L'UFC-Que Choisir étrille les plateformes de prêt participatif aux entreprises

L’UFC-Que Choisir étrille les plateformes de prêt participatif aux entreprises

Orage en vue

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L'UFC-Que Choisir étrille les plateformes de prêt participatif aux entreprises

L'UFC-Que Choisir monte au créneau contre les abus des plateformes de crowdlending, qui proposent des prêts aux entreprises financés par les particuliers. L'association met en demeure six plateformes sur des clauses jugées abusives, et saisit les autorités pour qu'elles régulent mieux le marché.

Le prêt participatif (crowdlending) a la cote chez les Français, mais pas à l'UFC-Que Choisir. L'association de consommateurs vient de publier une étude mettant au pilori les pratiques du secteur, qui peuvent causer du tort aux prêteurs. Pour mémoire, le crowdlending désigne les prêts de particuliers aux entreprises, sur lesquels les plateformes sont accusées de promettre d'importants retours financiers, qui seraient loin de la réalité. Il s'agit d'un « système vérolé dans sa mise en œuvre et son encadrement actuels » pour Alain Bazot, président de l'association.

Le « lending » est perçu comme l'une des clés d'avenir du financement participatif, alors que le soutien aux projets (crowdfunding) ralentit. Début 2016, KissKissBankBank avait levé 5,3 millions d'euros, en majorité auprès d'Orange, pour se développer. Le prêt aux entreprises via Lendopolis est l'un des axes majeurs de cette avancée, nous expliquait l'entrepriseEn novembre, l'État actait un nouveau cadre pour cette activité.

Des promesses pour de nombreux défauts

Las, selon l'UFC-Que Choisir, les acteurs en place ne seraient pas honnêtes avec les internautes, attirés par la facilité du prêt et le caractère participatif... Loin des professionnels de l'épargne, qui subissent un scepticisme croissant de la part des Français. L'association estime que les taux de rendement des livrets A et de l'assurance-vie sont à un bas historique, quand 36 % des Français s'estiment mal conseillés (selon une étude BVA de 2016).

Dans le même temps, les prêts participatifs ont atteint 443 millions d'euros en 2016, soit une hausse de 60 % face à 2015, déjà doublé par rapport à 2014. Pour son étude, l'association de consommateurs s'est penchée sur 1 158 prêts sur ces plateformes, aux comptes de 337 entreprises ainsi qu'à 17 plateformes (dont 6 sur leurs conditions générales d'utilisation).

Selon Que Choisir, sur les 337 entreprises auditées, 8 % ne publient pas leurs comptes, ce qui est pourtant une obligation légale. 42 % des prêts qui leur ont été ainsi accordés seraient en défaut de paiement. Une part très importante, qui fait donc peser un risque sur les prêteurs, dont les plateformes rémunérées à la commission préviendraient peu. Celles-ci privilégieraient aussi les plus gros projets, plus risqués que des financements plus modestes. « Un modèle économique pervers. »

Des risques minimisés, des rendements surestimés

L'association pointe un grand défaut d'information des prêteurs. Par exemple, Unliend (qui accueille le plus grand nombre de projets en France) affiche un taux de défaut de 1 % à 2 %. Selon Que Choisir, il s'agit en fait du taux de défaut moyen des PME sur un an. Un indicateur qui minimise donc le risque, surtout quand 84 % des entreprises financées via crowdlending seraient des TPE, bien plus fragiles.

crowdlending UFC Que Choisir
Crédits : UFC-Que Choisir

Les indicateurs concrets de défaut seraient, eux aussi, largement sous-estimés. Chez Unilend, 82 défauts d'entreprises ont été repérées par l'association dès 2014. Le service affiche un taux de défaut de 1,5 %. Pour Que Choisir, il serait plutôt de 10,1 % sur trois ans. À l'inverse, les plateformes surestimeraient les taux de rendement : 7 % en moyenne contre 1,6 % dans l'hypothèse « optimiste » de l'organisme.

Il pointe également le non-respect du cadre réglementaire, en place depuis plus de deux ans. Sur 17 services, cinq des sept obligations réglementaires seraient « pas ou mal respectées ». L'outil permettant d'évaluer la capacité de financement et le risque serait disponible moins d'une fois sur quatre. Les critères de sélection des projets seraient incohérents, quand le rapport annuel obligatoire serait absent au moins une fois sur cinq. Enfin, les indicateurs de risque semblent bien inférieurs à la réalité.

