Le ministre de l’Intérieur l’a annoncé hier en sortie de Conseil des ministres, non sans révéler le décret détaillant les raisons de cette décision (publié au JORF).
Deux reproches : d’une part, les messages postés par l’association ou son fondateur ont provoqué aux yeux du ministre des commentaires en ligne « hostiles à l’Occident, à la laïcité, aux francs-maçons ou encore aux musulmans qui ne partagent pas la conception de l’islam promue par l’association ». Ainsi, estime-t-il, elle incite à la haine, à la discrimination, à la violence.
Ce ne sont pas les messages provenant de l’association qui sont avant tout en cause, mais les réactions postées en ligne par des internautes. D’autre part, le ministre l’accuse de se livrer à des agissements en vue de provoquer des actes de terrorismes. Sur Canal plus, en 2016, Driss Yemmou Sihamedi a « refusé de condamner clairement les agissements de l’État islamique ».
Le fondateur a motivé ce refus par le souhait de protéger les bénévoles de l’association qui travaille en zone irako-syrienne. Toutefois, note le décret, « il apparaît que l’antenne turque de l’association est dirigée par Mehmet Uzun, ressortissant franco-turc, ancien délinquant multirécidiviste et figure du salafisme, adepte des préceptes encourageant le djihad en Irak et en Syrie ».
Une visite menée en 2017 à son domicile a révélé la présence sur ses ordinateurs de l’enregistrement de cinq chants islamiques et un exemplaire d’une revue issue d’un des organes médiatiques de l’État islamique, qui présente les auteurs de l’attentat de 2015 comme des héros.
D’autres faits sont épinglés, comme des messages condamnant la publication de caricature de Mahomet par Charlie Hebdo. De même, Driss Yemmou Sihamedi est accusé d’avoir publié des données de personnes en désaccord avec lui « dans le but de les exposer à des actes de violence ou de représailles ».
Comme pour le Collectif Cheikh Yassine, la loi sur le renseignement prendra le relai. Elle permettra de mettre en œuvre des mesures de surveillance électronique pour recueillir des renseignements sur les « actions tendant au maintien ou à la reconstitution » de ce groupement.
Commentaires (23)
#1
Mon droit est un peu loin, mais l’argumentation avancée dans le du décret me paraît bien légère…
#2
C’est à la fois triste et comique comment ces assocations n’ont absolument pas gêné pendant des années, et d’un coup deviennent persona non grata…
#2.1
On ne peut pas passer sa journée à insulter les oppositions sur les rézosicio et sur tous les plateaux tv et radio, et “en même temps” faire son boulot de ministre ou de secrétaire d’État (coucou Marlène).
#2.2
Mouais, tu ne peux pas dire qu’elles n’ont pas gêné pendant des années. Encore plus que l’association en elle même et ses actions, les déclarations de son président sont pour beaucoup d’entre elles plus que limites, accusatoires et dénigrantes. C’est ce genre de personnes qui ne supporte la liberté d’expression que quand ça va dans leur sens.
#2.3
C’est flagrant avec toutes les gestions de crise, on dirait que faire de la politique aujourd’hui, outre appliquer les décisions d’au-dessus (vu que quelqu’un qui a les sponsors pour gagner ne sera pas un souverainiste, un responsable devant son peuple, mais juste un gestionnaire), consiste à gérer une réserve d’actions possibles dans des tiroirs, prêts à l’usage en cas d’imprévu.
Typiquement là, ça n’a rien à voir avec la choucroute. Dissoudre une association, ok, et après ? En quoi ça aide à quoi que ce soit ?
Un peu comme le Covid, où on fait des choses inutiles à moitié pour pouvoir faire un peu plus 15j plus tard (parce qu’on s’imagine se faire reprocher une épidémie sur laquelle on n’a en réalité pas d’emprise, ou on refuse d’en avoir… mais l’important c’est de s’agiter et de montrer qu’on fait quelque chose pour envoyer le nonos aux médias et à “l’opinion publique”).
C’est malheureux mais si cette théorie est vraie, ça veut dire qu’il faut plein d’imprévus assez graves pour nécessité de piocher dans cette réserve d’actions symboliques, afin de l’épuiser et d’enfin envisager les choses sérieuses et intelligentes. Ce qu’ils ne veulent pas faire. Parce qu’on est tellement divisés et polarisés (forcément, un type élu par une minorité et que tout le monde déteste, dès qu’il bouge le petit doigt il a automatiquement des gens a priori contre, d’où l’idée normalement d’avoir quelqu’un choisi par la majorité… souci avec le mode de scrutin et surtout l’influence médiatique) qu’immédiatement ils se feraient démonter, tant qu’il n’y a pas une masse critique convaincue de la nécessité de l’acte. Là encore la gestion du Covid est l’exemple parfait, on a donc deux crises de natures et d’origines complètement différentes (sauf si complots), mais avec le point commun flagrant de la gestion politique toute en réaction (on attend le dernier moment ou le fait accompli) et en symbolique.
