À l’université, des télé-examens télé-surveillés
Le 04 mai 2020 à 09h22
4 min
Droit
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Dans le contexte de la pandémie, dénonce la Quadrature du Net, « le gouvernement recommande officiellement aux établissements d’enseignement supérieur la télésurveillance des examens à l’aide de dispositifs invasifs, discriminants et manifestement illégaux : reconnaissance faciale, vidéosurveillance continue avec analyse comportementale (par utilisation simultanée de la webcam et du smartphone), détection de bruits suspects… »
En mars 2020, le ministère de l’Enseignement supérieur a en effet publié un « plan de continuité pédagogique » composé de plusieurs fiches visant à accompagner les établissements dans le contexte de la pandémie (et depuis régulièrement mis à jour).
La fiche n°6 « Évaluer et surveiller à distance » indique que « les examens écrits nécessitent une télé-surveillance particulière qui permet de vérifier l’identité de l’étudiant et d’éviter les fraudes. Ils nécessitent donc un recours à des services de télésurveillance ». Le document recommande ensuite aux établissements une liste de fournisseurs de services « qui ont l’habitude de travailler avec des établissements d’enseignement supérieur ».
Le tout, détaille une enquête du Poing, pour des prix allant pour certains de 2 800 euros pour 500 examens à 49 000 euros pour 50 000 examens, auxquels il faut ajouter « 5 euros par examen en asynchrone (record & review) ou 7 euros en synchrone (avec un surveillant). »
Les tarifs indicatifs recensés par le ministère auprès des différentes entreprises, précise Mediapart, varient de 1,50 euro pour des « examens non surveillés », ressemblant à une simple visioconférence, jusqu’à 17 euros par étudiant et par examen, si l’entreprise fournit les surveillants.
Le gouvernement a trouvé une parade pour réduire ces coûts prohibitifs : une sorte de commande groupée. Le ministère de l’enseignement supérieur indique à nos confrères que la Fédération inter-universitaire de l’enseignement à distance (Fied) propose une adhésion gratuite à tous les établissements du supérieur. Une action « discutée » avec les services du ministère, précise-t-il.
L’opération doit permettre aux établissements de passer une sorte de commande groupée et de « profiter du contrat cadre que la Fied a passé avec la société Managexam et permettant un tarif préférentiel de 1 euro HT l’examen (par étudiant) réalisé en télésurveillance par prise de photos […]. Compte tenu du fait que le recours à la télésurveillance ne sera pas massif, cela restera très acceptable dans les coûts », détaille le ministère.
Reste que, pour la Quadrature, « il est encore plus étonnant de voir le gouvernement recommander des solutions aussi manifestement illégales. Car en ce qui concerne le système de reconnaissance faciale ou d’enregistrement sonore d’une voix en particulier, l’article 9 du règlement général sur la protection des données (RGPD) interdit tout traitement de données biométriques « aux fins d’identifier une personne physique de manière unique » – ce qui est bien le cas ici. Et si cette interdiction de principe souffre quelques exceptions, aucune d’elle ne permet d’autoriser ce type d’outils (et sûrement pas le « consentement » de l’élève, qui doit être libre, c’est-à-dire non contraint…) ».
De manière générale, poursuit LQDN, « outre que personne ne devrait être forcé à une surveillance constante par sa webcam ou son téléphone, les solutions décrites ci-dessus ne sont en aucun cas « adéquates, pertinentes et limitées à ce qui est nécessaire » comme le recommande pourtant le RGPD (article 5) – Nous ne voyons pas ici quel objectif rendrait licite une surveillance d’une telle intensité. Ce qui rend la plupart de ces dispositifs simplement illégaux ».
Le 04 mai 2020 à 09h22
Commentaires (13)
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Abonnez-vousLe 04/05/2020 à 08h50
Hé ben, ça promet tout un tas de soucis !!
Discrimination car logiciel pas compatible avec tous les environnements, bugs, fausses alertes, etc.
Et comme tout logiciel comporte des pbs de sécurité, j’imagine bien :
Préparez les pop-corns !!!
Le 04/05/2020 à 09h16
Tu filmes un bout de pièce, et tu as toute ta famille de l’autre côté de la table pour t’aider.
Notons qu’en Inde, les parents escaladaient les façades d’immeubles pour souffler les réponses aux enfants, les photos sont ridicules.
A moins qu’on ait quelqu’un d’autre qui dicte tout mot à mot, quand on se fait aider et expliquer, on apprend quand même, le résultat reste bon, les notions sont acquises. J’avais peu fait attention à ça avant, mais avec les gosses à la maison, leur expliquer le truc, même si des fois ça résout accidentellement l’exercice, c’est quand même productif.
la solution proposée a l’air pétée, abusive et même pas infaillible…
Le 04/05/2020 à 09h40
Le 04/05/2020 à 09h43
Le 04/05/2020 à 11h44
Une première manière de voir les choses est : est-ce qu’on veut reproduire à distance ce qui est fait en présentiel, au risque de discrimination et atteinte aux droits des étudiants, ou est-ce qu’on réfléchit à d’autres manières de faire, la situation pédagogique ayant radicalement changé ?
Nous pensons, et la communauté pédagogique ne nous a pas attendu, que d’autres manières d’évaluer sont possibles. La surveillance mécanisée n’est pas la solution à tous nos problèmes politiques.
Le 04/05/2020 à 12h14
Le mieux est de faire redoubler tout le monde. De toute façon vu le temps perdu maintenant et celui qui le sera l’année universitaire prochaine, on va arriver à une année pleine en 2 ans.
Le 04/05/2020 à 14h00
Le 04/05/2020 à 14h26
je pense que les étudiants de cette année pourraient dire aux recruteurs qu’ils ont du apprendre à se débrouiller d’une autre manière en peu de temps, et que c’est une compétence importante
Le 04/05/2020 à 17h16
Je file des TD en droit.
On sera connectés pour répondre à d’éventuelles questions et on récupérera des devoirs plus courts, dactylographiés et avec une épreuve qui traditionnellement n’existe pas dans la matière pour s’adapter à toutes ces contraintes (questions sous arrêts pour avoir un exercice de réflexion sans pouvoir trouver de “corrigé” en ligne).
Aucune surveillance particulière de la gruge.
Ils peuvent se réunir à 15 pour réfléchir ensemble et gruger, ce sera pareil.
Le 04/05/2020 à 18h07
Le 04/05/2020 à 18h33
À priori, une personne avec un diplôme a plus de raisons d’être compétences qu’une sans mais ce n’est pas une règle absolu et systématique.
Le 04/05/2020 à 20h10
Je ne suis pas d’accord m
Le 04/05/2020 à 20h28
Désolé mais je n’arrive pas a éditer mon commentaire précédent (l’option semble avoir disparu).