[Màj] Proton Drive : l’application pour Windows disponible, des limites encore importantes
Ghost in the shell
Le 17 juillet 2023 à 15h30
9 min
Logiciel
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En septembre dernier, Proton lançait la version finale de son nouveau Drive, dédié au stockage en ligne. À l’époque, aucune application n’était proposée. Deux mois plus tard, Android et iOS y avaient droit. C’est désormais au tour de celle pour Windows, que nous avons prise en main.
On ne peut pas dire que nous avons été enthousiasmés par le lancement officiel de Proton Drive. Les grandes forces du service étaient l’intégration dans le bouquet Proton, la simplicité de l’interface et, bien sûr, le chiffrement de bout en bout qui a fait la célébrité de l’entreprise et sa dimension Zero Knowledge (l’entreprise ne peut pas lire les données).
Cependant, ces avantages étaient vite contrebalancés par plusieurs points négatifs, dont des performances relativement médiocres et l’absence totale d’applications, qui rendait le service peu pratique d’utilisation, puisque l’on ne pouvait passer que par la version web. Heureusement, ces applications étaient déjà en travaux. Celles pour Android et iOS sont arrivées en décembre. La version Windows vient d’arriver, la première pour les ordinateurs.
Le client était attendu, car il simplifie largement les manipulations sur les données. Le concept est le même pour toutes les solutions de type Drive : depuis l’Explorateur, on manipule les données comme on le ferait avec des fichiers classiques. L’application, elle, fait le lien entre Windows et le service et gère les opérations de synchronisation en arrière-plan. Que vaut-elle ?
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Une application sommaire et en anglais
L’installation est rapide et sans surprise. Après avoir renseigné les identifiants de son compte, on confirme l’emplacement du dossier et la synchronisation commence.
Premier point : comme les applications mobiles pour Android et iOS, la version Windows est exclusivement disponible en anglais. C’est fort dommage, d’autant que l’on approche doucement du premier anniversaire de Proton Drive. À ce sujet, Proton cherche des traducteurs bénévoles souhaitant participer à l’aventure.
Deuxième point, l’interface est sommaire, presque lapidaire. Disponible uniquement en thème sombre (les applications mobiles ont aussi un thème clair), elle affiche essentiellement l’état de la synchronisation et les opérations en cours. En cas de problème, c’est elle qui avertit également l’utilisateur via un panneau jaune, ainsi que des statuts rouges pour les fichiers ayant rencontré des soucis de synchronisation, le tout grâce à l’onglet Activity.
Dans Computer, l’application affiche seulement le nom de l’appareil ainsi qu’un bouton « Add folders ». Il ne s’agit pas simplement d’ajouter du contenu : dans le panneau qui s’ouvre alors, on peut choisir les dossiers classiques de Windows dont Proton Drive assurera la sauvegarde : Bureau, Documents, Téléchargements, Musique, Images et Vidéos.
Comme les autres solutions de type Drive, Proton ajoute un raccourci dans la colonne de gauche pour un accès « naturel ». Sachez d’ailleurs que cet ajout permet de sélectionner, dans les options de l’Explorateur, l’ouverture de Proton Drive comme dossier à afficher par défaut au lancement du gestionnaire de fichiers.
L’onglet Settings (paramètres) est pour sa part très limité. Il ne permet que d’influer sur deux éléments : l’emplacement du dossier sur le stockage local de l’ordinateur et l’exécution au démarrage. N’y cherchez aucune option esthétique, et encore moins des réglages sur le type de synchronisation.
À ce sujet, Proton Drive synchronise intégralement les données par défaut, donc télécharge tous les fichiers, en tout cas quand on copie ou déplace les données depuis l'Explorateur de Windows. Puisqu’il passe par les API de Windows, on peut faire un clic droit sur un fichier ou un dossier pour choisir de libérer de l’espace disque. Comme pratiquement dans tous les services équivalents, le fichier ou dossier laisse alors une simple empreinte, les données étant récupérées depuis les serveurs en cas d’ouverture ou de modification. Encore faut-il savoir que la capacité existe, car l’installation de l’application ne la mentionne pas.
En revanche, si vous ajoutez des données depuis l'interface web ou synchronisez des données sur une nouvelle machine, ces dernières ne seront présentes que sous forme d'empreinte. Comme sur la capture plus haut, il sera possible de faire la manipulation inverse depuis l'Explorateur, en demandant à conserver les données sur l'appareil.
Des problèmes de fiabilité et de performances
De manière générale, Proton Drive fait son travail. Nous avons cependant constaté plusieurs problèmes, dont un concernant les performances. Ce point avait été souligné lors de notre précédente prise en main l’année dernière. Il se reflète encore aujourd’hui dans ce premier client pour ordinateur.
