Au Royaume-Uni, le géant BT accepte de séparer ses activités réseau et FAI
Dites rebonjour à Openreach
Le 10 mars 2017 à 13h30
4 min
Droit
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La scie est de sortie : l'Ofcom annonce que BT transforme son activité réseau en entreprise à part entière. Elle restera une filiale du groupe, avec un budget et un organigramme propres. De quoi donner un coup de pouce à la concurrence du marché britannique, que l'opérateur historique entravait, selon le régulateur.
Le marché des télécoms britanniques connaît un nouveau séisme. Dans un communiqué, le régulateur national, l'Ofcom, annonce que l'opérateur historique BT accepte une séparation légale de son activité réseau, Openreach. La nouvelle est importante, Openreach ayant la main sur une infrastructure essentielle à l'ensemble des opérateurs outre-Manche.
Un an pour accepter une proposition de l'Ofcom
Cet accord suit une proposition, en février 2016, que nous avions évoquée comme un électrochoc pour la concurrence. L'Ofcom affirmait sans détour qu'Openreach était beaucoup trop dépendant de BT, notamment au niveau de sa direction. Un constat qu'a dû accepter l'opérateur historique, en prenant lui-même les mesures réclamées par l'institution.
« BT a accepté tous les changements pour apaiser les craintes concurrentielles de l'Ofcom. Il en résulte que l'Ofcom n'a plus besoin de les imposer » se félicite le régulateur anglais. « Cela fait suite à nos inquiétudes concernant le contrôle des décisions d'Openreach par BT, alors que les autres groupes télécoms n'étaient pas suffisamment consultés sur les investissements qui les affectaient » justifie encore le gendarme des télécoms.
Une filiale à la direction « indépendante »
Openreach deviendra donc une entreprise à part entière, filiale de BT Group. Elle disposera de son propre organigramme et d'une stratégie différente de celle de l'opérateur historique. Elle sera pilotée par son propre conseil d'administration, que BT a commencé à mettre en place il y a quelques semaines. Elle disposera surtout d'un budget souverain. Il s'agit de l'une des critiques principales du régulateur : BT tient jusqu'ici les cordons de la bourse d'Openreach, qui gère la principale infrastructure télécom du pays.
Le gestionnaire deviendra propriétaire du réseau lui-même, y compris du génie civil. Les 32 000 employés qu'il emploie passeront sous sa bannière, en conservant les avantages dont ils disposaient précédemment.
Les investissements importants devront être débattus avec les concurrents de BT, avec des règles de confidentialité strictes. Le directeur général sera nommé de manière « indépendante », BT pourra poser son veto, mais sous contrôle du gendarme des télécoms. Enfin, BT disparaitra de la communication officielle d'Openreach.
La séparation prévue dès cette année
Les travaux doivent commencer cette année, après des années de négociations ardues. Les modalités exactes de cette transition et du contrôle par l'Ofcom doivent arriver dans les prochaines semaines. L'une des principales attentes du régulateur concerne la modernisation du réseau, un chantier prioritaire.
En France, la séparation fonctionnelle d'Orange est un serpent de mer, réclamée depuis des années par certains acteurs peu satisfaits de la régulation actuelle. Cette piste, l'Arcep ne semble clairement pas l'envisager. Dans sa dernière analyse de marché, en cours de consultation publique, elle pointe vers des remèdes spécifiques pour l'accès au génie civil et aux autres infrastructures d'Orange, rejetant implicitement une coupure nette du fournisseur d'accès et de l'opérateur.
Orange doit tout de même simuler la séparation des comptes, pour que le gendarme puisse vérifier que les concurrents du FAI disposent bien des mêmes conditions d'accès au réseau (voir notre analyse).
Au Royaume-Uni, le géant BT accepte de séparer ses activités réseau et FAI
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Un an pour accepter une proposition de l'Ofcom
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Une filiale à la direction « indépendante »
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La séparation prévue dès cette année
Commentaires (27)
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Abonnez-vousLe 10/03/2017 à 13h56
Bravo aux Britanniques de faire comme SNCF Réseau et comme Enedis dans le secteur des télécom. Ce n’est pas l’ARCEP qui menacerait de jouer son rôle de “gendarme” des télécom en réclamant de la transparence et de la réactivité à Orange.
Le 10/03/2017 à 14h14
Je te trouve un peu rude là.
Pour le coup les anglais sont plutôt à la traîne.
Le 10/03/2017 à 14h27
Ah bon, le réseau d’Orange est géré par une société indépendante ? Dans ce cas, pense à nous donner des précisions, L’auteur de l’article n’a pas l’air plus au courant que moi.
Le 10/03/2017 à 14h28
Le 10/03/2017 à 14h45
Oui a quand la même chose avec Orange, mais c’est vrai que maintenant avec le réseau fibre c’est moins voyant.
Le 10/03/2017 à 15h03
La seule action courageuse que je reconnais à l’ARCEP, c’est la création d’une 4e licence mobile. Le dégroupage de l’ADSL s’est plutôt bien passé mais il a laissé l’occasion à Orange de trainer la patte trop longtemps. Quant à la fibre optique, il a fallu que Numericable et Sfr fusionnent pour que Orange investisse massivement, sans pour autant laisser d’autres offres se développer aussi.
À un moment, il faut savoir si on veut une concurrence par les infrastructures ou si on veut un réseau de distribution qui appartiendrait à un trust.
