La filiale française d'Ikea a été condamnée mardi à un million d'euros d'amende et l'un de ses anciens PDG à de la prison avec sursis pour avoir espionné des centaines de salariés pendant plusieurs années, clôturant ainsi un procès dont l'enjeu était, selon l'accusation, « la protection de nos vies privées », rapporte l'AFP.
Le tribunal correctionnel de Versailles les a notamment reconnus coupables de « recel de collecte de données à caractère personnel par un moyen frauduleux », pour des faits majoritairement commis autour des années 2009 - 2012, mais les a condamnés à des peines moins lourdes que celles requises par la procureure, qui les accusait de « surveillance de masse ».
Le parquet avait demandé deux millions d'euros d'amende pour l'enseigne française, ainsi que de l'emprisonnement ferme pour un de ses anciens PDG, Jean-Louis Baillot. « M. Baillot est sous le choc, nous envisageons un appel », a déclaré à l'AFP son avocat Me François Saint-Pierre à l'issue de l'audience.
L'affaire, révélée par la presse à partir de 2012, avait permis de découvrir qu'Ikea France avait cherché à se renseigner sur les antécédents judiciaires de nombreux salariés, en demandant à d'anciens fonctionnaires de police – dont trois condamnés à six mois de prison avec sursis – et un patron d'une société d'investigations privée d'aller farfouiller dans des fichiers policiers, à commencer par le Système de traitement des infractions constatées (STIC).
Au coeur de ce système, rappelle l'AFP, Jean-François Paris, l'ancien « Monsieur Sécurité » d'Ikea France, de 2002 à 2012, qui avait reconnu à la barre des « contrôles de masse » d'employés. Il a été condamné à 18 mois d'emprisonnement avec sursis et 10.000 euros d'amende.
M. Paris utilisait entre autres les services d'Eirpace, dirigée par Jean-Pierre Fourès, à qui il transmettait des listes de personnes « à tester ». Ancien membre des renseignements généraux, ce dernier était notamment accusé d'avoir eu recours au STIC par l'entremise de policiers. Il a écopé de deux ans d'emprisonnement avec sursis et d'une amende de 20.000 euros.
Son avocat, Marc François, avait plaidé la relaxe, arguant que « sur 18 magasins et 338 noms (transmis), seuls 20 avaient été passés au STIC ».
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