Donald Trump Jr et WikiLeaks communiquaient pendant les élections américaines
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Le 14 novembre 2017 à 11h39
5 min
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Alors que l’enquête sur l’influence russe pendant les élections américaines se poursuit aux États-Unis, nouveau rebondissement : Donald Trump Jr, fils de l’actuel président, et WikiLeaks ont communiqué pendant presque un an par messages privés sur Twitter. L’organisation y apparaît comme particulièrement active sur ses requêtes.
Comme on a pu le voir encore hier dans notre article sur le climat morose à la NSA, les relations entre les États-Unis et la Russie sont complexes et tendues. Outre-Atlantique, il ne fait aucun doute que la Russie a usé de son influence pendant les dernières élections, aboutissant à la victoire inattendue de Donald Trump.
Parmi les éléments troublants, la publication en juillet 2016 par WikiLeaks d’un lot d’emails provenant des serveurs du Democratic National Committee (DNC), comité central du parti démocrate. En pleine campagne électorale, le calendrier avait de quoi engendrer des soupçons. Dans ces correspondances, on pouvait notamment lire des critiques acerbes à l’encontre de Bernie Sanders, alors concurrent de Hillary Clinton, relançant les tensions au sein du parti.
Communication privée entre WikiLeaks et Donald Trump Jr
C’est dans un contexte tendu que The Atlantic révèle que des échanges de messages privés (DM) ont eu lieu sur Twitter entre WikiLeaks et Donald Trump Jr, fils ainé de l’actuel président américain. Une communication débutée par l’organisation, qui s’est montrée beaucoup plus loquace que son interlocuteur.
Ces échanges se sont étalés sur un an. Ils ont été communiqués à différentes commissions, dans le cadre notamment de l’enquête sur l’ingérence russe pendant les élections américaines. Pourquoi ? Parce que beaucoup estiment que la Russie s’est servie des ambitions de WikiLeaks pour frapper au cœur, influençant grandement le résultat de la course à la présidence, avec la surprise qui en a découlé.
Ces échanges, publiés sur Twitter par Donald Trump Jr – qui les présente comme complets (1, 2, 3) – montre un WikiLeaks ayant de nombreuses requêtes. Le premier message était un avertissement pour un futur site anti-Trump, l’organisation souhaitant mettre Trump Jr sur la piste des auteurs. Ce à quoi l’intéressé répondra qu’il ne connait pas ces personnes.
Here is the entire chain of messages with @wikileaks (with my whopping 3 responses) which one of the congressional committees has chosen to selectively leak. How ironic! 1/3 pic.twitter.com/SiwTqWtykA
— Donald Trump Jr. (@DonaldJTrumpJr) 14 novembre 2017
Avec le temps cependant, les messages de WikiLeaks se sont amplifiés, tant en fréquences que sur les demandes. Exemple flagrant, Trump Jr pouvait faire fuiter des informations fiscales sur son père, qui seraient alors relayées par WikiLeaks. Une communication contre Trump qui diluerait l’étiquette anti-Clinton et renforcerait l’impartialité, tout en apportant dans le même temps plus de crédibilité à certaines publications… comme celles visant Hillary Clinton. Un plan gagnant-gagnant selon WikiLeaks.
Des requêtes fortes, l’organisation allant jusqu’à suggérer à Trump Jr qu’il devrait pousser l’Australie à engager Julian Assange comme ambassadeur auprès des États-Unis. La logique d’une telle demande n’est pas explicitée.
Des problèmes aussi bien pour l’un que pour l’autre
Ces éléments peuvent avoir des conséquences négatives pour Trump Jr comme pour WikiLeaks. Tous deux ont ainsi beaucoup à perdre en termes de réputation.
Pour le fils du président américain, la situation devient instable. Ayant lui-même publié les échanges sur son compte Twitter, on observe qu’il n’a finalement que très peu répondu aux suggestions et requêtes de WikiLeaks. L’organisation y apparait sous un angle particulier, cherchant à maîtriser au mieux une communication qui arrangerait tout le monde.
Mais même si Trump Jr n’a que très peu répondu, ces réponses constituent un problème. Il a par exemple réagi au premier message environ 12 heures après, indiquant que les informations transmises avaient été vérifiées. The Atlantic cite plusieurs sources affirmant que le fils du président a envoyé un email aux responsables de la campagne de Donald Trump, Steve Bannon, Kellyanne Conway, Brad Parscale et Jared Kushner, le propre gendre du candidat aux élections.
Principal souci pour Trump Jr : ne pas avoir clairement opposé une fin de non-recevoir à WikiLeaks. Non seulement la conversation est restée ouverte, mais il a répondu de temps en temps, réagissant aux propos, entrainant parfois même des actions plus concrètes.
S'ajoute un sérieux problème de calendrier entre père et fils. Le 12 octobre 2016, Trump pestait ainsi contre WikiLeaks, évoquant la malhonnêteté des communications de l’organisation. Deux jours plus tard, Trump Jr tweete de son côté un lien poussé par WikiLeaks par message privé : wlsearch.tk. Un site affichant un message d’outre-tombe d’un dénommé Seth Rich, assassiné le 10 juillet 2016. Un texte pointant Hillary Clinton et John Podesta, son directeur de campagne, comme responsables du meurtre. Ce après quoi Trump Jr ne répondra plus à WikiLeaks, mais sans bloquer l’échange ni supprimer son tweet.