Les conditions générales de vente de ces services « regorgent de clauses que nous jugeons illicites », explique la juriste Olga de Souza. Elle pointe la présence systématique de clauses d'exonération de responsabilité financière, sur la sécurité des données financières fournies ainsi que sur le bon fonctionnement du service. 

Des acteurs mis en demeure par Que Choisir

Résultante, l'UFC-Que Choisir a saisi l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Il s'agit de « la réactiver pour qu'elle sanctionne les manquements persistants », affirme Alain Bazot. L'association met en demeure les plateformes Lendix, Unilend, Lendopolis, Pretup, Bolden et Prexem pour qu'elles suppriment les clauses jugées abusives. Cela avant d'aller en justice, si besoin. Enfin, elle demande au législateur d'agir pour obliger les plateformes à fournir une information transparente au consommateur, notamment sur les gains et risques à attendre.

Pour Que Choisir, il s'agit de « ne pas détruire la confiance » qui s'est construite autour de ce mode de financement, de plus en plus populaire. L'organisme rapproche d'ailleurs ce combat de celui qui avait précédé sur les crédits revolving, mené il y a plusieurs années pour un manque d'information estimé similaire.

Commentaires (13)


d’habitude, je ne critique pas l’UFC mais là, franchement, dire qu’Unilend ne prévient pas assez des risques… Je suis prêteur sur Unilend et c’est, selon moi, écrit un peu partout que d’une part, le retour sur investissement n’est pas garanti et d’autre part, pour éviter les risques, il faut diversifier. Bref, du bon sens, le vieil adage des oeufs, du panier, tout ça tout ça.



En attendant, j’entame ma deuxième année, et même avec des défauts sur certains prêts, les intérêts perçus dépassent ceux de mon livret A et j’ai le sentiment d’être plus contributif à la vie économique avec mes placements.








piklo a écrit :



 les intérêts perçus dépassent ceux de mon livret A et j’ai le sentiment d’être plus contributif à la vie économique avec mes placements.





tu parles avant ou après impôt?



Il nous manque quelques dizaines de milliers d’euros pour sauver Alexandre. Je pense qu’un crowdlending est nécessaire.



🤔


Après.


Mince on vient de me faire une offre de job pour développer ce genre de plateforme. Je veux pas me retrouver à l’ombre moi <img data-src=" />



Pour m’être renseigné sur certains prêts, sans passer à l’acte, je trouve que souvent la demande est biaisée. J’ai souvent vu de grands groupes, qui ont les fonds en propre, mais préfèrent passer par les particuliers qui sont alléchés par un taux souvent surévalué… Alors qu’à la base c’est quand même pour avoir un prêt quand les banques te le refusent. Elles (les grosses boites) font peser le risque sur les particuliers, ce n’est pas très éthique.


c’est comme tout, au départ (y-a quelques années) ça permettait de palier

aux refus des banques à s’engager (et prendre les risques), puis ……………….. ! <img data-src=" />








Jarodd a écrit :



Alors qu’à la base c’est quand même pour avoir un prêt quand les banques te le refusent.&nbsp;





Justement non, les entreprises sérieuses qui font appel à du crowdlending le font pour d’autres raisons :




  • une mise à disposition des fond bien plus rapide qu’un prêt bancaire

  • une mise en avant de leur projet (un peu de pub à faible coût)



    D’autre part, c’est une manière aussi de diversifier les sources de financement, notamment en complément d’un prêt bancaire “classique”



    Si les banques leur refuse un prêt, il y a de fortes chances que la plateforme de prêt aussi ! (ou bien c’est qu’elle n’est pas sérieuse, du genre feu Finsquare…)



Cette enquête de l’UFC-Que Choisir ne m’étonne pas. De ma propre expérience, ces plateformes engrengent des frais de gestion pendant que le grand public (la “foule”) prend tous les risques, avec un discours marketing qui vante honteusement à l’internaute les opportunités supposées du crowdfunding (la fable du corbeau et du renard, en somme).








joma74fr a écrit :



Cette enquête de l’UFC-Que Choisir ne m’étonne pas. De ma propre expérience, ces plateformes engrengent des frais de gestion pendant que le grand public (la “foule”) prend tous les risques, avec un discours marketing qui vante honteusement à l’internaute les opportunités supposées du crowdfunding (la fable du corbeau et du renard, en somme).