#3
Il faut ajouter qu’un recours a été déposé au Conseil d’État, contre cette dissolution.
#4
Ce n’est pas Darmanin qui dissoudra Civitas and co…
#5
Pafo…
Ce sont des électeurs potentiels pour eux. Pquoi ils le feraient?
#6
Cathos intégristes organisateurs et financeurs de manifs haineuses et ayant des entrées au sommet de la hiérarchie militaire. Darmanin soutenait ouvertement ces manifs, mais ce ne sont pas vraiment des électeurs potentiels de LRM (sauf peut être depuis le remaniement ministériel, calcul hasardeux puisqu’habituellement l’original est préférée à la copie).
#7
“Une visite menée en 2017 à son domicile a révélé la présence sur ses ordinateurs de l’enregistrement de cinq chants islamiques”
Il me semble qu’ils ont trouvé une cassette audio, comme beaucoup de familles musulmanes en ont chez elle (ce sont des chants religieux).
Pour criminaliser cela, le ministère ajoute “aussi utilisé par Daesh dans sa comm”.
Donc les chants en eux-mêmes sont inoffensifs et répandus.
#8
Ce n’est peut être pas les chants religieux qui sont louches, mais plutôt l’utilisation de cassette audio
#9
Franchement, ils ont plus de casserole que ça au cul mais bon… :x
https://twitter.com/IbnAordur/status/1314923030821437440?s=20
https://twitter.com/GastonCremieux/status/1315273972573974528?s=20
Mais juste le fait de balancer des informations personnelle d’un de ses opposant suffit déjà pour moi pour le mettre en prison.
#10
d’un autre côté, à quand remonte la dernière fois qu’ils ont assassiné quelqu’un, soit directement soit que leurs propos aient amené au meurtre ?
#11
Ce matin il semblerait, tentative du moins, mais pas Civitas (eux c’était agressions il y a 2 semaines)
#12
Non je confirme, elles n’ont pas gêné. La preuve, ucun politicien ne s’en était mêlé jusqu’à présent.
#12.1
Je ne parle que de BarakaCity, je ne connais pas assez les autres type Civitas. Je ne suis pas d’accord et te conseille de lire le fil twitter de Idriss Sihamedi (il twitte énormément ça va te prendre du temps) et les réponses. Tu peux rechercher aussi son accrochage avec Najat Vallaud-Belkacem , le contexte de 2016 où le gouvernement avait voulu interdire l’association mais avait renoncé.
Je dis juste que cette association en particulier posait un problème qui n’a rien de nouveau.
#13
Si tu le dis, ça doit être vrai ! Une recherche rapide ne me donne pas grand chose passé 2012 - si ce n’est que des membres de cette organisation auraient participé à des manifestations de gilets jaunes (où on sent de leur part un soutien franc et entier à la Macronie).
Désolé, c’est bien beau de balancer des trucs mais il faut les sourcer un minimum. Quant à mettre au même niveau une agression - même physique - et une décapitation aveugle au couteau ou un égorgement, je suis peut-être idiot mais il me semble que le niveau de danger pour la société n’est pas tout à fait le même…
#13.1
La dernière “manif pour tous” c’était il y a ~2 semaines justement. Tu veux pas aussi que je te file l’adresse des agressé.e.s ?
#14
Civitas & équivalents, ce sont strictement les mêmes, à l’unique différence qu’ils sont tout à droite et anti-non-blancs au lieu d’être tout à gauche et anti-blancs. Mais eux ne seront pas inquiétés avant un moment, c’est un vivier de voix…
#14.1
Je ne suis pas en désaccord avec toi. Mais je voudrais préciser un truc, l’extrémisme religieux, quelle que soit la religion, est plutôt à classer idéologiquement à l’extrême droite (positon sur la famille, le respect des traditions, le droit des femmes, des minorités etc.).
#15
Pour les sources concernant l’autre:
https://www.mediapart.fr/journal/france/291020/attaque-avignon-l-assaillant-portait-la-veste-d-un-groupuscule-identitaire
https://www.zupimages.net/up/20/44/s84n.jpg
Les intégristes et nationalistes sont une plaie, quelque soit la religion ou le pays
#16
L’extrémisme de BarakaCity et autres n’est pas forcément religieux, justement. Il est souvent racialiste anti-blancs (ou pro-gens de couleur, qu’ils estiment supérieur un peu à la mode hitlérienne avec les Aryens) en général.
#17
Sur ce point là, je ne peux que te donner raison.
Au passage, ton screenshot me fait penser à un autre que ma femme m’a fait suivre pour info, invitant à “casser” une autre catégorie de population, là aussi sur origine ethnique (elle est de cette origine).
Ça fait peur.