D’abord, l’état de synchronisation ne permet pas de savoir où l’on en est. On peut le voir par exemple dans la capture ci-dessous, lors de l’envoi d’un fichier de 3 Go. Aucune jauge ou pourcentage n’est là pour donner une idée du temps nécessaire. Notre ordinateur est alors connecté en Wi-Fi 6 sur une Freebox Pop, à environ 10 mètres sans obstacle. Avec cette installation, nous avons chronométré l’envoi de ce fichier en approximativement 2 min. En performances brutes, Proton Drive ne fait rien d’incroyable, mais n’a pas non plus à rougir.
En revanche, la situation se gâte en cas de synchronisation sur un nombre élevé de petits fichiers. Dans notre essai, la synchronisation d’un dossier contenant 444 documents Word a pris plus de 10 min, alors que le poids de l’ensemble dépasse à peine les 10 Mo. On peut y voir une conséquence du chiffrement appliqué par Proton, mais même ainsi, c’est encore trop long.
Surtout, nous avons rencontré un sérieux problème durant nos tests. Initialement, nous avions envoyé un dossier test comprenant une sélection de petits et moyens fichiers, pour un poids total de 1,93 Go, alors que l’espace disponible avec un compte gratuit est de 500 Mo seulement. Dans un premier temps, la synchronisation a commencé. Puis, arrivée à la limite des 500 Mo, elle s’est arrêtée. Le client nous a alors prévenus : espace plein. Message que l’on retrouve dans la version web, un bandeau jaune nous invitant à souscrire un abonnement pour débloquer plus d’espace.
Nous avons effectué une opération simple : supprimer le dossier. Le client a alors déclenché une synchronisation. Cependant, une fois cette étape réalisée, il affichait toujours la jauge pleine. Même chose dans la version web, qui nous invitait à acheter du stockage supplémentaire. Au bout de plusieurs heures, la situation n’avait pas évolué : les 500 Mo étaient considérés comme consommés alors que les deux interfaces (l’application et la version web) n’affichaient plus aucune donnée dans Proton Drive.
Ce n’est qu’en achetant l’abonnement Plus (4,99 euros par mois sans engagement, 3,99 euros facturés sur un an, 3,49 euros facturés sur deux ans) et en passant à 200 Go que le problème s’est débloqué… en partie seulement. En effet, si la synchronisation a pu reprendre, les 500 Mo restent considérés comme pris par des données invisibles. Nous avons contacté le support (en anglais) pour obtenir une solution.
Une solution en attente de développements futurs
Dans sa version actuelle, Proton Drive a besoin d’améliorations. Les applications proposées restent trop basiques pour des besoins un peu plus poussés que le simple dépôt de fichiers. Dans les applications mobiles par exemple, aucun champ de recherche ne permet de retrouver facilement un fichier. Ce n’est pas un problème sur ordinateur bien sûr, puisque l’intégration dans le gestionnaire de fichiers permet d’utiliser ce dernier pour les recherches.
Les axes d’amélioration pour Proton Drive sont nombreux : quelques options esthétiques, le choix de la synchronisation totale ou partielle à l’installation, une hausse de performances pour la synchronisation de nombreux petits fichiers, une traduction en français, une amélioration de la fiabilité sur certaines opérations…
Il faut cependant replacer Proton Drive dans son contexte. Le service est moins destiné aux personnes cherchant une solution de type Drive qu’aux utilisateurs existants, en particulier les personnes ayant souscrit à l’abonnement Unlimited. Pour ce dernier, chaque nouveau service ajouté à la galaxie Proton vient enrichir l’offre, sans toucher le prix. Dans le cas de Proton Drive, 500 Go sont ainsi octroyés aux abonnés.
Nous n’oublions pas non plus qu’il s’agit de la première révision finale de l’application pour Windows. Toutefois, en considérant un marché déjà très concurrentiel et ce que des produits comme Dropbox, OneDrive ou Google Drive proposent déjà depuis bien des années, on aurait aimé que Proton Drive affute un peu plus ses armes avant de se lancer. Le service fêtera son premier anniversaire dans deux mois (après des années de phase bêta) et il est temps que son éventail de fonctions s’enrichisse. Mais comme l’arrivée des applications le prouve (les clients pour macOS et Linux ne sont toujours pas là), l’entreprise prend son temps.
[Màj] Proton Drive : l’application pour Windows disponible, des limites encore importantes
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Une application sommaire et en anglais
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Des problèmes de fiabilité et de performances
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Une solution en attente de développements futurs
Commentaires (14)
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Abonnez-vousLe 17/07/2023 à 17h06
Bon, ce sera prêt dans 10 ans.
