difficiles a opérées en maintenance.
Par dessus cette difficulté est arrivée l’accident de fukushima qui a conduit l’AIEA a faire de nouvelles recommandations supplémentaires alors que tous ces réacteurs étaient en constructions. Il a fallu revoir les règles de sûreté et modifier les plans et les designs d’un certains nombres de batiment et de pièces ou de systèmes de sureté.
Le Sud-Coréen KEPCO, n’a pas eu ce genre de souci. Tout comme le Russe ROSATOM. Ils ont fait plus simple : des réacteurs moins gros, juste améliorés par des systèmes techniques revus et corrigés mais pas de multiplier les groupes de sécurité active ou passive. Les russes ont fait un peu grossir leur VVER 1000 vers des VVER 1200 (il s’agit de se rapprocher des gros machin de 1600 MWe que sont les EPR et les AP1000 sans trop changer de design et de système global).
Les Sud-Coréens n’ont pas eu de problème majeurs sur leur chantiers dans les émirats (Barakah1 a 4) et les réacteurs seront livrés dans les temps d’après les dernières nouvelles.
Les Russes continuent de vendre tranquillement leurs réacteurs sans trop faire de bruit.
Leur prochain grand coup pourrait bien être la vente d’un réacteur a neutrons rapide de type BN-800 (RNR-Na) a la chine.
Les chinois, eux débutent mais apprennent vite. Ils ont accepté tous les modèles de réacteurs sur leur sol pour mieux pouvoir les comparer et …les copier.
Ils sont déjà en négociation pour co-construire des Hualong One au Royaume uni (SizeWel). Ce réacteur est le résultat d’un dérivé de réacteur ….framatome de 1450 MWe (Pallier N4), c’est a dire Français…Mais aussi celui qui unifiera les deux gros constructeurs et exploitants chinois CGN et CCNC qui se livrent une guerre administrative et concurrentielle féroce dans leur pays.
Les dernières évolution de cette industries semblent pourtant indiquer que l’avenir des réacteurs nucléaires sera probablement dans les SMR (Smal Modular Réactor). Des réacteurs de taille réduite mais modulaires. Pour faire simple, ce sont des réacteurs de sous marins nucléaire que l’on pose a terre sans les faire grossir outre mesure. Plus facile a entretenir et même entièrement démontables.
Bien, sûr, les réacteurs au thorium pourraient aussi exister, mais il leur faudra “une allumette” et il n’y a guère mieux que le 239Pu pour cela. Or, cet élément fissile, par ailleurs très gamma-radioactif, est produit dans les réacteurs REP classiques actuels par irradiation du 238U, l’isotope uranifère le plus abondant sur terre (et dans le combustible nucléaire (~95%)), aussi appelé uranium appauvri, qui n’est pas fissile mais fertile.
Pour résumer, il va y avoir bcp de changement dans le nucléaire mondial d’ici la fin de la décennie. n’allez pas vous imaginer que les nippo-étasuniens n’y feront pas quelque remous. Le Japon, comme la France, n’a pas de ressources fossiles, il suffit de suivre l’actualité énergétique ces derniers temps pour voir que les japonnais vont redémarrer une partie de leur réacteurs, et leurs activités combustibles. Malheureusement pour le climat et la pollution globale qu’entraine la filière charbon, ils prévoient aussi de construire 45 tranches a charbon et au moins la moitié en gaz dans les deux décennies qui viennent. le tout importé a grand frais d’Australie, d’Indonésie, de Chine et de Russie…
Le 21/02/2017 à 15h56
Le 15/02/2017 à 09h21
Je comprends pas, d’où viennent concrètement ces pertes en dehors des 2G$ de pénalité ? (Pas expert du domaine j’ai dû rater un truc)
Le 15/02/2017 à 09h27
en déroute sur le nucléaire
Areva ne peut pas les aider ? :)
Le 15/02/2017 à 09h31
J’étais pas loin de recracher mon café " />
Le 15/02/2017 à 09h39
Rha le sous-titre, que de souvenirs !!
A+
Le 15/02/2017 à 10h18
C’est confirmé: Les radiations sont nocives pour la mémoire flash
Le 15/02/2017 à 11h00
Not enough minerals XD
Le 15/02/2017 à 11h22
Sinon en titre je propose toshiboit la tasse, qu’en dites-vous ?
Le 15/02/2017 à 11h33
Le 15/02/2017 à 12h24
Le 15/02/2017 à 12h48
Le 15/02/2017 à 12h51
Le nucléaire est une énergie d’avenir ?
Le 15/02/2017 à 13h12
Le 15/02/2017 à 13h34
Le 15/02/2017 à 13h47
Au faite, on à plus d’info sur l’explosion qui à eu lieu à la centrale nucléaire de Flamanville la semaine dernière?
Le 15/02/2017 à 14h09
Le 15/02/2017 à 15h03
Ca aurait du sens, mais de mémoire historiquement Apple a beaucoup fait confiance à l’externalisation pour la fourniture de ses composants. Il y a bien eu 2-3 rachats côté semi-conducteurs ces dix dernières années chez Apple, mais pas sur des composants essentiels des iBidules.
Ca marquerait, je pense, un gros changement de stratégie, mais dans l’absolu c’est une option.
Le 15/02/2017 à 15h29
Le 15/02/2017 à 15h48
“Sans compter LE secret à la Apple qui n’est plus ce qu’il était depuis cette même période.”
Tu veux dire qu’à l’époque ou on trouvait des protos d’iPhone 4 abandonnés dans les bars de Cupertino ?
Le 15/02/2017 à 18h17