Le 10/03/2017 à 15h24
Je vois pas l’intérêt de scinder Orange en deux si c’est pour que le réseau reste une entreprise privée.
Que le réseau devienne infrastructure publique gérée par une structure indépendante à but non lucratif serait une bien meilleur chose.
Le 10/03/2017 à 15h36
Bonjour M. Openreach, ça fait 1 an que vous dites que j’aurais la “fibre” dans maximum 9 mois, alors tu tires ou tu pointes ? (bon OK, je chipote, je suis quand même bien loti vu que mon immeuble est câblé avec la super fibre kikoulol de chez Virgin (qui met des fois plusieurs heures pour se synchroniser, mais passons)).
En tous cas, c’est bien ce qui s’est passé. Je croyais qu’Openreach avait déjà plus d’indépendance que ça au sein du Groupe BT, mais il faut croire que non…
Ah oui, et l’habituel Anglais != Britannique (d’ailleurs, c’est BT, pas ET…). Et pour les mecs qui dissent que je chipote, j’ai envie de dire : allez dire à un Marseillais qu’il est Francilien, ça va faire tout drôle (en plus d’être aberrant). Gros bisous d’Edimbourg !
Le 10/03/2017 à 15h37
Le 10/03/2017 à 15h38
Le 10/03/2017 à 16h08
Le 10/03/2017 à 16h29
Ben, si justement… Ce que j’ai écrit ne contredit en rien ce que tu écris. Mon “Anglais != Britannique” est sur un point sémantique, ça ne signifie pas qu’un Anglais ne peut pas être britannique (meme si ça peut le sous-entendre, je l’admets) " />.
Le 10/03/2017 à 17h13
Faut quand même relativiser vachement le truc…
En France, l’accès des opérateurs tiers est réglementé et plutôt plus aisé
Rien n’empêchera Openreach de pratiquer des tarifs exorbitants pour rentabiliser un réseau de toutes façons vieillissant.
Le 10/03/2017 à 21h02
Quand il y a un problème sur ta boucle locale, suivant si tu es client Orange ou non, le délai de rétablissement fluctue entre 2 jours et 2 mois…
Le 11/03/2017 à 07h10
Le 11/03/2017 à 07h35
Le 10/03/2017 à 13h46
Et british telecom, ils se sont pas dit qu’il serait intéressant de regarder ce que ça a donné/changé/amélioré/empiré chez ses voisins qui sont déjà passé à l’acte ?
Le 10/03/2017 à 13h55
Ils n’on surtout pas trop eu le choix, sinon, c’était le régulateur qui décidait, si j’ai bien compris l’article.
Le 11/03/2017 à 09h42
Nan, c’est pas ça du tout; et d’ailleurs le client sait à quelle date le (les) GAMOT partent. Et systématiquement, Orange répond qu’il n’y a aucun problème sur sa ligne. Il faut souvent aller jusqu’à l’expertise conjointe pour que finalement Orange admette le soucis et le règle.
Le 11/03/2017 à 09h54
Le 11/03/2017 à 10h03
Perso bossant chez un opérateur quand je vois les coûts d’investissement nécessaires je ne comprend pas qu’il n’y ai pas eu un concept de partage d’infrastructures(au moins sur le moyennement dense et zbl) ca serait du win_win. Aujourd’hui la couverture des zone non rentable se fait sous la contrainte. Ca marchotte mais ca ne me semble pas des plus pragmatique. L’association bytel/sfr va dans ce sens et je trouve cela une bonne idée. Mais ca devrait etre generaliser. C de ma vision le seul moyen de réduire la fracture numérique.
Le 11/03/2017 à 10h25
Quel est l’intérêt de demander à l’un des opérateurs (orange en l’occurence) de réaliser des rapports statistiques et comptable dans le but de le contraindre à partager des infrastructures qui ne peuvent être mises en concurrence et dans le but d’évaluer la contribution financière des opérateurs alternatifs ?
Au lieu de financer ces activités réglementées par des versements de la part des opérateurs alternatifs à l’opérateur/FAI prédominant, ne serait-il pas plus simple et plus transparent de disposer d’un organisme (une filiale d’Orange suffirait, avec une comptabilité séparée) qui aurait des objectifs bien définis et un budget alimenté de manière conventionnelle par l’ensemble des FAI ?
Le 11/03/2017 à 11h12
Le 11/03/2017 à 11h39
Le 11/03/2017 à 11h45
BT est aussi vendue au privé pourtant Openreach appartient et appartiendra toujours à BT. Orange devrait faire pareil.
Il ne s’agit pas de nationalisation, il s’agit d’une séparation comptable des activités réglementées au sein d’une filiale d’Orange et des activités mises en concurrence qu’Orange exercerait par ailleurs dans une autre filiale.
La régulation ne serait-elle pas plus simple à appliquer ?
Le 11/03/2017 à 11h57
L’avantage de la concurrence par les infrastructures est aussi un mystère pour moi. Ça fait travailler des haut-fonctionnaires et des ingénieurs à l’Arcep et à Orange, c’est peut-être le seul intérêt que j’y vois.
Peut-être aussi que la freebox a une connexion optimisée avec le réseau de free qui lui permet de fonctionner beaucoup mieux que sur un réseau basique et stéréotypé, mais je n’y vois pas un intérêt majeur et décisif.
En attendant, si il faut une concurrence par les infrastructures, autant que les activités régulées soient parfaitement régulées en toute transparence et contrôlées correctement par l’Arcep.
Le 11/03/2017 à 14h34