Et aussi, je remercie ESET qui faisait que je ne pouvais pas envoyer de mail depuis Thunderbird, car il rajoute son certificat root un peu partout.
J’ai crû pendant 2-3 mois que c’était Proton qui avait poussé une MAJ foireuse de Proton Mail Bridge.
Le 17/07/2023 à 19h53
suggestion @vincent : un tl;dr de 2-3 lignes serait vraiment chouette, pour celles et ceux qui ne veulent pas nécessairement approfondir le sujet ni lire l’intégralité des articles.
Bien fait, ça peut donner l’envie, justement !
Le 17/07/2023 à 20h32
Je ne sais pas ce que c’est cette tendance à sortir des produits merdiques avec peu d’options plutôt que de sortir un truc relativement propre dès le début… Un peu comme Shadow drive, “huhu on vous présente notre drive, ils est aussi cher que les autres mais pas super stable avec pas trop d’options voir pas d’applications”.
Le 18/07/2023 à 06h43
Une appli Suisse en Anglais ? Sérieusement la Suisse est un pays avec 4 langues officielles, c’est incroyable de sortir une appli sans traduction ?
Le 18/07/2023 à 09h41
Ben, Proton c’est avant tout quelque-chose qui provient du CERN, si je ne m’abuse. Et au CERN, les langues officielles sont le Français ou l’Anglais. Donc, j’imagine qu’il a été postulé que l’anglais était plus généraliste que le français dans les échanges et que les applis se baseraient principalement sur cette langue.
Mais il est vrai qu’il aurait été préférable d’en faire des versions multilingues car “Proton est né du désir de créer un internet qui place les individus avant les profits, qui permet à chacun de contrôler sa vie numérique et qui fait de la liberté numérique une réalité”. Un individu ne parlant pas forcément anglais.
Le 18/07/2023 à 11h02
Perso j’utilise Proton Drive tous les jours de façon (trop) intensive depuis un peu plus d’un an, dans le cadre de prises de son/traitement audio/montage/réalisation pour une radio, donc surtout pour de l’audio, des gros FLAC et du software. Que je partage beaucoup. Mais aussi pas mal de backups temporaires de supports amovibles. Et quelques très gros fichiers image (plus de 8Go). Je confirme effectivement les excellentes perfs pour les gros fichiers et les perfs médiocres pour les petits. Globalement, la solution répond à mes besoins.
L’interface est jolie mais trop simple, même si heureusement elle se prête à toutes sortes de drag&drop et copy&paste. Elle gère une arborescence rigide (rename fastidieux, tri limité à taille/nom/date) mais fonctionnelle.
Après, l’interface dark only, c’est l’issue d’un vote de la commu. Et vu que même mon moniteur IPS de PC fait un genre de burning super violent qui dure 10 minutes (et c’est un G-sync 4K, c’est vraiment triste (AOC)), j’ai voté dark only.
Effectivement le partage, c’est vraiment le strict minimum. Secure par défaut, certes, mais le détail des features : générer un lien, arrêter le partage, copier le lien. Sachant que la preview des fichiers partagés ne supporte que très peu de formats. Les mesures d’audience ou la compression automatique des photos de google drive ne me manquent absolument pas. Mais quand même, c’est pas à la hauteur en 2023. Tout comme la capacité de 500Go. Vu la rigidité de l’arborescence, ca complique beaucoup le maintien d’une base de donnée en ordre de marche. Pour de la vidéo pro, c’est pas adapté.
En revanche personnellement la fiabilité. Je lis avec intérêt ce que vous en dites mais, je me permet de relativiser un peu votre jugement, Je n’ai jamais trouvé les serveurs en PLS. Et truc assez dingue, même via android, j’ai jamais fail un upload ou un download. Je suis souvent avec un mauvais réseau et/ou mauvais wifi, sur des lineages non officielle, ou sur de très vieux PC. (ProtonVPN sur PC par contre, ca fait plusieurs mois qu’il y a des problème de performance CPU relativement tragiques).
Reste un autre détail, c’est qu’en cas de défaut de paiement, là ca va très vite. 48h je crois. J’ai perdu l’accès à l’ensemble des services. Le gestionnaire de password n’était pas encore release, et j’utilise un autre agenda. Mais évidemment, ne serait-ce qu’avec le Mail, et le Drive (qui ne fait pas de backup fera des backup), cela peux produire des conséquences en cascade. Le prix à payer probablement, mais plus globalement, sur des services devenus aussi importants, la question de la continuité dans des situations exceptionelles, ca me parait important.
