Exposition aux ondes : « légère hausse » en 2018, des niveaux nettement inférieurs aux limites
Avec l'exception qui confirme la règle
Le 19 avril 2019 à 13h13
6 min
Société numérique
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Le niveau d'exposition aux ondes est toujours largement inférieur aux limites réglementaires, mais la tendance globale est à la hausse selon le dernier bilan de l'ANFR. En laissant de côté les extrêmes comme les 23,1 V/m dans le métro lillois, le nombre de mesures à plus de 1 V/m a sensiblement augmenté en 2018.
L'année dernière, 3 068 mesures ont été effectuées dans le cadre du dispositif national de surveillance de l’exposition du public aux ondes électromagnétiques, un chiffre globalement stable d'année en année. L'Agence nationale des fréquences publie son bilan annuel et compare les résultats avec ceux des quatre dernières années.
2017 a initié une petite augmentation dans le nombre de mesures supérieures à 1 V/m (+ 1,3 point), cette tendance s'est confirmée et amplifiée en 2018 avec trois points de plus cette fois-ci. La médiane de l'ensemble des mesures est aussi en légère hausse. Dans l'ensemble néanmoins, rien d'alarmant puisque les relevés sont « nettement inférieurs aux valeurs limites réglementaires en vigueur ».
Zones urbaines : en tête sur les demandes et l'exposition maximum
81 % des mesures ont été faites en milieu urbain, ce qui correspond finalement à peu de chose près à la répartition de la population française sur le territoire. Avec 0,48 V/m, la médiane des mesures est deux fois plus élevée qu'en milieu rural (0,23 V/m).
Sur les 3 068 mesures, 1 952 (64 %) ont été faites en intérieur avec un niveau médian de 0,33 V/m, contre 0,68 V/m pour celles en extérieurs, dont les résultats sont logiquement plus élevés. Certaines valeurs sont tout de même à prendre avec de petites pincettes, car elles sont en dessous du seuil typique des appareils de mesure (0,38 V/m).
À quelques pourcents près, les répartitions entre milieu rural/urbain et intérieur/extérieur sont stables depuis 2014, année où ce dispositif de surveillance a été mis en place. En 2017 et 2018, les mesures dans la rue ont pris de l'ampleur passant de 9/10 % jusqu'en 2016, à 14 % en 2017 et 16 % l'année dernière. Les relevés dans les habitations gagnent aussi quelques points depuis quatre ans, tandis que la part des espaces publics va en diminuant.
Des mesures large bande complétées si besoin
Lors de ses contrôles, l'ANFR dispose de trois cas pour effectuer les mesures : A, A+ et B. Le premier, basique, utilise une sonde large bande pour déterminer le niveau maximum entre 100 kHz et 300 GHz. Cette mesure peut être complétée d'une « évaluation informative des niveaux de champ électrique des principaux services : radiodiffusion FM, télévision (TV), téléphonie mobile, téléphonie sans fil (DECT), et Wi-Fi ». Le cas B permet d'identifier les sources et les fréquences.
En juin 2018, le dispositif de surveillance de l’exposition a évolué « pour prendre en compte de nouvelles sources potentielles d’exposition liées aux objets communicants fixes », conduisant à la disparition des mesures A+ au profit du cas B dont les résultats sont « plus détaillés ». Ce changement explique donc la nette augmentation des mesures dans le cadre du cas B alors que celles du cas A+ ne représentent plus que 1 %.
L'ANFR rappelle qu'une mesure cas B intervient systématiquement lorsque le cas A dépasse les 6 V/m. En 2018, c'est arrivé tout de même 33 fois (deux fois plus qu'en 2017), l'Agence parle alors de points atypiques.
Pour rappel, les maximums autorisés varient entre 28 et 87 V/m selon les bandes de fréquence :
Une exposition aux ondes en hausse...
En 2018, 22,7 % des mesures dépassaient 1 V/m (très loin des limites réglementaires donc), en hausse de 3 points par rapport à 2017, qui était lui-même en hausse par rapport à 2016, et ainsi de suite jusqu'en 2014 où il était question de 18,3 %. 2018 est également au-dessus des autres années pour les mesures de plus de 2 à 6 V/m.
90 % des mesures sont en dessous de 1,8 V/m, et 99 % sous les 6,1 V/m. Les années précédentes il était respectivement question de 1,4 à 1,6 V/m et de 4,5 à 5 V/m ; la hausse est bien palpable. La médiane est à 0,40 V/m en 2018, également en légère hausse par rapport à la période 2014 - 2017 où il était question de 0,36 à 0,38 V/m maximum.
En regardant les chiffres de plus près, on remarque que la hausse provient des mesures en milieu urbain et en extérieur : les médianes respectives augmentent de près de 20 % en un an, alors que le nombre de relevés reste comparable.