Ces éléments sont désormais entre les mains des commissions d’enquêtes. Notez qu’il ne s’agit que de quelques éléments dans une longue série de documents accumulés depuis plus d’un an. Difficile de savoir pour l’instant si ces échanges mèneront à autre chose qu’un embarras pour le président américain, car ces messages ne semblent pas, pour l'instant, liés à la Russie.
Donald Trump Jr et WikiLeaks communiquaient pendant les élections américaines
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Communication privée entre WikiLeaks et Donald Trump Jr
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Des problèmes aussi bien pour l’un que pour l’autre
Commentaires (12)
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Abonnez-vousLe 14/11/2017 à 15h58
Le 14/11/2017 à 16h06
Pire! pour donner une idée c’est comme si un mec au deuxième tour avec François ASSELINEAU perdais quoi! :p
Le 14/11/2017 à 16h22
Ah, mais il en existe une version Junior, de çui-là ? On n’est pas sorti le cul des ronces, alors…
Le 15/11/2017 à 10h27
Boarf, à l’époque de Bush les Democrates les adoraient et maintenant qu’ils ont leaké sur eux ils les haïssent, rien de bien surprenant.
Je pense qu’ils (Wikileaks) se sont surtout rendus compte qu’en publiant podesta+dnc, même si ça a mis en avant des malhonnêtetés (éviction de Bernie, etc) et que ça leur faisait plaisir de se ‘venger’ de la bande Obama/Clinton, ça leur a fait énormément de mauvaise presse.
Le 15/11/2017 à 13h46
chhhhhttt ! c’est maudit ! " />
la légende dit que si tu écris 3 fois son nom, ses séides envahissent le fil de commentaires et le pourrissent au-delà de toute rédemption " />
Le 14/11/2017 à 11h57
Au vu des actions et paroles d’Hillary Clinton par rapport à Wikileaks durant l’administration Obama, il est d’une certaine façon “logique” que le site cherche à se venger, ou du moins à se protéger sur le plus long terme en ne favorisant pas son élection.
Cela remet par contre en cause son impartialité revendiquée en mode “on leake sur tout le monde sans favoritisme”, WL indiquant à une époque que si ils recevaient des documents côté Trump ils les publieraient mais que pour le moment il n’y avait eu des fuites que du côté démocrate.
Le 14/11/2017 à 12h31
Non, ce n’est pas “logique”. Ils ne sortent que les trucs anti Clinton, et à près vont pleurer que ça les discrédite (ce qui est le cas) pour obtenir des sources qui impliquent Trump. Assange avance avec un “agenda politique” et ne l’assume pas, car évidemment ça discrédite toute son organisation. On est loin du libertaire intégriste qui mettrait la transparence au dessus de tout peu importe les conséquences (ce qu’il a peut-être été au début). Toute proportions gardées, c’est un peu comme Olivier Berruyer (Les-crises) qui “démonte” la propagande européenne / américaine systématiquement et jamais la russe ou presque. Ça laisse les lecteurs penser qu’il n’y a de la propagande QUE d’un côté.
Après chacun a ses justifications (on a pas le temps, ou on a pas eu de leaks), mais bon, moi personnellement, si je devais leaker je ne le ferais pas sur WL car justement je les trouve positionnés politiquement (et pas selon mon goût). C’est facile de rassembler quand même une communauté plutôt de droite voire plus et ensuite dire que personne ne leak contre Trump sur cette plateforme.
Des plateformes pour lanceur d’alerte existent ailleurs, plus besoin de passer par eux. Pour moi Wikileaks est mort depuis un bon moment.
Le 14/11/2017 à 12h35
C’est certain que quand tu es dans une prison depuis je ne sais plus combien de temps… Assange ne doit plus être très très objectif.
Le 14/11/2017 à 12h52
Mais qui a donné l’info à The Atlantic ? Un dissident chez Wikileaks ? " />
Le 14/11/2017 à 13h05
oui enfin, c’est : faites ce que je dis pas ce que je fais»
Le 14/11/2017 à 15h38
En même temps, les infos contre Trump, il n’y avait pas besoin de se baisser pour en trouver.
Suffisait d’allumer la TV pour voir Trump se faire allumer en continu, et ça continue encore aujourd’hui. Mais ces infos n’ont pas suffi à le faire vaciller parce qu’il assumait sa position.
Tandis qu’Hilary, les infos sont bien plus éparses, bien plus cachées et plus difficiles à trouver. Par contre, il a suffi d’une brindille et d’une position qu’elle n’assumait pas en public pour se faire dégommer.
A trop vouloir se faire passer pour une sainte, ça s’est retourné contre elle.
Après, Wikileaks, ça reste des personnes et elles ne sont pas apolitiques: elles ont toutes leurs idées et il est illusoire de croire qu’elles n’agissent pas en fonction de celles-ci (tout comme il est illusoire de croire qu’une information journalistique peut être neutre).
Wikileaks a eu son moment de gloire, ils essaient de revenir sur le devant de la scène, peu importe les moyens.
Après, on aime ou on aime pas, ça dépend des idées de chacun.
Le 14/11/2017 à 15h47
On parle aussi d’Hilary, une des politique les moins aimé des Etat unis un ami de labas me disait avant les éléction: “ ils ont mis en face de trump la seul capable de perdre”…