Loi contre la haine en ligne : Qwant s’oppose à son tour au retrait en 24 h
Le 25 février 2020 à 08h52
2 min
Droit
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La position du moteur a fait débat ces derniers mois sur le sujet, apparaissant comme plutôt engagé en faveur d'un texte dont de nombreuses dispositions posent problème.
La députée Laetitia Avia avait d'ailleurs mis en avant ce soutien, allant jusqu'à diffuser une vidéo où l'on voit Eric Léandri vanter la nécessité d'un tel texte, appelant à son équilibre et à « des discours [en ligne] qui sont de plus en plus beaux et de plus en plus ouverts ».
De quoi créer une fracture entre les défenseurs du web et Qwant, qui se présente comme proche de leurs valeurs en général. Nouveau PDG, nouvelle approche ? En tous cas, Guillaume Champeau à tenu à « préciser la position » de l'entreprise sur son blog.
Il vise notamment à sensibiliser le Sénat qui aura à examiner ce texte à compter de demain, avant un retour devant l'Assemblée Nationale, qui aura le dernier mot.
Il rappelle que Qwant a manifesté très tôt un soutien « de principe », non pas au texte, mais au « renforcement de la lutte contre les contenus haineux sur Internet, qui doit se faire dans le respect des droits et des libertés fondamentaux ».
Mais surtout la volonté du moteur « de trouver un dispositif équilibré permettant une meilleure réactivité face aux propos les plus graves et manifestement illicites, qui ne doivent pas être promus à travers nos résultats de recherche ».
Le compte ne semble cependant pas y être pour l'entreprise, qui s'engage sur un point : le législateur doit « renoncer à l’obligation pénale de retrait en 24 heures ».
Champeau pointe la possible inconstitutionnalité de la mesure, mais aussi son coût pour des acteurs tels que Qwant, qui n'ont pas les moyens des grandes plateformes et pourraient dépendre des outils qu'elles sont susceptibles de mettre en place pour faciliter ce travail.
Le discours de celui qui est désormais le moteur de recherche de l'administration française sera-t-il entendu ? Réponse dans les semaines qui viennent.
Le 25 février 2020 à 08h52
Commentaires (10)
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Abonnez-vousLe 25/02/2020 à 09h47
Plus ça va, plus j’ai l’impression que Qwant est une entreprise quelque peu bicéphale :/
Le 25/02/2020 à 09h59
On peut aussi se demander si la position favorable de Qwant par rapport au texte de loi n’était pas aussi un élément de négociation lui permettant de devenir le moteur de recherche par défaut dans l’administration.
Maintenant que le contrat est signé, libre à Qwant de modérer son propos initial pour limiter la casse et redorer son image auprès des défenseurs d’un web libre et ouvert.
Le 25/02/2020 à 10h10
« sensibiliser le Sénat » ? Mais le Sénat essaye déjà de limiter la casse, et est déjà opposé au retrait-en-24h. Mais Laetitia Avia & co ignorent totalement toute nuance et toute critique à leur projet, puisqu’ils savent qu’il auront le dernier mot législatif. Donc le Sénat est parfaitement ignoré avec cette PPL.
Du coup, il va « sensibiliser » quoi, Guillaume Champeau ?
Le 25/02/2020 à 10h32
49.3
Le 25/02/2020 à 12h06
Bonjour Arkeen. Cette expression n’est pas de moi, le billet de blog cité parle bien du fait que nous avons émis ces réserves auprès de “l’ensemble des parlementaires”, dont à la fois au Sénat (déjà très conscient en effet) et à l’Assemblée nationale. Il dit aussi que “nous appelons actuellement et à nouveau le législateur à prendre
pleinement conscience des conséquences et du risque
d’inconstitutionnalité de l’article 1er de la proposition de la loi, et
de renoncer à l’obligation pénale de retrait en 24 heures”, ce qui s’adresse là aussi aux deux chambres et au gouvernement.
Le 25/02/2020 à 12h24
Je vois pas en quoi ça les dérange. Si ils reçoivent une demande de retrait, ils pourront toujours rediriger la demande vers Microsoft qui est à l’origine du contenu. " />
Le 25/02/2020 à 13h08
Le 25/02/2020 à 14h11
Merci de la réponse, je n’avais effectivement pas saisi que la démarche s’adressait pas qu’au Sénat.
Du coup, j’espère que Qwant et les autres pourront se faire entendre à l’Assemblée Nationale, mais au vu de la tournure des « débats » qui ont eu lieu jusque là, ça me parait mal barré …
Le 25/02/2020 à 19h27
Comme d’habitude avec les mesures de filtrage de masse, on avantage les gros par rapport aux petits. C’est rassurant que Qwant ait suffisamment conscience du danger que cela représente pour lui et ose nager à contre-courant.
Malheureusement c’est un discours qui n’est pas nouveau, et jusqu’ici les parlementaires y sont systématiquement hermétiques.
Le 26/02/2020 à 10h06