Le maximum enregistré est de 23,1 V/m dans le métro lillois (lire notre analyse) : « il y avait un dépassement théorique des niveaux de référence pour des sources émettant à plusieurs fréquences après extrapolation. Ce cas a été traité et le niveau global de champ mesuré avant extrapolation est passé de 23,1 V/m à 4 V/m ». 23,1 V/m n'est pas pour autant un record : en 2015, un relevé à 26,8 V/m avait été enregistré, contre 25,4 V/m en 2016.
Sans surprise, « dans la majorité des cas (62 %), la téléphonie mobile est le contributeur principal de l’exposition mesurée [c'était le cas à Lille, ndlr]. Cette tendance est moins marquée en milieu rural où la téléphonie mobile reste majoritaire, mais avec une prévalence moindre (39 % des cas) ». Les bandes FM et le Wi-Fi complètent le podium.
« Lorsque la téléphonie mobile est le contributeur principal (c’est-à-dire dans 1 447 cas sur 2 337 cas B), le niveau d’exposition le plus important est dans près de 50 % des cas observés dans la bande 900 MHz de la téléphonie mobile. Cette tendance est plus marquée en milieu rural », explique l'ANFR.
... mais « globalement nettement inférieurs » aux limites
Dans l'ensemble, « une légère hausse se dessine en 2018 par rapport aux années précédentes. Cette tendance reste à confirmer dans les prochaines analyses », ajoute prudemment l'ANFR. On remarque que la hausse avait été légèrement amorcée en 2017, 2018 pourrait donc déjà faire office de confirmation.
Pour l'agence nationale des fréquences, « cette analyse globale montre donc que, comme pour les années précédentes, les niveaux d’exposition du public aux ondes électromagnétiques sont globalement nettement inférieurs aux valeurs limites réglementaires en vigueur ».
Une démarche gratuite, accessible à n'importe qui
L'ANFR rappelle que « toute personne physique ou morale peut demander à faire mesurer l’exposition aux ondes électromagnétiques aussi bien dans les locaux d’habitation que dans des lieux accessibles au public (parcs, commerces...) ».
Cette démarche gratuite nécessite tout de même de faire contre-signer le formulaire par un organisme habilité par le décret n° 2013 - 1162 du 14 décembre 2013 : collectivités locales (communes, groupements de communes…), agences régionales de santé, certaines associations agréées par le ministère de l’Environnement ou de la Santé.
Le financement des mesures réalisées par des laboratoires accrédités « repose sur un fonds public alimenté jusqu’à fin 2018 par une taxe payée principalement par les opérateurs de téléphonie mobile ».
Exposition aux ondes : « légère hausse » en 2018, des niveaux nettement inférieurs aux limites
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Zones urbaines : en tête sur les demandes et l'exposition maximum
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Des mesures large bande complétées si besoin
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Une exposition aux ondes en hausse...
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... mais « globalement nettement inférieurs » aux limites
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Une démarche gratuite, accessible à n'importe qui
Commentaires (11)
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Abonnez-vousLe 19/04/2019 à 14h54
Très bon article qui indique les valeurs réglementaires, qui pour rappel prennent déjà en compte un facteur de précaution important par rapport au pire cas imaginable.
Le 19/04/2019 à 15h49
Le 20/04/2019 à 09h29
Par rapport au “valeurs limites réglementaires en vigueur” ce qui est alarmant c’est à partir du moment où on arrive plus à être en-dessous, et que ces mêmes limites évoluent à la hausse, pour pouvoir rester “réglementaire” bien sûr. Là on peu se poser des questions de savoir à quoi elles servent finalement…
Je dit ça car ces foutu “valeurs limites réglementaires” me rappel celles concernant la pollution de l’eau, et qui au fil des années a toujours été revue à la hausse…
Le 21/04/2019 à 12h34
Le 21/04/2019 à 14h12
Le 23/04/2019 à 07h04
Sachant que le seuil cancérigène est vers 10^-5 à 10^-6 V/m selon les études indépendantes,
sachant que l’on pourrait atteindre 10^-4 avec UN SEUL réseau national de bonne qualité ayant un rapport signal sur bruit très faible (expérience du canton de Salzbourg),
sachant que ce n’est pas tant le caractère intense mais le caractère pulsatile des ondes qui les rend cancérigènes,
sachant que les soi-disant “seuils” sont fixés par de faux experts genre Veyret, De Seize ou Dixot qui sont tous nommés par les privés,
tout ceci n’est vraiment pas rassurant.
Le téléphone mobile est l’un des grands aspects qui montre que l’État doit gérer les réseaux nationaux (monopoles incontournables) et non els laisser à l’ultra-libéralisme.
Le 23/04/2019 à 08h57
Vous avez des sources de ces seuils ?
Le 23/04/2019 à 09h04
Sachant que tu as l’air de confondre V/m et µWatt / cm2 " />
Le 23/04/2019 à 11h08
Le 23/04/2019 à 11h10
Le 23/04/2019 à 12h40
Disons que pour tes chiffres (10^-4), je ne trouve que la norme en µWatt / cm2 et Watt/m²
Pas en V/m
http://www.champs-electro-magnetiques.com/ondes/normes-hf-de-diffacrents-pays-en…