Le 18/07/2023 à 18h54
Il n’existe qu’une seule langue internationale dans le monde et ce n’est ni le français, ni aucune des trois autres langues officielles de la Suisse. Deal with it et déso, pas déso.
Cela dit, moi aussi, j’aimerais que ce soit ma langue maternelle qui soit la langue internationale. Mais non seulement son tour est passé (elle l’était jusqu’à la Première guerre mondiale, au moins dans les milieux des gens les plus riches et chez les aristos), mais on m’accuserait (à raison) de faire du chauvinisme primaire…
Ça, à notre époque, c’est objectivement un grand tort, du genre inexcusable.
Je le répète : qu’on le déplore ou non, ça fait longtemps que tout Terrien devrait au minimum être bilingue et maîtriser aussi bien, voire mieux, l’anglais que sa propre langue maternelle si celle-ci est différente ; car c’est bien l’anglais qui est la (et j’insiste sur le « la », car il n’y en a qu’une, pas deux) langue internationale, et c’est donc celle-ci qui doit absolument être apprise et maîtrisée en priorité sur toutes les autres, et Internet a rendu cette nécessité encore plus impérative. Bref, de nos jours, ne pas savoir au moins lire et écrire en anglais aussi aisément que nous le ferions en français est un luxe que l’on ne peut plus du tout se permettre.
Le 18/07/2023 à 19h41
Tu exagères un tantinet quand même :)
Ce n’est pas un luxe je pense, mais on peut facilement sans passer malgré tout, sinon 80% des Français serait dans le dur…
Proton est en Anglais uniquement, bah sur la France ca leur retire plus de 50% de pénétration au moins et puis les Français qui ne parlent pas Anglais iront ailleurs et s’en porteront très bien. Ils ont qu’à faire un tout petit effort…
Le 18/07/2023 à 22h13
Je pense qu’il y a eu un oubli de mettre à jour l’article sur le support des OS.
KDrive est bien disponible sous forme de fichier AppImage, donc à priori pour une bonne part des distribution Linux.
https://www.infomaniak.com/fr/applications/telecharger-kdrive
Et apparemment depuis le 10 janvier 2022 sauf erreur de ma part:
https://goodtech.info/kdrive-infomaniak-lancement-officiel-tarifs-applications/
Pratique pour ceux qui n’ont pas Windows pour X raisons (pas de plus value pour ses besoins par rapport à Linux/Mac, …)
Le 19/07/2023 à 05h15
L’article parle de Proton, pas Infomaniak.
L’appli de synchro d’Infomaniak est même dispo dans AUR pour les distribs basées Arch (histoire de ne pas subir la régression d’AppImage).
Le 19/07/2023 à 06h27
A quel moment ai-je écris que l’appli ne devrait pas être en Anglais ?! Je m’étonne que cette appli ne soit pas traduite (c-à-d les libellés anglais dispo également en FR, IT…). La boite est Suisse, certains des dev parlent nécessairement Fr, It… du coup la traduction n’est pas du tout un problème pour eux. Que la traduction dans une langue exotique soit manquante ou faite à la truelle avec google translate je peux comprendre sur un jeune produit, qu’il n’y ait pas du tout de traduction n’est pas normal en 2023.
Le 19/07/2023 à 08h23
En vrai, non. J’observe ce monde depuis assez longtemps pour avoir compris depuis très longtemps que la réalité est ainsi.
Question de priorités, comme j’ai dit : dans un monde où il est désormais préféré de sortir les trucs à la va-vite et à l’état de simples ébauches de démos techniques, plutôt qu’une fois fin prêts et suffisamment complets pour être réellement montrables, la traduction dans les langues alternatives se situe au contraire tout en bas de la liste, puisque comme j’ai dit : nul n’est censé, sur Terre et de nos jours, ne pas connaître l’anglais. Les traductions dans d’autres langues ne sont rien d’autre qu’un bonus dont ce mode de fonctionnement en « bêta (voire alpha) perpétuelle » sait amplement se passer dans les premiers temps, sinon complètement. Ce Proton Drive en est une des innombrables preuves, et ce sera pas la dernière du genre.
Bien sûr que ce serait cool qu’il en fût autrement, mais le monde réel ne sera jamais la vision idéale que vous aimeriez, notamment sur ce point.
Si vous me trouvez « brut de décoffrage » sur ce coup-là, sachez que je préfère une franchise sincère à une politesse hypocrite.
Le 19/07/2023 à 09h08
Mi trovas domaĝe, ke Esperanto ne tiom propagandis…
Le 21/07/2023 à 14h12
La version web de Proton Drive est en Français ainsi que l’appli Proton Mail. Une version française de l’appli Drive viendra aussi probablement plus tard, ça serait cohérent.