Oui, enfin, le grand gagnant dans l’histoire, c’est l’état, qui engrange 39,5% des sommes remboursées, sans prendre aucun risque…



Mais effectivement, en tant qu’intermédiaire, ces plateformes ne prennent pas de risques non plus, et certaines sont assez opaques, cette étude de l’UFC le montre bien.



Cela me fait par ailleurs penser aux casinos/jeux de poker en ligne, ou tout autre nouvelle activité commerciale tendance : une armée d’acteurs arrivant sur le marché, sans trop de régulation ou de contrôle. On verra combien il en reste dans quelques années.



Ma conclusion : le prêteur prend tous les risques, mais les comprend t-il, et les assume t-il ?



&nbsp;Personnellement, j’ai un peu prêté pour voir ce que ça donne, mais je ne fais pas trop d’illusions sur la solidité de ce système de crowdlending.









silent screamer a écrit :



Oui, enfin, le grand gagnant dans l’histoire, c’est l’état, qui engrange 39,5% des sommes remboursées, sans prendre aucun risque…





Il vient d’où ce nombre ? Surtout sur les sommes remboursées et pas sur les intérêts, je ne comprends pas.









fred42 a écrit :



Il vient d’où ce nombre ? Surtout sur les sommes remboursées et pas sur les intérêts, je ne comprends pas.






 Pardon fred42, j'aurai dû cité mes sources, que l'on retrouve dans la FAQ de Credit.fr, par exemple, mais c'est la fiscalité normale de ce type de placement :       



&nbsp;

Quelle est la fiscalité applicable&nbsp;? &nbsp;La fiscalité applicable pour le prêteur est celle de son pays de résidence fiscale. En France, comme tout placement à revenu fixe, les intérêts que vous percevez en contrepartie des sommes prêtées, sont soumis à l’impôt sur le revenu. En pratique, Credit.fr vous reverse vos intérêts après une retenue à la source forfaitaire de 24 % à laquelle s’ajoutent les prélèvements sociaux (15,5 %). Il s’agit d’un acompte sur votre impôt sur le revenu. L’excédent éventuel par rapport à votre imposition finale sera donc remboursé. &nbsp;De plus, si vous percevez moins de 2 000 € par an de produits de placement à revenu fixe, vous pourrez demander, sur votre déclaration de revenus, à être soumis à une imposition forfaitaire libératoire de 24 % (c’est intéressant si votre taux marginal d’imposition est supérieur à 24 %).



&nbsp;   





Pour te donner un exemple, si tu as un projet soutenu avec une rentabilité affichée de 8% brut, tu n’as que du 4,8% net. Sachant que tu es par ailleurs rembourser en x années, donc en fait moins car il faut aussi enlever l’inflation qui grignote une partie de la rentabilité. A à supposer que l’emprunteur ne fasse pas défaut, dans ce cas, il te reste juste tes yeux pour pleurer.



C’est donc bien n’importe quoi comme je le pressentais.





  1. l’imposition se fait sur les intérêts comme je le disais et pas sur les sommes remboursées comme tu le disais. Heureusement que le capital prêté n’est pas imposé.



  2. les 24 % en prélèvement libératoire n’existent plus depuis 2013 (!) et sont remplacés par un acompte (lui aussi de 24 %) mais qui sera adapté à la hausse ou à la baisse l’année suivante en fonction du revenu global du foyer et donc de son TMI (taux marginal d’imposition).



    Il est scandaleux qu’un site comme celui-ci donne de fausses informations à ce sujet. Ce doit être répréhensible.








fred42 a écrit :



C’est donc bien n’importe quoi comme je le pressentais.





  1. l’imposition se fait sur les intérêts comme je le disais et pas sur les sommes remboursées comme tu le disais. Heureusement que le capital prêté n’est pas imposé.



  2. les 24 % en prélèvement libératoire n’existent plus depuis 2013 (!) et sont remplacés par un acompte (lui aussi de 24 %) mais qui sera adapté à la hausse ou à la baisse l’année suivante en fonction du revenu global du foyer et donc de son TMI (taux marginal d’imposition).



    Il est scandaleux qu’un site comme celui-ci donne de fausses informations à ce sujet. Ce doit être répréhensible.





    Désolé, je ne suis pas un spécialiste fiscaliste :)



    Ta remarque est totalement dans le ton de cet article : ces acteurs font et disent ce qu’ils veulent.&nbsp; Le contrôle arrivera sans doute tardivement, et pas mal d’utilisateurs se seront fait avoir entretemps…



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